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Professeur Layton et la menace de Chronos
Venez incarner un personnage de la saga ou inventez-en un, et participez à l'intrigue : Une nouvelle menace pèse sur le professeur Layton ! Serez-vous de taille face aux nouveaux mystères et leurs énigmes ?
Bon, ben je crois que c'est ici qu'il faut que je poste mes fiction! huhu
Bon, alors l'histoire que je vais publier est...ancrée dans le réel *on va dire ça comme ça! xD* Les personnages sont soit inventés, soit tirés de certains Manga! :3 Mais bon, même s'ils viennent de manga, ils n'ont pas leurs caractéristiques dans mon histoire, juste le prénom! (Je parle de Kanda notamment, Personnage de D.Gray-Man qui n'a juste ABSOLUMENT rien à voir avec mon Kanda! xDD)
Je l'ai commencée y'a pas mal de temps maintenant...*et je l'ai aussi abandonnée y'a pas mal de temps! huhu* Je fais des "Chapitres", (même si à la base y'en a pas! :D) Pour vous faciliter la lecture! C'est une fiction basique, des lycéens amoureux, dans un lycée *Japonais s'il vous plais!*, et il se passe des trucs et bla bla bla! Rien de bien original! 8D Mais c'est le genre de chose qui me plais alors voilà! J'ai pas fait de relecture très poussée alors désolée pour les éventuelles fautes d’orthographes (et d’inattention surtout!) qui vous brûleront les yeux! 8D
Chapitre I ~ Le commencement! *^*
Spoiler:
Arukate et Kanda étaient amis depuis l’enfance. Dès le jardin d’enfant, ils s'étaient naturellement rapprochés l’un de l’autre. Arukate avait beau être une petite fille, elle était d’un tempérament bagarreur et elle se disputait souvent avec les garçons pour savoir qui frappait le plus fort. Kanda, quant à lui était un garçon très calme et posé. Les contraires s’attirent c’est bien connu !
Un jour, Kanda qui jouait avec les autres enfants dans la cour de récréation, remarqua Arukate qui pleurait toute seule dans son coin. (Elle pleurait parce que les garçons avaient refusés d’admettre que, même si c’est une fille elle savait se battre.!) Il décida alors d’aller la réconforter : « -Pourquoi tu pleures ? - Tu ne peux pas comprendre !! T’es un garçon et les garçons ce n’est pas gentil ! Dit Arukate la voix pleine de mépris - Mais moi je suis gentil ! Tiens prends mon mouchoir. Dit Kanda en le lui tendant. - Merci, Dit-elle en essuyant ses larmes, t’es pas si méchant finalement ! - Je te l’avais dit ! Aller viens on va jouer tous les deux ! dit Kanda en lui tendant une main amicale. - Voui ! Dit Arukate en se levant avec précipitation pour saisir la main de Kanda. »
Ce fut leur première discussion. Au fil du temps, ils ne se séparèrent jamais. Ils passaient leurs mercredis après-midi au parc à construire des châteaux de sable (où Kanda était un dragon et Arukate la courageuse et téméraire fille du roi qui allait tuer le méchant dragon) sous le regard intrigué de leurs mères qui par la force des choses étaient devenues amies.
Ils allèrent à l’école élémentaire ensemble, au collège ensemble…du moins les premières années du collège. Au fur et à mesure ils commencèrent à s’éloigner l’un de l’autre, Kanda rencontra de nouveaux amis et Arukate aussi. Elle devint de plus en plus féminine et pour résultat, perdit toute son agressivité masculine. Un jour ils se disputèrent à propos d’une broutille. Ce n’était pas la première fois, mais ce jour-là, Kanda était vraiment énervé. Son attitude surpris Arukate, et croyant à une mauvaise plaisanterie elle n’y fit pas plus attention. Mais les jours qui suivirent, Kanda l’ignora totalement et n’arrêtait pas de la regarder froidement. Il refusait même de lui parler au téléphone. Un soir, Arukate fondit en larme de désespoir se demandant ce qu’elle avait bien pu faire de mal. * * * Ils ne s’adressèrent plus la parole de toute l’année. Ils entrèrent donc au lycée toujours fâchés. Ce n’est qu’en première, quand ils se retrouvèrent tous les deux dans la même classe, qu’ils se reparlèrent. Ils avaient tous les deux été élus délégué de classe et devaient préparer ensemble leur conseil qui avait lieu le lendemain. Le lycée m’était une salle à leur disposition et ils se retrouvaient donc tous les deux seuls. Au début, ils ne s’adressèrent pas la parole et s’ignorait presque totalement. Ils travaillaient chacun dans leur coin dans le silence le plus total. Au bout d’un certain temps, Arukate dû rompre ce silence de plomb parce qu’elle avait besoin de son approbation pour quelque chose, et donc devait lui parler. Elle ne passa pas par quatre chemins et lui dit : « -Tu es d’accord pour proposer l’idée de Minagawa au conseil ? » Demanda Arukate Kanda leva le nez de sa feuille et fixa longuement Arukate dans les yeux. Elle décida de soutenir son regard. Au bout d’un moment elle baissa les yeux se demandant à quoi rimait tout ceci. « -J’ai gagné. Dit Kanda en esquissant un sourire. -Quoi ? demanda Arukate qui ne comprenait pas. -J’ai gagné. Tu as baissé les yeux la première. » Arukate ne savait pas quoi dire, ni même quoi faire. Finalement les seuls mots qui sortirent de sa bouche furent : « -Tu m’as manqué » Kanda la regarda longuement dans les yeux avant de lui sourire et de lui dire : « -Toi aussi la pleurnicharde ! » Arukate se retenait de ne pas pleurer pour ne pas passer pour une idiote devant son ami qu’elle venait à peine de ‘‘retrouver’’. Elle avait envie de le serrer dans ses bras mais faisait un effort surhumain pour y résister. Elle lui adressa à la place un de ses plus beaux sourire. « -Tu disais quoi au fait ? Lui demanda Kanda en lui lançant une boulette de papier. -Hein ? Euh…Ah oui ! Je te demandais si tu étais d’accord pour proposer l’idée de Minagawa au conseil ! -En quoi consiste son idée ? -Il pense qu’on devrait organiser un bal avant les vacances de noël. Kanda avait l’air penseur et Arukate s’attendait à un refus de sa part, mais contre toute attente : -Hum…pourquoi pas ! Je trouve que c’est une très bonne idée même ! Ça permettra de renforcer les liens entre nous ! Il lui adressa un clin d’œil complice, ce qui l’a fit rougir jusqu’à la racine des cheveux. -Ha ! Ha ! Ha ! Toujours aussi timide ! Dit Kanda qui riait aux éclats. -Et toi toujours aussi méchant ! Dit Arukate en lui tirant la langue. »
Ils continuèrent de travailler dans une ambiance bonne enfant et finalement terminèrent en avance. Arukate se demandait comment Kanda se conduirait le lendemain, si cette nouvelle gentillesse durerait longtemps ou si ce n’était qu’éphémère. Ils rangèrent leurs affaires et un petit silence gêné s’installa, aucun des deux ne savaient ce qui allait se passer. « -Bon ben vu qu’on a fini plus tôt je vais passer à la pâtisserie des Uchiki avant d’aller à la gare ! Dit Arukate avec un minimum d’entrain en espérant secrètement que Kanda propose de venir avec elle. -Je t’accompagne alors ! Dit Kanda en ouvrant la porte de la salle. » Ils se dirigeaient vers la porte du bâtiment quand Arukate s’arrêta devant une fenêtre et dit comme si elle se parlait à elle-même : « -C’est étrange de voir le lycée aussi calme… Kanda observait Arukate qui le regard perdu à l’horizon avait l’air heureuse mais tout de même un peu triste. Il ne put s’empêcher de la trouver attirante et n’avait qu’une envie : tout lui expliquer. Il se trouvait idiot de s’être muré dans un tel silence de si longues années…surtout pour une raison aussi…futile ? Il se rendit compte qu’Arukate l’observait un sourire aux lèvres et ne put s’empêcher de rougir. « -Allons-y maintenant ! Dit Kanda en réprimant un sourire triste. -Oui ! Répondit Arukate en hochant la tête. » Ils sortirent donc en silence et marchèrent tous les deux dans la rue.
Chaitre II ~ La suite du commencement! xD
Spoiler:
Tout au long du trajet Arukate ne cessa de lancer des œillades en coin à Kanda, n’osant pas lui adresser la parole de peur de le voir s’énerver à nouveau. Kanda de son côté ne faisait pas mieux mais lui n’osait pas l’aborder de peur de ne pas savoir quoi lui dire. Finalement ils arrivèrent à la pâtisserie sans s’être échangé le moindre mot. En entrant, ils furent surpris de voir que c’était toujours celle qu’ils appelaient Grand-mère Uchiki qui s’occupait de la pâtisserie familiale. Ils furent encore plus surpris de voir qu’elle les reconnut : « -Tiens…mais ce ne serait pas nos deux petits polissons Kanda et Arukate ? » Ils se regardèrent tous les deux dans les yeux et éclatèrent de rire. Kanda dit alors : « -Oui c’est bien nous Madame la Grand-mère Uchiki ! Dit Kanda en lui adressant un grand sourire. -Combien de fois vais-je devoir te dire de ne pas m’appeler comme ça sale garnement ! Lui répondit la vieille dame en feingnant l’énervement. -Vous n’avez pas changé d’un poil ! Dit Arukate qui disait ces paroles non pas uniquement par politesse mais aussi parce que c’était la réalité. -Je ne peux pas en dire autant de vous deux mes agneaux ! Notre petite Arukate est devenue une belle et grande jeune fille et notre Kanda lui un magnifique jeune homme ! -C’est gentil ! Dit Arukate en s’inclinant poliment. » Il s’échangèrent les politesses de base se renseignant les uns les autres sur leurs vies présente. Ils apprirent que la vieille dame avait arrêté de travailler il y a presque 2 ans et qu’elle donnait un coup de main à sa belle-fille actuellement en congé maternité, que Kanda avait reçu une distinction pour avoir gagné à un tournoi de Kendo, qu’il était le capitaine de l’équipe de baseball du lycée bien qu’il soit à peine en première, qu’Arukate s’était finalement mise à la couture et qu’elle adorait ça et qu’elle n’engouffrait plus un gâteau à elle seule comme elle le faisait quand elle avait 10 ans. Ah oui, et aussi qu’ils étaient tous les deux célibataires. «-Vous n’êtes plus amoureux comme avant ? Dit la vieille dame en riant. » Arukate et Kanda se regardèrent et détournèrent rapidement le regard pour rougir jusqu’aux oreilles. « -Ha ! Ha ! Ha ! Mes petits vous n’avez pas tellement changé on dirait ! Je vous taquinais ! -Oui…Ha ! Ha ! Dit Arukate en riant timidement. Kanda lui restait silencieux et regardait ailleurs. -Bon alors qu’est-ce qu’il vous faudra mes chéris ? -Est-ce que vous faites toujours vos délicieuses crêpes avec la chantilly et la glace à la vanille ? demanda Arukate les yeux brillants. -La voilà qui recommence…dit Kanda à voix basse en réprimant un sourire. -Quoiii ? Qu’est-ce que je dois comprendre par ça ? Demanda Arukate en fronçant les sourcils. -Hein ? Euh non rien ! Lui répondit Kanda en souriant. » Finalement elle eut sa crêpe et Kanda opta pour une gaufre au sucre. Ils prirent congé de la vieille dame en lui promettant de revenir la voir le plus tôt possible. Ils se dirigèrent vers la gare sans se presser et contre toute attente, vu la vitesse à laquelle ils avançaient, le train que devait prendre Arukate venait de partir et le prochain ne venait que dans une heure. Celui de Kanda arrivait dans 45 minutes, ils étaient donc contraints tous les deux de patienter. Ils se dirigèrent vers un parc de jeux, ou ils avaient leurs « Habitudes » quelques années auparavant. Arukate choisit la balançoire et commença à se balancer lentement en regardant ses chaussures. Kanda, quant à lui, s’assit sur le toboggan, en face d’elle et la regardait fixement, sans rien dire. Au bout d’environ 5 minutes, Arukate leva tête et lui dis : « -Kanda ? Je peux te poser une question ? » Quand la voix d’Arukate parvint à Kanda, ce dernier ne put s’empêcher de sursauter de surprise. « - Vas-y. Dit-il d’une voix triste en se doutant de la question. -Pourquoi…j’ai l’impression que mes chaussures n’ont pas la même taille ? » Lui demanda Arukate en levant les pieds et en les mettant l’un à côté de l’autre pour bien lui montrer. Ils se regardaient fixement mutuellement, lui se demandant si elle plaisantait et elle se demandant sérieusement pourquoi ses pieds n’avaient pas la même taille. « -Tu…veux rire ? Demanda-t-il au bord du fou rire. -Non, pas du tout ! Répondit Arukate presque vexée qu’il ne la prenne pas au sérieux. -J’en sais rien du tout ! » Lui répondit Kanda avant de se mettre à rire. Arukate sourit et ses grands yeux bruns se posèrent sur Kanda le regardant tout en douceur. Elle était fière de pouvoir le faire rire de sa bêtise comme auparavant, quand ils étaient au collège et qu’Arukate se faisait passer pour une idiote uniquement pour le réconforter quand son morale n’était pas au beau fixe. Et Kanda n’avait pas la forme, Arukate le voyait bien. Même s’ils ne s’étaient pas parlé depuis presque 2 ans, elle savait encore quand son meilleur ami n’allait pas bien. Kanda arrêta de rire, mais un grand sourire resta tout de même sur son visage. Elle était la même qu’avant, la même que quand…il l’avait quitté…A cette pensée, son visage s’assombrit de nouveau et Arukate le remarqua : « -Dit Kanda…qu’est ce qui se passe ? lui demanda Arukate qui c’était levée de la balançoire et qui à présent faisait de petit cercle avec le bout de sa chaussure dans le sable. Kanda la regarda jusqu’à ce qu’elle le regarde à son tour. Au moment où leurs regards se croisèrent Arukate rougit mais ne flancha pas, elle ne voulait pas « perdre » une deuxième fois. Kanda se leva à son tour toujours en la regardant dans les yeux, vint se mettre devant elle et dû pencher la tête étant donné qu’il était légèrement plus grand qu’elle. Il rapprocha son visage à 20 puis à 10 centimètres du sien. Il sentait son souffle contre son visage, leurs nez se touchaient presque. Qui des deux allaient flancher le premier ? Arukate soutenait son regard et ses yeux avaient l’air de dire : « Je suis prête à rester comme ça toute la nuit s’il le faut ! ». Au bout de ce qui leur parut être une éternité, Kanda décida de la laisser gagner. Il se retourna et dit en levant les bras en l’air : « -C’est bon tu as gagné ! Tu es trop forte pour moi ! » Elle ne put s’empêcher de célébrer sa victoire en courant dans tout le parc en faisant l’avion avec ses bras et en criant : « -J’ai gagné ! Je suis trop fooorte ! »
Chapitre III ~ La fin du commencement étant donné que je n'ai pas encore continué après ça!
Spoiler:
Kanda la regarda et sourit c’était vraiment sa ‘‘Aru’’ a lui, elle était toujours la même. Il aurait pu soutenir son regard pendant des heures encore mais il avait eu une folle envie de…l’embrasser. Il n’aurait pas pu tenir une seconde de plus aussi près de son visage. Il n’aurait eu qu’à avancer légèrement la tête pour que leurs lèvres se rencontrent et enfin il aurait pu lui faire ressentir ses vrais sentiments. Mais il n’en avait pas eu le cran...la peur d’un rejet, de perdre son amie à nouveau sûrement ? Combien de fois avait-il regretté sa lâcheté et son attitude envers celle qu’il aimait depuis si longtemps ? Il n’a suffi que d’un instant pour briser leur amitié, et tout était de sa faute…à cause de sa fichue fierté. Il avait beau avoir des remords chaque jour, chaque heure et même chaque minute qui passaient, ça ne servait à rien. Ce qui est fait est. Il devait assumer ses actes et prendre ses responsabilités en main. La seule chose qu’il pouvait faire, c’était d’essayer d’arranger les choses avec celle qu’il aime. Mais…comment faire ? Il ne pouvait décemment pas lui parler de cela comme si de rien était… « -… et je ne savais plus quoi faire !...Tu m’écoutes ? Lui demanda Arukate plantée devant lui les mains sur les hanches, J’ai comme l’impression que tu n’as pas écouté le moindre mot ! -Hein ? Euh oui…enfin non ! Désolé j’avais la tête ailleurs. Dit Kanda en se retournant. Il avait de plus en plus de mal à soutenir son regard. -Je l’avais bien remarqué ça ! Lui dit Arukate en s’approchant de lui. Kanda…tu sais, je ne suis peut-être pas la mieux indiquée, mais si tu as quelque chose sur le cœur…tu peux m’en parler ! » Kanda se retourna et regarda le visage grave de son amie. Un sourire se dessina sur ses lèvres et il dit : « -Tu ne t’es pas demandé pourquoi…je t’ai… ‘‘Abandonnée’’ pendant tout ce temps ? J’ai cru que c’était ce que tu voulais me demander juste avant, mais…non ! -Je pense que…quand tu voudras me le dire…tu me le diras non ? Lui dit Arukate avec un sourire aux lèvres. J’ai pu attendre 2 ans sans entendre ta voix alors rien que le fait de savoir que tu me reparles suffi à me rendre joyeuse tu sais ! -Aru… » Kanda la regardait avec émotion. Comment pouvait-elle encore accepter de le voir ou même de lui parler après ce qu’il lui avait fait subir ? Elle devait vraiment tenir à lui…Pour toute réponse, Kanda se jeta sur son amie et la serra dans ses bras. La sentir si près de lui le fit perdre pied quelques instant, mais il se reprit et lui dit toujours en la serrant contre lui : « -Je suis si content de t’avoir retrouvée ma Aru’ ! Excuse-moi de t’avoir fait tellement de mal j’ai étais idiot et je le regrette sincèrement. Tu n’avais pas à subir les caprices d’un imbécile comme moi ! Tu as raison je t’expliquerais tout quand j’en aurais le courage…pour l’instant je suis trop honteux, Alors s’il te plaît…Pardonne-moi. » Arukate était pétrifiée dans les bras de son ami…elle ne savait pas comment réagir mais une chose est sure c’est qu’elle était très heureuse qu’il la sert dans ses bras. Au bout d’un moment elle se laissa aller contre son torse et lui dit : « -Tu n’es pas un imbécile Kanda, tu es juste mon meilleur ami ! » Elle releva la tête et lui sourit. Kanda fût à la fois très heureux et triste de ce qu’elle venait de lui dire. Heureux parce que malgré tout ce qui c’était passé elle lui pardonnait et triste parce qu’il était seulement son ‘‘meilleur ami’’. Il aurait tellement aimé être plus que ça pour elle…mais bon…chaque chose en son temps ! Ils se séparèrent finalement, quelque peu gênés. « -Amis pour la vie ? Demanda Arukate en tendant son petit doigt vers Kanda. -Amis pour la vie ! Lui répondit Kanda en lui attrapant le petit doigt. Le sentiment qu’éprouva Arukate à ce moment précis est certainement indescriptible…entre le bonheur, l’incertitude, la béatitude, l’invincibilité et ce qui lui parût être de l’amour. Elle rougit comme une pivoine à l’idée qu’elle puisse être inconsciemment amoureuse de Kanda. Ce dernier le remarqua et ne pût s’empêcher de rigoler. « -Qu’est ce qui se passe encore Aru ? Pourquoi ce changement de couleur ? Lui demanda Kanda en riant. -P…pour rien ! » Répondit Arukate en plongeant son visage entre ses mains. Ils continuèrent de rigoler ensemble et finalement, durent s’en aller en direction de la gare s’ils espéraient pouvoir rentrer chez eux. Le trajet se passa sans aucun problème et ils arrivèrent même un peu en avance pour le train de Kanda. Ils choisirent de s’asseoir sur les sièges au bord des rails et continuèrent de discuter tranquillement de tout et n’importe quoi. « -Alors comme ça tu as refusé de sortir avec Soujiro 3 fois ! Dit Kanda en riant. -Oui…arrête de rigoler ce n’est pas drôle ! répondit Arukate en lui assenant un coup de coude. -Si assez même ! lui répondit Kanda en lui tirant la langue. -Pff…et toi ! Tu crois que je ne sais pas que tu as repoussé Ayano, Tsubaki et même la belle Sakura ! Lui dit Arukate en air de conspiratrice sur le visage. -Hein ? Euh…ouais mais ce n’est pas pareil ! Dit Kanda en détournant le regard. -Hé ? Explique-moi en quoi s’il te plait ! Dit Arukate en lui donnant un coup de poing dans le bras. -Oh ! Voilà mon train qui entre en gare ! Nous devons remettre cette conversation à plus tard quel dommage ! Dit Kanda en se levant un sourire sur le visage. -J’y compte bien ! Dit Arukate en se levant à son tour ! Ils restèrent debout côte à côte une dizaine de seconde, le train arriva et Kanda devait monter. Ils se saluèrent d’un signe de la main, mais au moment de partir, Kanda fît demi-tour et embrassa Arukate sur la joue. Il se hâta ensuite de monter dans le train qui partit presque immédiatement. Arukate resta debout là, les yeux écarquillés et encore sous le choc de ce que son ami venait de faire. « -Héééé ! Mais qu’est-ce que ça signifie tout ça ??? se demanda-t-elle intérieurement. Pourquoi a-t-il fait ça ?? » Finalement elle se rassit jusqu’à l’arrivé de son train le cerveau en ébullition. Essayant de comprendre ce qui venait de se passer. * * *
Voilà~ En espérant que vous la lirez en entière! xD *Attends les critiques* \o/
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Ven 27 Juil - 23:06
Tres bien, place au massacr... euh, a la critique constructive, excusez-moi (COMMENT CA, "c'est pareil" ?! Pas du tout ! è.é). (PS : oui, j'ai craqué, j'ai mis le clavier français, je ne supportais plus les fautes d'accents et les touches déplacées... %D)
Alors, question orthographe, ça passe plutôt bien. Il y a quelques fautes par-ci par-là qui titillent les yeux deux secondes, mais ce serait quand même bien de se relire un tout petit peu (enfin, puisque tu dis que ça date et que je remarque que tes messages ont une meilleure ortho', je me dis que tu peux corriger ça toi-même par une simple relecture, puisqu'apparemment tu t'es améliorée depuis).
Question scénario, c'est une petite histoire sympa, mais qui n'est pas vraiment mise en avant à cause d'un récit plutôt... Maigre, je n'ai pas trouvé d'autre mot. Pas de descriptions, en tout cas pas pour les héros, et tu passes trop vite du coq à l'âne. Aussi, dans le "chapitre 1", pas de parenthèses. Tu finis ta phrase, tu en commences une autre et tu dis pourquoi elle pleurait. Encore mieux, tu commences par la scène où les garçons la font pleurer.
Bref, après, que dire ? Je ne sais pas. J'aurais d'autres trucs à dire concernant le récit, et je t'aurais conseillée de faire plus de récit pour moins de dialogue direct, mais là c'est parce que c'est comme on écrit à ma façon, donc je ne vais pas t'imposer mon style n'a moi. xD
Au fait, pourrais-je oser te demander une critique de ma propre fic ? J'ai posté juste avant toi les cinq premiers chapitres (Prologue également), et je n'ai eu que très peu de conseils... %)
Tiens, en parlant de ça, vala les cinq chapitres suivants !
Chapitre VI – Sandra
Spoiler:
« Dans le silence et la solitude, on n'entend plus que l'essentiel. » Camille Belguise
Les trois créatures restaient dans la chambre du professeur bien qu'elles soient en grande partie remises, où tout le monde – sauf les parents de Luke, qui comme d'habitude étaient retenus par le travail – s'était rassemblé. Matt et Nina gardaient encore quelques bandages, mais Gabrielle, elle, était en pleine forme. Elle voletait gaiement autour des trois adolescents, qui s'en amusaient. Finalement, elle se posa sur la tête de Sandra, qui en profita pour la caresser avec un doux sourire. La créature appréciait visiblement, et ses deux amis demandèrent à essayer à leur tour. L'écureuil volant sauta entre les deux et se laissa câliner quelques minutes, mais ne tarda pas à retourner sur la tête de la troisième.
Cette fois, ils remarquèrent tous que ses cheveux volèrent encore plus haut que d'habitude, ce qui fit glousser ses amis. Préférant en rire plutôt qu'en pleurer, la jeune adolescente prit part aux moqueries des deux autres. Elle ne pouvait pas leur en vouloir, puisqu'elle en riait elle-même. L'électricité de l'écureuil se basait apparemment sur l'électricité statique et attirait la chevelure brune de l'enfant.
« On dirait qu'elle t'aime bien ! rit Luke avec un large sourire. Tu en as, de la chance ! - Tu dois avoir raison... » rougit la concernée.
Le professeur Layton, qui jusqu'alors avait continué à chercher des indices en vain, regarda la scène et fut pris d'un doute soudain. Cette théorie pouvait tout faire concorder, aussi prit-il part à la conversation, plus ou moins brusquement.
« Est-ce qu'elle fait ça souvent ? »
Silence. Sandra prit soudain un air étonné et ignorant. Mais pas assez rapide pour paraître réellement sincère.
« Mais comment voulez-vous que je le sache, Professeur ? Je ne la connais pas plus que vous... »
Gabrielle préféra changer de sujet en volant la casquette de Luke afin d'attirer l'attention. Le professeur et ses assistants furent contraints de prendre part au jeu de l'écureuil électrique. Sandra, quant à elle, soupira. Elle avait pris beaucoup trop de temps à répondre et connaissait les conséquences de cette erreur.
« C'était moins une... » pensa-t-elle avant de se rendre discrètement dans sa chambre.
« Eh bien, on peut dire que vous en avez de la chance ! J'ai vraiment cru que vous n'en reviendriez pas ! »
Sans compter le problème lié au combat des créatures, l'escapade des deux londoniens s'était passée sans problèmes. Mais c'était bien le fait que les deux policiers se soient sortis quasiment indemnes de cette rencontre avec les créatures qui sidérait le supérieur du commissariat dublinois. Cela le rassura également, bien entendu.
« Mais je suppose, vu vos têtes, que vous avez compris de quoi nous parlions lorsque nous vous disions que les B.N.I. étaient dangereuses... »
L'inspecteur Chelmey sursauta légèrement en entendant le sigle utilisé par son acolyte. Il se tourna vers le petit agent, mais ce fut au dublinois d'ajouter :
« Oui, Barton a parfois de très bonnes idées... Nous avons adopté ce sigle, pour le moment. »
Celui-ci ne put s'empêcher de sourire, heureux d'avoir enfin un mérite dans son travail. Son supérieur préféra se taire et se replia dans son bureau. Le policier de Londres s'assit et prépara un thé avant de se replonger dans un tas de paperasses. Cependant, il continuait de penser à ce sigle qu'il trouvait complètement idiot, et qui ne convenait donc pas à une affaire si importante. Bestioles Non Identifiées... Il murmura pour lui-même, avant de prendre une gorgée de sa boisson chaude :
« Ils sont fous, ces dublinois... »
Sandra avait besoin de prendre encore un peu de recul sur cette affaire, afin de pouvoir la régler le plus tôt possible, et sans s'attirer d'ennuis. Elle ressortit son carnet et son crayon, griffonnant des schémas, des phrases dans tous les sens et des calculs de toutes sortes. Lorsque son esprit bouillonnait ainsi, il fallait que ses idées sortent avant qu'elles ne soient perdues, et les coucher sur papier restait la meilleure solution. Son criterium dansait sur le papier, dessinant mots, flèches et chiffres, toujours plus rapidement. Sandra ne souriait pas, mais son regard porté sur ses notes ne cillait pas, comme hypnotisé.
Le silence s'était installé dans la chambre depuis longtemps, mais dans sa tête résonnaient toutes ses pensées dans un brouhaha assourdissant. Le bruit redoublait d'intensité dans la chambre d'à côté, étant donné que les parents de Luke avaient pris part au jeu de Gabrielle. Cependant, Sandra ne l'entendait pas, devenue comme sourde.
L'adolescente s'emballait, jubilait presque alors qu'elle réfléchissait. On lui disait souvent qu'elle allait trop vite. Elle ne le niait pas, et ne pouvait pas le nier : c'était vrai. Cependant, cela ne l'importunait pas à ce moment, dès l'instant que son crayon pouvait suivre. Et il le faisait, il n'y avait donc aucun problème. La machine continuait de s'emballer, mais il fallut bien à un moment l'arrêter.
« Sandra, est-ce que je peux entrer ? »
L'adolescente sursauta. Le criterium tomba de sa main dans un bruit sourd, et son regard demeura vide un court instant. Elle se décida à reprendre son souffle doucement, avant de répondre précipitamment.
« Flora ? Oui, bien sûr ! »
Son amie entra et s'approcha d'elle avant de prendre délicatement une chaise et de s'assoir promptement. Le jeu de l'écureuil volant l'avait apparemment épuisée, et l'une des raisons de sa venue était peut-être la lassitude d'une course contre la créature... Mais il y avait visiblement une autre explication à sa visite, qu'elle ne tarda pas à donner, en partie gênée tout de même. Aussi sa voix demeura entre le murmure et la simple parole.
« C'est juste que... En fait je ne sais quasiment rien de toi... »
Sandra montra un sourire fugace, rapidement remplacé par son expression habituelle, neutre.
« Que veux-tu savoir ? - Parle-moi de ta famille ! rit son interlocutrice. - Eh bien, je suis fille unique pour commencer. Ma mère est en ce moment en déplacement pour son travail, alors elle m'a offert des vacances ici pendant son absence. Pour la fête, j'étais là avant les préparatifs et j'avais appris qu'il manquait une place... Je n'ai pas hésité, ajouta-t-elle en faisant un nouveau sourire. - Et ton père ? Il n'est pas avec toi ? »
Le sourire s'effondra subitement. Sandra baissa la tête, se taisant. Flora se mordit la lèvre, pensant qu'elle avait dit une bêtise. Elle vit une larme couler, juste avant un murmure.
« Je n'en ai plus. »
La « fille » du professeur Layton tenta de s'excuser vivement, mais la jeune fille essuya sa larme avant de lui sourire tristement.
« Ne t'inquiète pas. Ce n'est pas ta faute. »
Sandra vit qu'elle n'avait pas convaincu son amie, aussi ajouta-t-elle soudainement :
« Oublie cette histoire, ce n'est rien... C'était un cancer. »
Cependant, cette dernière phrase avait paru tremblante, menteuse. Non, ce n'était pas un cancer, mais quelque chose d'autre dont elle ne voulait pas parler. Flora allait lui faire la remarque doucement, lorsque la porte s'ouvrit tout d'un coup, Gabrielle entrant promptement, la casquette de Luke dans la bouche. Celui-ci était juste derrière d'ailleurs, et attrapa d'un bond la voleuse par la queue.
« Ça y est, je te tiens ! »
L'adolescent se rendit ensuite compte avec honte qu'il était entré dans une chambre de filles sans frapper, et qu'il les avait de plus gênées dans leur discussion. Il s'excusa du mieux qu'il put, mais ce ne fut pas nécessaire. « Ce n'est pas grave, Luke, rit Sandra. De toute manière, c'est Gabrielle qui t'y a mené. »
Chapitre VII – Permission inattendue
Spoiler:
« On vient à bout de ses desseins avec la patience. » Proverbe oriental
« Ce n'est pas grave, Luke. De toute manière, c'est Gabrielle qui t'y a mené. »
Tous trois se mirent à rire suite à cette remarque. Gabrielle se décida finalement à rendre le couvre-chef bleu à son propriétaire avant de se poser encore une fois sur la tête de Sandra. Celle-ci se remit à la caresser tendrement. Encore une fois.
« C'est incroyable, dit Flora avec un grand sourire, on dirait que tu as le même don que Luke avec ces créatures... »
Son amie se contenta de montrer une mine très légèrement réjouie avant de soupirer.
« Si seulement ce n'était pas qu'avec Gabrielle, peut-être pourrions-nous les empêcher de se battre... - C'est vrai, c'est dommage, approuva le jeune garçon d'un ton sérieux. Cela nous aurait facilité la tâche à tous... »
La discussion fut coupée par un bruit de pas qui venait du couloir. Dû à un petit groupe de personnes, qui apparemment vint toquer à la chambre du professeur. Les trois adolescents, curieux, ouvrirent la porte et découvrirent l'inspecteur Chelmey et son acolyte Barton. Ceux-ci furent aussi surpris que les enfants en les découvrant. Ils se regardèrent ainsi quelques rapides secondes, interrompues par la porte de la chambre d'hôtel qui s'ouvrit sur le gentleman.
« Oh, Inspecteur ! Quelle bonne surprise ! Que faites-vous donc ici ? - Pour ne pas me vanter, les policiers anglais les plus expérimentés ont été invités à Dublin pour aider à résoudre cette affaire mystérieuse... - Oh, je vois... Mais entrez donc ! » se reprit l'adulte au haut-de-forme en ouvrant le passage vers sa chambre.
Les policiers ne se firent pas prier et entrèrent, suivis des trois enfants et du professeur en dernier. Les deux créatures qui y étaient restées jusqu'à présent s'étaient envolées en sortant par la fenêtre – Matt à califourchon sur Nina – dès que les premiers coups retentirent sur la porte, et Gabrielle était restée à l'intérieur de la chambre voisine. En effet, il aurait pu être gênant, voire suspect pour les inconnus de les découvrir à l'intérieur même du bâtiment, aussi préférèrent-ils tous trois rester inaperçus.
Le professeur d'archéologie proposa deux chaises pour les invités, qui s'assirent rapidement autour de la table. L'inspecteur attendit que tout le monde y soit rassemblé avant d'expliquer sa venue.
« Layton, c'est la première fois que je demande l'aide d'un civil, mais cette fois nous avons un réel problème. Les forces de l'ordre restent cloîtrées au commissariat à réfléchir inutilement, alors que les B.N.I. menacent de détruire la ville, voire plus... »
Tout le monde – excepté Barton – posta sur l'agent de police un regard interrogateur. Celui-ci s'attendait à cette réaction et avait également préparé la réponse.
« B.N.I. est le nom de code que Barton a trouvé pour définir le fléau du moment, si vous voyez ce que je veux dire... Le commissariat l'a adopté aussitôt, ajouta-t-il en montrant une mine qui prouvait parfaitement qu'il ne partageait pas cet avis. - Inspecteur, demanda timidement Emmy, qu'est-ce que cela signifie exactement ? - Bestioles Non Identifiées. » répondit Barton avec un large sourire.
Les trois adolescents gloussèrent, essayant avec beaucoup de mal de retenir leurs rires, malgré tout peu appropriés à une situation à l'origine si grave. L'assistante du professeur tenta également de s'empêcher de pouffer en arrêtant discrètement sa respiration pour quelques secondes. Cette réaction impertinente des enfants ne fâcha cependant pas le policier, qui en profita pour donner son propre avis.
« Ne leur en voulez pas, Layton, ils ont raison. Comment peut-on prendre au sérieux une mission si son nom est ridicule ? C'est comme si on avait prévu d'utiliser l'arme nucléaire en secret au Vietnam* – ce qui n'arrivera évidemment pas – et qu'on avait baptisé ce projet « IDIOTIE » ou quelque chose dans le genre ! IMPOSSIBLE de la mener sérieusement, tout simplement. »
Les gloussements des adolescents devinrent finalement de forts éclats de rires, et cette fois-ci Emmy ne put s'empêcher de les imiter. Ce furent donc quatre personnes pliées en deux qui sortirent momentanément de la pièce, préférant de pas gêner les adultes dans leur discussion et se calmer dans la salle voisine. Seuls les trois hommes étaient restés impassibles et avaient gardé leur sérieux. En vérité, Barton était trop frustré par les moqueries dues à son nom de code pour en rire.
« Bref, reprit Chelmey, nous aurons de meilleures chances de venir à bout de ce mystère si nous collaborons. J'ai obtenu une permission du commissariat, vous pourrez sortir de l'hôtel à volonté, vous et vos amis. Du moment que vous restez prudents, bien évidemment. - C'est très aimable, sourit le professeur Layton. Comment vous remercier, Inspecteur ? - En nous offrant une aide efficace, peut-être. Plus tôt ces B.N.I. seront hors d'état de nuire, mieux ce sera. »
Le policier sembla réfléchir, puis ajouta :
« Au fait, je crois qu'il y a quelqu'un que je ne connais pas parmi vos amis... Je me trompe ? - Oh, vous devez parler de Sandra. C'est vrai que vous n'avez pas encore eu l'occasion de la connaître... répondit son interlocuteur. Nous ne la connaissons que depuis hier soir, mais elle nous considère déjà comme ses amis... Il semblerait. »
Cette dernière phrase lui mit la puce à l'oreille et il eut un léger sursaut presque imperceptible.
« Qu'entendez-vous par là, Layton ? - Ce n'est pas encore véritablement prouvé, mais elle semble en savoir long sur les « B.N.I. ». Mais elle refuse de nous dire quoi que ce soit, pour une raison inconnue. - Eh bien c'est notre première suspecte. »
Ces paroles aussi dures que rapides firent légèrement sursauter le professeur d'archéologie. A ce moment, Emmy, Luke et Flora reparurent discrètement dans la salle, calmés de leur fou-rire. Mais pas Sandra. Le professeur d'archéologie reprit soudainement la discussion, comme si de rien n'était. C'était même mieux que la jeune adolescente en question soit absente. Il valait mieux qu'elle ignore les soupçons qui pesaient sur elle.
« Peut-être... Ou peut-être pas. - Mais que voulez-vous dire par là ? Elle nous cache quelque chose à tous qui concerne l'affaire, elle refuse de nous le dire. C'est typique du suspect numéro un ! Qu'est-ce qui pourrait bien l'innocenter ? - Elle cherche également à résoudre le mystère et mène sa propre enquête, de son côté. Flora m'a parlé d'un calepin où elle écrivait ce qui ressemblait à des notes d'enquête. Cependant, c'était dans une langue apparemment inconnue, et elle n'a pas pu les déchiffrer. »
L'agent de police londonien resta sceptique. S'il s'agissait d'une autre langue, la jeune adolescente aurait pu faire passer ses notes pour un rapport d'enquête aussi facilement que pour une liste de commissions... Ou n'importe quoi d'autre. Ce n'était pas une preuve. Pas une preuve suffisante, du moins. Chelmey s'apprêtait à le faire remarquer lorsqu'un cri retentit dans le bas de la rue. Tout le monde se précipita et s'agglutina contre la fenêtre, d'où venait le bruit. Le dragon vert, Nina, maintenait un chien orange au sol. Toujours le même. Et une enfant les regardait ainsi, impassible. Avec Gabrielle sur la tête, comme toujours.
« Sandra ? » murmura Flora, ne comprenant pas.
Emmy ouvrit la fenêtre discrètement, de manière à pouvoir mieux espionner. Il s'agissait peut-être d'obtenir une preuve de culpabilité, après tout... Le groupe se fit le plus silencieux possible. Il était hors de question que la suspecte ne se rende compte de leur présence.
Celle-ci s'approcha doucement du canidé qui se débattait en vain. C'était lui qui avait poussé ce cri. Ce fut difficile, mais les londoniens purent entendre la discussion que l'enfant mena avec la B.N.I. Cela ressemblait à un monologue, étant donné que l'interlocuteur ne répondait pas, mais c'était bien à lui qu'elle s'adressait :
« Je veux que tu me dises d'où tu viens. C'est très important. »
Cette déclaration surprit tout le monde dans la chambre d'hôtel. Ainsi, elle ne semblait pas avoir de lien si grand avec ces créatures, et ce geste semblait même lui procurer une preuve de son innocence... Mais cela n'expliquait toujours pas son refus de collaborer. Une situation aussi étrange que paradoxale.
Pour toute réponse à la question de l'adolescente, le chien grogna. Personne n'eut besoin de Luke pour comprendre qu'il refusait catégoriquement de l'aider. Sandra soupira.
« Je ne veux pas mettre en place les grands moyens, mais peut-être préfèrerais-tu que nous te confions à la police... »
Le chien noir ricana. La police de la ville n'aurait rien à faire de lui, il leur donnerait même du fil à retordre, n'ayant aucun mal à incendier le bâtiment dès la première occasion. L'inspecteur Chelmey et Barton blêmirent face à cette remarque, ayant fait un raisonnement similaire. La jeune fille garda son sérieux et ajouta une précision d'un ton encore plus grave qui fit évaporer le sourire malfaisant de la créature.
« Je ne parle évidemment pas de la police d'ici. »
Les policiers soupirèrent silencieusement, rassurés, mais se reprirent vite. Dans ce cas, de quel autre commissariat pouvait-elle bien parler ? Apparemment, un que le canidé craignait. Cette situation devenait étrange. Que pouvait donc craindre une créature aux capacités surnaturelles ?
« Non, bien sûr celle dont je parle aura tôt fait de trouver à qui toi et tes camarades appartenez, et nous découvrirons bien vite la raison de toute cette histoire... »
Elle s'arrêta là en sursautant, puis se retourna promptement vers une fenêtre qui claqua aussitôt. Luke regretta d'avoir murmuré à l'oreille de son mentor un « Elle est innocente alors ? » un peu trop fort. L'enfant fronça les sourcils, mais pas à cause de ce dont elle venait de se rendre compte. La fenêtre ayant été refermée, ils étaient probablement retournés autour de la table. Elle se tourna vers les deux créatures, comme si de rien n'était, et répéta finalement sa question :
« Alors ? D'où venez-vous, toi et tes amis, et qui vous a chargés de venir saccager cette ville ? »
Le canidé détourna la tête en faisant la moue. Impassible, l'enfant dirigea son regard vers Nina avant de lui faire un signe de tête approbateur. Le dragon passa une patte autour de la gueule du chien, l'empêchant de l'ouvrir. Il l'empoigna et s'envola avec lui. La créature noire se débattit, en vain. Sandra murmura pour elle-même, très légèrement inquiète.
« J'espère que Maman aura compris... »
« Qu'en concluez-vous, Inspecteur ? »
L'interrogé ne répondit pas et se contenta de réfléchir. Il était clair que cette enfant n'avait rien contre qui que ce soit, si ce ne sont bien sûr les créatures qui cherchent à détruire la ville, pour une raison inconnue.
« Cette fille est un paradoxe à elle toute seule, un paradoxe très compliqué à démonter... - Chef ? tenta Barton, très gêné et devenant encore plus écarlate qu'une tomate. Ce... Qu'est-ce qu'un paradoxe, au juste ? »
Son supérieur se passa la main sur le visage, essayant de garder la tête froide. Ce fut au professeur de répondre.
« Un paradoxe est tout simplement une situation qui se contredit elle-même. Et en effet, le comportement de Sandra est bien plus qu'étrange. - Nous sommes tous d'accord sur ce sujet, approuva Emmy, gardant son sérieux contrairement à la dernière fois. Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée. Or, dans son cas, elle semble être les deux à la fois... - Emmy, vous voulez dire que pour vous Sandra est à la fois innocente et coupable ? Cela n'a aucun sens ! » s'étonna Flora, fronçant les sourcils ce qui montrait son incompréhension.
L'assistante du professeur marqua une pause, mais répondit rapidement.
« Non, comme une porte est soit ouverte soit fermée, Sandra est forcément soit innocente soit coupable. Mais le paradoxe est justement le fait qu'elle mélange les caractéristiques des deux... »
L'adolescente en question était aussitôt retournée dans sa chambre, et prêtait une oreille distraite à la discussion voisine. Elle soupira tristement. Elle ne pouvait pas leur en vouloir de l'avoir espionnée. Elle paraissait suspecte, tout simplement. Trop suspecte. Gabrielle lui ébouriffa légèrement les cheveux, comme pour la ramener à la réalité. L'enfant sourit et prit l'écureuil blanc dans les bras, avant de le caresser tendrement.
« Il vaudrait mieux que tu te montres un peu moins affective, ou alors fais-le avec tous. Ils vont vraiment commencer à se poser des questions... »
La créature pesta, ce qui remit en question la remarque de l'adolescente pour un court instant. Elle se plongea dans une autre réflexion, puis ajouta :
« Bah, après tout il faudra bien que cela arrive un jour... La boucle devra être bouclée, tôt ou tard. »
La petite B.N.I. crut à une remise en cause de ses précédentes paroles et se blottit dans les bras de la jeune fille. Cependant, elle précisa en souriant légèrement, comme s'il s'agissait d'un jeu :
« Mais pas maintenant. C'est lui qui me l'a dit, Gabrielle. Tu ne t'en souviens pas ? »
L'écureuil hocha négativement la tête d'un air désolé. L'enfant leva les yeux au plafond, puis continua tendrement, avec le même sourire.
« Ah, oui, c'est vrai que je ne te connaissais pas encore, quand il était venu... Tu ne peux pas t'en souvenir, puisque tu n'étais pas là. »
Note : * : A ce moment, la terrible guerre du Vietnam n'est pas encore terminée.
Chapitre VIII – Mystérieux calepin
Spoiler:
« Le silence est le plus beau bijou d'une femme, mais elle le porte rarement. » Proverbe anglais Note de l'auteur : Mais avouez que, lorsqu'elle le porte, on préfèrerait qu'elle le retire...
« Sandra ? Puis-je entrer ? »
L'adolescente ouvrit tristement la porte de sa chambre sur le professeur Layton. Elle tenta de sourire, mais sa question à l'allure froide ne pouvait pas aider à engager une ambiance chaleureuse dans la salle.
« Que voulez-vous, Professeur ? - Nous voulions te demander pardon pour t'avoir épiée. »
L'enfant sursauta légèrement, étonnée. Elle s'attendait à une question toute autre, qui ne la rassurait pas. Celle-ci, en revanche, lui apporta une mine tendrement réjouie et un sourire véritable. L'adulte était vraiment désolé. Ses excuses étaient sincères, ce qui attira naturellement sa confiance.
« Ce n'est pas la peine. C'est ma faute, je vous ai lancés sur une fausse piste sans le vouloir. Mon comportement était suspect, il est normal d'avoir des soupçons autour de moi... - Sandra, nous savons maintenant que tu es contre ces créatures, comme nous. Du moins, les trois qui cherchent à détruire la ville. »
Gabrielle lança un petit couinement qui fit soubresauter la jeune fille. Elle s'était tendue et avait pincé l'écureuil qu'elle caressait sans le vouloir. Elle craignait le pire ...
« Sandra, pourquoi refuses-tu de partager tes indices – apparemment nombreux – avec nous ? Tu sais très bien que cela nous ferait tous avancer bien plus rapidement ! »
Elle ne répondit pas et se contenta de baisser la tête en acquiesçant tristement. Elle le savait, mais elle n'avait pas le droit de les aider. Qu'elle puisse leur faire confiance ou non. Trois mots résonnèrent dans sa tête, comme pour le lui rappeler :
« Règle numéro cinq. »
Cependant, d'un autre côté, elle se souvint que la boucle devait être bouclée, comme elle l'avait dit quelques minutes plus tôt à Gabrielle. Mais pas maintenant. L'enfant fit un petit sourire amusé. Elle n'allait pas leur raconter tout de suite, mais elle pouvait du moins les mettre légèrement sur la piste. Légèrement. Elle devait être sûre de pouvoir leur faire pleinement confiance. C'était trop important.
« Je le sais, Professeur. Je le sais très bien, même. - Dans ce cas, pourquoi refuses-tu de nous aider ? Cela n'a aucun sens ! - Cela semble n'avoir aucun sens à vos yeux. Parce que vous ignorez ce que je sais. »
Le gentleman marqua une pause, comme s'il cherchait un double-sens à ces paroles. Mais c'était clair comme de l'eau de roche : ce qu'elle cachait expliquait le fait qu'elle le cache. Un cercle vicieux dans toute sa splendeur paradoxale et logique à la fois.
« J'aimerais vraiment savoir ce que tu nous caches. J'espère que tu sais que le sort de la ville en dépend, Sandra ! Nous ne pourrons rien faire tant que le mystère ne sera pas dévoilé. - C'est faux, Professeur. Que je vous divulgue mon savoir ou non, ces créatures disparaîtront, de même qu'elles sont venues. Très bientôt. Mais si vous voulez une autre raison au fait que je vous cache ce que je sais... »
L'adolescente marqua une pause, comme cherchant ce qu'elle était sur le point de dire. Elle étouffa un petit rire, ne laissant transparaître qu'un mince sourire. Aussi énigmatique que ce qu'elle révéla à son interlocuteur.
« Disons que... Si je vous le disais, vous ne me croiriez jamais sans preuves. - Qu'en sais-tu ? » répliqua aussitôt l'adulte, resté sceptique.
Nouvelle mine à la fois réjouie et mystérieuse.
« C'est trop extravagant. Ce secret dépasse toute logique apparente, c'est tout simplement trop difficile à croire pour paraître véridique. Vous qui vous basez tellement sur cette chère logique, vous seriez tout simplement incapable de croire en une telle histoire... »
Le professeur d'archéologie eut cette fois du mal à garder son scepticisme. Il tourna son regard vers le bureau auquel la jeune fille était rassise. Le fameux calepin trônait dessus, ouvert sur des notes en vrac. Un crayon à papier se trouvait juste à côté. L'outil qui avait servi à l'enfant à écrire ce mystérieux « rapport d'enquête ». Celle-ci remarqua rapidement l'intérêt que portait l'adulte sur ce carnet, aussi répliqua-t-elle :
« Vous pouvez regarder si cela vous amuse. Cependant, mes notes sont rarement claires, j'ai mon propre dialecte écrit, si vous voyez ce que je veux dire... Même quand j'écris en anglais. »
Le gentleman prit le petit livret, et avoua qu'il s'agissait en effet d'une suite de symboles et d'abréviations. Dans une langue étrangère, de surcroît. Inventées par la jeune fille afin d'écrire plus rapidement, sans doute. Il lui aurait fallu un bon moment pour décrypter ces notes, si l'enfant refusait de lui lire.
« Ce serait aimable de ta part de me raconter ce que tout ceci signifie... »
Elle rit, et prit délicatement son carnet. Elle lut. Dans son patois étranger et incompréhensible, naturellement. L'adulte avait oublié de lui préciser qu'elle lui lise en anglais. Mais, après réflexion, cette réaction plutôt impertinente de l'adolescente montrait d'une certaine manière qu'elle ne voulait pas qu'il comprenne.
« Et qu'est-ce que cela signifie ? coupa le professeur au bout d'un moment, ne s'attendant cependant pas à une bonne réponse. - C'est ce secret que je ne dois pas vous révéler. » sourit-elle.
Elle replongea son regard dans ses écrits, mais son sourire légèrement insolent s'évapora soudainement. Elle pâlit. Ces notes-ci dataient du moment où elle s'était emportée et avait commencé à écrire à toute vitesse. Et dans sa précipitation, ses notes avaient été écrites en grande partie en anglais. Le professeur Layton s'approcha d'elle, comme voulant lui demander si elle se sentait bien. Elle referma le livre précipitamment, créant un petit bruit. Mais trop tard, l'adulte avait déjà survolé quelques rares mots.
« Je... je vais bien, merci... prononça-t-elle mécaniquement, le regard dans le vide. - Si cela peut te remettre, Flora a préparé du thé, il est déjà cinq heures. Viens-tu nous rejoindre ? - Dans quelques minutes, Professeur. Merci. »
L'homme au haut-de-forme se retira silencieusement. Rassuré de voir qu'elle était innocente, mais troublé face à ce refus catégorique de s'expliquer. L'adolescente prit son calepin et s'effondra sur son lit. Elle se releva précipitamment et l'ouvrit, essayant de voir ce que le gentleman avait bien pu discerner dans ses notes. Elle vit bien à plusieurs reprises le signe qu'elle voulait cacher le plus. Il l'avait vu, c'était sûr. Il était trop présent pour qu'il ne l'ait pas remarqué. L'enfant savait exactement ce que cela signifiait. S'il découvrait la signification de cette abréviation, alors il saurait presque tout.
« Règle numéro cinq. »
Ces mots résonnèrent encore une fois dans sa tête, à plusieurs reprises. Il ne devait pas savoir. Pas maintenant.
« Règle numéro cinq. »
La seule chose qui rassura l'enfant était que ce n'était qu'une abréviation. Encore fallait-il que le professeur ne la décryptât. Ce qu'elle craignait.
« Règle numéro cinq. »
Sandra réfléchit. Après tout, il fallait encore qu'il prît ce symbole au sérieux. Et c'était peu probable qu'il le fît. C'était une vérité bien trop difficile à avaler, trop absurde.
Une vérité non véridique. Une vérité qui semblait fausse. Qui eut certainement paru aux yeux de quelqu'un de raisonnable comme le professeur d'archéologie comme un mensonge qui paraissait vrai. Une vérité fausse, ou un vrai mensonge ? Encore un paradoxe qui la rassura.
Non. Il ne découvrirait pas son secret. Pas avant qu'elle ne lui fournît un bon paquet de preuves. Qu'elle n'avait pas sur elle, en l'occurrence. Un petit rire s'éleva gracieusement et discrètement dans les airs. Ils n'apprendraient rien en restant à Dublin. Elle ouvrit à nouveau le calepin et regarda encore la mystérieuse abréviation, un sourire rassuré aux lèvres. Elle avait une chance de tenir jusqu'au bout, finalement. Comme il le lui avait demandé.
« -> +. »
Chapitre IX – Séance de décryptage : première tentative
Spoiler:
« Il est bon de lire entre les lignes, cela fatigue moins les yeux. » Sacha Guitry (auteur dramatique français)
« Tiens, voilà Sandra ! » remarqua Luke en se tournant vers la nouvelle venue.
En effet, l'adolescente se trouvait dans le cadre de la porte. Elle entra calmement dans la chambre du professeur, où tout le monde – excepté les policiers, rentrés depuis un moment au commissariat – s'était rassemblé autour d'un bon thé chaud, que Flora avait préparé.
« Eh bien, Professeur, prononça calmement celle-ci, sur un léger ton à la fois amusé et sérieux. Avez-vous trouvé des indices intéressants dans mes notes ? »
Le gentleman la regarda sans comprendre. Il commença par nier, sous prétexte qu'il n'avait pas eu assez de temps pour bien se souvenir du texte. L'enfant le regarda, sceptique.
« Entre le moment où vous vous êtes approché et celui où j'ai refermé le carnet, il y avait assez de temps pour retenir ne seraient-ce que deux ou trois mots, non ? - Encore faut-il les décrypter, Sandra. » répliqua-t-il avant de boire une gorgée.
Le reste du groupe les regardait sans comprendre. On aurait pu croire que ce décryptage n'était qu'une énigme banale pour le professeur, soumise par Sandra. Un simple défi à relever, un divertissement.
« De quoi vous souvenez-vous, Professeur ? » demanda Flora, soudainement prise par le jeu.
Après tout, des indices importants étaient peut-être à la clé. Il suffisait qu'il se soit souvenu des bons symboles. Le professeur d'archéologie sortit de sa poche un petit carnet et un crayon et commença à écrire, plongé dans sa mémoire visuelle afin d'en extraire tout ce qu'il avait pu retenir de ces quelques secondes d'observation. Personne n'osa bouger, de peur de le déconcentrer. Il s'agissait d'un grand effort de mémoire, qui parut très compliqué.
Finalement, le gentleman posa le calepin sur la table qui trônait au milieu de tous.
« Ce ne sont que quelques extraits, et pas forcément dans l'ordre. Sandra, as-tu bien utilisé tout ceci dans tes notes ? »
La jeune fille se pencha et survola attentivement le livret. Elle approuva en souriant, avec une très légère pointe de nervosité. Ce défi relevait du mythique pari anglais, et quoiqu'il fût son premier, elle sembla y prendre goût rapidement. Le fameux professeur d'archéologie qui avait une renommée légendaire quant à sa capacité de raisonnement allait-il réussir à décrypter ces mystérieuses inscriptions ?
« Vous avez une excellente mémoire, Professeur. Même si ce ne sont que quelques extraits dans un ordre plutôt anarchique, tout est exact. »
Les règles du « pari » n'ayant pas spécifié que le gentleman dût résoudre l'énigme de décryptage seul, ses amis se penchèrent également vers les mystérieuses abréviations anglaises, autant par curiosité que par envie de résoudre l'énigme, et le mystère qui allait avec elle.
« C'est tout ce que j'ai retenu, avoua le professeur. C'est peu, mais cela semble apporter plusieurs choses. Apparemment, des questions supplémentaires, à moins que les points d'interrogation n'aient une autre signification... - Je peux vous l'assurer, Professeur, répliqua Sandra, ce sont des détails très importants que vous avez là. Ce sont bien ceux que je vous cache. Mais maintenant que vous les avez, je ne peux plus vous les sortir de la tête... »
Le groupe se lança sans tarder dans le décryptage, symbole par symbole. Si le gentleman avait de plus retenu les plus importants, des indices sur le mystère se trouvaient à la clé.
« Commençons par ce « M » entouré, proposa l'homme au haut-de-forme. Quelqu'un a-t-il une idée de ce que cela pourrait désigner ? »
Sandra ne réagit pas. Il était évident qu'elle savait parfaitement la signification de la page entière, mais ses amis devaient se débrouiller. Elle n'allait pas leur donner d'indices, du moins pas aussi facilement. Emmy proposa, au bout d'un long moment :
« Cela me rappelle quelque chose, dans mes anciens cours de physique... C'est un symbole pour les schémas en électricité, non ? - Peut-être, dit Luke en faisant la moue. Je ne suis pas vraiment un génie des sciences, moi cela ne me dit rien... - C'est bien cela, Emmy, s'interposa le professeur. Si je ne me trompe pas, cela désigne un moteur, dans un circuit électrique... Sandra parlerait d'un moteur ? - « Autre moteur à – flèche – plus – point », lut Flora, peu convaincue. « Moteur » ne semble pas si approprié que cela, il s'agit après tout d'un texte tout-à-fait lisible... - « Machine » ? proposa l'adolescent à la casquette bleue. Cela donne « Autre machine à – flèche – plus – point. » C'est déjà plus compréhensible. Mais, une machine à quoi ? - Le « flèche – plus – point » nous le dira sans aucun doute » répondit son mentor, sûr de lui.
Le premier symbole était décrypté. Le groupe se concentra donc sur le suivant. La seule méthode dans ce cas précis d'énigme était de s'attaquer à chaque détail un par un.
« Une flèche désigne généralement une direction ou un mouvement, continua l'assistante du gentleman. Cela veut-il dire que cette « autre machine à » doit aller quelque part ? Mais nous ne savons même pas à quoi elle sert ! - Non, Emmy. Si tu veux mon avis, ce symbole indique à quoi sert cette mystérieuse machine. Un « à » ne traîne pas ainsi, sans autre raison. Et je doute que Sandra ait l'idée de mettre de fausses pistes. Elle a apparemment écrit trop rapidement pour penser au fait que quelqu'un d'autre lise un jour. »
L'adolescente en question restait silencieuse, et se contentait de boire son thé en écoutant attentivement. Elle savait pertinemment où étaient les erreurs et les bonnes réponses du groupe. Mais elle ne devait pas les aider.
« Peut-être la boucle devra-t-elle être bouclée lorsqu'ils auront décrypté ces notes ? » songea-t-elle, tout en caressant Gabrielle. Comme toujours, l'écureuil trônait sur sa tête et se réjouissait des caresses de l'enfant.
« Il faut donc à mon avis écarter l'idée de la direction, s'interposa Luke. « Machine à direction » n'a aucun sens, peu importe le nom que l'on donne à cette direction... - Très bonne remarque, Luke, fit son mentor, un sourire aux lèvres. Il nous faut donc nous concentrer sur son autre signification logique : un mouvement. - Une machine à créer du mouvement ? » déduisit Flora, rapidement mais sans comprendre le véritable problème que causait cette « révélation ».
Sandra se sentit soudainement observée et posa sa tasse délicatement. Elle pensait être déterminée à ne pas donner d'indices, mais les regards de ses amis étaient bien trop suppliants. Ils étaient à côté de la plaque.
« La flèche désigne bel et bien un mouvement. Mais c'est un autre type de geste ... plus symbolique, peut-être. »
Le professeur d'archéologie prêta une oreille particulière à la dernière phrase. Un type de geste plus « symbolique », qu'est-ce que cela pouvait bien signifier ?
« Aussi, je vous conseillerais de voir l'expression allant de la flèche au point compris ensemble. »
Emmy nota qu'elle n'avait pas répété ce qu'ils avaient tous dit à propos de cette suite de symboles. Autrement dit, elle avait remplacé le « flèche – plus – point » par un « de la flèche au point compris ».
« Professeur, l'interprétation du « plus » que nous avons trouvée me semble étrangement suspecte... Est-ce bien un signe plus ? »
Sandra ne cacha pas assez bien son émotion du moment pour que le groupe ne la remarque pas. Visiblement, la jeune lady était tombée juste. Ce n'était pas un « plus », mais un autre signe qui lui ressemblait et avait été mal interprété par les londoniens.
« Le point ne semble pas avoir de très grande importance, ajouta Luke. On l'utilise souvent après une lettre pour montrer que c'est un mot complet. Comme « B.N.I. », par exemple. - J'en conclus que d'après toi, ce « plus » est une lettre, compléta Flora. Mais laquelle ? - Sandra a écrit ces notes très rapidement, j'ai recopié ce que j'ai vu. Si cette lettre a été prise comme un signe « plus », c'est qu'elle a été écrite trop vite. Les seules lettres qui ressemblent véritablement à une croix sont le « x » et le « t » minuscule. - Le « t » ? s'étonna l'adolescente. Cela ne ressemble pas à un « t » ! Pas tel que je l'écris ou que je le lis dans un journal ou un roman, du moins. »
Le gentleman marqua une pause, et posa sa tasse de thé avant de prendre son calepin et de l'observer.
« J'ai recopié ce que j'ai vu, et visiblement Sandra n'a pas pris cela comme une erreur. En prenant en compte le fait que nous pouvons lui faire confiance, elle écrit ainsi ses « t ». Du moins lorsqu'elle prend des notes à toute vitesse. A mon avis c'est un « t », car si c'était un « x » Sandra aurait dû réagir. »
La concernée hocha discrètement la tête et sourit. Le professeur Layton méritait sa réputation légendaire. Il ne négligeait véritablement aucun détail, aussi petit – voire superflu en apparence – fût-il.
« Une flèche qui désigne un mouvement et un mot qui commence par « t »... réfléchit Luke tout haut, en levant la tête au ciel. - Un mouvement symbolique et une machine... Une machine qui crée le mouvement perpétuel ? tenta Emmy, loin d'être certaine d'elle. Non, cela n'a aucun sens. - De plus, c'est un « p », et non un « t ». », contesta le professeur.
C'était bien une machine, capable d'une chose « incroyable » d'après Sandra. Tellement incroyable qu'ils ne devraient pas pouvoir y croire sans preuve de son existence. Le mouvement perpétuel était à écarter, bien que respectant cette condition. Le « t » était cependant une preuve que ce n'était pas cela.
« Non, cette machine serait capable de quelque chose d'autre, tout aussi fantaisiste... - Comment êtes-vous sûr que c'est quelque chose de « fantaisiste », Professeur ? demanda Flora, ne comprenant pas. - Sandra me l'a dit, et je pense pouvoir lui faire confiance, répondit-il en prêtant un sourire à l'adolescente en question. Cependant, il faut trouver cette utilité illogique de cette mystérieuse « Autre machine à... » - Un mouvement, c'est pour aller d'un lieu à un autre, reprit son assistante. Mais de où à où, c'est une excellente question... »
Tous se turent, tentant de rassembler ce qu'ils savaient. Ce mouvement était symbolique. Donc peut-être que peu importait l'endroit de son départ et de son arrivée...
« Et si cela désignait tout simplement le mot « voyage » ? proposa Luke. Ou plutôt « voyager », cela donne « Autre machine à voyager – t. » - C'est très bien pensé, Luke ! sourit Flora. C'est cela, Professeur ? - Cela me semble probable... Quant au « t »... « Voyager – t »... »
Sandra tressaillit. Gabrielle commença à lui sauter sur la tête en poussant de petits cris affolés. Finalement, l'écureuil s'envola vers la fenêtre et la renifla, à la recherche de quelque chose. Quelque chose qui l'inquiétait.
« Gabrielle, que se passe-t-il ? » demanda l'apprenti du professeur, soudainement inquiet.
La créature allait répondre lorsqu'une masse violet sombre fonça dans son dos, de l'autre côté de la vitre. Elle se retourna en vitesse et fit un bond en arrière. C'était bien ce qu'elle craignait. La chauve-souris à quatre ailes se précipita contre ce qu'il restait de la fenêtre – car personne n'avait pu réparer les dégâts du combat précédent. Elle se retrouva sans gros encombres dans la chambre du professeur, et l'écureuil volant préféra se poster devant ses amis. Ce n'était pas le meilleur endroit pour se battre, mais elle n'avait visiblement pas le choix.
« Professeur, cette fois je m'en occupe. » décida Emmy en se postant à côté de Gabrielle.
Celle-ci lui fit des petits couinements pour l'en dissuader, approuvés par tous ses amis, mais la décision de l'assistante était prise.
L'énorme chauve-souris commença à l'attaquer, mais la jeune lady évita rapidement la charge, et en profita pour lui donner un coup de poing dans le dos, qui augmenta soudainement l'élan de la créature et l'envoya contre le parquet dans un bruit lourd.
La B.N.I. eut du mal à se relever, car bien que disposant de deux paires d'ailes, des pattes lui permettant de marcher semblaient lui faire défaut. Mais elle le fit assez rapidement pour éviter le deuxième coup qu'allait lui donner l'assistante du gentleman. Apparemment vexée de se faire battre par un être humain, elle se mit à frapper sérieusement, et la mordit violemment au bras, alors qu'elle s'en servait pour se défendre.
« C'est qu'elle a de belles dents ! » geignit-elle après un petit cri de douleur.
Profitant d'un manque d'attention de la part de son adversaire, la chauve-souris commença à lancer d'étranges boules violettes et nauséabondes. Emmy réussit à en éviter beaucoup – malgré l'effet de surprise – mais l'une des attaques toucha la blessure et se mêla au sang de la plaie. Une nouvelle souffrance, encore plus vive, se fit ressentir. Ses amis la surprirent à tituber mollement avant de s'effondrer au sol. Le professeur la rattrapa de justesse, très inquiet. Luke l'aida à la transporter doucement dans sa chambre avant de l'allonger dans son lit.
« Mettez-vous tous à l'abri, ordonna Sandra d'un ton extrêmement sérieux. Gabrielle et moi nous chargeons de la situation. »
Déboussolés, les londoniens exécutèrent les ordres et vinrent rejoindre la chambre de la jeune lady, toujours allongée.
« Professeur, c'est vous ? » souffla-t-elle, d'un ton à peine audible.
Cette mystérieuse boule de liquide qui s'était mêlé à son sang devait être un dangereux poison. Mais, de quelle sorte ? De toute manière, ses amis ne disposaient malheureusement d'aucun médicament sur le moment. Et l'espérance que le venin ne disparaisse de lui-même était très maigre.
L'assistante les distinguait à peine, sa vue commençait à se voiler. Était-elle sur le point de devenir aveugle, ou était-elle seulement en train de fermer les paupières, trop épuisée pour garder les yeux ouverts ? Cela devait être cela, elle ne faisait que fermer les yeux...
...
Le noir total apparut enfin, et la jeune femme sombra dans l'inconscience.
Chapitre X – Guérison suspecte
Spoiler:
« Les mains qui aident sont plus sacrées que les mains qui prient. » Sathya Saï Baba
18 mars 1975 – Vingt-trois heures
La porte de la chambre d'Emmy s'ouvrit silencieusement sur Sandra et Gabrielle, toujours posée sur sa tête. L'assistante du professeur était toujours inconsciente, elle souffrait et semblait avoir du mal à dormir en paix. Rien de plus normal, étant donné qu'un poison – probablement contenu dans cette mystérieuse boule nauséabonde qui se mêla dans sa blessure – l'avait rendue malade quasiment aussitôt.
L'adolescente se rapprocha discrètement, s'assit à côté du lit où se trouvait la jeune lady et lui prit délicatement le bras blessé. Le professeur avait désinfecté et pansé la plaie, mais c'était inutile. Le poison était déjà dans le sang. L'enfant ouvrit sa sacoche qu'elle avait prise, silencieusement.
« L'antidote ne laisse aucune trace. J'espère seulement qu'ils croient aux miracles ... » songea-t-elle, angoissée.
Si elle se faisait prendre, elle serait obligée d'avouer ce qu'elle savait.
« Ils sauront. La boucle doit être bouclée. Mais pas avant le 23. C'est lui qui me l'a dit. »
Elle sortit une petite fiole orange contenant un liquide transparent à vaporiser, puis défit délicatement le bandage, laissant la trace de la morsure à l'air libre. La jeune fille secoua légèrement son produit avant de répandre le liquide pulvérisé sur toute la plaie ainsi que sur le tissu qui la protégeait. Ceci fait, elle renoua le bandeau, en prenant garde à ne pas trop le serrer afin de ne pas bloquer la circulation de son sang. Le médicament devait agir partout où le poison était passé.
Même si cela risquait de réveiller la londonienne, l'adolescente posa le dos de sa main contre son front. L'assistante du professeur avait de la fièvre, mais elle ne tarderait pas à baisser. Sandra se leva doucement et commença à s'éloigner à pas de loup.
« Heureusement qu'ils ne l'ont pas emmenée à l'hôpital, je n'aurais rien pu faire ... Et les infirmiers non plus ! »
L'enfant allait refermer la porte derrière elle lorsqu'elle entendit derrière elle la voix fatiguée et tremblante d'Emmy. Elle s'était réveillée.
« Sandra ? Que fais-tu ? »
La concernée se mordit la lèvre. L'excuse de la « guérison miraculeuse » était tombée à l'eau. Il fallait en trouver une autre, et vite.
« Je ... je m'inquiétais à propos de ce combat, je voulais voir si vous alliez mieux, mais je vous ai réveillée ... - Ce n'est pas grave, sourit la jeune lady malgré sa fatigue. De toute manière, il fallait bien que je le fasse à un moment ou à un autre. »
Elle bâilla doucement, puis regarda son bras et remarqua que la plaie avait été en partie traitée pendant son inconscience.
« C'est toi qui as fait ça ? - Non, c'est le professeur. Je n'ai fait que vérifier que vous vous portiez bien. - Et qu'as-tu dans la main ? »
L'adolescente sursauta. Elle n'avait pas pensé à cacher la fiole vide qui contenait le médicament.
« Pas avant le 23. Nous sommes le 18. »
« C'est du désinfectant, mentit l'adolescente, sur un ton qui parut sincère. La bouteille traînait sur votre table de nuit, mais comme c'était vide, autant la jeter ... - Je vois mal, mais cela ne ressemble pas vraiment à du désinfectant. Et ... c'est moi ou le « poison » de cette grosse boule de tout-à-l'heure est parti tout seul ? » ironisa-t-elle, un sourire en coin.
Elle était trop maligne pour se faire avoir par une telle excuse. Aussi continua-t-elle dans sa réfutation de la thèse avancée par la jeune fille.
« C'est un médicament qui soigne ce mystérieux poison, je me trompe ? »
Sandra baissa la tête, mais fit signe que l'assistante du professeur n'avait pas fait d'erreur dans son raisonnement.
« Où l'as-tu trouvé ? Je doute que ce soit à la pharmacie. - Non, en effet. - Dans ce cas, d'où vient-il ? »
L'adolescente ne répondit pas.
« Du même endroit que ces créatures, je suppose. Puisque ça peut soigner le poison de l'une d'elles, et qu'il existe une grande variété de venins, tous différents. On ne soigne pas une morsure de « chauve-souris violette » avec un antidote prévu pour le venin de vipère ... »
L'enfant demeura silencieuse, fixant de plus en plus ses bottes noires. Elle connaissait l'aboutissement de la déduction suivante.
« Tu sais d'où ces bêtes-là viennent. Et ... ne viendrais-tu pas du même endroit qu'elles ? »
Sandra tenta de hocher la tête négativement, prise d'une extrême nervosité, mais c'était perdu d'avance.
« Ce n'est pas la peine de nier, Gabrielle en est la preuve. Je suppose que tu la connais depuis un moment, et que c'est cette habitude de la porter sur la tête qui est à l'origine de tes cheveux électriques. »
Elle regarda sa chevelure brune. Elle volait, et quelques cheveux se collaient à l'écureuil électrique.
« C'est cela qui nous a mis la puce à l'oreille à tous. C'était la seule explication possible. »
L'enfant pesta intérieurement.
« Trahie par la physique ... » marmonna-t-elle en faisant un petit sourire nerveux.
« Sandra, ce n'est pas une preuve de ta culpabilité. Tu es venue ici, pour défendre la ville des autres créatures, qui elles cherchent à la détruire. - C'est inutile de le nier, en effet ... - Donc, tu es innocente. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi tu ne nous as rien dit dès le début. Cela n'a aucun sens ! - Oh, si, Emmy, répliqua tristement l'enfant. Cela en a un, qui explique également pourquoi, en théorie, tout ceci n'aurait jamais dû se produire. »
L'assistante la regarda, perplexe. La jeune fille était sincère.
« Qu'entends-tu par là ? - Je ne dois pas vous le dire. - Mais pourquoi donc ?! »
Emmy se retint soudainement de s'écrouler dans son lit. Elle s'adossa contre le mur avant de se prendre la tête avec son bras valide. Visiblement, bien que l'antidote ait déjà agi en partie, elle restait épuisée, et le fait de s'énerver ne pouvait que la fatiguer davantage. Son amie ouvrit à nouveau sa sacoche et en sortit un petit fruit bleu, qu'elle lui tendit.
« Qu'est-ce que c'est ? s'étonna-t-elle, en fixant la baie avant de porter son regard vers celle qui le tenait. - C'est une spécialité de chez moi, une « baie Oran ». C'est très vitaminé, vous vous sentirez mieux. »
D'abord légèrement méfiante, la jeune lady se décida finalement à accepter l'offre et le prit. Le professeur Layton la jugeait digne de confiance, alors elle aussi pouvait la juger comme telle. Le fruit était délicieux, et mélangeait toutes sortes de saveurs. Un goût unique, que l'assistante ne s'attendait pas du tout à retrouver.
« Tu n'as cependant toujours pas répondu à ma question. Tu n'espérais tout de même pas m'acheter avec ça ! »
L'adolescente eut un petit rire amusé.
« Si je vous ai donné cette baie, c'est seulement parce que vous étiez à bout de forces, rien de plus. Quant à votre question, le fait d'y répondre mène à vous dire ce que je ne dois pas vous raconter. - Cela rejoint ce qu'ont dit Gabrielle et Nina quand nous les avons soignées ... - Exact. »
La discussion tournait en rond. Comme toujours, Sandra était visiblement déterminée à ne rien dévoiler.
« Vous devriez dormir, nous en reparlerons demain, si vous voulez. »
Emmy ne répondit pas, préférant se rallonger. A quoi bon parler de ce mystère, puisque l'enfant ne dirait rien ? Oubliant ce détail, l'assistante du professeur exécuta le conseil de la jeune fille, qui repartit dans sa propre chambre, toujours accompagnée de Gabrielle. Peut-être changerait-elle d'avis, après tout ...
Invité Invité
Sujet: Re: Fan Fiction ? Sam 28 Juil - 3:27
xD Elle a quand même 2 ans cette fic'...xD Bon, je vais faire une correction générale alors! TwT *Place à la motivation!* J'avoue que j'ai un peu pensé la même chose pour les détails en la relisant! >_< En y réfléchissant, c'est vrai que c'est un peu...précipité comme récit! ^^
Bien sûr! \o/ Je vais la lire! :3
Invité Invité
Sujet: Re: Fan Fiction ? Sam 28 Juil - 5:22
Alors! :3 *Je n'ai lu que les 5 premiers chapitres pour l'instant!*
Les citations en début de chaque chapitres je trouve ça cool pour le principe! Ça m'a fait penser au Style de Guillaume Musso! ^^
Le fait qu'il y ait beaucoup de détails, prouve que tu as une idée bien précise des choses en tête et forcement, c'est une bonne chose. J'ai quand même du relire plusieurs fois le passage où tu décris le serre-tête de Sandra parce que j'avais du mal à m'imaginer à quoi il ressemblait! (Mais bon, ça c'est moi, alors passons!)
Ce que j'ai beaucoup apprécié dans ta fiction c'est qu'on remarque tout de suite que tu as dû faire pas mal de recherche, (ou au moins que tu as beaucoup de culture générale) en la lisant!
Tu penses à certains détail auxquels on ne pense pas forcement lorsqu'on écrit ou même simplement lorsqu'on lit! Et en te lisant je me suis dit "C'est vrai ça!" ! :3
Bon après, si je dois parler de l'intrigue de ta fiction elle même...dans l'ensemble ça m'a plut! :D L'univers du Professeur Layton y est très bien représenté! (Pas comme dans certaines fictions que j'ai pu lire qui se vantaient de reprendre exactement l'univers du jeu et qui finalement étaient bourrées d'anachronismes de malade! @__@)
Certains passage, notamment les début du chapitre III avec l'énumération des mystères, m'ont beaucoup fait penser au jeu! Donc forcément j'ai apprécié! :D
Il y a certaines tournures de phrases qui m'ont parus un peu étranges par contre! xD
Parfois il y a quelques redondances pas du tout indispensables, pas très gênantes certes, mais le récit serait plus agréable à lire sans.
Après, j'ai un peu perdu pied, si je puis dire, en lisant ta fiction! >w< Tous ces monstres...ce n'est pas ma tasse de thé! *En général hein!* Mais ta fiction est vraiment bien écrite! Donc ça compense largement! xD
Sinon en général, j'aime bien ton style d'écriture! C'est fluide simple et agréable à lire! (Tout l'opposé de Montaigne quoi! 8D)
Huuum...je vois rien à rajouter! \^-^/
Luke Triton
Messages : 1074 Date d'inscription : 29/02/2012 Age : 24 Localisation : Cherchez pas vous trouverez pas
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Sam 28 Juil - 14:38
Tiens toi aussi tu aimes Guillaume Musso? x)
Invité Invité
Sujet: Re: Fan Fiction ? Sam 28 Juil - 19:33
Oui! :3 Je peux en déduire que toi aussi? :P
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Dim 29 Juil - 5:24
Mici ! ~ <3 Par contre, pourrais-tu me dire ce que tu trouves bizarre, pour que je puisse tenter de corriger ? Ce serait sympa. :3
Bon, pour info j'ai fini le chapitre XLII et XLV ainsi que l'Epilogue, (mais pas encore les chapitres XLIII et XLIV, allez savoir pourquoi %D), mais je ne peux pas encore les poster, pour la simple raison que l'ordinateur d'ou j'ai la Wi-fi et l'ordinateur sur lequel j'ecris sont differents. Bete, hein ? %)
Au fait, vala la suite ! x)
Chapitre XI – La charrue avant les bœufs
Spoiler:
« Le savant n'est pas l'homme qui fournit les réponses ; c'est celui qui pose les vraies questions. » Claude Lévi-Strauss (ethnologue français)
19 mars 1975 – Huit heures
« Emmy ! Mais que fais-tu debout ?! »
Le professeur Layton s'apprêtait à retourner dans la chambre de son assistante afin de voir son état, lorsqu'il la surprit à tenter de toquer à sa porte, alors qu'il venait de l'ouvrir pour sortir. Elle était encore très légèrement pâle, mais elle semblait malgré tout en pleine forme. C'était bien cela qui le sidérait, lui qui s'attendait à la voir clouée au lit, encore très fiévreuse et souffrante.
« Oh, Professeur ! Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais beaucoup mieux, sourit-elle. - Je crois voir cela, en effet ... marmonna-t-il, perplexe. Mais comment est-ce possible ? »
Pour toute réponse, la jeune lady lui montra une fiole orange vide qui était jusqu'alors restée sur sa table de nuit. Sandra avait oublié de la reprendre la veille, et la londonienne avait cru bon de ne pas le lui faire remarquer.
« Qu'est-ce donc ? - Certainement ce qui fait que je sois encore en vie à cette heure-ci, répondit-elle. C'est un « antidote » d'après l'étiquette, apparemment prévu pour soigner ce genre de poisons ... - Mais d'où cela vient-il ? »
L'assistante marqua une pause brève, puis reprit.
« Des affaires de Sandra. Elle m'a rendu visite hier soir, pour s'en servir. J'étais encore inconsciente, mais ce n'est pas difficile de deviner ce qu'elle a fait ... Et au moins, un détail est mis au clair : elle vient du même endroit que les créatures, ce qui explique qu'elle semble les connaître si bien, sans pour autant être forcément à l'origine de toute cette histoire. »
Le gentleman ne fut pas surpris lorsque son assistante lui donna cette information. Finalement, c'était prévisible. Cependant, elle préféra changer légèrement de sujet, proposant de prendre le petit-déjeuner. L'homme au haut-de-forme étouffa un petit rire discret avant de l'accompagner dans sa chambre, où comme toujours tout le monde s'était rassemblé. La mystérieuse adolescente comprise.
Le repas commença, plongé dans le silence. Du moins, jusqu'à ce que la jeune étrangère se décidât à parler.
« Il faut que je vous dise quelque chose à vous tous, concernant l'affaire. »
Tous les regards se portèrent tout naturellement vers elle. Des regards curieux et suppliants. L'enfant s'était-elle enfin décidée à leur expliquer ? Elle prit tranquillement un sucre de la table qui trônait au centre de tous avant de le plonger dans son thé. Tout en remuant la boisson chaude avec sa cuillère, elle continua.
« C'est bien la première fois que je vois des gens aussi tenaces face à un mystère qui sera résolu de toute manière, qu'ils sachent ou non ... Si cela peut vous rassurer, il y aura bien un jour où vous découvrirez tout. - Quand ? ne put s'empêcher de demander Luke. - Bientôt. Aussi, vu votre impatience certaine à vouloir élucider cette affaire, je me suis décidée à vous expliquer certaines choses. Mais pas d'autres. »
Décidément, derrière cette simple paire de lunettes et cette chevelure brun sombre se cachait une véritable tête de mule. Cependant, l'archéologue sembla accepter cette réaction, et la prit comme un jeu.
« Je suppose que ce que tu continueras de nous cacher seront toujours les mêmes réponses aux mêmes questions, les plus fondamentales. - Je vous donnerai les détails, mais pas l'essentiel, ajouta-t-elle en faisant un sourire aussi énigmatique qu'à son habitude. - En gros, nous serons gâtés d'informations superflues sans en connaître l'origine ... soupira Emmy. Nous allons mettre la charrue avant les bœufs. - ... Exact. »
Le professeur Layton remarqua que Sandra avait fait, pendant une fraction de seconde, une figure qui laissait passer qu'elle avait mal compris un détail dans la phrase de son assistante, et son « Exact » ne parut pas si convainquant qu'à son habitude. Tout était pourtant clair dans la phrase de la jeune lady ...
« Dis-moi, Sandra, reprit-il d'un ton légèrement soupçonneux. A quoi ressemble un bœuf ? »
La jeune fille manqua de s'étrangler avec son thé en entendant cette question. Il y était, il avait compris. Et il s'était apparemment attendu à ce qu'elle ignore la réponse, puisqu'il continua presque immédiatement, d'un ton ironiquement calme et détendu.
« C'est la première fois que tu entends parler d'une telle créature, il semblerait. »
Sa figure devint encore plus rouge qu'une tomate. Elle hocha la tête timidement, d'un air approbateur. Flora et son ami, eux, ne comprirent tout simplement pas comment elle pouvait ignorer l'existence des bovins.
« Mais comment est-ce possible ? s'exclama celui-ci, sidéré. Même dans la ville la plus industrialisée, on a forcément entendu parler des animaux de la ferme ! - Calme-toi, Luke, coupa son mentor, soudainement très sérieux. Si elle ne les connait pas, peut-être est-ce parce qu'ils n'existent pas là d'où elle vient ... Je me trompe ? » ajouta-t-il en s'adressant à la jeune intéressée.
Celle-ci approuva silencieusement, le regard fixé sur ses bottes.
« Mais, en contrepartie, je suis prêt à parier qu'il y a de nombreuses choses que tu connais dont nous ignorions l'existence jusqu'alors, comme les créatures, ou ... ceci, par exemple. »
L'adolescente avala de travers une deuxième fois et fut prise d'une vive quinte de toux. Le professeur d'archéologie montrait dans sa main la fiole orange qui contenait l'antidote de la veille. Et elle se souvint alors l'avoir oublié dans la chambre d'Emmy. Oui, il avait découvert de nombreux détails. Peut-être certains dont elle ne voulait pas particulièrement parler.
« Il semblerait d'après Emmy que c'est un antipoison, un « antidote » selon l'étiquette affichée dessus. Produit exprès pour soigner le poison d'une créature, je précise bien. Où l'as-tu obtenu ? - En pharmacie, chez moi cela s'achète aussi facilement que des pastilles pour la gorge ... - Mais parfaitement, Sandra, coupa l'adulte avec un sourire aux nuances aigres et douces à la fois. Chez toi. »
L'enfant se mordit la lèvre. Cela lui avait échappé, mais il avait déjà compris de toute manière.
« Professeur, s'interposa son assistante d'un ton presque suppliant, laissez-moi proposer ma version des faits, si vous le permettez. J'ai de nombreuses hypothèses que j'aimerais vérifier ... - Allez-y, Emmy, prononça gravement la jeune étrangère, les yeux cependant noyés dans son thé. Je vous écoute. - Ce qu'on a vu et prouvé, c'est que toi et les créatures n'êtes pas d'ici, c'est certain. Ensuite, là où doit entrer ce qui est « incroyable » comme tu nous le disais, j'ai pensé aux « univers parallèles ». C'est fantaisiste, et cela peut expliquer le fait que deux cultures complètement différentes se soient développées séparément, sans jamais se croiser ... - Emmy, s'interposa Luke. Êtes-vous sûre de ce que vous avancez ? - Ce n'est qu'une hypothèse, qui m'est venue à l'idée peu après une réflexion sur cette fameuse « machine à voyager – t. » que l'on a trouvé dans les notes de Sandra. Ce serait tout simplement une machine qui permettrait d'aller d'un « monde » à l'autre. Quant au fait que tu refuses de nous parler de cette machine, Sandra, c'est parce qu'elle doit rester dans le secret, je suppose ... »
L'adolescente se mit à rire doucement.
« Vous y êtes presque, mais ce n'est pas encore ça. Même si c'est dans un principe tout aussi irrationnel et qui s'en rapproche ... Ce qui m'étonne est que vous ayez réussi à trouver une autre solution qui coïncide avec les faits, sans pour autant être la bonne ... »
L'assistante du professeur crut comprendre qu'elle était légèrement à côté de la plaque, sans pour autant être très loin de la vérité. Son mentor comprit cependant qu'ils n'allaient pas obtenir d'informations supplémentaires pour le moment, aussi changea-t-il de question :
« Sandra, pourquoi es-tu venue ici ? Je doute que ce soit par hasard ... - ... En effet, on m'avait prévenue que quelque chose allait se produire ici. Mais j'étais encore loin au départ de me douter que ce « quelque chose » serait une apparition de pokémon particulièrement... »
Elle s'arrêta dans sa phrase. Les londoniens la regardaient sans comprendre depuis le mot « pokémon ». Elle en avait fait usage sans même s'en rendre compte. Aussi s'expliqua-t-elle.
« Comme vous les appelez ici « créatures » ou « B.N.I. », chez moi le nom que nous leur donnons est communément « pokémon ». - J'avais cru comprendre, répliqua l'apprenti, mais j'avais tout de même un doute ... alors comme ça tu viens de loin ! Comment s'appelle le lieu où tu habites ? »
L'adolescente sembla réfléchir, comme si elle se demandait les conséquences que pouvait engendrer le fait de répondre. Mais elle se résigna à l'idée que cela n'était finalement pas d'une importance capitale.
« Je vis à Entrelasque. C'est une ville plutôt importante de la région d'Unys, mais sans être pour autant la capitale ... »
Elle marqua une pause, puis reprit avec un léger sourire.
« Cela ne vous dit rien, n'est-ce pas ? - Non, en effet, prononça Flora, en partie déboussolée. - Sandra, continua le professeur, en changeant une fois de plus le thème de la conversation. J'ai cru comprendre que tu voulais te débrouiller pour te charger des « pokémon », comme tu dis. Mais j'aimerais tout de même que tu nous expliques ce que tu comptes faire. »
L'adolescente prit une autre gorgée de son thé avant de poser sa tasse sur la table.
« En ce qui me concerne, c'est en effet difficile d'agir moi-même. Mais nous avons aussi des pokémon dans notre camp, je vous rappelle ! - En parlant de ça, reprit le garçon à la casquette bleue. Tu les connais depuis longtemps ? - Nina depuis quasiment dix ans, Matt et Gabrielle depuis un peu plus de quatre ans. Chez moi, les pokémon et les hommes vivent en harmonie ensemble, pour la plupart. Généralement, c'est plutôt utile, mais je pense que vous voyez suffisamment ce qui peut se produire si leurs intentions sont mauvaises ... »
Le groupe entier acquiesça gravement.
« Et je sais très bien que les luttes sont dangereuses pour tout le monde, mais c'est malheureusement le seul moyen d'en venir à bout. Après, il faut tout simplement les ramener chez moi. La police de là-bas saura mieux s'en occuper que n'importe qui d'autre. »
Cela rappela aux londoniens lorsque le dragon vert avait emporté le chien noir et orange vers un fameux « commissariat mystérieux ». Elle devait parler de celui-ci, et en effet il devait être bien mieux équipé pour résister aux attaques des pokémon ...
Même si Sandra s'était enfin décidée à éclaircir un peu le mystère qui enveloppait les créatures, le professeur d'archéologie manquait encore de beaucoup trop d'éléments pour pouvoir l'élucider pleinement. Il soupira. Ce n'était pas en restant à Dublin qu'ils allaient pouvoir répondre à la plupart de leurs questions. Mais dans ce cas, où aller ? L'endroit où vivait la jeune adolescente semblait regorger d'indices, mais il fallait encore pouvoir comprendre comment s'y rendre ... Et encore fallut-il que celle-ci fût en accord avec cette escapade, ce qui ne paraissait pas non plus être une simple affaire.
Chapitre XII – Inspection en ville
Spoiler:
« Les gens se sentent seuls parce qu'ils construisent des murs plutôt que des ponts. » Kathleen Norris
« Professeur, puisque nous pouvons sortir désormais, pourquoi n'en profiterions-nous pas ? »
Cette remarque d'Emmy lui rappela qu'ils en avaient en effet le droit, mais qu'ils n'en avaient pas encore profité. La décision fut prise rapidement, et chacun se prépara à s'aventurer dans les rues dublinoises. Une fois que tout le monde fut prêt, le groupe retrouva l'air frais du dehors, dont ils n'avaient plus joui depuis plusieurs jours déjà. Par chance, leur destination était juste en face de l'hôtel. Autrement dit, il leur fallait commencer par s'intéresser au lieu où les pokémon s'étaient battus. Qui sait, peut-être quelques indices pourraient être relevés ?
Les londoniens se séparèrent pour que chacun pût observer attentivement une parcelle de l'avenue pleine de décombres. Sandra prit part elle aussi à l'inspection de son côté, ayant pris son sac qui contenait tant de choses aussi mystérieuses. Comme toujours, Gabrielle voletait à ses côtés.
La tâche fut ardue, car ce qui ressortait le plus étaient bien sûr les traces de matériaux divers, calcinés ou trempés. Cependant, quelqu'un devait bien trouver quelque chose à un moment ou à un autre ...
« Eh ! Venez voir, tous ! »
Ils obéirent, se rassemblant à nouveau autour de Luke, qui montrait une sorte d'étrange mare. Incolore, le seul détail qui la distinguait des flaques d'eau était qu'elle semblait bouillonner doucement. Les rochers paraissaient se désagréger à l'intérieur, et leur partie immergée semblait couverte de bulles d'air par milliers. Si c'était bien de l'air. Un morceau de papier qui semblait à moitié calciné se trouvait au milieu, aussi le garçon voulut tenter de le ramasser, pensant à un quelconque indice. Cependant, son mentor l'en empêcha vivement. Il valait mieux ne pas s'approcher d'un tel liquide sans savoir de quoi il s'agissait.
La jeune étrangère sembla réfléchir et jeter des regards furtifs autour du groupe. Personne d'autre ne les regardait, aussi se décida-t-elle à sortir de sa besace un petit appareil ressemblant à un rectangle noir. Ses amis lui jetèrent des regards interrogateurs, mais elle n'y prit pas garde et l'alluma. Le tenant de la main gauche, son index droit dansa sur l'écran nombre de fois, ce qui changeait l'image qu'il affichait. Tous la regardèrent comme ils pouvaient, ne comprenant rien à ce qui se produisait. Seuls l'enfant et le pokémon qui était posé sur sa tête comme à son habitude trouvaient ce geste simple et naturel. Finalement, la jeune fille fit un pas en avant et fit comme si elle s'en servait pour prendre la flaque en photographie.
« C'est un appareil photo ? demanda Emmy. On ne dirait pas ... - Il peut prendre des photos, mais ce n'est pas l'option que j'utilise sur le moment. »
Le silence retomba. L'adolescente maintenait toujours sa mystérieuse machine entre ses deux mains, de manière à avoir sur l'écran la flaque dans son intégralité. Rien ne semblait se produire, mais elle et l'écureuil demeuraient les seuls à comprendre ce qu'il se passait réellement. L'assistante du professeur reprit au bout d'un moment, troublée.
« Un appareil photo sert à prendre des photographies. A quoi d'autre veux-tu que ton engin serve ? Et que fais-tu, au juste ? »
Comme pour lui répondre, l'écran s'obscurcit soudainement avant d'afficher une liste de légendes à l'image qu'il affichait de la flaque verte.
« CH3COOH, ou acide acétique à quatre-vingt-dix-huit pour cent : liquide incolore, faiblement conducteur, inflammable et hygroscopique*. Peut-être explosif dans certaines conditions. PH environnant les un virgule quarante-huit*, répliqua-t-elle en lisant les informations données. Vous avez bien fait d'empêcher Luke d'y mettre le doigt, Professeur. Même si c'est l'acide du vinaigre, il est très corrosif, surtout s'il est aussi concentré que dans le cas présent. Je vous conseille tous de reculer d'ailleurs, les vapeurs le sont aussi. - Attends, tu veux dire que c'est en prenant une photo que cet objet a été capable de dire de quoi il s'agissait ? demanda Flora, perplexe. - Il est programmé pour ça, oui, sourit Sandra en rajustant ses lunettes. En revenant à cette petite mare, le plus probable est que ce soit le nostenfer qui... »
La jeune fille s'interrompit d'elle-même.
« Excusez-moi. Je parlais de la « chauve-souris mauve ». Il est très probable qu'elle en soit l'origine. - Tu n'as pas à t'excuser, Sandra, coupa le gentleman avec un léger sourire. C'est le nom que l'on donne à son espèce là d'où tu viens, je ne me trompe pas ? C'est évident pour toi, puisque tu viens du même endroit qu'eux. Il est normal que tu agisses selon tes habitudes. »
L'homme marqua une pause, avant de continuer en changeant très légèrement de sujet.
« On dirait que la technologie est plus avancée chez toi qu'ici, non ? - Possible. », répliqua Sandra avec une once de nervosité.
Cette fois, Sandra reprit après un bref silence, en abordant un thème tout autre.
« Si l'incendie a été particulièrement fort le jour de la fête, cela devait être dû à l'inflammation – voire l'explosion – de l'acide ... Mais nous devrions passer à un autre détail, toutes les informations nécessaires sont prises en note là-dedans, ajouta-t-elle en montrant sa petite machine. - Et ce morceau de papier ? demanda Luke. D'où vient-il ? - Si tu y tiens ... »
L'adolescente sortit de son sac une petite pince et tenta de ramasser ce qui attisait la curiosité de son ami, mais la feuille jaunâtre était visiblement trop loin pour qu'elle en soit capable. Et il était bien sûr hors de question de ne mettre ne serait-ce qu'un pied dans la mare d'acide pour pouvoir le prendre. Le professeur d'archéologie demanda à essayer, se saisit de la pince de métal et attrapa délicatement le feuillet par un coin. Cependant, le liquide corrosif l'avait déjà beaucoup abîmé, et une bonne partie était calcinée. Il n'y avait pas grand-chose à en tirer, étant donné que quasiment toute l'encre s'était désagrégée. En fin de compte, leurs efforts furent vains même s'ils avaient porté leurs fruits.
« Il y avait de toute manière peu de chances qu'il soit un indice particulièrement important, prononça Emmy comme pour s'en convaincre. Nous devrions en effet passer à autre chose ... »
Les recherches continuèrent, sans succès. Les traces de brûlures n'avaient rien de particulier, pas plus que les nombreuses flaques d'eau. Ou encore les éclats de verre, dus aux vitres des réverbères qui avaient explosé. Il n'y avait visiblement plus rien à inspecter dans l'avenue. Le groupe se reforma et s'éloigna vers une direction plutôt hasardeuse, espérant trouver autre chose d'intéressant.
Le professeur Layton remarqua que l'étrangère avait toujours dans ses mains le mystérieux appareil et continuait de s'en servir. Apparemment, elle ne regardait pas les informations qu'il donnait à propos de l'acide, mais autre chose. Il vit également qu'elle marchait en retrait, et plus lentement que les autres. Elle avait vu quelque chose dont elle ne voulait peut-être pas particulièrement parler. Il tenta tout de même malgré tout d'obtenir une réponse à sa question.
« Que se passe-t-il, Sandra ? »
La jeune fille sursauta avant de porter son regard vers l'homme au haut-de-forme. Elle baissa les yeux, montrant qu'elle n'était pas à son aise, avant de répliquer :
« N'allez pas par là. - Et pourquoi donc ? demanda Luke, surpris. Qu'est-ce qu'il y a dans cette direction ? »
L'adolescente releva la tête, portant sur ses amis un air grave qui les intimida légèrement.
« N'y allez pas. S'il vous plaît. »
L'adulte resta malgré tout sceptique.
« Sandra, que se passe-t-il ? Il y a quelque chose au bout de cette allée, et si tu refuses de nous le dire, nous irons le voir par nous-mêmes. - Je vous en prie, enquêtez ailleurs ! » s'écria-t-elle, perdant tout sang-froid.
Le gentleman se tourna complètement vers l'enfant. Elle serrait les poings et les dents, son regard légèrement agrandi par ses lunettes montrait l'importance qu'elle y attachait. Pour elle, ils ne devaient pas continuer leur marche.
« Et si ce que tu cachais se trouvait justement dans cette direction ? C'est pour cela que tu ne veux pas que nous y allions, n'est-ce pas ? »
Elle sursauta une nouvelle fois avant d'essayer de hocher nerveusement la tête négativement. Mais ce fut inutile, il était bien trop visible qu'elle n'était pas sincère. Ayant compris qu'il ne lui faisait plus confiance sur ce point, elle répéta, sur un ton encore plus suppliant qu'avant.
« Je vous en prie ... Vous en savez déjà beaucoup trop ... »
L'archéologue garda son scepticisme.
« Pourquoi tiens-tu tellement à ce que nous ignorions tous les détails de l'affaire ? Ne nous fais-tu pas confiance ? Et, s'il-te-plaît, ne dis pas... - ... Que je n'ai pas le droit de vous le dire ? coupa-t-elle d'un ton tremblant, ayant deviné la réplique de l'homme. Que voulez-vous que je vous dise d'autre ? »
Flora allait répliquer, lorsqu'elle continua :
« Bien sûr que je vous fais confiance. Si je ne vous ai rien dit, c'est parce que vous devez ignorer. Personne n'était censé connaître les pokémon ici, tout ceci n'aurait jamais dû se produire. Jamais. - Cette affaire nous concerne, Sandra, prononça froidement l'adulte, fronçant les sourcils. Il est normal que... - Non, Professeur, contesta l'enfant sur un ton encore plus grave et sérieux que jamais. Cette histoire ne vous concerne pas. Elle ne concerne personne ici. Personne. Je le répète, tout ceci n'aurait jamais dû se produire. »
Sandra n'avait jamais été aussi entêtée, et elle semblait à la fois nerveuse et sûre d'elle. Les londoniens commençaient à ne plus comprendre ce qu'elle avançait. Elle tremblait tellement elle était crispée et mal à l'aise. Elle était sincère, et cela se voyait que l'envie de s'expliquer face à ses amis lui montait au nez. Cependant, elle ne le devait pas. Pas maintenant. Elle n'avait pas le droit. Qu'elle le veuille ou non, qu'elle puisse leur faire confiance ou non. Parce qu'ils ne devaient pas être concernés. Pas maintenant.
Ne réfléchissant plus à ses actes, elle traversa le groupe en courant suivie par Gabrielle, avant de se précipiter vers la fameuse issue où elle ne voulait pas que ses amis se rendent. Sans réfléchir non plus, ceux-ci la suivirent, prenant la même allure.
« Sandra ! Où vas-tu donc ? » cria le gentleman à son intention.
L'étrangère ne répondit pas, s'élançant de plus belle à travers le trottoir. Elle prit soudainement un croisement, que Luke reconnut bientôt comme une impasse.
« Professeur ! Elle est coincée ! »
L'écureuil volant la suivit sans hésitation malgré tout. Lorsque le professeur d'archéologie et ses assistants arrivèrent enfin au croisement et se tournèrent vers le cul-de-sac, ils remarquèrent tous avec un effarement perplexe qu'elles avaient toutes deux disparu.
« Mais que s’est-il passé ? » demanda Emmy, ne s’attendant cependant pas à une réponse.
Et en effet, elle n’en obtint aucune. Le professeur Layton se contenta de froncer les sourcils, prenant son menton de sa main droite, entrant lentement dans la ruelle. Le groupe se décida à le suivre, l’imitant en cherchant vainement quoi que ce fût de suspect, qui eut pu leur donner un indice. Au bout d’un moment, Flora remarqua soudainement un papier au sol, qu’elle s’empressa de ramasser et de montrer à ses amis.
« Je reviendrai vous débarrasser une bonne fois pour toutes du fléau qui menace cette ville, vous n'avez pas à vous en inquiéter. Oubliez tout. Le problème qu'ils posent sera résolu, très bientôt, mais le mystère ne doit pas être élucidé. Vous devez oublier. Tous. Même si je peux vous faire confiance. Vous m'en voyez désolée, mais cela doit en être ainsi, du moins pour le moment.
Sandra »
Le professeur remarqua que le papier portait quelques traces mouillées. Des larmes. En les combinant au comportement de l'enfant, il crut comprendre qu'elle se sentait en effet en devoir de leur expliquer. Non, si elle ne le pouvait pas, c'est que cela ne venait pas d'elle. Quelqu'un lui interdisait de raconter. Cependant, qui ?
Note : * : Un produit hygroscopique a la particularité d'absorber l'eau, de plusieurs manières différentes possibles. * : Le PH est – plus ou moins – le taux d'acidité d'un produit, solide ou liquide. L'échelle va de 0 à 14, 0 étant le maximum d'acidité. Le PH de l'eau se rapproche généralement de 7. Tout PH au-dessus de 7 est considéré comme une « base ».
Chapitre XIII – Études et déductions
Spoiler:
« La Terre est bleue comme une orange. » Paul Éluard
« Qu'allons-nous faire, Professeur ? »
La voix de Luke était très légèrement tremblante et montrait qu’il était complètement déboussolé. Son mentor ne répondit pas et rangea le message de Sandra dans sa veste, marquant une mine soucieuse. L’apparition des pokémon dans Dublin était en vérité une affaire bien plus complexe qu’il n’y paraissait. L’archéologue et ses amis étaient bien sûr tentés de chercher comment elle avait pu disparaître ainsi, mais leurs efforts furent vains malgré de longs instants d’inspection supplémentaires, bien qu’elles fussent menées au peigne fin.
Même concentrés autour de l’endroit où Flora avait déniché la feuille – visiblement arrachée rapidement d’un carnet – sur laquelle les mystérieuses phrases de l’adolescente avaient été griffonnées, ils durent se contenter de repartir bredouilles. L’impasse n’avait rien de spécial. Du moins, n’avait plus rien de suspect. Car, si l’étrangère avait réussi à retourner d’où elle venait, alors le passage se trouvait quelque part. Mais il avait visiblement disparu également.
« Nous allons continuer d'inspecter ailleurs avant de donner nos informations au commissariat. Il n'y a plus rien à faire ici. »
Les deux enfants baissèrent tristement le regard, Emmy fronça les sourcils. Ils n'avaient plus le choix. Ils sortirent de la ruelle, se dirigeant vers un autre endroit où pourraient se cacher des indices. Cependant, l'apprenti à la casquette bleue s'arrêta soudainement au bout d'un instant, le regard dans le vide. Le reste du groupe se retourna et le dévisagea, intrigué.
« Que se passe-t-il, Luke ? demanda Flora, légèrement inquiète. - Professeur, avez-vous retenu ce qu'avait dit Sandra à propos de la flaque d'acide de tout-à-l'heure ? Si elle est partie, c'est avec sa fameuse machine bizarre qui contenait les informations qui la concernait ... - Mais oui, c'est vrai ! s'écria Emmy. Nous avons perdu tous les détails avec elle ! »
Le professeur ne répondit pas et se contenta de baisser légèrement la tête, prenant son menton de sa main droite, preuve qu'il était dans une réflexion profonde.
« Selon ce que j'ai retenu ... c'était de l'acide acétique, l'acide contenu dans le vinaigre, mais en bien plus concentré, donc plus dangereux ... Le PH était particulièrement proche de zéro, et cet acide est corrosif, inflammable ... - Oui, c'est vrai, coupa son assistante. Mais ... rajouta-t-elle, songeuse. Un être vivant est-il vraiment capable de fabriquer un tel produit ? S'il est si dangereux, comment peut-il le garder dans son corps sans problèmes ? »
Elle avait quelque chose en tête, une idée qui la faisait subitement douter. Mais quoi ?
« Qu'est-ce que vous insinuez, Emmy ? demanda la jeune adolescente, indécise. - Et si les « pokémon » n'étaient pas ce qu'ils semblent être ? Ce sont peut-être des machines ! - Des ... machines ? bégaya Luke, abasourdi. - Oui, après tout ... Elles semblaient ne pas apprécier particulièrement les éclairs de Gabrielle, et l'une d'entre elles avait l'air de craindre l'eau. Deux caractéristiques à première vue plus ou moins propres aux mécaniques. »
En y réfléchissant, ce n'était peut-être pas une alternative à exclure. Le silence retomba sur le groupe, qui s'était totalement arrêté dans sa marche. Le gentleman rassembla à nouveau tout ce qu'ils savaient dans sa tête. Le puzzle se construisait petit à petit, mais de nombreuses pièces égarées étaient encore à trouver. Et il craignait que ce ne soit pas à Dublin qu'elles soient cachées ...
« Ce n'est pas impossible. Après tout, Saint-Mystère et ses habitants sont la preuve que c'est réalisable. Ce serait peut-être l'un des détails que Sandra nous cache, mais je ne vois toujours pas l'intérêt de ne pas nous le dire ... »
Après un instant de silence supplémentaire, il reprit la parole, proposant de se rendre au commissariat et de raconter ce qu'ils avaient découvert. Même si ce n'était qu'une théorie, ils avaient des études à faire sur le fameux acide. Sandra ne pouvait pas avoir tout dit sur le liquide, car son appareil avait indiqué bien plus d'informations que ce qu'elle avait eu le temps de leur dire. Le seul moyen d'obtenir ces explications disparues était donc de recommencer l'opération, mais pas seuls. Ils n'en avaient bien sûr pas les moyens, il leur fallait l'aide de la police.
Ils se remirent en marche, vers le poste de police cette fois. Flora remarqua cependant que son ami restait en retrait et semblait ruminer pour lui-même, plongé dans une réflexion profonde. Apparemment, il n'était pas d'accord avec ses amis au sujet des créatures.
« Qu'est-ce qu'il y a, Luke ? »
Il sursauta légèrement, sorti brusquement de ses pensées. Il répliqua soudainement, mais gravement :
« Non, les pokémon ne sont pas des machines. - Peut-être, mais comment peux-tu en être sûr ? - Ils parlent. Si c'étaient des machines, il n'aurait pas été prévu qu'ils le fassent. »
Son mentor s'arrêta précipitamment avant de se retourner vers les deux adolescents.
« C'est une excellente remarque, Luke. En prenant en compte ce détail, il semble en effet bien plus probable que tu aies raison ... - J'en suis sûr, Professeur. »
Même si le professeur d'archéologie se réjouissait que son apprenti ait pu faire une telle déduction, il ne sourit pas pour autant. L'affaire était trop grave pour cela.
« Remettons-nous en route. Nous pourrons discuter de tout cela avec l'inspecteur, une fois arrivés. »
« Tiens, Layton ! Je suppose que vous avez du nouveau, si vous venez ! »
Après de rapides renseignements à l'accueil du commissariat – et avoir précisé et répété plusieurs fois qu'ils avaient l'autorisation de sortir –, le groupe retrouva sans mal le bureau provisoire de l'inspecteur de Londres. Il les accueillit tous chaleureusement, sans pour autant perdre son sérieux.
« En effet, Inspecteur. Mais nos doutes devraient être levés si un laboratoire est proche, et si quelques études peuvent être menées ... - Vu l'état dans lequel nous sommes tous, je ne pense pas que j'aurais du mal à convaincre la police à autoriser ces recherches. Êtes-vous cependant sûr que cela soit utile ? Que voulez-vous étudier, particulièrement ? - Beaucoup de choses, à vrai dire. »
Le professeur d'archéologie se tut quelques instants, rassemblant à nouveau tous les détails importants de l'affaire. Il en profita pour réfléchir également à l'utilité de connaître les résultats des recherches que chacun d'eux apporteraient. Plusieurs pièces du puzzle seraient ainsi dénichées, aussi ne tarda-t-il pas à reprendre la parole. Avant que le londonien ne perde patience.
« Premièrement, une étrange flaque d'acide que nous avons trouvée dans O'connell street, là où les « B.N.I. » se sont affrontées. Les alentours, aussi, car nous risquons bien de trouver quelques traces d'ADN, pas forcément visibles à l'œil nu. Serait-ce possible ? - Il faudra s'y rendre pour faire des prélèvements, mais comme je l'ai dit, notre cas pourrait difficilement être pire. - Peut-être. Ou peut-être pas, malheureusement, » murmura l'archéologue, soucieux.
Le policier eut un très léger soubresaut en l'entendant, et prit note de la remarque. Il fit une pause légère, mais l'ignora avant de reprendre.
« Bref, attendez-moi ici, je reviens tout de suite. Je vais demander l'autorisation ... »
C'était comme si c'était fait. Moins de dix minutes plus tard, l'inspecteur revint, accompagné du supérieur dublinois, qui semblait à la fois désemparé et confiant. Après tout, il était tout de même responsable de ce qu'il se produisait dans le quartier, et c'étaient des étrangers qui se chargeaient le mieux de l'affaire ... La situation était plutôt troublante, voire gênante.
« Il est inutile d'y passer la journée, vous avez accès au laboratoire, salle L-104. Vous toquez, les scientifiques y seront et vous aideront pour les recherches et les prélèvements, ils sont prévenus. »
Tout le monde le remercia poliment avant de sortir du bureau de l'inspecteur, se dirigeant vers la fameuse salle. Le commissariat était visiblement encore plus grand que ce qu'ils imaginaient, même si le numéro « cent quatre » voulait dire de lui-même que le nombre de salles était plutôt élevé. Les couloirs étaient interminables, les portes toutes semblables. Seul le nombre qui était gravé sur une planchette affichée sur chacune d'entre elles changeait d'une à une autre. Elles étaient numérotées comme dans les rues : dans l'ordre croissant, les impairs à gauche, les pairs à droite. Avec une lettre en plus, pour indiquer ce qu'elle renfermait. B pour « bureau », I pour « salle d'informatique », L pour « laboratoire ».
L'inspecteur Chelmey et Barton ouvraient la marche et guidaient les civils dans le bâtiment gigantesque. Finalement, après plusieurs longs instants de marche silencieuse et plus ou moins cadencée, la porte en question se présenta devant eux. Le policier de Londres donna plusieurs coups répétés et sûrs, qui furent bientôt récompensés par l'ouverture du laboratoire sur un scientifique qui s'y trouvait.
Il devait bien avoir entre la quarantaine et la cinquantaine, et son air à la fois savant, lucide et confiant laissait paraître qu'il travaillait dans cette salle depuis plusieurs années. L'homme était blond, très légèrement roux, et portait comme tous une blouse blanche bien fermée de haut en bas, si bien qu'il était pratiquement impossible de dire le type d'habits qu'il portait en-dessous. Seul le haut de sa cravate bleu marine ressortait, ainsi que le bas de son pantalon noir, du moins marron foncé. Il ne portait pas de lunettes, mais n'en avait pas besoin pour laisser deviner son métier. Il semblait avoir un poste important, et était en effet le responsable du laboratoire en question. Bonne pioche.
« Oh, je suppose que vous êtes les agents de Londres. Nous avons été prévenus... - Oui, nous savons, coupa rapidement Chelmey. Ne perdons pas de temps avec les présentations : je suis Chelmey, voici Barton, Layton et trois jeunes enfants qui l'accompagnent. - Hé, je ne suis pas une enfant ! s'énerva Emmy. Je suis l'assistante du professeur Layton ! - Désolé Mademoiselle Altava, répliqua-t-il calmement sans même se tourner vers elle, mais nous ne devons pas nous attarder sur les détails superflus. Il y a des choses plus importantes que ça pour le moment. - Pour ma part, je suis Albert Griegs, s'interposa le scientifique. Enchanté. - C'était inutile de le dire, prit la peine de préciser le policier. C'est marqué sur votre badge. Enchanté tout de même. - Oh. »
L'inspecteur et son acolyte entrèrent aussitôt d'un pas rapide. Le scientifique resta le regard vide un instant après cette remarque, puis regarda sa blouse blanche, plus particulièrement le carton qui était épinglé dessus. Il leva les yeux au ciel d'un air lassé, puis le suivit, rapidement imité par les quatre civils. La salle était pleine de scientifiques, mais ils semblaient trop plongés dans leur travail pour remarquer les nouveaux venus. Du moins, pour leur prêter de l'attention.
« Bien, reprit-il. Maintenant, qu'avez-vous prévu de faire comme recherches ? - Il y a une flaque d'acide qui est bizarre dans O'connell street, répondit Luke. Et... - Luke, marmonna le policier, sois gentil et va jouer avec Barton. Nous parlons sérieusement entre adultes. »
L'adolescent fronça les sourcils, vexé. Il savait qu'il ne pouvait pas rivaliser avec lui dans ce cas précis et préféra garder le silence, comme il lui était demandé.
« Chelmey, que nous raconte-t-il ? reprit Griegs, légèrement intéressé. - Nous avons trouvé des traces d'acide acétique sur le terrain où se sont battues les « B.N.I. », s'interposa le professeur. Si quelques détails pouvaient être repérés de plus, cela pourrait mettre à jour des pièces importantes pour le puzzle de l'enquête ... Et nous trouverons certainement des empreintes d'ADN quelque part, ce qui permettrait probablement d'en savoir plus sur elles. »
L'homme en blouse blanche réfléchit rapidement.
« Très bien, il nous faudra donc inspecter sur les lieux, plus profondément. Nous aurons besoin d'un paquet de tubes à essai, des pincettes, des loupes ... - Nous vous laissons vous en occuper, mais faites vite, coupa l'inspecteur. Nous avons assez perdu de temps comme ça. »
Chapitre XIV – Le point de vue de la science
Spoiler:
« La science a fait de nous des dieux avant même que nous ne méritions d'être des hommes. » Jean Rostand (biologiste et écrivain français)
« Oh mon dieu, quel désastre ! »
Albert Griegs demeurait horrifié. C'était apparemment la première fois qu'il voyait O'connell street depuis que la rue piétonnière avait été attaquée.
« Raison de plus pour ne pas perdre de temps et régler cette affaire au plus vite, répliqua Chelmey. Layton, où est l'endroit à inspecter ? - Il me semble que c'était juste ici », répondit le professeur en pointant du doigt un des tas de débris.
Le groupe suivit la direction donnée et trouva sans surprise la mystérieuse flaque translucide. Le scientifique ouvrit le sac qui contenait tout le matériel nécessaire pour faire des prélèvements et sortit les équipements un à un. Il enfila des gants imperméables puis s'empara d'une pince prévue pour maintenir des tubes à essai. Ainsi équipé, il plongea sans problèmes les tubes les uns après les autres dans le liquide avant de les sceller avec des bouchons de liège. Ceci fait, il rangea les prélèvements dans le sac avec les plus grandes précautions.
« Vous n'avez quand même pas peur que l'acide s'attaque aux parois du tube ? demanda Luke, surpris. C'est quand même... - Ne t'inquiète pas, répondit l'homme d'un air à la fois rassurant et sûr de lui. C'est prévu pour résister à ce genre de choses. Il n'y a pas mieux que le verre dans ce cas précis, crois-moi ! »
Il marqua une pause avant de se relever calmement et de rajouter :
« J'espère qu'il y a d'autres détails à étudier ici. C'est déjà mieux que rien, mais cela reste tout de même insuffisant pour le moment ... - Il y a eu de nombreuses luttes ici, répliqua Emmy. Il doit forcément rester quelque chose des « B.N.I. » quelque part, comme des poils ou des plumes. Cela pourrait aider ? - Certainement. » répliqua Griegs d'un ton sérieux. Un ton de scientifique.
Ce fut suffisant pour faire comprendre qu'il fallait se mettre à la recherche de détails dans le même genre. Cependant, le scientifique resta près de la mare, ayant sorti une bouteille qui contenait un étrange morceau de cristal blanc jaunâtre.
« Que faites-vous ? interrogea timidement Flora, dévorant du regard la petite fiole de verre. - C'est une excellente question, jeune fille ! sourit-il. C'est du luminol, qui sert particulièrement pendant les enquêtes de ce genre ... C'est un révélateur de matière organique, plus particulièrement pour le sang, les empreintes digitales, voire pour trouver des traces d'ADN de toutes sortes ! »
L'adolescente hocha doucement la tête avec un joli sourire, montrant qu'elle avait compris. Son interlocuteur ouvrit le flacon et y versa un liquide qui fit dissoudre le bloc de pierre en quelques secondes. Il ferma le bocal et le secoua légèrement afin d'accélérer le processus, puis versa une très fine couche du fluide sur une petite parcelle des décombres. Le hasard fit bien les choses, car d'étranges taches bleu-fluorescent apparurent en quelques secondes, dessinant sur le sol des formes différentes. Quelques tâches ressemblant à des gouttes séchées – du sang, peut-être ? –, d'autres qui ressemblaient à des empreintes diverses ...
« Tu as vu ça ? - Oui, c'est incroyable ! » s'extasia la jeune adolescente, émerveillée et perplexe à la fois.
Le policier-scientifique saisit d'autres flacons où il versa le liquide avec précaution. Le luminol ne faisait pas que révéler les traces de matière organique, il permettait également de les conserver, pour pouvoir les étudier par la suite. L'homme ramassa ensuite ses affaires, satisfait de son travail, puis alla voir où en étaient les londoniens. Ils s'étaient dispersés à nouveau à la recherche d'indices, et en dénichèrent quelques de plus. Des poils et des plumes principalement. Utile si l'on pouvait en extraire de l'ADN à étudier. Et ils le pouvaient.
Le groupe se remit en marche rapide en direction du commissariat, puis du laboratoire L-104 à nouveau. Une fois arrivés, les expériences ne tardèrent pas. Les scientifiques demandèrent aux policiers et aux civils de sortir en attendant, car de toute manière ils ne pouvaient pas aider. Autant qu'ils trouvent une autre occupation. Ils obéirent, n'ayant rien d'autre à faire, puis se séparèrent. Le professeur et ses amis rentrèrent à l'hôtel, l'inspecteur Chelmey et Barton dans leur bureau provisoire.
« Oui, nous avons les résultats. J'aurais juste une question pour vous ... - Qu'y a-t-il ? demanda le professeur d'archéologie, légèrement surpris. - Comment Luke savait-il que c'était de l'acide ? Et comment avez-vous deviné, par-dessus le marché, que c'était de l'acide acétique en particulier ? » répliqua le scientifique en montrant l'enfant concerné.
Contre toute attente, l'homme au haut-de-forme ne parla pas de Sandra, se contentant de répondre que l'adolescent avait fait la déduction en voyant les roches se désagréger autour du liquide et que lui l'avait reconnu par déduction selon les acides qu'il connaissait. Il fit signe discrètement à ses amis de ne pas le contester. Visiblement, il semblait respecter le choix de la mystérieuse adolescente et garder secret ce qu'ils savaient d'elle. Peut-être par crainte qu'elle se fasse accuser à tort ?
« Il a l'œil, ce gamin, sourit Griegs. Et vous aussi. Mais, en revenant aux prélèvements, les traces que nous avons trouvées sont bien de l'ADN. Preuve que ces bestioles sont bel et bien vivantes ... »
Emmy comprit que l'apprenti du professeur avait vu juste en l'affirmant haut et fort.
« Et ... Ont-elles quoi que ce soit de particulier ? questionna-t-elle. - Plutôt. Il nous faut encore beaucoup de temps pour les décrypter en entier, mais nous avons retrouvé de nombreux gènes qui se rapportent aux animaux que nous connaissons. Mais il semblerait qu'une même trace d'ADN comporte des caractéristiques à plusieurs êtres vivants à la fois ... - Que voulez-vous dire ? s'étonna Flora, légèrement tremblante. - Cela signifierait que les « B.N.I. » proviendraient de manipulations génétiques ? » déduisit le professeur Layton, au bord de la perplexité.
L'homme en blouse blanche acquiesça gravement. Ces modifications du patrimoine génétique avaient apparemment créé les créatures, mais cela avait été fait par des êtres humains. Cela n'avait pas pu être produit par la nature même.
« Et ça voudrait dire que quelqu'un a manipulé des gènes exprès pour les faire naître ?! s'exclama Chelmey. Mais c'est un inconscient, ce type ! - Il semblerait. Ou alors, il a prévu de se servir de ce qu'elles peuvent faire pour arriver à ses fins. Et ce n'est certainement pas quelque chose de très optimiste pour nous ... » répliqua le scientifique.
Les assistants du gentleman comprirent d'après la réaction précédente de leur ami qu'ils ne devaient pas mentionner l'adolescente qui avait de meilleures réponses à ces questions et ils préférèrent garder le silence.
« Et, les études ont-elles permis de trouver une quelconque faille dans ces bestioles ? demanda l'inspecteur. - Non, malheureusement. Du moins, pas encore, car il reste encore beaucoup de détails à revérifier. Les expériences ne se font pas en deux heures, vous savez ! Je vous ai dit ce que nous savons sur le moment, mais il n'y a rien d'autre. Vous devriez rentrer dans vos appartements pour l'instant, je vous rappellerai lorsque nous aurons du nouveau. »
Finalement, même si certains doutes furent écartés, les informations restaient maigres. Les civils se décidèrent malgré tout à retrouver l'hôtel une fois de plus.
« Décidément, plus nous cherchons à nous approcher de la vérité, plus elle nous échappe ! »
Emmy était épuisée, cependant plus psychologiquement que physiquement. Elle n'en pouvait plus que l'affaire continue de stagner ainsi, sans que quoi que ce soit ne se dévoile. Si le déroulement des opérations avait été le même qu'à son habitude, l'affaire aurait été close depuis longtemps.
« Non, Emmy, contesta malgré tout le professeur, sûr de lui. Au contraire, nous avons déjà amassé bien plus d'indices qu'il n'y paraît. Il en reste encore beaucoup à dénicher, et il nous faut encore les assembler, mais l'enquête avance. Doucement, peut-être, mais elle avance ... »
L'assistante sembla réfléchir silencieusement, puis acquiesça d'un mouvement de tête. Malgré tout peu convaincue.
« Professeur, reprit Flora, qu'avons-nous découvert exactement ? - Les « pokémon » ont été créés par la biologie humaine. Les analyses des traces d'ADN en sont la preuve, ils ont subi des modifications génétiques. Et tout porte à croire qu'ils viennent d'un lieu dont nous ignorons encore l'existence. Où habite Sandra, comme elle l'a dit elle-même. - Comment se fait-il à votre avis que nous n'ayons encore jamais découvert cet endroit ? demanda Luke. - Je l'ignore, mais cet endroit doit avoir des propriétés particulières pour que personne n'ait jamais soupçonné son existence ... - Croyez-vous que Sandra voudra bien nous l'expliquer ? Elle le sait peut-être ! se réjouit l'adolescente. - Encore faut-il la retrouver, répliqua l'assistante du gentleman. Et ... je doute sérieusement qu'elle se sente dans le devoir de nous raconter tout cela, étant donné sa réaction lorsque nous lui posons ce genre de questions ... »
Les deux enfants soupirèrent. C'était vrai.
Chapitre XV – Corbeau noir, chauve-souris mauve
Spoiler:
« Je crois au soleil même quand il ne brille pas. » Graffiti d'une victime de la Shoah
« Oh non, pas encore ! »
Un nouveau bruit d'explosion attira les londoniens à regarder par la fenêtre une fois de plus. Si, encore les pokémon. Le corbeau gigantesque et la chauve-souris violette semblaient se réjouir des dégâts, comme si ce n'était pour eux qu'un divertissement. D'étranges sphères sombres volaient en tous sens, détruisant petit à petit les bâtiments alentours. Flora murmura :
« Heureusement que la police a fini par décider de faire évacuer la population ... - Oui, mais en ce qui nous concerne, nous nous devons de rester pour élucider ce mystère une bonne fois pour toutes, répliqua Emmy. Nous avons promis à l'inspecteur ... - Nous avons de la chance, Professeur ! Notre hôtel n'a quasiment jamais été touché ! »
L'adulte ne répondit pas, se contentant de se retourner vers l'origine de cette phrase comme à son habitude lorsqu'il avait une illumination soudaine. Luke comprit qu'il avait mis à jour un détail qui n'était finalement peut-être pas tellement lié au hasard ...
« Vous croyez qu'ils font exprès de ne pas nous attaquer gravement ? - C'est difficile à dire. A chaque fois que le « nostenfer » – comme dit Sandra – s'est attaqué spécialement à nous, cela ne s'est jamais mal terminé. Pourtant, nous sommes à l'endroit qui devrait subir le plus de dégâts ... - Je ne vois pourtant pas l'intérêt de nous épargner si c'est pour massacrer les voisins », reprit son assistante, soucieuse.
Le problème était que, si les créatures qui paraissaient vouloir détruire la ville étaient bel et bien présentes, leurs ennemis qui voulaient la protéger faisaient défaut sur le moment. Rien ne pouvait les empêcher de réduire à l'état de débris les immeubles, aussi imposants soient-ils. Luke soupira en s'effondrant sur la bordure de la fenêtre.
« Ça me déprime de savoir que nous ne pouvons rien faire ... »
L'adolescente sembla réfléchir, puis se décida à proposer ce qui lui passait par la tête :
« Ce n'est peut-être pas le meilleur moment, mais ... voulez-vous du thé ? »
Ses amis se tournèrent vers elle, puis le gentleman acquiesça. Après tout, que pouvaient-ils faire d'autre ?
« Emmy, connaissez-vous celle-ci ? Six tasses de thé sont alignées sur une table. Les trois premières sont pleines, les trois suivantes sont vides. Combien de tasses devriez-vous toucher au minimum pour alterner les tasses pleines des tasses vides ? »
Lorsque les londoniens étaient partis, les énigmes se succédaient les unes après les autres à peine résolues, permettant de détendre l'atmosphère. L'assistante réfléchit rapidement à celle que Luke venait de lui soumettre avant de répondre au bout de quelques secondes. Le problème était plutôt simple, aussi le temps de réflexion fut-il réduit.
« C'est simple, si on prend la deuxième tasse – qui est pleine, donc – et qu'on la vide dans la cinquième avant de la reposer à sa place, on n'a touché qu'une seule tasse en tout, et on a répondu à la consigne ! - Bravo ! s'exclama Flora d'un ton joyeux. Vous avez été très rapide, cette fois ! Et, Professeur... connaissez-vous le principe des carrés magiques ? ... »
Un bruit venant du dehors l'interrompit. Les pokémon n'avaient jusqu'alors pas été si bruyants depuis qu'ils étaient apparus une heure auparavant. L'apprenti se précipita à la fenêtre et prononça alors d'un ton à la fois inquiet et rassuré :
« Il y a une bonne nouvelle et une mauvaise nouvelle. Laquelle voulez-vous entendre en premier ? - N'importe, Luke, répliqua son mentor d'une voix sérieuse. - Très bien. La bonne nouvelle est que Sandra et ses pokémon sont de retour, la mauvaise ... c'est qu'ils ne vont probablement pas tarder à... - Sandra est de retour ?! » s'écria sa jeune amie.
Le jeune garçon acquiesça d'un mouvement de tête, mais se retourna aussitôt vers la vitre ouverte. Il regarda à nouveau les créatures s'affronter sans pouvoir les arrêter. Tout ce qu'il voulait était que ce cauchemar cesse une bonne fois pour toutes. Il se surprit à avoir des remords soudains. En effet, s'il n'avait pas eu l'idée ironiquement brillante d'inviter tous ses amis, ils n'auraient pas eu à se retrouver coincés au beau milieu d'un chaos apocalyptique. Il soupira doucement.
« C'est ma faute, s'ils sont là ... » songea-t-il, désolé.
Une idée folle le traversa soudain. Folle, mais pleine d'espérance. Si cela fonctionnait, alors tout se terminerait aussitôt. Il sortirait la ville entière du fléau dont elle souffrait depuis maintenant plus de trois jours. Il se précipita à une vitesse effrénée hors de l'hôtel, puis dans la rue, ne laissant pas le temps à ses amis de comprendre ce qui lui arrivait. Ils ne purent pas l'empêcher de se rendre au cœur de la bataille, pris par la surprise.
L'adolescent comptait sur son don avec les animaux pour essayer d'en apprendre plus. Il devait savoir, et il saurait. Il respira bruyamment pour se donner du courage. Il devait réussir.
« Hé, vous ! Ça fait longtemps que vous vous amusez à démolir cette rue ! Pourquoi, hein ?! - Luke, mais tu es fou ?! »
La mystérieuse jeune fille qui se trouvait de l'autre côté de la rue venait de remarquer sa présence. Elle montrait une mine terrifiée par l'inconscience du gamin. Celui-ci voulut répondre, mais le corbeau noir lui fonça dessus avec une célérité aussi rapide que discrète et s'empara du garçon, qui hurla. Ses cris furent couplés de ceux de ses amis, mais cela ne changea rien. La créature tenait fermement dans ses serres le petit humain par les bras et s'éloignait avec lui.
« Mais qu'est-ce qui lui a pris de faire ça, bon sang ? » murmura Sandra, désespérée.
« Lâchez-moi ! Mais lâchez-moi, je vous dis ! »
L'oiseau gigantesque s'exécuta et déposa l'enfant à casquette bleue sur le toit d'un immeuble élevé. Le premier réflexe de celui-ci fut de se cramponner sérieusement aux tuiles, de peur de tomber. Le corbeau se trouvait juste au-dessus de lui. C'était le meilleur moment pour espérer des réponses de sa part.
« J'aimerais savoir pourquoi vous détruisez la ville ! Qu'est-ce que cela vous apporte ? »
Le pokémon commença par le toiser de toute sa hauteur, tout en restant silencieux. Finalement, il grommela quelques piaillements en détournant la tête, d'un air qui laissait penser qu'ils étaient inutiles.
« De toute manière, les humains ne comprennent rien à ce qu'on dit. - Bien sûr que je vous comprends ! »
Cette fois, la créature écarquilla les yeux. Luke rit.
« Il faut avouer que ce n'est pas commun ... - Je m'en fiche ! reprit-il, redevenant sérieux. Ça ne me dit toujours pas pourquoi vous détruisez la ville ! - On ne fait qu'exécuter les ordres, petit. »
Ce fut cette fois au jeune adolescent d'être surpris.
« Vous exécutez les ordres ? Les ordres de qui ? - Ça ne te regarde pas. - Bon, bon ... au fait, pourquoi vous n'avez toujours pas touché à notre hôtel ? - Toi et tes questions ... - Vous ne voulez pas le dire non plus, c'est ça ? »
Luke montrait une mine déçue. Il n'était pas plus avancé.
« Et vous savez pourquoi celui qui vous a donné ces ordres veut que Dublin soit détruit ? - Ce qu'il dit est qu'il veut vous protéger d'un désastre qui va vous arriver. - Nous protéger d'un désastre ? N'est-ce pas plutôt ce qu'il nous apporte ? »
Le corbeau soupira tristement.
« Ce qu'on fait n'est rien face à ça ... - Ça ne me dit toujours pas l'utilité de nous en donner un autre ! En quoi le fait de détruire Dublin va nous protéger de ce « désastre » ?! »
La créature ne répondit pas et se contenta de regarder le « nostenfer » se battre au loin avant de se relever et de s'envoler. Elle se retourna une dernière fois vers l'enfant et répliqua :
« Désolé petit, mais je vais devoir te laisser. - Hé ! Vous n'allez quand même pas m'abandonner là-haut ! »
Un sourire cruel s'esquissa sur son bec.
« Et pourquoi pas ? Ça te servira de leçon, il ne faut jamais se frotter à nous sans en subir les conséquences. »
L'oiseau montra un dernier regard qui glaça le sang de l'apprenti du professeur. Ses yeux semblaient dire « Et tu as de la chance que je m'arrête là. ». Luke pencha prudemment la tête vers le bas pour regarder la distance qui le séparait du sol. Une bonne cinquantaine de pieds*. Il pâlit et préféra resserrer son emprise sur les tuiles vermillon du toit sur lequel l'oiseau noir l'avait déposé plutôt que de tenter toute descente, qui lui était impossible. Il était bel et bien coincé.
Il vit au bout de longues minutes Nina apparaître, Sandra à califourchon sur son dos. Le dragon se posa à son tour aux côtés de l'adolescent, et la jeune fille qui le montait lui fit un mouvement de tête tout en parlant.
« Allez, monte ! »
L'adolescent ne se fit pas prier et prit place derrière son amie. Le pokémon s'envola à nouveau, le gamin s'accrocha comme il pouvait, de peur de tomber.
« Je peux savoir ce qui t'a pris ? »
L'apprenti du professeur laissa s'échapper un soupir désolé.
« Rien du tout. J'ai juste cru pouvoir les convaincre d'arrêter ... - Tu sais que tu aurais pu te faire tuer ? » réprimanda la jeune lady.
L'enfant marqua une nouvelle pause, une fois de plus.
« Je sais ... »
La mystérieuse fille aux lunettes le regarda brièvement avant de lui répliquer :
« Promets-moi juste de ne pas recommencer, d'accord ? Qu'est-ce qui se serait passé si Nina n'était pas là ? »
Il préféra ne pas y songer et garda le silence un long moment avant de promettre.
Le dragon vert déposa les enfants juste devant l'entrée de l'hôtel. Visiblement, le combat était terminé une fois de plus. Sandra avait probablement dû attendre que la lutte soit finie pour aller chercher le jeune garçon en toute sécurité. Ils se dépêchèrent de retrouver leurs amis. D'abord des réprimandes angoissées volèrent, puis des questions sur la santé de Luke.
« Ne vous inquiétez pas, tout va bien ... rassura-t-il en murmurant presque. Et, je pense même avoir obtenu quelques réponses, même si elles ne sont pas très claires ... »
Son mentor et les trois ladies lui demandèrent tout naturellement lesquelles, rongés par la curiosité.
« Les pokémon n'attaquent pas la ville parce qu'ils en ont envie, c'est quelqu'un d'autre qui leur demande de le faire. Et il semblerait que le fait de détruire Dublin nous protègerait d'un désastre qui nous arrivera ... - Mais cela n'a aucun sens ! s'exclama Emmy. En quoi réduire une capitale à un tas de ruines pourrait nous protéger de quoi que ce soit ?! »
Luke marqua une pause et regarda ses chaussures.
« Je vous ai dit tout ce que je sais ... » avoua-t-il tristement et déçu.
Son mentor ne réagit pourtant pas et se contenta de regarder dans le vide. Visiblement, il réfléchissait. Finalement, il porta ses yeux vers l'étrangère.
« Et toi, Sandra, qu'en penses-tu ? »
La jeune fille sursauta légèrement, comme si elle était prise sur le fait. Elle ne semblait jamais à son aise.
« Je suis désolée, mais ce qu'a dit Luke ne m'évoque rien de plus ... »
Flora se tourna vers le gentleman. Ses yeux semblaient lui demander s'ils pouvaient lui faire confiance. Après tout, elle leur cachait tellement d'indices depuis le début ... L'adulte, lui, demeura silencieux.
« Ce n'est pas encore le moment de tout nous avouer, n'est-ce pas ? - En effet. Mais ce sera pour bientôt. »
Il posa la même question une fois de plus, espérant obtenir une réponse cette fois plus instructive.
« Pourquoi pas maintenant ? »
L'adolescente se tut et parut réfléchir. Elle avait bien compris que ses amis étaient lassés du classique « Je n'ai pas le droit de le dire. », aussi devait-elle trouver autre chose.
« Quelqu'un me l'a demandé. »
Flora demanda tout naturellement, du tac au tac, de qui il s'agissait. Sandra se tut un instant, comme se demandant ce qu'elle devait répondre. Finalement, elle esquissa un de ses fameux sourires énigmatiques.
« Ça aussi, vous le saurez un jour. Mais sachez que vous ne pourriez jamais me croire si je vous le disais. A quoi bon vous répondre, dans ce cas ? »
Étrangement, bien que ce fût la jeune londonienne qui avait posé la question, le destinataire de son regard – et donc logiquement de sa réponse – était le professeur d'archéologie. Celui-ci prit en note cette réaction, bien qu'il ne la comprît pas.
« Mais si vous voulez encore une autre raison... Je vous l'ai déjà dit, vous seriez incapable de me croire sans preuves. Or, ces preuves, je ne les ai pas vraiment à portée de main pour le moment... Il vous faudra donc attendre. - Combien de temps ? » demanda précipitamment l'assistante du professeur d'archéologie.
Elle marqua une nouvelle pause, un sourire aussi énigmatique que mystérieux aux lèvres comme à son habitude.
« Pas avant le 23. C'est ce qu'il m'a dit. - Le 23 ? Qu'est-ce que tu entends par là ? questionna l'apprenti, intrigué. - Le problème des pokémon sera résolu d'ici là. Et vous serez rentrés à Londres. »
Les interrogations de la part des assistants curieux pullulèrent soudainement, mais la jeune lady resta sourde aux questions. Le professeur Layton, lui, se tut une fois de plus. Le puzzle se construisait petit à petit, bien qu'il ne comprît toujours pas de qui l'enfant parlait. Ce regard et ces paroles laissaient penser qu'il connaissait peut-être celui qui lui interdisait de raconter quoi que ce fût à quiconque. Mais qui était-ce alors ?
Note : * Cela correspond à un peu plus de quinze mètres (un pied mesure 33 centimètres environ).
Bonne (re)lecture !
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 30 Juil - 5:57
Je risque pas d'avoir la Wi-fi pour plusieurs jours alors vala la suite : Chapitre XVI – Traque
Spoiler:
« Quand un homme désire tuer un tigre, il appelle cela sport ; quand un tigre désire le tuer, il appelle cela férocité. » George Bernard Shaw (écrivain irlandais)
Sandra se décida enfin de sortir de sa chambre pour rejoindre les londoniens, comme à leur habitude réunis dans celle du professeur. Elle demeurait silencieuse, et apporta son silence tendu à la salle entière, les assistants du gentleman la dévisageant entièrement. Elle n'était toujours pas à l'aise, comme pouvait le montrer son air pincé.
« Que s'est-il passé, Sandra ? » tenta l'homme au haut-de-forme, d'un air le plus doux possible.
L'adolescente garda son silence un moment, puis se décida enfin à répondre, face aux insistances de ses amis, plus curieux que jamais.
« Je viens de recevoir un appel de ma mère. Ses pokémon vont arriver bientôt, ils vont nous aider à capturer ceux qui s'attaquent à Dublin. - Ce n'est pas une bonne nouvelle ? s'étonna légèrement Luke, qui s'attendait en vérité à la voir heureuse face à une telle situation. - Cela risque d'être encore plus dangereux qu'auparavant, n'est-ce pas ? Plus les pokémon sont nombreux, plus les dégâts sont importants ... répliqua Emmy, ayant deviné les pensées de la jeune étrangère. - Exact. C'est pour ça que je vous demande d'être extrêmement prudents. »
Elle avait relevé la tête en disant ces dernières phrases, et son regard à la fois sérieux, profond et inquiétant parut leur glacer le sang. Cependant, elle remarqua également que le gentleman semblait soucieux. Son air entre le soupçon et l'incompréhension montrait qu'il avait décelé un détail qui lui semblait illogique dans la discussion en question.
« Sandra, as-tu bien dit que tu avais reçu un « appel de ta mère » ? - Oui, Professeur, mais qu'y a-t-il d'étrange dans... - Il n'y a pas de téléphone à l'hôtel. », répliqua-t-il froidement.
Nullement surprise, l'adolescente se contenta de rajouter à son expression son habituel sourire énigmatique. Elle ouvrit son sac et montra le fameux engin noir qui lui avait permis précédemment d'effectuer des analyses de la flaque d'acide tout en s'expliquant :
« J'avais oublié que vous ne connaissiez pas les téléphones portables. - C'est un téléphone ?! s'exclama Flora, abasourdie. Cela n'a rien à voir avec les nôtres ! »
La jeune étrangère sembla ne pas y prendre garde et rangea son outil technologique. Tout en gardant un œil sur l'adulte qui parut à nouveau réfléchir sur ses dernières paroles. Il se doutait de quelque chose, cela était certain. Tous demeurèrent silencieux, mais la jeune londonienne finit par ajouter, revenant sur le sujet principal :
« Si le fait de faire venir ces pokémon est le seul moyen de les arrêter, alors autant le faire. Après tout, ils vont détruire la ville en entier si personne n'intervient ... »
Tous acquiescèrent, ce qui redonna un léger sourire à l'étrangère. Sourire rassuré, qui prouvait qu'elle éprouvait désormais de la confiance envers les londoniens.
« Très bien. La traque peut donc commencer. »
« Sandra, es-tu réellement sûre que... - Restez tous ici. Je vous l'ai déjà dit, c'est bien trop dangereux. »
Cet ordre rappela aux assistants et au professeur Layton l'interdiction prononcée par la police. En effet, leur sécurité devait passer avant tout, même si une faveur leur avait été accordée. Ce n'était pas un ordre discutable, pas un ordre auquel on pouvait plus ou moins aisément transformer le « non » en « oui ». Cette fois, c'était bel et bien un « non » en majuscules grandes comme des maisons qui se placardait au visage des londoniens. Ils ne devaient pas sortir s'ils voulaient rester indemnes.
« Sois prudente, Sandra, ajouta tout de même le gentleman d'un air légèrement inquiet. - Ne vous inquiétez pas, Professeur. J'ai l'habitude, plus ou moins. »
L'adolescente s'éloigna de l'hôtel, quittant rapidement O'connell street. Elle prêta un dernier geste d'au revoir à ses amis de la main, laissant également voir son visage. Elle semblait en effet confiante, presque joyeuse. Même en restant sérieuse malgré tout, comme à son habitude. La lumière de l'astre du jour se refléta un instant fugace sur ses lunettes, cachant ponctuellement son regard profond. Son mouvement de tête qui suivit le voila complètement, et elle partit en courant.
Les londoniens se décidèrent à remonter dans la chambre de l'archéologue. Après tout, ils avaient promis de rester à l'intérieur, aussi se devaient-ils de le faire.
« Professeur, êtes-vous tout de même sûr que nous pouvons lui faire confiance ? Je continue malgré tout à avoir des doutes ... » avoua Luke, légèrement gêné.
L'homme en question rajusta son haut-de-forme silencieusement, avant d'ajouter gravement :
« Nous n'avons pas vraiment le choix, malheureusement. »
Flora baissa le regard tristement. L'adolescente semblait trop suspecte pour ne pas être impliquée dans l'histoire. Mais d'un autre côté, les preuves de son innocence s'accumulaient au fur et à mesure qu'ils la connaissaient. Comme elle ne pouvait être que dans un seul des deux états, tous espéraient qu'elle fût de leur côté. C'était à première vue leur seul espoir ...
« Gabrielle, est-ce que tu les sens ? »
Le pokémon en question leva le museau et renifla l'air à la recherche de leurs ennemis. Il finit par s'envoler, suivi par l'adolescente et ses amis. Deux créatures l'avaient rejointe : l'une mesurait presque six pieds* et dominait largement le groupe. Recouverte de plumes rouges, jaunes ou orangées, seuls ses bras en étaient dénudés, remplacées par deux brasiers plus ou moins permanents. Son compagnon était rond, gris sombre et atteignait facilement les quatre pieds et demi*. Il semblait flotter, comme s'il échappait à toute pesanteur. L'immense boule possédait de nombreux yeux, tout autour de sa « tête ». Ronds et roses, entourés d'un blanc pur. Le gigantesque corbeau noir surgit soudainement d'une ruelle, lançant une mystérieuse boule plus sombre encore que la nuit sur ce dernier.
« Clef, attention ! »
Sandra avait hurlé ces paroles, alors qu'elle regardait par hasard dans la bonne direction. Le concerné chargea immédiatement une autre attaque qui arrêta celle de son adversaire, créant immédiatement un petit nuage de fumée noire et opaque. Il ne s'arrêta cependant pas là. Ses yeux multiples commencèrent à briller, et certains des débris alentours se mirent à léviter avant de se précipiter contre l'oiseau, qui ne put les éviter.
« Gabrielle, éclair ! »
L'écureuil volant s'exécuta et une petite tornade d'électricité vint frapper l'ennemi une fois de plus. La jeune fille se rapprocha et vérifia qu'il ne faisait pas semblant, lorsque le volatile se releva soudainement, s'apprêtant à la charger. Matt survint et donna un coup de coquillage dans sa figure. Le corbeau s'écroula. Cette fois, il était hors de combat pour de bon.
« Bravo à vous deux ... » dit-elle, rassurée.
La petite créature blanche sauta joyeusement sur sa tête et lui ébouriffa les cheveux, qui se remirent à voleter. Elle la caressa tendrement, comme à son habitude, mais se retourna bien vite vers l'oiseau qui s'était complètement évanoui.
« Blaze, peux-tu le ramener à la maison ? »
L'immense créature couverte de plumes acquiesça et se saisit du corbeau avant de s'éloigner à toutes jambes. Sa taille et sa force lui permettait de faire des bonds de presque dix pieds* à la fois, aussi fût-il rapidement hors de la vue du groupe entier.
« Ils étaient trois. Le démolosse et le corboss sont neutralisés ... Très bien, il ne reste plus que le nostenfer ! Vous êtes tous prêts ? »
Les pokémon firent tous de petits cris approbatifs. Ils avaient largement l'avantage, aussi la tâche parût-elle facile.
Emmy se précipita à la fenêtre, ayant entendu des bruits répétés qui venaient de l'avenue, résonnant dans tout O'connell street. Une créature écarlate d'une taille impressionnante qui portait le mystérieux corbeau noir la traversait au pas de course, et chacun de ses bonds de géant faisait retentir les pavés de la route piétonne. Elle appela ses amis, qui n'eurent aucun mal à deviner le camp du pokémon en question.
« On dirait que Sandra est rapide, prononça Flora. C'est rassurant, il n'en reste plus qu'un ! - En effet ... Et les dégâts semblent plutôt réduits, cette fois ... »
Le professeur Layton était soucieux. Cela semblait presque absurde, puisqu'ils étaient au final plus nombreux. Mais en y réfléchissant, peut-être quelques détails permettant d'éclaircir le problème leur avait échappé. Luke lui fit part d'une réflexion similaire, mais l'adulte eut soudain une illumination.
« Jusqu'à maintenant, ils ont toujours combattu en groupe. Or, si cette fois le « corbeau » est seul à être arrêté ... - Il était seul à combattre, vous voulez dire ? déduisit son assistante. C'est vrai que tout s'explique. Il ne reste donc plus que cette « chauve-souris violette » ... »
La jeune lady regarda rapidement son bras gauche. Cette fameuse créature mauve lui devait une belle morsure, qui avait également bien abîmé sa belle veste jaune. Elle aurait bien aimé lui rendre des comptes, mais cela lui était bien trop dangereux, elle le savait désormais. Le pokémon en question apparut soudainement dans l'avenue, et il était visiblement poursuivi. L'archéologue se rapprocha de la fenêtre, faisant signe à ses amis de l'imiter. Soudainement, la chauve-souris s'arrêta net dans sa course, bien que battant des ailes. L'homme au haut-de-forme fronça les sourcils.
« Mais que lui arrive-t-il ? »
Comme pour lui répondre, la voix de Sandra retentit.
« Continue avec psyko, Clef ! Nina, dracogriffe ! »
« Psyko » et « Dracogriffe ». Ces mots étonnèrent les quatre londoniens, mais ils ne tardèrent pas à comprendre leur sens. Le dragon vert s'approcha de la chauve-souris en voletant tranquillement, puis prit de l'élan avant de lui donner un gros coup de griffes. La créature violette voulait fuir, mais quelque chose l'en empêchait, ce qui la faisait rager. Finalement, le coup qu'elle reçut l'envoya contre le sol. Elle ne se releva pas.
« Clef, utilise psyko, encore une fois. Il peut faire semblant. »
L'adolescente paraissait ne pas se rendre compte qu'ils étaient observés, mais cela n'empêcha pas le dénommé Clef de faire luire d'une lumière bleutée ses multiples yeux, faisant léviter mystérieusement le pokémon mauve, malgré lui. Il ne résista pas, mais ouvrit faiblement ses yeux jaunes, jetant un regard perçant à la jeune étrangère. Elle n'y prit pas garde et se contenta de lui rendre un air de mépris.
« Tout ceci est de votre faute. Cela ne serait pas arrivé si l'idée brillante de répandre la panique ici ne vous avait pas traversé l'esprit. »
Elle marqua une pause, mais reprit presque immédiatement.
« Nous en reparlerons plus tard. De toute manière, je ne peux pas vous comprendre ... »
Luke se sentit pendant un instant concerné, mais crut bon de ne pas se manifester. Aussi lui et ses amis se contentèrent de voir la grosse boule gris sombre s'éloigner à son tour, accompagnée du « nostenfer ». Sandra se retourna alors vers la fenêtre des londoniens et répliqua, un sourire rassuré aux lèvres :
« Rassurez-vous, tout est terminé. Dublin ne craint plus rien. »
Le quatuor demeura muet de surprise pendant quelques minutes.
« Tu ... tu savais que nous regardions ? tenta Flora. - Je m'en doutais. Vous n'avez pas pu vous en empêcher de nombreuses fois déjà, pourquoi y échapperiez-vous aujourd'hui ? »
Elle allait continuer dans sa lancée lorsque des pas retentirent, s'approchant d'elle. La jeune fille se tourna vers le bruit, imitée tant bien que mal par ses amis. En effet, la fenêtre et le mur les empêchaient en partie d'avoir une vision latérale de la rue.
« Je suis ravi d'entendre que le problème est résolu, jeune fille ! Cependant, vous devrez tout de même répondre à quelques questions ... »
Tous reconnurent immédiatement la voix de l'inspecteur Chelmey. Et le fait qu'il ait vu Sandra en pleine action ne pouvait certainement pas être une bonne nouvelle pour elle. Cependant, si le policier exigeait des explications, elle devrait bien lui donner entière satisfaction ... L'adolescente n'en était pourtant pas réjouie, loin de là. Et ses compagnons de route non plus.
La fourrure immaculée de Gabrielle parut s'assombrir et gonfler légèrement, telle celle d'un chat en colère, et la petite créature étouffa un feulement. Le moment de boucler la boucle était peut-être sur le point d'arriver.
Note : * Cela correspond à environ deux mètres (un pied mesure 33 centimètres environ). * Environ un mètre cinquante. * Environ trois mètres.
Chapitre XVII – La vérité s'enfuit
Spoiler:
« Donnez un cheval à celui qui dit la vérité... Il en aura besoin pour s'enfuir. » Proverbe persan
« Eh bien, jeune fille ... On dirait que vous en savez plus qu'il n'y paraît sur les B.N.I., n'est-ce pas ? »
Sandra ne répondit pas. Pendant quelques secondes qui parurent durer des siècles entiers, un silence de mort s'abattit sur O'connell street. A quelques dizaines de pieds de l'inspecteur qui venait de l'interroger, elle se trouvait entourée de ses pokémon, tête baissée. Elle n'osait pas regarder le terrifiant policier dans les yeux, surtout pas dans cet état.
« Barton, accompagnons-la au poste. Notre coupable devra quelques explications au commissariat ... »
Les amis de l'adolescente en devinrent muets de stupeur. « Coupable », alors qu'elle venait de les débarrasser du fléau qui les tourmentait depuis déjà quatre jours. Encore une fois, l'inspecteur londonien avait fait des conclusions bien trop hâtives ...
Le quatuor se décida à descendre les rejoindre dans la rue. Chacun savait que l'enfant ne pouvait pas se débrouiller seule face à eux.
« Inspecteur, je crains que ce que vous avancez ... - Layton, mêlez-vous de vos affaires. Qui d'autre cela pourrait bien être ? »
Le professeur d'archéologie ne savait que répondre et se tut. Son interlocuteur n'attendit cette réponse pas plus de quelques courts instants, au bout desquels il se retourna vers le petit agent, lui répétant son ordre. La jeune étrangère tenta de s'expliquer vivement et désespérée. En vain. Barton tenta d'être plus doux :
« Allez, si le Chef veut que vous nous suiviez, il vaudrait mieux éviter de le... »
Il se rapprocha de l'adolescente, mais également de Gabrielle qui se trouvait dans ses bras. Celle-ci montra les crocs d'un air menaçant, ce qui fit reculer l'agent, effrayé. Même si la B.N.I. ne mesurait qu'à peine plus d'un pied, elle pouvait se montrer redoutablement dangereuse si l'envie l'en prenait. Sandra était paralysée par la peur, aussi ne songea-t-elle pas à empêcher le petit pokémon d'avoir ce genre de réaction. Mais cela ne pouvait qu'aggraver son cas, elle le savait.
« N'essayez pas de faire la maligne, cela ne changera rien. »
Les deux enfants londoniens vinrent en courant à la rencontre de l'inspecteur, plaidant l'innocence de leur amie, priant, suppliant. Rien n'y fit.
« Je vous répète la question : Qui d'autre pourrait faire une chose pareille ? - Une seule chose est certaine, murmura Sandra d'une voix presque inaudible. Cette personne n'est pas ici. Elle se serait déjà manifestée. »
Le représentant des forces de l'ordre n'y prêta pas attention.
« Vous pourrez tout raconter lorsque vous serez au poste. Nous serons tout ouïs. »
Cette fois, tous virent que rien ne pouvait plus changer l'avis de l'inspecteur. Il s'était mis fixement l'idée en tête qu'elle était coupable. Les deux adolescents reculèrent l'un après l'autre, abattus. Ils n'étaient pas de taille face à une telle détermination.
La « maîtresse » des créatures fit alors une chose insensée. Elle prit précipitamment ses jambes à son cou, suivie de ses pokémon. Il fallut une demi-seconde avant que les autres personnes ne réagissent, trop surpris par la tournure imprévue des événements. Le premier à reprendre la parole fut le professeur, criant d'un ton à la fois autoritaire et désespéré.
« Sandra, reviens ! Nous avons des preuves de ton innocence ! »
La concernée parut se retourner furtivement, mais reprit sa course de plus belle, ce qui augmenta l'étonnement de ses amis. L'inspecteur en profita pour approfondir sa propre version des faits, persuadé de la culpabilité de la jeune fille. Il la poursuivit du mieux qu'il pouvait, suivi de Barton.
« Vous voyez bien que c'est elle ! Si elle était innocente, elle l'aurait dit tout de suite, et elle ne s'enfuirait pas comme ça ! »
Les avancées du policier étaient presque infondées, mais il était trop tard pour l'en convaincre. Sandra ne pouvait à présent plus s'arrêter dans sa course folle. Elle n'avait plus le choix. Elle devait fuir, ou se faire arrêter.
Le gentleman sembla réfléchir, puis se tourna vers ses assistants. D'un air encore plus autoritaire qu'auparavant, il ordonna :
« Suivez-moi ! Je crois savoir où elle va ! »
Il partit en courant, et ses amis lui obéirent. La réflexion de l'homme au haut-de-forme était probablement axée sur la mémoire et l'analyse du quartier de Dublin où ils se trouvaient, puisqu'il ne prit pas la direction choisie par l'adolescente. Visiblement, son plan consistait à la rattraper en prenant un raccourci.
Les uns après les autres, les quatre londoniens galopaient à en perdre haleine dans les rues de la capitale de l'Irlande. Emmy suivait de près l'archéologue, étant plus rapide que lui, mais elle ne pouvait pas le dépasser sans se perdre, aussi celui-ci la précédait. Les deux enfants, eux, cavalaient comme ils pouvaient, déjà essoufflés. Mais ils ne devaient pas se laisser distancer. La vérité était si près ... Ils ne devaient pas. Pas maintenant.
« Oh, vous vous apprêtez déjà à partir ? »
Luke montrait visiblement une mine abattue, presque désespérée. Son mentor se tourna calmement vers lui, détournant son regard de sa valise déjà à moitié pleine. Il ne sut que répondre, et baissa légèrement la tête. Son haut-de-forme lui cacha le haut du visage. L'apprenti reprit de plus belle.
« Vous ne pouvez pas partir maintenant ! Après deux ans, nous ne nous sommes retrouvés que pour un mystère qui n'est même pas encore résolu ! »
Le professeur d'archéologie marqua une longue pause.
« Je n'ai malheureusement pas le choix. L'université m'attend, et je devrai rentrer à Londres avec Flora et Emmy dès que l'affaire sera terminée. »
L'adolescent ne savait que penser. Il sortit lentement de la chambre du gentleman, tête baissée.
« Très bien, Professeur ... Bon retour en Angleterre. »
L'enfant s'éclipsa, mais son ami continua de regarder dans le vague, dans la direction qu'il venait de prendre. Il devait forcément y avoir une autre alternative ...
Luke s'arrêta soudainement et baissa à nouveau la tête, fronçant les sourcils. Flora cessa également sa course et le regarda, stupéfaite.
« Luke ? »
Emmy, puis le professeur se retournèrent successivement, tout aussi étonnés.
« Luke, que t'arrive-t-il ? demanda son mentor, légèrement inquiet. - ... »
L'enfant restait muet, mais cela se voyait que de nombreuses pensées résonnaient dans sa tête. Probablement des idées sombres et folles. Extrêmement tendu, il finit par murmurer d'une voix presque aphone :
« L'affaire ne doit pas se terminer. Si elle se termine, vous allez encore partir, tous ... »
Il était au bord des larmes. Le gentleman tremblait légèrement, ne sachant que faire.
« Professeur, il faut que nous repoussions cette discussion, tenta nerveusement l'assistante. Sandra va nous échapper ... »
Aucun des deux hommes ne réagit. L'adulte ne voulait pas offenser son jeune ami, et lui réfléchissait aux paroles de la jeune lady. Au bout de quelques secondes, il releva la tête et essuya promptement les quelques gouttes d'eau salée qu'il avait au coin des yeux, fixant son mentor d'un regard déterminé.
« Elle a raison, Professeur. Ce... ce n'est rien face à l'importance de cette enquête. Nous avons perdu assez de temps comme ça. »
Rassuré, l'archéologue acquiesça d'un mouvement de tête avant de se retourner et de reprendre la course, suivi des trois autres londoniens.
« Clark ... »
Le père du jeune londonien se tourna vers sa femme qui venait de l'appeler, détournant les yeux d'une immense pile de papiers divers.
« Qu'y a-t-il, Brenda ? - C'est à propos de Luke ... Il semble plutôt tourmenté depuis qu'il sait que Hershel partira bientôt. - C'est normal. Tous les deux se connaissent depuis déjà cinq ans, leur amitié est vraiment très forte ... »
La mère hocha lentement la tête tout en la gardant légèrement baissée. Sa mine abattue montrait clairement ce qu'elle était sur le point de dire.
« Ils ne devraient pas se séparer si vite. Ils se sont rassemblés pour passer du temps ensemble, et il se trouve qu'ils n'ont utilisé ce temps que pour se retrouver avec une enquête sur les bras. »
L'homme acquiesça tristement.
« Je sais... - Et puis, nous ne nous sommes pas vraiment occupés d'eux, ajouta-t-elle. Nous avons passé tout notre temps à travailler ici ... »
Il abaissa le regard.
« Ce qu'il craint aussi est que nous ne nous occuperons pas non plus de lui lorsqu'ils seront partis. Il déteste être seul ... Mais Hershel a du travail, il n'a pas le choix. »
Elle parut réfléchir, restant silencieuse, puis finit par répliquer :
« Il doit forcément y avoir une autre solution ... »
« Professeur, là-haut ! » cria soudainement Flora, d'une voix à peine audible.
Tout le monde leva les yeux au ciel pour voir une créature verte survolant la ville, avant de partir à sa poursuite de plus belle. Tous remarquèrent que Sandra était sur son dos. A travers les ruelles et les avenues, le groupe courait après une ombre qui se déplaçait à grande vitesse. La jeune étrangère ne tarda pas à remarquer leur présence, aussi leur répliqua-t-elle :
« Nous nous reverrons le 23 ! - Mais qu'est-ce que tu veux dire ?! » hurla Emmy, le souffle coupé mais d'un ton qui prouvait son expression abasourdie.
C'était la seconde fois qu'elle leur parlait de ce mystérieux nombre « vingt-trois ». Qu'était-il exactement ? Une date, peut-être. Ou peut-être pas ?
« Vous verrez bien ! »
Non. Les londoniens ne voulaient pas attendre. Ils ne devaient pas attendre. Ils avaient trop avancé dans leur enquête pour la suspendre, surtout si la vérité ne se trouvait qu'à quelques dizaines de pieds au-dessus d'eux. Ils devaient continuer leur course contre la vérité. Flora remarqua qu'à force, l'ombre du pokémon grossissait, signe que son propriétaire perdait de l'altitude.
« Nous approchons du but, ils vont se poser ! - Mais ils vont dans la même impasse que la dernière fois ?! » s'étonna Luke.
Cela n'avait plus aucun sens. Pourquoi se diriger volontairement vers une impasse si son but était de s'échapper ? S'était-elle trompée de direction malgré tout ? Le professeur fronça les sourcils. Elle était sur le point de recommencer.
« Sandra, attends ! Tu n'as rien à craindre de la police ! - De toute manière, ils demanderont des explications ! - Mais pourquoi ne nous dis-tu rien ?! répéta une dernière fois l'assistante, lassée. - Parce que je n'en ai pas le droit. »
Toujours la même réponse absurde. Nina ne s'arrêta pas, et semblait même accélérer, puisqu'elle s'éloignait du groupe de plus en plus. Non, c'étaient eux qui ne pouvaient plus suivre les fuyards. Ils étaient épuisés, essoufflés. Mais ils ne devaient pas s'arrêter, pas maintenant.
Le prochain croisement menait à la fameuse impasse, et les fuyards avaient une altitude bien trop basse pour être capables de passer par-dessus le mur sans danger. Ils devaient s'arrêter, ou s'écraser contre le bâtiment. Cependant, à la surprise générale, lorsque le groupe prit le tournant et aperçut enfin cette ruelle, celle-ci demeurait déserte. Sandra et les créatures avaient disparu.
Le professeur et ses amis s'arrêtèrent pour reprendre leur souffle et réfléchir. Ils se séparèrent pour chercher une ombre de dragon planant quelque part dans la ville, mais revenus au point de séparation ils furent obligés d'avouer que les fuyards s'étaient échappés.
L'homme baissa légèrement la tête une fois de plus face à ces paroles de la jeune adolescente qui venait de les prononcer, restant silencieux quelques secondes.
« Nous n'avons plus qu'à attendre. Nous sommes le 20, cela nous laisse trois jours pour rentrer à Londres. »
Luke abaissa son regard vide et triste. Il ne serait peut-être pas avec eux. Cependant, son mentor ajouta pour le consoler :
« Nous verrons ce que nous pourrons faire avec tes parents, Luke. Après tout, elle t'a donné rendez-vous à toi aussi ! »
L'enfant retrouva sa gaieté habituelle. C'était vrai, il n'était pas obligé de rester à Dublin ...
Chapitre XVIII – Retour à la case départ ?
Spoiler:
« La chute n'est pas un échec, l'échec est de rester là où on est tombé. » Socrate
« S'il vous plaît ! »
Les parents de Luke se regardèrent un instant avant de se retourner à nouveau vers leur fils. Son regard à la fois suppliant et déterminé ne pouvait que donner l'envie de satisfaire sa requête. Le père se tourna vers son ami d'enfance avec un regard interrogateur.
« Hershel, il ne te gênera pas dans ton travail, au moins ? - Luke ? Pas le moins du monde, enfin ! Clark, tu le connais ... »
L'adolescent en question reprit immédiatement, plus décidé que jamais.
« Tu vois Papa ! En plus, je suis son apprenti, et le mystère n'est toujours pas élucidé ! Ils ont besoin de moi, Papa ! »
Le couple s'échangea à nouveau un regard. Brenda sourit tendrement et hocha la tête. L'enfant poussa un léger cri de joie et se précipita vers ses parents, les serrant dans ses bras comme il le pouvait. Le professeur d'archéologie échangea un bref clin d'œil au père, le sourire aux lèvres.
« Dépêche-toi, Luke. Nous partons ce soir, tu devrais te préparer ! »
C'était comme si c'était fait. Le jeune assistant se jeta dans l'armoire où étaient rangées ses affaires et en sortit sa valise. Avec une joie d'enfant et une rapidité presque trop hâtive, il se dépêcha de la remplir. Clark Triton étouffa un léger rire et se mit à genoux aux côtés de son fils afin de l'aider. Il était tout-à-fait capable d'entasser ses affaires dans un chaos déconcertant ...
« Tiens, Luke ! Cette histoire de valises me rappelle une énigme, veux-tu l'entendre ? »
L'apprenti rit et hocha la tête précipitamment, le sourire jusqu'aux oreilles.
« Vous êtes gentil, Professeur Layton. Mais cette jeune fille dont vous parlez a déjà payé son séjour. - Comment est-ce possible ? - Allez savoir, répliqua calmement la gérante de l'hôtel, qui apparemment n'était pas intéressée à chercher à comprendre. Tout ce que je sais est qu'elle a entièrement payé sa note, hier après-midi. Elle avait payé pour un jour de plus et ... Il semblerait qu'elle soit bel et bien partie aujourd'hui. »
Le gentleman n'y comprenait plus rien. Au départ, il avait proposé à Sandra de lui payer son séjour étant donné qu'elle avait perdu ses affaires dans son ancien hôtel. Le jour-même de leur rencontre, elle était retournée les chercher ... Peut-être avait-elle suffisamment d'argent, finalement. L'homme restait silencieux, les yeux dans le vague et visiblement en pleine réflexion, aussi l'hôtesse n'osa-t-elle pas le déranger. Ce fut Flora qui lui demanda timidement :
« À quoi pensez-vous, Professeur ? Y a-t-il un problème avec Sandra ? »
L'archéologue songea au moment où il l'avait interpelée alors qu'elle avait commencé à fuir. Elle s'était retournée précipitamment avant de continuer sa course de plus belle. En rassemblant tous les éléments à disposition, il devint clair que l'adolescente avait prévu dès le départ de partir d'une manière ou d'une autre ... Avant que le mystère ne soit résolu, tout naturellement.
« Je dois avouer que j'attends ce fameux « 23 » avec impatience, ma chère Flora. Je crains que nous ne puissions rien apprendre de plus avant ... »
Londres, Dimanche 23 mars 1975
« Professeur ! Il y a une lettre pour vous ! »
L'homme au haut-de-forme était tranquillement en train d'étudier un fragment d'ammonite lorsque son apprenti était arrivé en catastrophe dans son bureau. Encore très concentré sur son travail, il commença par répondre distraitement, sans détacher ses yeux du fascinant fossile.
« Très amusant, Luke, mais tu n'espérais tout de même pas me piéger aussi facilement ! Je te rappelle que nous sommes dimanche, le facteur ne passe jamais le... Comment ?! »
Le professeur d'archéologie venait finalement d'éloigner son regard de l'artéfact qu'il manipulait avec les plus grandes précautions, mais comprit aussitôt qu'il avait fait une erreur en prenant les paroles de l'enfant sur le ton de la plaisanterie. Celui-ci était à l'entrée du bureau de son mentor, et tenait en effet une enveloppe dans la main. Enveloppe qui n'avait pas été distribuée par le courrier de la veille ...
Ils étaient rentrés depuis l'avant-veille et avaient bien vérifié le contenu de la boîte aux lettres. Si la mystérieuse missive avait été reçue la veille ou l'avant-veille – voire encore plus précocement –, ils l'auraient forcément remarquée. Le professeur Layton la prit et l'observa sous toutes ses coutures, troublé.
« Elle ne comporte ni timbre ni adresse ... - Mais comment a-t-elle bien pu arriver jusqu'ici dans ce cas ? »
L'enveloppe n'avait de particulier que le simple fait qu'elle soit blanche comme la neige. Seuls les quelques mots « Pour le professeur Layton » avaient été écrits à l'encre bleue sur son dos. Mais en effet, elle ne possédait ni adresse, ni timbre, ni marque du tampon postal.
« Visiblement, ce n'est pas le facteur qui l'a amenée jusqu'ici ... - Professeur, ce n'est pas dans la boîte aux lettres que je l'ai trouvée. Elle était sur le pas de la porte d'entrée, à l'intérieur. »
L'adulte sursauta.
« À l'intérieur ? murmura-t-il, au comble de l'étonnement. Comment se serait-elle retrouvée à l'intérieur ? »
Luke haussa les épaules en signe d'ignorance. Le destinataire de la mystérieuse lettre se décida finalement à l'ouvrir et à la lire. Après tout, c'était le seul moyen d'en apprendre plus ...
« Cher Professeur, Je vous avais promis il y a maintenant trois jours de vous dévoiler tout ce que je sais. Vous vous doutez que je me dois de tenir parole, aussi le moment est-il venu de vous livrer mes explications. Il serait trop long de tout écrire, et je préfèrerais vous en parler en personne, à vous comme à tous. Retrouvez-moi à l'endroit exact où vous avez trouvé cette lettre, à onze heures précises. Ne me faites pas attendre !
Sandra »
Le gentleman rajusta son haut-de-forme, réjoui de savoir que le voile allait enfin commencer à se lever sur cette mystérieuse affaire. Il regarda furtivement l'horloge de son bureau. Dix heures quarante-cinq.
« Luke, préviens Flora et Emmy. Nous avons encore quinze minutes devant nous, mais nous devons être prêts à toute éventualité. »
Son apprenti acquiesça d'un mouvement de tête et partit comme une flèche vers les escaliers, qui menaient aux chambres de ses amies. Le professeur d'archéologie ajouta pour lui-même, perdant soudainement son sourire :
« J'ai comme un pressentiment ... »
Ayant encore un quart d'heure entier avant de revoir la « maîtresse » des pokémon, il se décida à sortir un calepin de la poche de sa veste, délaissant complètement l'ammonite qui avait tant d'importance pour lui jusqu'alors.
« Machine à voyager – t. ... Nous n'avons pas eu le temps d'y repenser après tous ces événements ... »
« t. » était l'abréviation d'un mot bien particulier. Lequel, cependant ? La solution paraissait pourtant bien simple ...
« Serait-il possible que... ? Non, ce n'est pas rationnel. »
« Ce n'est pas rationnel. » Le spécialiste d'énigmes s'interrompit dans sa réflexion. Des souvenirs récents lui revinrent soudainement.
« Si je vous le disais, vous ne me croiriez jamais sans preuves. »
Il était resté sceptique la première fois qu'elle lui avait prononcé ces paroles. Ce qu'elle avait dit immédiatement après lui revint aussitôt, mot après mot.
« Cela est trop extravagant. Ce secret dépasse toute logique apparente, c'est tout simplement trop difficile à croire pour paraître véridique. Vous qui vous basez tellement sur cette chère logique, vous seriez tout simplement incapable de croire en une telle histoire ... »
Le professeur Layton baissa lentement le regard, se prenant le menton dans sa main droite. Il ne regagna pas son sourire, mais comprit qu'il était probablement dans la bonne voie.
« C'est une éventualité qu'il ne faudrait pas négliger, en fin de compte ... Même si cela n'explique toujours pas comment cette lettre a pu se retrouver ici ... Quelqu'un serait entré par effraction cette nuit ? »
Des coups répétés fortement contre sa porte le ramenèrent à la réalité. Il se retourna vers Emmy, qui venait d'ouvrir la porte de bois de son bureau.
« Il paraît que vous avez reçu une lettre de Sandra ? - C'est exact. Elle est juste ici, si tu veux la lire. »
L'assistante ne se fit pas prier et s'approcha du bureau du professeur, s'emparant de l'étrange missive avec une curiosité obsédante. Elle survola le papier blanc de long en large avant de se tourner vers son ami.
« Quelle heure est-il ? - Onze heures moins dix », répondit machinalement le gentleman en prêtant un œil distrait à l'horloge de son bureau.
La jeune lady baissa légèrement la tête et fronça les sourcils. Visiblement, quelque chose la faisait réfléchir longuement ...
« À quoi penses-tu, Emmy ? - L'horaire. Il y a quelque chose de ... suspect, dans la manière dont il est donné ... - Je l'avais également noté, mais peut-être cela pourrait-il expliquer autre chose ... »
Elle se retourna vers l'archéologue en le fixant d'un regard interrogateur, pensant qu'elle n'avait peut-être pas bien compris un détail dans ce qu'il venait de lui dire. Celui-ci lui fit comprendre cependant qu'il ne s'agissait pour lui que d'une hypothèse qui ne méritait pas encore d'être dévoilée.
« Ce n'est rien. Après tout, nous saurons tout dans moins de dix minutes. »
Emmy allait tout de même lui demander plus de détails, mais des bruits de pas venant de derrière elle l'interrompirent. Flora et Luke venaient d'arriver. Le professeur Layton se décida finalement à se lever de son bureau et à se diriger calmement vers l'entrée de sa maison. Puisque tout le monde était prêt, autant attendre depuis le point de rendez-vous.
L'entrée demeurait vide, calme, silencieuse. Emmy jeta un coup d'œil rapide au cadran qui se trouvait dans la même salle. Onze heures moins cinq. Luke soupira d'impatience et s'adossa lourdement au mur qui se trouvait derrière lui, restant dans cette position. Flora préféra rester près du gentleman, au cas où un danger de plus pointerait le bout de son nez.
L'assistante semblait hypnotisée par le pendule, fixant du regard chaque seconde qui s'écoulait. Le mouvement des yeux de tous retraçait parfaitement à intervalles réguliers le mouvement du pendule, ou alors celui de l'aiguille des secondes. La plus véloce des trois, et pourtant son rythme paraissait d'une lenteur phénoménale. La jeune adolescente finit par détacher son regard du balancier, rapidement agacée par son va-et-vient constant et répétitif. L'apprenti lâcha un long soupir de lassitude, mais cette fois son mentor réagit. Ses paroles conseillères parurent presque ironiques dans une telle situation ...
« Allons, Luke. Un gentleman ne s'impatiente jamais ... »
Le garçon se contenta de détourner la tête, presque vexé. Dans un tel cas de figure, cela pouvait sembler tellement difficile ... Il resta appuyé malgré tout contre le mur blanc et dénudé de meubles, contrairement à tous les autres de la maison. Le professeur d'archéologie aimait tellement les livres et les artéfacts anciens qu'ils pullulaient dans sa demeure, aussi le mobilier servant à les ranger prenaient la place de toutes les cloisons. Etant donné que celle-ci se trouvait juste derrière la porte, elle faisait exception. En effet, il aurait été difficile d'ouvrir la porte si elle rencontrait aussitôt le coin d'une bibliothèque en bois ... La probabilité que la porte d'entrée s'ouvre d'elle-même étant suffisamment faible, l'enfant jugeait sans danger de s'y réfugier.
Onze heures sonnèrent. Le début des onze coups de l'horloge commencèrent à résonner dans la salle entière, et aussitôt tous les regards des londoniens se tournèrent vers elle, plus impatients que jamais. Cependant, vers le quatrième coup du pendule, un cri effaré se fit entendre. Tous se tournèrent vers Luke et regardèrent le mur avec stupeur. Flora hurla d'une voix inquiète, s'agrippant comme elle pouvait au bras du gentleman et se cachant derrière lui.
L'apprenti du professeur Layton avait disparu.
Fin de Créatures à Dublin
Bonne (re)lecture, et à bientôt j'espère ! :3
Invité Invité
Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 30 Juil - 11:46
belles fics bravo !!! j'en fais pas autant moi x)
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 31 Juil - 1:31
Comment le sais-tu ? As-tu seulement essayé ? %)
Bon, vala le début de la deuxième partie de ma fic pour les intéressés ! Chapitre XIX – Vérité et fiction
Spoiler:
« Si vous fermez la porte à toutes les erreurs, la vérité restera dehors. » Rabindranath Tagore (poète indien)
« Que s'est-il passé ? ... »
Luke gémit et se massa le dos en se relevant douloureusement. Il sentit aussitôt quelqu'un accourir pour l'aider doucement dans son geste.
« Je suis désolée, Luke. Je ne pouvais pas deviner que tu t'adossais contre ce mur précis ... »
L'apprenti du professeur reconnut aussitôt cette voix. Cependant, il avait du mal à reconnaître celle qui en était la propriétaire ...
« Sandra ? C'est toi ? »
L'adolescente acquiesça sans comprendre, puis se regarda rapidement. Elle saisit alors pourquoi son ami avait pris du temps pour la reconnaître. Elle s'était attaché les cheveux en queue de cheval – alors qu'elle les avait toujours détachés jusqu'alors, se contentant d'enrouler un ruban dans ses cheveux bruns – et elle avait troqué sa belle robe verte contre des jeans bleu foncé et un tee-shirt vert pâle. Pour terminer, elle avait un style de lunettes bien différent, la monture de métal ayant été remplacée par une en plastique marron-orangé. Il n'était pas évident de retrouver là la mystérieuse adolescente qu'ils avaient connue à Dublin ...
Seule Gabrielle prouvait au londonien qu'il s'agissait bien de celle qu'ils avaient rencontrée dans la capitale irlandaise. Toujours la même, posée tranquillement sur la tête de l'enfant qui s'amusait à la caresser, et les cheveux qui voletaient au gré d'un vent imaginaire. Soudainement, la créature se décida à sauter de la tête de sa maîtresse pour se réfugier dans les bras du jeune garçon, qui rit chaleureusement avant de caresser le pokémon à son tour. Le pokémon ronronna en fermant les yeux.
« Au fait, qu'est-ce qui s'est passé ? Où sommes-nous et... - Luke ? Luke, où es-tu ?! »
L'enfant se retourna vers l'origine apparente de la voix de ses amis, mais se retrouva face à un mur dénudé. Il réfléchit à ce qu'il s'était passé exactement. Alors que les onze heures sonnaient, le mur contre lequel il s'appuyait semblait avoir disparu ... tout en restant visible. Cela semblait complètement absurde, mais c'était la seule possibilité ... Il revint soudainement à la réalité et se décida soudainement de répondre à la question des londoniens.
« Je suis ici ! »
« Ici » était une réponse bien peu claire, mais à vrai dire l'adolescent ignorait sa localisation exacte. Puisqu'il pouvait les entendre, alors il lui semblait normal qu'il puisse les guider par le son de sa voix. Sandra se décida de s'approcher de lui, se mettant face à la cloison blanche. Visiblement, elle savait parfaitement ce qu'il se passait, et semblait être la seule à ne pas s'en inquiéter, ni même s'en étonner.
« Je suis ici ! »
Le mentor de l'origine de cette voix fronça les sourcils. Le son provenait de l'endroit où Luke avait « disparu », mais aussi et surtout d'un mur. Si son apprenti se trouvait de l'autre côté, ils auraient dû entendre un son voilé en grande partie à cause du plâtre de la cloison. Mais non, tous entendaient distinctement la voix du jeune londonien, comme s'il se trouvait juste en face d'eux. Comment était-ce possible ?
Flora se rapprocha de lui en hésitant, toute tremblante. Le gentleman réfléchit longuement et posa doucement sa main contre le mur, près de l'endroit où l'enfant avait disparu. Il sentit la froideur du plâtre blanc.
« Professeur, que faites-vous ? » tenta Emmy, loin de comprendre où il voulait en venir.
L'archéologue demeura silencieux et se contenta de déplacer sa main le long du mur, lentement et en hésitant. Il réfléchissait, et son esprit lui sembla devenir un champ de bataille où la logique luttait activement contre l'absurdité apparente.
« Mais enfin, Professeur ... répliqua Flora en fronçant légèrement les sourcils, angoissée et très peu sûre d'elle. C'est absurde, vous ne pensez tout de même pas que... »
Elle termina sa phrase par un cri suraigu. Mais la main du gentleman traversait bel et bien le mur blanc contre lequel elle était pourtant stable quelques pouces plus à gauche ...
« Mais comment est-ce possible ? » demanda l'assistante devenue toute pâle, espérant que le professeur d'archéologie pourrait lui apporter la réponse.
En effet, celui-ci ne fut que très peu surpris. Visiblement, il avait finalement compris ce qu'il se passait. Il s'apprêtait à répondre à son amie lorsqu'il sentit que quelqu'un lui avait empoigné la main de l'autre côté du mur. Cette personne l'entraîna de l'autre côté si subitement que l'homme au haut-de-forme n'eut pas le temps de réagir, se contentant d'exprimer sa surprise dans un petit cri de stupéfaction. Les deux ladies sursautèrent. Flora recula lentement en tremblotant, mais Emmy fit au contraire un pas en avant, fixant le mur en plissant légèrement les yeux.
« Vous ne comptez tout de même pas... commença la jeune adolescente, terrifiée. - Pourquoi pas ? coupa son amie, maintenant son regard perçant sur la cloison blanche. Après tout, il est très probable que ce que nous cherchons se trouve de l'autre côté. »
Elle fit un deuxième pas aussi lent et incertain que le premier, puis se décida à avancer et à traverser le mur à son tour. La londonienne tenta de la retenir, mais s'arrêta dans son geste. L'assistante du professeur Layton disparut. Elle hésita encore quelques longues secondes, puis s'approcha du mur à son tour et ferma les yeux alors qu'elle passait au travers.
Sandra lâcha la main du professeur qu'elle avait empoignée. Emmy et Flora apparurent l'une après l'autre, semblant sortir de la cloison blanche. Tous les quatre dévoraient du regard chaque recoin de la salle où ils s'étaient retrouvés. Ils étaient dans une immense salle blanche ressemblant à la fois à une bibliothèque, à la fois à un musée d'antiquités. Cependant, ce qui attira le plus la curiosité des londoniens fut une étrange machine titanesque qui se trouvait à quelques pieds d'eux. Elle prenait un mur entier à elle seule, entassant un écran d'ordinateur, un clavier, une unité centrale et un générateur gigantesques qui s'élevaient jusqu'au plafond, les écrasant d'une grande ombre imposante. La jeune étrangère s'en approcha et éteignit tranquillement le mastodonte. Le léger bourdonnement qui se faisait entendre jusqu'alors se tut.
« Eh bien, Sandra, reprit soudainement mais doucement le gentleman en se tournant vers elle. Ne voulais-tu pas nous expliquer ce que tu sais de cette affaire ? Au fait, quel est le véritable rôle de cette machine ? Il n'est pas difficile de deviner que c'est celle qui nous a menés ici, mais il ne serait pas de refus d'en savoir plus ... »
L'adolescente demeura silencieuse, regardant chaque détail de la mécanique d'acier en gardant sa main dessus, comme pour la caresser. Finalement, elle se retourna vers ses amis, une lueur énigmatique dans les yeux.
« Là d'où vous venez, il paraît que vous avez une réputation légendaire quant à votre capacité de réflexion, et j'ai eu plusieurs fois l'occasion de le vérifier. Si vous voulez mon avis, vous avez dans cette salle largement assez d'indices pour pouvoir répondre vous-même à votre question. »
L'homme sourit. Décidément, la jeune fille aimait paraître mystérieuse, et il savait que le seul moyen de répondre à sa question était en effet de découvrir la réponse par lui-même, aidé bien entendu de ses amis. Les londoniens scrutèrent à nouveau les alentours bien attentivement. Luke continuait de caresser doucement l'écureuil électrique qui paraissait s'être endormi, mais ne faisait pas exception. Emmy se décida en premier à s'approcher de l'une des étagères longeant l'un des quatre murs de la salle, regardant dans les moindres détails les antiquités qui reposaient sur le meuble comme des reliques. Ses amis la rejoignirent sans tarder, rongés par la curiosité et l'envie d'enfin connaître la vérité.
Une amulette égyptienne attisa particulièrement la curiosité de Flora. Elle demanda rapidement à Sandra si elle pouvait l'examiner de plus près, celle-ci acquiesça. La londonienne sourit et la saisit doucement, prenant garde à ne pas la faire tomber au sol. Tous s'approchèrent également, inspectant chaque recoin du bijou que leur amie tenait. Il s'agissait d'un pendentif dont le fil était doré à l'or pur. Accroché au fil délicat et solide à la fois, un « œil d'Horus » faisait resplendir toute sa beauté éclatante et semblait les fixer d'un regard bienveillant, qui paraîtrait divin si le quatuor n'avait pas gardé en tête qu'il ne s'agissait que d'un objet. Doré à l'or fin également, l'œil incrusté d'un superbe saphir. Un seul regard suffisait pour déduire qu'il s'agissait d'une pure merveille. Cependant, cette amulette avait quelque chose d'étrange ...
« Professeur, qu'en pensez-vous ? prononça Emmy en fronçant légèrement les sourcils. Ne trouvez-vous pas qu'elle a l'air... - En parfait état, en effet. » répliqua-t-il aussitôt, montrant une expression similaire.
Même si l'or est inoxydable, la superbe parure égyptienne aurait dû subir la marque du temps. Ce qui ne semblait pas particulièrement être le cas ...
Celle qui les avait emmenés là se dirigea vers une des bibliothèques et saisit un ouvrage au hasard. Elle s'arrêta, changea de meuble puis recommença son action, prenant un dossier orange qui portait une étiquette. Revenant vers les londoniens, elle leur présenta les deux écrits que le hasard avait choisis. Le professeur Layton en prit un, Flora tint le deuxième et l'ouvrit, admirant sa belle calligraphie et ses enluminures moyenâgeuses. L'adolescente aux lunettes semblait s'amuser de les voir inspecter chaque recoin.
« Eh bien, votre diagnostic ? » prononça-t-elle à l'adresse de l'homme au haut-de-forme en affichant un sourire enfantin.
Celui-ci lui prêta un rapide regard, aussitôt redirigé sur l'ouvrage qu'il tenait dans ses mains. Il s'agissait plutôt d'un dossier rassemblant plusieurs parchemins à peine jaunis, chacun rangé dans une pochette en plastique, face à sa traduction en anglais. Des écrits en grec ancien, en latin, en copte, parfois des hiéroglyphes, à chaque fois entièrement décryptés sur la page annexe. Encore une fois, une véritable merveille pour tout archéologue digne de ce nom.
« J'ai vraiment du mal à croire qu'il s'agisse d'originaux. Ils ont l'air tellement récents, c'est à peine si je leur donnerais dix ans ! Où as-tu trouvé tout ça ? - C'est mon père qui a rassemblé tous les trésors de ses fouilles dans cette salle. Les parchemins de ce dossier-là viennent de la bibliothèque d'Alexandrie, si je ne me trompe pas. »
L'archéologue écarquilla les yeux en entendant le nom de l'antique ville égyptienne.
« Mais enfin, s'écria Emmy, c'est impossible ! - Sandra, es-tu bien sûre que c'est de là qu'ils viennent ? - Absolument sûre. Vous pouvez vérifier en regardant l'étiquette affichée sur la couverture du dossier. »
Luke se pencha sur le côté afin de voir la fameuse couverture, trop impatient pour attendre que son mentor ne referme la pochette de carton. En effet, il était bel et bien écrit « Bibliothèque d'Alexandrie ».
« Professeur, demanda Flora, quel est le problème exactement ? - Alexandrie est connue de tous les archéologues pour être la ville de l'Antiquité qui possédait le plus d'écrits de l'époque, surtout grâce à sa bibliothèque qui rassemblait les œuvres de toutes les figures les plus importantes de l'Antiquité ... - Mais dans ce cas, Professeur, contesta son apprenti, il est normal d'y retrouver des parchemins de l'époque, non ? »
Le gentleman ferma le dossier tout en restant silencieux et le tendit à la jeune adolescente, qui partit tranquillement le ranger. Il marqua une seconde pause, puis s'expliqua.
« Non, Luke. Tous les ouvrages qui s'y trouvaient ont été brûlés avec la même bibliothèque il y a plus de mille ans. Il n'en reste plus rien. »
Les deux adolescents demeurèrent abasourdis.
« Mais dans ce cas, comment est-ce possible ?! D'où viennent ces parchemins, s'ils n'ont pas été brûlés ? » s'exclama Flora, stupéfaite.
Ce fut à la jeune étrangère de répondre, un sourire énigmatique aux lèvres.
« C'est justement ce que vous devez deviner. Vous avez largement assez d'indices pour cela, à présent. »
Celle qui tenait le grimoire moyenâgeux se décida à le confier au professeur d'archéologie, qui la remercia avant de l'inspecter sous toutes ses coutures. Sandra affirmait qu'il s'agissait d'un original, et pourtant il aurait parfaitement pu mettre sa main à couper que l'ouvrage avait à peine plus de dix ans, et aurait donc été une simple reproduction particulièrement réaliste. Les pages n'étaient pas jaunies par le temps, les enluminures et les encres de différentes couleurs n'avaient pas perdu de leur éclat, la couverture paraissait presque neuve. Alors que le livre qu'il tenait dans les mains devait dater d'au moins six cent ans ...
Il repensa alors à sa théorie saugrenue qu'il avait failli rejeter avant même de l'avoir exploitée. Elle permettait de tout faire concorder, et pourtant elle paraissait tellement aberrante ... Fantaisiste, même. L'homme rajusta son chapeau, un faible sourire au coin de la bouche. Et puis, après tout, traverser un mur était déjà assez irrationnel pour montrer que l'absurde pouvait parfois devenir réalisable ... Il laissa s'échapper un murmure, qui cependant fut largement assez audible pour se faire entendre de tous.
« « t » comme « temps » ... »
Les trois autres londoniens sursautèrent. Après de longues minutes de silence, les paroles qu'il venait de prononcer leur semblaient complètement incongrues et dénudées de sens, tout en étant évidentes. Bien sûr que « temps » commence par un « t », mais où est-ce que cela menait-il ? Sandra, elle, se contenta d'augmenter l'intensité de son sourire.
« Bravo, Professeur. J'étais sûre que vous finiriez par comprendre. »
Etant donné que seules deux personnes sur les cinq présentes avaient apparemment compris, le gentleman crut utile de développer son raisonnement plus en détail.
« Cette machine qui nous a amenés « chez toi », Sandra. C'est la machine à voyager dans le temps à laquelle tes notes faisaient référence, n'est-ce pas ? « Machine à voyager – t » désigne une machine à voyager dans le temps, « dans le » étant implicite. Ce « chez toi » dont tu parlais à Dublin ... c'était une autre époque, la tienne. En l'occurrence ... le futur ? »
La jeune concernée avait la tête légèrement baissée, mais souriait de plus en plus, visiblement réjouie.
« Décidément, on ne peut rien vous cacher, Professeur. »
Chapitre XX – Vicissitudes* du futur
Spoiler:
« Le malheur peut être un pont vers le bonheur. » Proverbe japonais
Les trois londoniens étaient éberlués. Voyager dans le temps ? C'était tellement absurde ... Mais s'était également avéré exact, deux ans plus tôt. Luke et Flora pouvaient témoigner : c'était plus ou moins réalisable, même si la machine de l'époque était loin d'être parfaite.
« Cependant, reprit le professeur Layton, il m'est bien évidemment impossible de deviner l'époque à laquelle tu appartiens, et à laquelle nous sommes en ce moment ... - Nous sommes le 31 mars 769, répliqua la concernée. C'est environ mille ans après votre époque. »
Cette fois-ci, ils n'étaient plus trois, mais quatre à ne plus comprendre.
« 769, dans notre futur ? s'étonna l'apprenti du professeur. Je te rappelle que l'année d'où nous venons est 1975, comment est-ce possible que ce soit le futur ? »
L'adolescente allait répliquer lorsque la porte métallique qui se trouvait à l'autre bout de la salle s'ouvrit sur une femme brune ; sa ressemblance avec Sandra prouva aussitôt qu'il s'agissait de sa mère. Ses cheveux mi- longs étaient détachés, et une mèche descendait le long de l'une de ses épaules. Elle ne portait pas de lunettes, mais le lien de parenté restait tout de même évident. Elle salua chaleureusement les quatre amis puis leur proposa de se rendre dans le salon, qui serait largement plus accueillant que la grande salle aux allures d'entrepôt. Le gentleman la remercia poliment en ajustant légèrement son haut-de-forme, la mère leur fit signe de la suivre. Sa fille se mit rapidement à ses côtés avant d'adresser un sourire à ses amis. Ceux-ci se décidèrent à obéir avec entrain, les deux enfants en tête, trottinant presque.
La porte d'acier s'ouvrit d'elle-même sur le passage des deux ladies et laissa également passer le quatuor qui les suivait. Le groupe monta les escaliers, ouvrit une deuxième porte qui mena directement sur une belle petite salle ensoleillée par ses fenêtres claires, d'où la lumière était légèrement teintée d'orangé par les rideaux à peine fermés. Un grand canapé et trois fauteuils assortis se trouvaient autour d'une table où se trouvait un petit apéritif.
« Asseyez-vous, je vous en prie, ordonna chaleureusement la mère en montrant les places libres, un sourire tendre aux lèvres. - Vous savez, ce n'était pas nécessaire... » commença le professeur.
La femme insista, soutenue par sa fille. Finalement, le groupe se décida à s'installer confortablement dans les places qui avaient visiblement été préparées à l'avance pour les accueillir. Les deux ladies du futur firent de même, Sandra proposa à ses amis de se servir comme ils le souhaitaient. Les deux adolescents ne se firent pas prier et s'emparèrent des biscuits qui trônaient sur la table, les deux adultes finirent par suivre le mouvement après une rapide hésitation. Après tout, ils avaient tous besoin de se remettre de leurs émotions ; voyager dans le futur était une épreuve particulièrement déroutante pour les esprits ...
« Ainsi, vous êtes ceux qui avez pris soin de Sandra pendant son séjour à Dublin ? - Oh, ce n'était pas grand-chose, répliqua calmement le professeur d'archéologie. Après tout, c'est grâce à elle que les « pokémon » ont cessé de s'attaquer à la ville. »
La mère sursauta légèrement, puis se tourna vers sa fille avec un regard interrogateur.
« Sandra nous a expliqué beaucoup de choses, mais il faut avouer que c'était tout de même un peu par pression de notre part. - Ce qui compte, c'est que vous gardiez le secret. L'apparition de pokémon à votre époque est déjà un anachronisme suffisant pour semer le chaos, comme vous avez pu le constater. Si vous racontez les événements futurs, cela risque de modifier le cours du temps, puisque l'on tentera forcément d'éviter les problèmes ... - Vous pouvez nous faire confiance, reprit l'archéologue d'un ton sincère. Si le déroulement des choses peut être troublé si nous parlons du futur, alors nous nous tairons. »
L'adulte du futur prit une bouteille de jus de fruit, servit tour à tour chacun de ceux qui se trouvaient autour de la table avant de prendre son verre et de boire une gorgée.
« Au fait, les présentations n'ont pas encore été faites ! » s'exclama-t-elle légèrement gênée, comme se rappelant soudainement de ce détail.
Elle devait avoir la tête dans un autre problème ... Ce fut au jeune apprenti de répondre précipitamment, un grand sourire aux lèvres, montrant du doigt chacun de ses amis en les nommant.
« Moi, je suis Luke ! Je suis l'apprenti du professeur Layton, il a résolu tous les mystères que nous avons rencontrés ! Elle, c'est Emmy, l'assistante du professeur, et voici Flora, une jeune fille qu'il a adoptée ! »
Face à la rapidité et à l'enthousiasme de la réponse, la lady du futur prit quelques secondes de silence légèrement troublé avant de se présenter.
« Vous connaissez Sandra, ma fille. Quant à moi, je suis Evelyne Kotino. Enchantée. »
Tous les londoniens lui retournèrent également leur enchantement, les deux adolescents avec entrain, les adultes avec calme et sourire chaleureux. L'archéologue se décida au bout de quelques secondes de répéter la question déduite de la remarque précédente de Luke. En effet, ils n'avaient pas encore eu le temps d'obtenir leur réponse.
« Au fait, est-il vrai que nous sommes en 769 ? Dans ce cas, pourquoi n'avons-nous pas plutôt voyagé dans le passé ? »
Les deux ladies du futur se regardèrent promptement avec une lueur dans les yeux qui devint soudainement abattue. Le quatuor le remarqua, aussi Emmy osa doucement leur demander ce qui n'allait pas. La mère et la fille s'échangèrent un nouveau regard, encore plus fugace. Puis l'adulte se leva doucement, en même temps que les regards interrogateurs de ceux qui l'entouraient.
« Sandra va vous expliquer. Je devrais ... m'occuper du déjeuner. Nous passerons bientôt à table. »
Elle s'éclipsa lentement, mais d'une manière tendue, presque bancale. Visiblement, elle ne tenait pas à être présente sur le moment où les explications allaient être données. Cependant, pourquoi ? Elle semblait ne pas vouloir entendre une telle histoire, ou plutôt « réentendre » cette histoire ... L'adolescente du futur soupira silencieusement, toute aussi tendue. Elle releva doucement la tête et commença.
« Il n'est pas inutile de vous rappeler que vous ne devrez pas raconter ce que je vais vous dire à qui que ce soit de votre époque. Je compte sur vous. - Cela concerne notre futur, c'est ça ? répliqua Luke en posant délicatement son verre vide sur la table. - Tu peux nous faire confiance, Sandra, continua Emmy. Que veux-tu nous raconter, maintenant ? »
La jeune fille baissa tristement le regard, marquant une légère pause tout en prenant une gorgée de son jus de fruit. Au bout de quelques secondes, elle se décida à répondre.
« Je ne suis pas sûre que cela vous ravisse de le savoir, mais cela nous fera tous avancer. - Cela a un rapport avec ce qui est arrivé à Dublin ? demanda Flora, relevant soudainement la tête. - C'est possible. En tout cas, puisque vous êtes dans le futur, autant avoir un résumé de ce qu'il s'est déroulé depuis votre époque ... »
Les londoniens répétèrent une fois de plus leur question, rongés par la curiosité. Sandra garda le silence encore quelques instants, puis se lança.
« La boucle devait bien être bouclée un jour ... »
« Il y a 769 ans, nous avons recommencé le calendrier. - Cela semble évident que ce n'était pas que pour le plaisir, reprit le professeur d'un ton grave. - Encore une fois, vous avez vu juste. »
Le quatuor n'hésita pas à demander ce qu'était cet événement qui avait pu en être l'origine. L'adolescente du futur se tut une fois de plus. Sa mine grave et abattue montrait parfaitement que ce fameux événement était très loin d'être heureux.
« Je tiens à vous rappeler que c'est vous qui avez insisté pour savoir... - Nous t'écoutons », prononça Emmy pour insister une dernière fois.
Cette fois, le récit ne tarda pas plus longtemps.
« Tout a commencé il y a environ huit cent ans. Enfin, en partant de mon époque... - Continue, implora Flora, au comble de la curiosité. - Comme vous pouvez vous en douter, la science a progressé depuis votre époque. Cependant, ces immenses progrès ont créé un problème plutôt important : des spécialistes qui étudiaient l'écologie prévoyaient une catastrophe due à la pollution que créait cette avancée technologique. Il est donc venu l'idée de créer des hybrides, capables d'aider les hommes à continuer leurs recherches et leurs avancées dans la science tout en évitant la pollution, donc ce fameux cataclysme. - Et je suppose que cela a fonctionné, assura Luke en caressant Gabrielle qui restait à ses côtés, appréciant visiblement ses caresses. Sinon, nous ne connaîtrions pas les pokémon ... - En effet, cela a marché. Les hommes ont apprivoisé ces créatures, les ont baptisées « Pokémon » et ont fabriqué de nombreux gadgets, dont ceci. »
Les regards se posèrent tout naturellement avec encore plus d'attention sur l'adolescente lorsqu'elle prononça les mots « dont ceci ». Comme ils pouvaient le prévoir, elle s'apprêtait à leur montrer l'un de ces gadgets futuristes. Et en effet, la jeune fille saisit une petite boule rouge et blanche qui était attachée à sa ceinture et leur présenta. Nullement étonnée du scepticisme de ses amis, elle continua dans sa lancée et appuya sur l'unique bouton que le petit objet possédait.
Les londoniens ne conservèrent pas longtemps leur doute. Le simple mouvement qui avait été réalisé une fraction de seconde précédemment – le fait d'actionner l'interrupteur du petit gadget rouge et blanc – engendra l'ouverture de la petite boule, laissant s'échapper une lumière argentée sous les yeux ébahis du quatuor avant de former petit à petit la silhouette de Matt. L'éclat s'évanouit soudainement, laissant complètement apparaître le pokémon ; il resta quelques secondes dans sa posture légèrement voûtée, puis salua sa maîtresse et les quatre amis avec un sourire des plus enthousiastes. Face au silence stupéfait des assistants du professeur et de celui-ci même, Sandra rit d'une manière enfantine tout en caressant la créature qui restait à ses côtés, puis se décida à continuer ses explications.
« Cela s'appelle une poké ball. Comme vous avez pu le constater, les pokémon apprivoisés peuvent être capturés dans ces boules et être transportés ainsi bien plus facilement. Vous avez pu remarquer les problèmes d'espace que causait Nina ... - En effet cela semble pratique, répliqua l'apprenti du gentleman, mais les pokémon ne se sentent-ils pas un peu à l'étroit à l'intérieur ? »
Pour toute réponse, Gabrielle et Matt ripostèrent par de petits cris.
« Je suppose que cela veut dire non, sourit son mentor. - En effet, ils ont dit que c'était bien plus spacieux à l'intérieur. Je me demande comment ... »
Les explications reprirent de plus belle. Sandra semblait finalement de plus en plus à l'aise dans son récit, et la curiosité de ses auditeurs n'en était qu'accrue.
« En mille ans, la technologie a avancé, Luke. Ne vous étonnez de rien, de nombreuses choses qui semblent dignes des rêves les plus fous à votre époque sont maintenant réalisables. La poké ball est un exemple parmi tant d'autres. Mais revenons à mon récit. La paix s'est donc installée dans le monde – à part quelques rares dictatures subsistantes –, la progression de la science a continué. Il y a cependant quelque chose d'inévitable qui s'est produit, et a changé le monde à jamais. Quelque chose que l'on ne redoutait plus depuis longtemps, car on le pensait complètement impossible, mais qui s'est réalisé. - Et qu'est-ce donc ? » demanda Flora, s'agrippant à Luke qui rougit légèrement. Elle craignait le pire, comme ses amis qui étaient peu rassurés.
Un silence de mort s'ensuivit. Seul l'écureuil volant demeurait impassible, allongé sur le bras du fauteuil où Luke était assis à le caresser machinalement, sans lui prêter réellement d'attention. Comme un automate qui imitait ses amis en dévisageant la jeune fille qui leur faisait face. Celle-ci baissa la tête.
« Cet événement qui a fait que nous avons recommencé le calendrier ... »
Matt imita le dernier geste accompli par sa maîtresse, silencieusement. Cette dernière ne voulait pas leur dire. Mais ils devaient savoir. La boucle devait être bouclée. Au bout de plusieurs minutes de tension silencieuse et interminable, la jeune lady se décida. Elle releva lentement la tête, fixant ses amis de ses profonds yeux ébène. L'habituel éclat de malice et de mystère qui avait l'habitude de s'y refléter avait disparu. Maintenant son regard sombre sur les londoniens, elle répondit d'un ton grave et lent, presque tremblant.
« ... c'était la Troisième Guerre Mondiale. »
Le silence retomba sur le salon, qui sembla bien moins chaleureux qu'auparavant. Au bout de quelques minutes, Luke se décida, d'une voix aussi pâle que son teint.
« La troisième ... ? - La précédente a depuis longtemps été nommée « Seconde Guerre Mondiale ». En effet, on dit le mot « second » lorsqu'il n'y a pas de troisième. C'est donc pour cela qu'elle a été nommée ainsi : il ne devait pas y avoir de troisième. - Quelles étaient les causes de cette guerre que personne ne désirait ? » répliqua le professeur Layton, fronçant les sourcils.
Cette fois, la réponse ne dura pas. En effet, le plus dur à avouer était passé.
« C'était il y a plus de sept cent ans, vous savez ... Tout ce que nous avons retenu, c'est qu'un fou furieux s'était attaqué à un puissant dictateur de l'époque, un des seuls qui restaient dans le monde. - Il a réussi son coup d'état ? répliqua machinalement l'adolescent. - Non, car ce même dictateur entra par la suite dans une folie incomparable. Il était persuadé que celui qui avait tenté de l'assassiner était étranger, et a déclaré la guerre petit à petit aux pays voisins, puis de plus en plus éloignés. Au final, la guerre concernait tout le monde. »
L'archéologue fit une rapide déduction et ne tarda pas à la dévoiler à tous ceux qui se trouvaient autour de la table.
« Si cette guerre fut encore plus terrible que les autres, c'est parce que vous aviez les pokémon, n'est-ce pas ? - C'est encore exact, Professeur. Les événements de Dublin ne sont qu'un piètre exemple de ce qu'il s'était déroulé dans le monde entier à cette époque. Les pokémon étaient bien plus nombreux, et bien plus entraînés au combat. - Comment cette guerre s'est-elle terminée ? » tenta Flora, s'agrippant à son ami de plus en plus.
Sandra fit retomber le silence un court instant.
« La catastrophe écologique que l'on avait prévue auparavant, mais écartée avec les pokémon a eu lieu. Les dégâts étaient immenses, les océans ont tout englouti, ou presque. - Je suppose que les cartes ont dû être modifiées dans ce cas, répliqua le professeur d'archéologie. - Votre perspicacité m'étonnera toujours. Mais, à vrai dire ... les terres submergées n'ont pas été les seules choses à avoir disparu suite à la guerre. - Ah bon ? Vous avez perdu autre chose ? s'étonna Luke. - Oui. La mémoire du passé. Il ne reste quasiment plus rien de « l'avant ». Même pas le moindre champ de fouilles. Rien. - Comment sais-tu autant de choses de notre époque, dans ce cas ? » demanda Emmy, légèrement soupçonneuse.
L'adolescente du futur se baissa et saisit un des fruits étranges qui se trouvaient dans la corbeille qui trônait au centre de la table et croqua sans hésitation avant de répondre.
« La machine à voyager dans le temps. Mes parents l'ont construite avec l'envie de faire ressurgir ce passé qui avait disparu. Ce voyage à Dublin était le premier que j'aie exécuté seule, mais mon père a beaucoup appris de « l'avant ». - C'est donc pour cela que vous détenez cette machine ... déduisit l'assistante. - Absolument. »
Le professeur Layton s'apprêtait à demander à voir une carte du « futur », mais l'arrivée de la mère l'interrompit. Après un rapide échange de paroles chaleureuses, le groupe se mit à table dans la salle d'à côté.
[i]Note : * Vicissitude(s) : Événements heureux et surtout malheureux qui affectent la vie humaine. (tiré du Larousse 2008)
Clive Dove
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 6 Aoû - 22:48
Ah ! Je me disais bien que j'avais déjà lu ce passage XD ... Hum hum. Eh bien je viens de lire 8 chapitres d'affilée et je dois t'avouer que j'ai adoré ! ^^ ( en même temps le 3éme opus est le meilleur u_u ) C'est également très intéressant de voir l'exposé de ta théorie sur le voyage de Claire :) Tu as su instaurer beaucoup d'action et de suspense malgré les restrictions qu'offrent une reprise.
Ton talent reste intacte !! J'ai hâte de lire le prochain chapitre !! 8)
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 7 Aoû - 3:52
Gnon ? T'es sérieux ? Moi qui croyais que Bàb était un véritable plongeon comparé aux deux autres parce qu'il n'y avait plus aucun suspense ! Je t'aime ! <3
Vala ton chapitre, pour la peine ! Pour les autres, je vais tenter d'éditer mes anciens posts... :3
Chapitre XLII – Affaire classée [3/3]
Spoiler:
« Le sang ne se lave pas avec du sang mais avec de l'eau. » Proverbe turc
« Céleste, il y a quelque chose que je voudrais vous demander. »
Claire prit une fraction de seconde avant de se rendre compte que ces paroles de Luke lui étaient destinées. Après tout, cela faisait moins de deux heures qu'elle portait plus ou moins officiellement ce pseudonyme...
« Oh ? Qu'est-ce que c'est ? - Comment avez-vous réussi à entrer dans la forteresse ? Le professeur et moi avons dû effectuer quelques acrobaties pour arriver jusqu'ici. » L'apprenti marqua une pause imperceptible avant de reprendre quasiment immédiatement.
« En plus, la forteresse est en mouvement. Comment avez-vous réussi à nous rejoindre ? »
Bien qu'elle sût que le moment était plutôt mal choisi pour les plaisanteries, la jeune scientifique esquissa un petit sourire taquin. D'un air tout à fait naturel et innocent mêlé à une expression qui prouvait l'évidence de ce qu'elle allait dire, elle lui rétorqua :
« Tu n'as pas remarqué que j'étais un ange ? Je me suis servie de mes ailes pour voler. »
Loin d'être dupe, le londonien fronça légèrement les sourcils en faisant la moue.
« Oh, allez, dites-le moi, je suis curieux. - D'accord. Si tu veux vraiment savoir, j'imagine que je peux te le dire. »
Elle pointa du doigt une grande porte, puis revint sur son explication.
« Cette porte mène au pont extérieur. Va donc voir ce qu'il y a de l'autre côté. »
Le jeune homme obéit, suivi de ses deux amis du passé et, finalement, de Claire. Le trio reconnut sans problèmes la machine volante de Don Paolo, et la jeune lady n'eut aucun mal à faire comprendre que l'ennemi du professeur s'en était servi à plusieurs reprises.
« Allez, tout le monde, reprit le gentleman au bout d'un temps en redevenant sérieux et grave, assez discuté. Nous devrions nous rendre à la salle du générateur. »
Approuvé par le groupe à l'unanimité, les londoniens retournèrent à l'intérieur de la forteresse, recherchèrent les coordonnées permettant de se rendre dans la fameuse salle, puis usèrent du monte-charge pour y arriver sans soucis.
« Incroyable... »
Le quatuor demeurant muet de stupeur, seules ces paroles du professeur purent se faire entendre durant les quelques secondes qui suivirent l'ouverture de l'accès direct au générateur. Cependant, aucun des londoniens ne rêvait : c'était bel et bien le Premier ministre qui était assis à l'intérieur, inconscient. Finalement, Luke bégaya l'identité de l'homme, comme si ses amis ne l'avaient toujours pas reconnu. Sur un des écrans, le visage de Clive apparut soudainement, toujours d'un air sûr de lui et légèrement méprisant. D'un air qui montrait parfaitement que, quoiqu'ils fissent, ils n'arriveraient jamais à contrecarrer ses plans. Comme pour le leur expliquer, il détailla la situation précaire dans laquelle le politicien se trouvait sur le moment : s'il se levait de son siège, la forteresse exploserait, rasant d'ailleurs une bonne partie de Londres par la même occasion, bien évidemment.
L'écran s'éteignit, laissant seuls les londoniens face au générateur de la machine aux sombres desseins. Claire s'approcha prudemment du siège en question en l'inspectant, puis fronça les sourcils.
« Cet appareil semble enregistrer le rythme cardiaque du Premier ministre. Les charges explosives vont exploser si ses battements ne sont plus détectés. - Nous pouvons peut-être couper certains fils, proposa le professeur Layton. - Je ne ferais pas ça, Professeur, répliqua aussitôt la scientifique. Vous voyez, il y a deux groupes de fils. Nous ne pouvons pas tous les couper avant que le détonateur ne réagisse. »
Le gentleman se tourna vers la jeune femme, stupéfait par ces paroles qui étaient pour elle totalement naturelles.
« Je suis impressionné, Céleste. Vous vous y connaissez bien mieux que moi en la matière. »
Il marqua une légère pause en soupirant tristement.
« Votre sœur serait très fière de vous. », ajouta-t-il finalement.
Claire baissa le regard. Il ignorait toujours que celle dont il parlait était en réalité sous ses yeux... Finalement, elle sursauta, sortant immédiatement de sa veste la montre qu'elle avait reçue dix ans auparavant.
« Je viens d'avoir une idée. Et si nous utilisions ceci ? »
L'archéologue écarquilla les yeux.
« C'est... c'est la montre que j'avais offerte à Claire il y a des années. Et dire que je pensais qu'elle s'était perdue dans l'explosion. - Non... commença-t-elle, cherchant une autre excuse permettant à l'inexistante Céleste d'être en la possession de la montre de sa sœur. En fait, je l'ai retrouvée lorsque je rangeais les affaires de Claire après l'accident. Malheureusement, elle était cassée, et je n'ai jamais réussi à la réparer. Je peux la remonter autant que je veux, elle ne fonctionne jamais plus de dix minutes. - Je vois où vous voulez en venir, Céleste, reprit le gentleman. Vous suggérez de remplacer les battements de cœur de Bill Hawks par le tic-tac de cette montre. »
La jeune lady acquiesça.
« Exactement. C'est plutôt risqué, mais c'est notre seule chance. »
« Qu'est-ce que c'était que ce bruit ? »
Le professeur Layton venait d'inverser le sens des circuits de rouages du générateur, espérant que c'était ainsi que la forteresse serait neutralisée. Cependant, une fois ceci fait, un inquiétant vrombissement avait retenti. Claire avait aussitôt réprimé son cri de victoire pour le remplacer par cette question grave et angoissée.
« L‘inversion des circuits d'énergie a dû causer une réaction en chaîne, songea tout haut l'archéologue, sourcils froncés. Nous sommes en danger ! »
Luke se désespéra, et fit part d'une interjection angoissée, mais malheureusement inutile. La scientifique ordonna nerveusement que le groupe sortît sur-le-champ de la forteresse, ce qui fut pourtant totalement superflu tant la proposition était évidente. En effet, à peine avait-elle prononcé ces paroles que tous étaient déjà en pleine course vers le monte-charge, voulant rentrer en usant de la machine volante de Don Paolo.
Cependant, cet espoir fut vain.
« On dirait que le monte-charge ne fonctionne plus, se plaignit Luke. - La forteresse est en train de se désintégrer, expliqua Claire, et certains systèmes ne fonctionnent déjà plus. Nous ne devrions pas essayer de retourner sur la plate-forme, ce serait trop dangereux ! »
Le gentleman fronça les sourcils.
« S'il en est ainsi, nous allons devoir utiliser la voiture pour nous échapper. Suivez-moi ! »
Sitôt dit, sitôt fait. La petite troupe de londoniens s'élança à travers les couloirs de la mécanique titanesque, précédée du professeur d'archéologie, jusqu'à une plateforme non loin où trônait la petite voiture rouge récemment rafistolée par Don Paolo. Avant de monter, le professeur eut une dernière pensée pour Clive, qui lui était resté au sommet. Réussirait-il à s'en sortir, lui ?
« Il n'y a pas de temps à perdre ! En voiture ! »
Demeuré jusqu'alors silencieux, le Premier ministre fronça les sourcils et prit la parole pour la première fois depuis plusieurs heures.
« Vous comptez fuir en voiture ? Vous plaisantez, j'espère ? - N'ayez aucune crainte, monsieur le Premier ministre, répliqua nerveusement l'archéologue, pensant plus au danger de la machine plutôt que de celui du véhicule. Cette voiture vient d'être révisée. - Qu'est-ce que vous attendez ? rétorqua Luke. On ne peut pas rester là ! »
Les quatre amis se jetèrent littéralement dans la voiture, attachant précipitamment leur ceinture de sécurité. Tout en les imitant, Bill Hawks ne put s'empêcher de marmonner pour lui-même :
« C'est de la folie... »
« Zorua, que fais-tu ? »
Les yeux du pseudo-perroquet luisaient d'un étrange bleu azur brillant alors qu'il fixait le petit point lumineux qui se déplaçait dangereusement et à grande vitesse le long du sombre mastodonte, ne prenant pas garde à la question du gentleman. Celui-ci réfléchit quelques instants, puis étouffa un léger sourire qui montrait qu'il avait compris.
« Encore psyko, n'est-ce pas ? »
Le pokémon acquiesça distraitement, ne détachant pas pour autant ses yeux de la lointaine automobile vermillon.
« C'est vrai que je me disais que nous avions vraiment eu beaucoup de chance, à ce moment-là... Peut-être même trop pour que ce soit totalement réaliste. »
Il caressa distraitement la tête de la petite créature en la remerciant.
« Au fait, « tout à l'heure », lorsque je me suis servi de la Laytonmobile pour monter sur la forteresse avec Luke... C'était toi aussi, n'est-ce pas ? »
Le renard usant d'une de ses illusions hocha la tête.
« Vu de l'intérieur de la voiture, cela ne se voyait pas, mais maintenant que j'ai vu comment la Laytonmobile a décollé, cela devenait évident que le simple tremplin que nous avons pris n'était pas suffisant pour faire un tel vol plané. Je te remercie, je crois que tu nous as sauvé la vie à plusieurs reprises. »
Zorua haussa les épaules, avant de se retourner à nouveau vers la lointaine silhouette de l'imposante machine de guerre. Cependant, il retint de justesse un piaillement horrifié ; la petite lueur des phares de la voiture était en pleine chute libre.
« Ne t'inquiète pas, Zorua, répliqua cependant l'archéologue. Tu n'as plus besoin de psyko, à partir de maintenant. »
Le volatile vert pomme écarquilla les yeux en signe d'incompréhension. Son passé était sur le point de mourir écrasé au sol, et il ne s'en inquiétait pas plus que cela ? Mais le professeur d'archéologie lui conseilla simplement de regarder attentivement. En effet, quelques secondes plus tard, la lueur blanche se redressa et s'envola littéralement d'elle-même, évitant de justesse de tuer qui que ce fût qui se trouvait à l'intérieur. Le pseudo-oiseau se tourna vers son compagnon, abasourdi. Que se passait-il, au juste ?
« Don Paolo avait ajouté des ailes rétractables à cette voiture, expliqua le professeur Layton. Il ne me l'avait pas dit explicitement, mais il avait dit que, en cas de danger, il avait ajouté un « petit bonus ». »
Le gentleman se releva, arrêtant de s'accouder à la barrière de l'observatoire du Londres souterrain.
« Nous devrions nous éloigner, à présent. Ils n'ont plus besoin de nous, et l'explosion de la forteresse risque d'arriver jusqu'ici. »
Zorua acquiesça silencieusement, suivant le londonien à travers les rues de la réplique de Londres. Cependant, celui-ci reprit au bout de quelques centaines de pieds plus loin.
« Nous n'allons pas assez vite, prononça gravement le gentleman. La forteresse va exploser d'ici quelques minutes, et nous serons probablement encore dans les parages d'ici-là... »
Le petit pokémon réfléchit, puis usa de sa télépathie pour poser une simple question.
« Tout le monde est là-haut ? »
L'homme au haut-de-forme acquiesça.
« L'inspecteur Chelmey a confirmé que tous les habitants de la ville souterraine avaient été ramenés à la surface. »
Le perroquet regarda malicieusement son compagnon avec des yeux luisant d'une lueur rougeâtre, et se métamorphosa à nouveau. En quelques secondes, le petit volatile laissa place à un immense dragon vert.
« Montez. » ordonna tout simplement le pokémon, un sourire aux lèvres.
Le londonien ne se fit pas prier, et s'accrocha comme il put au dos de son compagnon.
« C'est une imitation de Nina tout à fait réaliste, complimenta-t-il alors que le pokémon s'envolait à toute allure. Décidément, tes illusions sont incroyables ! »
« Vous savez Hershel, il y a pourtant un détail sur lequel vous vous êtes trompé. »
Tout était terminé, la forteresse mobile de Clive avait explosé dans le Londres souterrain, l'auteur de tout ce chaos avait été arrêté par les forces de l'ordre. Pourtant, Dimitri Allen venait de prouver le contraire au professeur d'archéologie. Claire comprit aussitôt de quoi son ancien collègue de laboratoire parlait et baissa le regard.
Soudainement, elle ressentit comme de très légers étourdissements. Elle le sentait, il s'agissait à nouveau de cette « instabilité moléculaire » qu'avait étudié le scientifique. Cette fois, elle le ressentait bien, cela serait la dernière. Elle était sur le point de retourner à son époque pour de bon. Il ne lui restait que peu de temps pour tout expliquer à son ami. Mais comment le dire ?
« J'ai bien peur de ne plus pouvoir rester très longtemps ici, Hershel, commença-t-elle d'un ton hésitant. - Je ne comprends pas ce que vous voulez dire », répliqua le gentleman en fronçant les sourcils d'incompréhension.
Il fallait trouver un autre moyen plus direct afin qu'il comprît aussitôt. Claire marqua une courte pause, cherchant autre chose, puis continua.
« Je vois que tu as pris grand soin du chapeau que je t'avais offert. »
Son petit ami écarquilla les yeux en lançant une interjection qu'il ne put réprimer. L'inspecteur Chelmey arriva alors, ajoutant son grain de sel à la discussion.
« Ah, vous voilà, Layton. J'ai reçu les renseignements sur la famille de Claire. Il semblerait qu'elle n'ait en fait jamais eu de petite sœur. - Mais alors... » bégaya-t-il, interloqué.
Dimitri acquiesça gravement.
« Oui, ça m'a aussi fait un choc quand je l'ai appris. - Mais, ça voudrait dire que... »
La jeune lady se mordit la lèvre. Il ne comprenait donc toujours pas ? Ou plutôt, il refusait de comprendre. Après tout, c'était contre toute logique, c'était finalement normal qu'il refusât catégoriquement de croire toute histoire qui était irrationnelle. Mais, cette fois-ci, il le fallait bien... Finalement, le regard bas, la scientifique se décida.
« C'est moi, Hershel. C'est Claire. - Contre toute attente, reprit aussitôt Dimitri, l'expérience menée il y a dix ans ne fut pas un échec total. Claire a vraiment voyagé dans le futur. »
La déduction du professeur Layton fusa du tac au tac.
« Jusqu'à notre présent ! - Oui, reprit le pseudo-docteur Stahngun. La machine a fonctionné un instant, juste avant d'exploser. - Mais... marmonna le gentleman. Mais c'est impossible ! »
Ne prenant pas compte de cette réaction, le scientifique détailla ce qu'il avait découvert durant l'analyse de la mystérieuse « instabilité moléculaire ». Finalement, le professeur, le regard bas, marmonna :
« Tout ceci est à peine croyable... »
Claire fronça les sourcils en se tournant vers celui qui, autrefois, avait créé les plans d'une machine à voyager dans le temps avec elle.
« Dimitri, il faut que cette folie cesse. - Oui... acquiesça-t-il tristement, à contrecœur mais comprenant bien la gravité de la situation. Tu as raison. Mes recherches ont déjà mis des vies en danger, je ne peux plus prendre de tels risques. Ce soir, je vais tirer un trait sur cette machine à voyager dans le temps. Pour de bon. »
La jeune lady lui adressa un sourire triste, mais ressentit à nouveau quelques étourdissements. Il n'y avait plus de temps à perdre. Elle devait adresser ses « adieux » à son ami avant que ce ne fût trop tard. Elle l'entraîna précipitamment dans une petite ruelle plus calme, suivie également du jeune Luke. Elle resta un instant silencieux face à son petit ami, n'osant pas le regarder, gardant un sourire triste mais étrangement serein sur le visage. Lui, cependant, la dévisageait comme il pouvait, comme s'il craignait qu'elle disparût au moment où il cesserait de la fixer. Au bout d'un instant qui parut durer des siècles, Claire ressentit encore des vertiges, plus forts encore cette fois-ci. Mais elle ne devait pas s'évanouir à nouveau. Pas cette fois ! Enfin elle détacha son regard du sol pavé de Londres pour le porter sur son ami.
« Le moment est venu, Hershel. Je dois retourner à mon époque. »
Comme s'il ne l'avait toujours pas compris, elle précisa de quelle époque elle parlait.
« ... À ce jour qui nous a séparés. - Claire, non... »
Ces paroles étaient désespérées, mais avaient malgré tout été prononcées. Comme si le fait d'entendre ces deux mots pouvait maintenir la jeune lady éternellement face à son ami. Elle hésita à cause d'un léger sanglot, puis se rapprocha de lui en quelques pas qui résonnèrent dans la rue pavée. Elle se laissa enlacer, se serrant contre son ami.
« Je n'ai pas d'autre choix. » murmura-t-elle tristement.
Bien qu'elle sût que, une fois à son époque, cette même personne qu'elle embrassait sur le moment viendrait lui porter secours, elle demeurait triste comme si elle s'apprêtait en effet à mourir. D'abord parce qu'elle ne devait rien laisser transparaître, en effet, mais également parce que, d'une autre part... Comment savait-elle que son ami réussirait à la sauver ? Peut-être allait-elle véritablement mourir à la date fatidique...
Elle sortit de l'emprise de son petit ami, et commença tristement de s'éloigner.
« Claire, attends ! »
La scientifique sursauta lorsqu'elle fut ainsi appelée. Elle baissa le regard et se retourna lentement vers l'homme qui portait le haut-de-forme qu'elle lui avait offert. Nouveau vertige, encore plus fort et qui faillit la faire vaciller. Elle leva ses mains devant elle pour les regarder, et put vérifier qu'en effet, une fois de plus – une dernière fois –, elles brillaient d'une fantomatique lumière immaculée. Elle baissa tristement et lentement ses bras, dirigeant son regard de plus en plus empli de larmes vers l'archéologue.
« Nous avions tellement de projets pour l'avenir. Tu te souviens, Hershel ? »
Elle marqua une légère pause qui parut durer une éternité, ses yeux brillants insistant encore plus ce silence pesant.
« Ce destin dont nous rêvions... est perdu à jamais. »
Le professeur Layton étouffa un sanglot et déglutit avant de reprendre aussitôt, prononçant des paroles totalement inutiles et dénudées d'espoir.
« Ne pars pas ! »
La jeune femme soubresauta à nouveau.
« Je ne veux pas te perdre à nouveau. Non, Claire, je ne peux pas ! - Je te connais, répliqua-t-elle d'un ton incongrument calme. Tu supporteras cette épreuve. Après tout... »
Le gentleman n'eut pas besoin de connaître la fin de sa phrase pour avoir un léger sursaut. Il ne la connaissait que trop bien, cette fin de phrase. Et cette fois, c'était bien la première fois qu'il ne pouvait la supporter.
« ... c'est le devoir d'un gentleman. Je dois partir, Hershel. »
Le regard fixant à nouveau le sol pavé, mais ne regardant en réalité rien que ses vertiges grandissants, elle marmonna quelques mots pleins d'émotion.
« Merci. Merci pour tout. »
Nouvelle pause. Nouveau vertige.
« Adieu. »
Elle fit volte-face tout d'un coup, d'un seul mouvement, et commença à s'éloigner vers un petit croisement.
Le professeur d'archéologie voulait la suivre, mais son corps ne lui obéissait plus. Il ne pouvait plus bouger, l'émotion l'ayant emporté sur tout. Ce fut son apprenti qui, une fois disparue derrière un mur de briques vermillon, cessa de s'adosser à un sombre bâtiment pour se précipiter à sa poursuite. Il stoppa net sa course à l'entrée de la ruelle pour la voir jusqu'au bout. Finalement, il sursauta, puis baissa le regard avant de se tourner tristement vers son mentor.
« Elle a disparu ! »
Et, notez que je vais peut-être bientôt mettre le chapitre suivant. %)
[ÉDIT] Qu'est-ce que je disais ? %)
Chapitre XLIII – Conditionnel
Spoiler:
« Avec des Si on mettrait Paris dans une bouteille » Jacques Charpentreau (Suppositions)
« Trois fois sept. »
Une silhouette sursauta, puis se retourna vers l'origine de ces trois mots. Elle esquissa un sourire, contemplant l'enfant qui lui faisait face, puis murmura :
« Vingt et un. J'étais sûre que ce code servirait un jour. »
« Écartez-vous tous ! Ils ont besoin d'air ! »
Face à cet ordre de Sandra, les londoniens s'exécutèrent. Deux amis trônaient au milieu d'eux, ressortant à peine d'une époque à laquelle ils avaient failli mourir. Toussotant à cause des gaz en tous genres qui jaillissaient de la machine dont ils venaient de s'échapper pour de bon, ils ressortaient à peine de leurs émotions qu'une masse d'adolescents avait fondu sur eux avec son torrent de questions. Finalement, Emmy vint leur proposer deux chaises pour s'asseoir. Le duo n'eut pas à se faire prier pour s'effondrer sur leur siège.
« Nous l'avons fait... » souffla finalement le professeur d'archéologie, un maigre sourire incrédule sur le visage.
Claire hocha silencieusement la tête, tentant doucement de calmer son souffle haletant.
« Est-ce que ça va ? tenta Flora, se penchant déjà à nouveau sur les deux adultes essoufflés. - Je ne me suis jamais sentie aussi vivante... », sourit faiblement la scientifique.
Le gentleman voulut se relever, mais l'adolescente du futur se précipita vers lui pour le forcer à se rasseoir, sourcils froncés.
« Professeur, vous êtes épuisés. De plus, il devrait être pour vous dans les onze heures du soir. Nous, nous avons attendu ce matin avant de venir vous rechercher. »
L'homme au haut-de-forme voulut regarder l'écran de la machine à voyager dans le temps sur lequel se trouvait habituellement l'heure, mais la titanesque machine était éteinte. Comme si elle avait deviné le courant de ses pensées, Sandra reprit.
« Nous sommes le 3 avril 769, Professeur. Il est neuf heures quarante. »
Elle sembla réfléchir, puis reprit d'un ton incroyablement sérieux.
« Vous devriez dormir, tous les deux. Après tout, pour vous il aurait dû faire nuit. »
Le professeur et la scientifique voulurent refuser, mais tous les londoniens étaient du même avis. Finalement, l'adolescente du futur les conduisit dans une chambre, et en effet ils s'effondrèrent tous deux dans les lits qui leur avaient été proposés.
« De tous les imprévus que j'ai rencontrés avec la machine à voyager dans le temps, celui-ci était de loin le plus difficile à supporter. Vous avez bien mérité de vous reposer au moins quelques heures. » murmura la jeune lady avant de retourner auprès du reste du groupe.
Matthieu demanda cependant comment elle comptait créer ce fameux « virus informatique » si la personne qu'ils venaient de sauver et qui devait s'en occuper était en train de dormir à poings fermés.
« Ne t'inquiète pas. On ne dirait pas, mais en réalité nous avons tout notre temps. Et, de toute manière, je doute qu'ils puissent faire quoi que ce soit d'utile en étant aussi épuisés... - Dans ce cas, que pouvons-nous faire ? » demanda Luke.
Un de ses fameux sourires énigmatiques vint s'afficher sur le visage de l'adolescente du futur.
« C'est très simple. Nous pouvons déjà boucler la boucle, pour le moment. Nous n'avons pas besoin d'eux pour ça. »
Ses amis eurent beau lui demander ce qu'elle entendait par « boucler la boucle », mais aucune réponse valable ne put être obtenue, à leur grand désarroi. Elle avait déjà employé cette expression à plusieurs reprises, et ces mots avaient apparemment un lien avec les voyages temporels. Cependant, que pouvaient-ils désigner, plus exactement ? Sandra ralluma une seconde fois dans la journée la machine à voyager dans le temps, tapota sur le clavier de la mécanique chiffres et lettres en tous genres, puis se tourna finalement vers Zorua avec un sourire.
« Tu sais ce qu'il te reste à faire, n'est-ce pas ? » lui murmura-t-elle.
Le pokémon acquiesça et traversa le mur. Quelques maigres gerbes de fumée noires ou grisâtres s'en échappaient, signe qu'une explosion avait probablement eu lieu quelques minutes ou secondes auparavant. Flora se tourna vers l'étrangère et voulut lui demander à quelle époque la créature avait été envoyée, mais elle n'eut pour réponse immédiate qu'un ordre silencieux de sa part avant même qu'elle n'eût le temps de poser sa question. Cet ordre grave et sérieux demandait à elle comme aux autres de se taire également. Pourquoi donc ? Il n'y avait aucun moyen de le savoir. Il fallait juste attendre.
Des pas bruyants et aussi essoufflés qu'effarés retentirent de l'autre côté de la cloison blanche, dans le passé. Ils ralentirent, puis s'arrêtèrent pour laisser place à un cri à peine réprimé. Cette interjection semblait provenir d'un homme quadragénaire, qui apparemment venait de voir quelque chose qui l'horrifiait. Ou l'attristait profondément, puisque les londoniens purent distinguer des sanglots et de très légers bégaiements.
Une ambulance, ou plutôt un camion de pompiers passa, sonnant son alarme dans toute la salle, comme dans la rue qui se trouvait dans le passé.
La scène se prolongea plusieurs minutes, voire plus. Le temps semblait arrêté sur cette scène. L'inconnu était visiblement inconsolable, et continuait de verser toutes les larmes qu'il pouvait bien posséder.
Enfin, plus tard, le petit renard gris revint comme si de rien n'était à son époque. L'enfant du futur éteignit calmement la machine à voyager dans le temps.
« Sandra, maintenant pourrais-tu nous dire ce que Zorua et toi venez de faire ? - Nous avons juste bouclé la boucle. Personne, au moment de l'explosion, ne devait savoir que Claire serait sauvée. Il aurait donc été illogique pour eux de ne retrouver aucune trace d'elle. Et puis, Luke a bien dit que Dimitri l'avait vue morte. »
L'apprenti du professeur Layton crut comprendre où elle voulait en venir. Après tout, elle lui avait déjà montré quelques jours plus tôt.
« Tu as demandé à Zorua de simuler sa mort devant lui ? - Exactement. Comme ça, on peut vraiment dire que le cours du temps est intact. » sourit-elle.
L'assistante du gentleman fronça légèrement les sourcils.
« Ce n'est pas très gentil pour Dimitri. Lui faire croire exprès que Claire était morte, c'est cruel, surtout s'il l'aimait ! - Peut-être, Emmy. Mais il faut bien que le cours du temps soit intact. Et puis, c'est toujours mieux que de la laisser mourir pour de vrai, non ? »
La jeune adulte haussa les épaules. Elle ne pouvait pas lui faire changer d'avis, et de toute manière le « mal » était déjà fait.
« Sandra, reprit finalement Flora, qu'est-ce que cela signifie exactement, « boucler une boucle » ? - En vérité, la véritable expression que les amateurs de science-fiction utilisent dans leurs récits est « paradoxe de l'écrivain », parce que c'est l'un des deux principaux types de paradoxes temporels. »
Matthieu fronça les sourcils en entendant le mot « paradoxe temporel » et s'apprêta à parler, mais l'adolescente du futur s'expliqua.
« Cependant, ma mère et moi avons préféré appeler ce « paradoxe de l'écrivain » d'une autre manière, car ce n'est en vérité pas un véritable paradoxe. En fait, il est tout-à-fait logique. - Et d'où vient ce nom de « boucle à boucler » ? reprit Luke. - C'est bien sûr une boucle symbolique, mais lorsqu'on fait un schéma de ce genre de situation, on remarque tout de suite cette boucle. »
Au moment même où elle avait parlé de schéma, l'enfant s'était approchée du bureau et avait saisi une feuille de papier blanc et un crayon à papier. Commençant de tracer des traits, des lettres et des flèches, elle continua de s'expliquer.
« Le paradoxe de l'écrivain réside sur un principe très simple : un événement est sa propre cause. Autrement dit, c'est parce qu'un événement a lieu dans son passé qu'il peut se produire dans son présent. »
Comme les londoniens n'avaient visiblement toujours pas compris, elle esquissa un léger sourire avant de tracer une longue flèche horizontale le long de la feuille.
« Vous avez déjà vu des axes chronologiques, donc il n'est pas nécessaire de le décrire, reprit-elle calmement. Nous allons prendre l'exemple de la boucle que j'ai dû boucler avec le professeur. »
Elle sembla hésiter.
« Une boucle est un synonyme de cercle. Comme les cercles, les boucles n'ont pas vraiment de début ou de fin... Nous allons commencer par ce qu'il s'est déroulé à Dublin, ce sera plus simple pour vous puisque c'est de là qu'est le début apparent de l'affaire. D'abord, vous souvenez-vous comment nous nous sommes rencontrés là-bas ? - C'est toi qui nous as entraînés dans une petite ruelle, lorsque les pokémon ont attaqué pour la première fois, répondit aussitôt Flora. - C'est exact. Et, à votre avis, pourquoi vous ai-je entraînés avec moi ? »
Le silence se fit dans l'immense cave où était dissimulée l'immense machine. Les londoniens s'échangeaient de furtifs regards interrogateurs, sans aucune lueur de réponse. Au bout d'un temps, Sandra répondit à leur place.
« C'est parce que je vous connaissais déjà, et que je savais que je vous retrouverais à Dublin. - Mais comment est-ce possible ? » répliqua l'universitaire d'un ton pourtant neutre.
Sourire énigmatique, suivi de la réponse tant attendue.
« C'est vrai que, pour vous, nous ne nous étions jamais rencontrés. Mais c'est là qu'entre la logique du « paradoxe ». Car, dans mon passé, j'ai fait la connaissance du professeur alors qu'il errait à Entrelasque avec Nina. - En passant, interrompit Emmy, que faisait-elle avec le professeur ? »
Sandra baissa le regard en rougissant très légèrement.
« Eh bien, je... Lorsque je vous avais ramenés à Londres, j'avais comme le sentiment que vous ne seriez pas en sécurité, alors j'ai voulu la lui confier discrètement... Et puis, c'est aussi parce que j'avais vu auparavant qu'elle l'accompagnait. - En tout cas, c'était une bonne idée ! se réjouit Luke. Sans Nina, le professeur n'aurait peut-être pas réussi à s'en tirer ! »
La jeune lady acquiesça lentement, le regard dans le vide.
« Au fait, où en étions-nous ? - Tu disais avoir rencontré le professeur dans le passé, répliqua aussitôt Matthieu. - C'est vrai, reprit-elle. Pour moi, je le connais depuis pas moins de quatre ans. Mais, au moment où je l'ai rencontré, il me connaissait déjà, parce qu'il m'avait vue à Dublin. »
Le temps de réfléchir quelques secondes afin de comprendre ce que l'enfant venait de dire, un court et imperceptible silence passa.
« Mais toi, tu ne le connaissais pas encore, déduisit l'apprenti. - Bien sûr que non, sourit-elle. Mais c'est grâce à lui que je vous ai rencontrés. Et, de votre côté, c'est parce que je vous ai entraînés avec moi dans cette rue que vous m'avez rencontrée... »
Ayant compris en voyant les londoniens indécis que ses explications nécessitaient d'être plus claires, la jeune fille reprit après une rapide réflexion, tout en traçant des flèches supplémentaires sur son schéma.
« Pour résumer, j'ai voyagé dans le passé où je vous ai rencontrés. »
Elle traça deux petits traits marquant deux dates précises, puis les relia par un arc de cercle terminé par une flèche partant de celui de droite pour se rendre vers celui de gauche. Partant de son époque pour se diriger vers le 17 mars 1975, environ.
« Puis, plus tard, le professeur est venu dans mon propre passé (qui est votre futur) où il m'a rencontrée avant que je ne vous rencontre à Dublin. »
Elle traça un second arc partant cette fois-ci d'un troisième point un peu plus sur la droite par rapport au plus à gauche, et se dirigeant vers un autre légèrement plus à gauche que le second.
« Voilà. Au moment où le professeur m'a quittée, la boucle était bouclée pour lui. »
Se penchant sur le croquis griffonné d'une main rapide, les amis de l'archéologue durent avouer que, en effet, une belle boucle montrait les allers-retours dans le temps.
« Et c'est donc ça qu'Evelyne et toi appelez « boucles à boucler », conclut Emmy. C'est vrai que, vu sous cet angle, ça devient évident... Mais je ne comprends pas pourquoi c'est censé être un paradoxe... - Il y a plusieurs années, j'avais fait des recherches pour avoir la réponse à cette question, commença Sandra. En fait, c'est parce que, que cette boucle existe ou pas, les conséquences sont toutes deux logiques. Par exemple, si le professeur n'avait pas voyagé dans le temps et ne m'avait pas rencontrée, je n'aurais eu aucune raison de venir à votre rencontre à Dublin. Et vous n'auriez d'ailleurs jamais rien su concernant cette affaire. - Et Evelyne et toi l'auriez résolue seules », compléta Flora par déduction.
La dresseuse de pokémon fit la moue.
« Je ne sais pas si nous aurions réussi sans vous. Mais, si cela avait été le cas, en effet cette issue aussi aurait été logique. Et il n'y aurait pas eu de boucle temporelle. »
Les explications étaient terminées. Le silence retomba. Cependant, Luke avait une seconde question :
« Sandra, puisque le professeur t'avait dit que tu nous rencontrerais à Dublin, tu aurais dû savoir que nous saurions tout de toute manière, et tu l'as même dit. Mais je ne comprends toujours pas pourquoi tu as tant attendu avant de tout nous dire... »
Pour toute explication, l'enfant conduisit le londonien vers la machine, et lui présenta une petite fiche accrochée au-dessus de l'écran, sur laquelle une sorte de règlement était inscrit.
« 1°) Le voyage dans le passé ne doit servir en aucun cas à un but personnel, encore moins à changer le cours du temps. Celui-ci doit garder une stabilité que la recherche ne doit troubler, sous peine de créer un chaos innommable. 2°) Lors d'un voyage dans le passé, il faut éviter de côtoyer les habitants, sous risque de modifier le cours normal du temps. Se faire des amis est à tout prix à éviter. 3°) Ne jamais revenir deux fois à la même époque, au même lieu. Surtout si l'on a manqué à la règle n° 2. 4°) Ne jamais inviter de personnes originaires du passé dans leur futur. Ni même dans leur passé, de peur qu'ils ne le modifient. 5°) Surtout, ne jamais parler de l'existence d'une telle machine à qui que ce soit. »
Sandra avait baissé le regard le temps de laisser ses amis lire.
« Je vous avais déjà donné plusieurs raisons à Dublin pour lesquelles je ne pouvais pas vous le dire, mais j'avais oublié celle-ci. C'était surtout la dernière, la règle numéro cinq, qui m'empêchait de vous expliquer ce qu'il se passait réellement... - Je vois, réfléchit tout haut Emmy. Cela devait être difficile de vivre avec des gens qui voulaient à tout prix savoir avec l'interdiction de leur dire... »
L'enfant esquissa un léger sourire nerveux.
« Je ne vous le fais pas dire... »
« Tiens, à quoi sert cette boîte ? - C'est un four à micro-ondes, Flora. Grâce à ça, on réchauffe les aliments beaucoup plus rapidement, répondit Sandra avec un sourire. Alors, que faisons-nous pour ce midi ? »
Les deux amies étaient dans la cuisine, préparant ensemble le déjeuner. Tandis que l'une s'émerveillait devant tous les ustensiles de cuisine que son époque ne connaissait pas encore, l'autre lui détaillait le nom et l'usage de chacun. Les adolescentes s'entendaient à merveille, et chaque repas était de leur composition commune, tous réalisés dans la bonne humeur. De temps en temps, certains des londoniens passaient, leur demandant comment avançait leur travail, ou tout simplement pour tenter de deviner à l'odeur ce qui était pour le menu du repas à venir. Luke traversa en effet la salle cinq minutes plus tard, saluant les deux ladies avec un sourire. Cependant, il s'arrêta en fronçant les sourcils, se retournant vers l'adolescente du futur. Il avait visiblement remarqué quelque détail étrange.
« Sandra, je croyais que tu étais avec Claire, dans la cave ? »
La concernée ouvrit la bouche, hésitant pendant une fraction de seconde. Elle reprit aussitôt, mais pas assez rapidement pour que cette hésitation ne se fît pas remarquer.
« Non, non, Luke ! Je l'ai quittée il y a quelques minutes, pour aider Flora à préparer le repas... »
L'apprenti du professeur Layton prononça un « Ah, d'accord. » avant de sortir de la salle. Intérieurement, Sandra poussa un très léger soupir de soulagement. Cependant, la londonienne lui chuchota quelques paroles supplémentaires, qui la firent rougir d'embarras.
« Sandra... ça fait plus d'une heure que nous sommes ensemble. »
N'ayant pas remarqué que le professeur avait entendu d'une oreille distraite la remarque de son apprenti, elle bafouilla :
« Ah bon, tu crois ? »
« C'est parfait, Claire ! Décidément, vous m'impressionnez ! - Il faut avouer que j'ai eu du mal à tout saisir dans l'informatique de ton époque, mais je crois que nous y sommes... »
Sandra haussa malicieusement les épaules. Après tout, il était normal que la londonienne ne comprît pas totalement une technologie aussi avancée relativement à la sienne, et avoir réussi à créer un logiciel de piratage basé sur cette même technologie relevait de l'exploit. L'adolescente du futur était épatée.
« Nous n'avons plus qu'à mettre ça sur une clé, et à l'introduire dans la machine de Hundreï. Là, nous n'aurons plus qu'à le livrer à la police... » se réjouit-elle, le sourire montant jusqu'aux oreilles.
Le professeur Layton et ses assistants arrivèrent à leur tour dans la cave, heureux d'en avoir bientôt terminé avec une affaire qui durait désormais depuis pas moins de deux semaines. Les autres enquêtes des londoniens ne dépassaient généralement jamais les deux ou trois journées avant qu'elles ne fussent finalement élucidées. Deux semaines était décidément un délai bien trop long. Mais il s'agissait d'un autre côté d'un mystère bien complexe, et semé d'embûches qu'ils n'avaient pas encore eu l'occasion de rencontrer jusqu'alors, et qu'ils ne recroiseraient probablement jamais – et heureusement.
« Nous devrions nous dépêcher de neutraliser cette machine, conseilla l'archéologue. Maintenant que nous sommes prêts, nous ne devrions pas trop tarder... »
Sandra haussa les épaules en esquissant un de ses sourires énigmatiques, le regard sombre et brillant de secrets.
« Si vous voulez mon avis, nous avons tout notre temps. - Que veux-tu dire ? » s'étonna Emmy.
L'enfant ferma les yeux en étouffant un petit rire qui montrait que ce qu'elle s'apprêtait à dire était évident.
« Hundreï s'est emparé de ma mère en se servant de sa machine à voyager dans le temps pour être plus rapide que nous. Pourquoi ne pourrions-nous pas lui rendre la pareille ? Le temps de faire quelques préparatifs, nous irons cet après-midi. Pourquoi ne pas déjeuner en attendant ? »
Les londoniens réfléchirent puis acquiescèrent avant de sortir un à un de la salle. Cependant, le professeur d'archéologie resta sur place et demanda à l'adolescente du futur d'en faire autant, l'arrêtant dans son élan. Son air sérieux laissait penser qu'il avait fait une déduction suite à ce qu'elle venait de dire. La jeune lady se mordit la lèvre sans pour autant le montrer. L'homme au haut-de-forme se tourna vers l'une des nombreuses bibliothèques de la salle et sourit tendrement.
« Je sais que tu es là, Sandra. Pourquoi ne viendrais-tu pas, toi aussi ? »
L'enfant rougit, tandis qu'une autre sortait de l'ombre du meuble et s'approchait du londonien, tête baissée et écarlate comme une tomate. Les deux jeunes femmes se ressemblaient comme deux gouttes d'eau.
« Cela fait un moment que je me doutais que nous n'étions pas seuls dans cette maison. Et puis, tu me semblais en savoir beaucoup sur l'issue de cette histoire... Trop pour que ce ne soit que de la confiance en nous et ce que nous faisions durant cette semaine. »
Il regarda l'une et l'autre avec un sourire tendre. Il ne prenait pas un air d'adulte réprimandant de jeunes enfants, mais plutôt une mine compréhensive.
« Vous avez très bien caché votre jeu, toutes les deux. Pendant que l'une travaillait avec Claire, l'autre s'adonnait à d'autres activités, et visiblement personne ne l'a remarqué jusqu'ici. Cependant, vous vous ressemblez tellement qu'il serait difficile de dire laquelle de vous deux est plus vieille que l'autre. Il doit s'agir de quelques jours... une semaine, peut-être. »
Son sourire réconfortant gagna en intensité, bien que les deux alter-egos ne fussent toujours pas à leur aise. Cependant, elles acquiesçaient toutes deux à chacune des déductions de l'archéologue.
« L'une de vous deux a terminé de résoudre l'affaire, et a tout raconté à l'autre, n'est-ce pas ? »
Nouvel acquiescement silencieux.
« Il n'y avait pas de raison de le cacher. C'est peut-être une situation gênante, mais c'est tout de même mieux d'avoir la conscience tranquille, non ? »
Les deux sosies se regardèrent avant d'esquisser un imperceptible sourire d'acquiescement. L'adulte le leur rendit.
« Cependant, je n'ai toujours pas compris pourquoi vous êtes deux. Depuis quand est-ce ainsi ? - C'est justement parce que nous avons utilisé la machine à voyager dans le temps pour arrêter Hundreï, répondit l'une des deux – probablement la plus âgée. En fait, cela fait une semaine que nous avons intervenu. Mais quand nous sommes retournés ici, nous ne sommes pas retournés dans le futur. C'est pour ça. »
Le professeur Layton marqua une très légère pause de réflexion avant de reprendre.
« Dans ce cas, nous aussi nous aurions nos futurs ici ? - Non, Professeur, reprit la même en étouffant un très léger rire. Vous, vous êtes rentrés à Londres. »
Cependant, ce rire s'étouffa aussitôt, et elle se tut, baissant le regard. Le professeur Layton prit cette attitude en note, mais préféra ne pas en demander l'origine. De toute manière, il avait déjà une idée en tête pour l'expliquer.
« Sandra ? »
La concernée sursauta face à cet appel de Flora, puis lui demanda ce qu'elle voulait. Pour toute réponse, l'adolescente lui présenta un petit collier.
« Tiens, c'est pour toi. »
L'enfant du futur dévisagea sans comprendre le petit bijou que son amie lui tendait. Une petite chaîne dorée d'où pendait une sorte de feuille composée d'un superbe vert profond.
« C'est un trèfle. Tu en avais sur ton costume de Dublin, d'ailleurs. C'est un symbole de l'Irlande, je l'avais acheté là-bas peu avant que nous ne nous rencontrions. Je voudrais te le donner. »
La dresseuse de pokémon la remercia en l'enfilant, dévorant du regard le « trèfle ».
« Il paraît que c'est un porte-bonheur. Cela fonctionne mieux quand il a quatre feuilles, mais trois c'est tout aussi bien. Après tout, à ton époque cela ne change pas grand-chose. Qu'ils aient trois ou quatre feuilles, ils sont tous aussi rares... »
L'adolescente aux lunettes lui demanda tout de même pourquoi elle voulait lui offrir.
« Bientôt, nous en aurons fini avec cette histoire, alors... Autant que tu puisses garder un souvenir de— »
Elle ne termina pas sa phrase. Sandra s'était précipitée dans ses bras, la serrant du mieux qu'elle pouvait. En effet, une fois l'affaire terminée, les londoniens rentreraient à leur époque. Elle resterait à la sienne. C'était peut-être la dernière fois qu'elle la voyait. Certes, la présence de son futur à la même époque qu'elle montrait qu'elle avait encore une semaine avec ses amis. Mais ce n'était pas pareil, puisqu'elle serait obligée de vivre la même chose une seconde fois. Simplement d'un autre point de vue.
C'était peut-être pire que de ne pas les revoir du tout.
Flora hésita, mais finit par l'imiter et la serra dans ses bras de même.
« Merci, Flora... murmura l'enfant du futur, peinant de retenir ses larmes. Je te promets que j'en prendrai soin. »
Son alter-ego arriva, suivie des autres londoniens.
« Je pense que vous devriez y aller, maintenant, prononça gravement le futur de la dresseuse de pokémon. Je m'occupe de la machine. »
Tout en prononçant ces mots, elle s'était en effet dirigée vers la mécanique et l'avait allumée, commençant déjà de tapoter sur le clavier les coordonnées dont ils avaient besoin. Regardant son alter-ego, elle prononça :
« Et n'oublie pas : trois fois sept ? - Vingt-et-un ! » répondit aussitôt la concernée, un sourire en coin, ne prenant pas garde à l'incrédulité des londoniens.
Finalement, elle se tourna vers ceux-ci, un sourire légèrement triste sur le visage.
« Bon courage, reprit-elle. Ad... »
Elle se mordit la lèvre, se corrigeant aussitôt à contrecœur.
« Au revoir. »
Sitôt arrivés, une cage de métal tomba sur les londoniens qui n'eurent pas le temps de voir quoi que ce fût arriver. Dans un incroyable réflexe qu'elle ne comprit même pas, Sandra détala d'un seul coup, s'écrasant au sol juste à côté du tas de barreaux de métal qui venait de s'écraser littéralement sur ses amis.
Cela ne faisait plus aucun doute, ils étaient attendus. L'effet de surprise était tombé à l'eau.
« Eh bien, déjà de retour ? ironisa Hundreï qui se tourna tranquillement vers ceux qu'il venait d'emprisonner. Je ne vous attendais pas si tôt. »
L'adolescente grinça des dents, exigeant de voir sa mère. L'homme le plus riche du monde ricana et claqua des doigts, faisant apparaître en effet la scientifique, ligotée par une toile de migalos et « escortée » d'une bonne dizaine de pokémon. Le regard bas, la jeune lady ne semblait vouloir dire qu'un « Désolée » à ses amis.
Hundreï dirigea son regard sur sa seule rivale encore libre.
« Sandra, je te propose un marché. Je suis sûr que c'est toi qui as ce virus informatique sur toi, je me trompe ? »
De plus en plus nerveuse, l'enfant lui fit signe de la tête qu'il n'avait pas tort. Elle sortit une clé USB de sa poche et la présenta, bien visible. Claire enfonça sa tête dans sa main, et les londoniens soupirèrent silencieusement. Ils devinaient parfaitement comment cela allait terminer. Très mal.
« Si tu me donnes cette clé, je vais tous vous libérer, et vous aurez une place d'honneur dans ce monde que je vais faire revivre. »
L'adolescente du futur ne bougea pas, et semblait décidée de ne pas ciller.
« Tu sais ce que j'ai derrière moi, n'est-ce pas ? - Une machine à voyager dans le temps, rétorqua-t-elle aussitôt. - Exact, reprit-il en allumant la mécanique en question, qui poussa un vrombissement résonnant dans toute la salle blindée. Et, à ton avis, que pourrais-je faire avec ça ? »
Elle s'apprêtait à répondre ce qu'avait dit le professeur Layton, lorsqu'elle prit attention au ton qu'avait pris Hundreï Sarl.
Il attendait une autre réponse. Son sang se glaça.
« Je crois que tu as deviné. Je pourrais sauver ton père. Je pourrais demander à mes pokémon d'empêcher leur passé de le tuer. Je veux bien le faire. Mais je veux que tu me donnes cette clé. Maintenant. »
C'en était trop. L'enfant se mordit la lèvre. Si son père n'était pas mort, que se serait-il passé ? Elle ne serait jamais allée à Unys. Elle n'aurait jamais rencontré Koga et sa bande. Elle ne se serait jamais réfugiée dans ses études. Elle n'aurait jamais subi toutes ces railleries. Elle aurait encore connu de bons souvenirs avec son père. Elle aurait gardé ses amis d'Autequia.
Elle aurait gardé tout ce qu'il y avait de bon dans sa vie. Elle aurait gardé sa vie. Et il lui offrait ça sur un plateau. C'était une tentation trop forte. Elle ne réfléchissait plus. Elle pensait, seulement. A une seule chose. Elle ne pensait plus qu'à son père.
Elle fit un pas.
« Sandra, ne fais pas ça ! » cria Flora, désespérée.
Un deuxième.
Evelyne lui lança un regard suppliant, mais savait qu'il était inutile. Il n'y avait rien de plus précieux pour sa fille et pour elle que son père, et son mari. De toute manière, elle ne l'avait même pas vue, n'ayant désormais d'yeux que pour celui qui lui proposait un tel marché.
Elle continua, lentement, comme obsédée par la machine et l'homme qui lui faisaient face. La clé USB pendait lamentablement par sa chaînette, tenue fermement et mollement à la fois dans sa main droite qu'elle tendait devant elle.
Elle se trouva face à celui qui avait détruit sa vie, et qui pouvait la lui rendre. Bras droit tendu devant lui. Clé USB portant tous les espoirs de ses amis dans la main droite.
Soudainement, l'adulte s'en saisit fermement, jeta violemment le petit outil technologique au sol et le piétina d'un simple mouvement de pied bien placé. L'enfant le fixait d'une manière neutre, telle une statue. Lorsqu'il releva les yeux et les plongea dans son regard noir ébène, il esquissa un effroyable rictus mauvais.
« Pauvre idiote. »
Clive Dove
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 7 Aoû - 23:23
Pour le passage des adieux tu as privilégié plutôt un style neutre dans la fond non ? Parce que j'ai l'impression que tu pouvais encore plus dramatiser les choses XD ( bon en même temps tout ceci n'est qu'une sorte de mise en scène... Sauf pour le Layton du passé bien évidemment U__u ) Beaucoup de suspense et de tension dans ce dernier chapitre !! Comme toujours j'ai hâte de voir à quoi tout ceci va aboutir...
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Jeu 9 Aoû - 0:59
Eh bien tu es recompense ! J'ai reussi a piquer pour une heure l'AZERTY qu'utilise mon frere a temps plein, et j'ai pu boucler le chapitre suivant ! :3
(Par contre, pour trouver le temps d'ecrire mon Reveil... ca va etre plus dur. Passque sa grande soeur ecrit des "romans", mon frere veut suivre... Et bien sur, il veut que je l'aide... Mais comment aider un frere qui a une orthographe a crever les yeux, qui n'a aucune notion de redaction parce qu'il est encore en primaire et qu'il n'a rien etudie de l'art d'ecrire ? Je vous le demande, surtout que je ne suis franchement pas bonne pedagogue concernant l'ecriture de romans, entre les "ca ca va pas ca ca va pas ca ca va pas..." et les "euh, oui oui c'est tres bien ! (en pensant "Omg..." D:)" ... <.<')
Bref, va falloir etre patient pour ca, car mon frere n'est pas du genre a vouloir partager le seul et l'unique AZERTY que nous avons emmene aux USA, comme vous pouvez le voir a ce manque flagrant d'accents et peut-etre l'oubli que le A et le Q sont inverses, comme le M et le point virgule etc...
Bref. Vala le chapitre. :3
Chapitre XLIV – Dernier voyage
Spoiler:
« Les humains disent que le temps passe. Le Temps dit que les humains passent. » Proverbe sanscrit
« Pauvre idiote ! répéta-t-il fièrement et cruellement. Tu croyais vraiment que je ferais ça pour toi ? »
Sans répondre, Sandra sortit une autre clé USB de sa poche et l'enfonça dans le port USB de la machine déjà allumée. La petite lumière au bout de l'outil commença de luire.
« Pas une seule seconde. », prononça-t-elle gravement, sans le regarder.
Incrédule, Hundreï fixait cette seconde clé avec des yeux abasourdis.
« Vous croyiez vraiment que je vous croirais, dans vos histoires stupides ? » ironisa-t-elle en portant cette fois ses grands yeux noir ébène pleins de haine sur l'homme.
Les londoniens soupirèrent de soulagement. Tel était pris qui croyait prendre. Flora s'évanouit dans la cage à cause de la violente émotion qui l'avait frappée, aussitôt rattrapée par Emmy. Finalement, ils avaient réussi. Le virus informatique pénétrait dans l'unité centrale de la machine à voyager dans le temps, petit à petit. Ne restaient plus que quelques minutes avant que, définitivement, la mécanique ne fût neutralisée pour de bon.
« Si vous vouliez vraiment que mon père soit encore vivant, il fallait y réfléchir à deux fois, Monsieur Sarl. Mon père ne peut plus être sauvé sans que le temps n'en soit modifié, puisqu'il y avait des témoins lors qu'il était en train de mourir. Et vous le savez aussi bien que moi. »
Elle grimaça. Parce qu'elle eut préféré qu'il en fût autrement.
« C'est trop tard pour changer d'avis, Monsieur Sarl. Beaucoup trop tard. »
Le concerné regardait encore bêtement les débris de la clé USB qu'il venait d'écraser. N'avait-il donc toujours pas compris l'évidence même ? Ou plutôt, il refusait de comprendre. Il ne le voulait pas. Il était si près du but !
« Vous aviez demandé de me donner une clé USB, Monsieur Sarl. Je vous en ai donné une. Mais je ne me souviens pas que vous ayez demandé en particulier celle qui contenait le virus informatique... Je vous ai donné celle qui me tombait sous la main. Une vide, en l'occurrence. Ce n'est pas une bien grande perte. »
Sandra était décidément une reine du mensonge par omission. Elle esquissait un rictus nerveux. Montrant qu'ils avaient réussi, et qu'il avait échoué, mais également que cela lui rappelait qu'elle avait pleinement perdu son père.
L'homme le plus riche du monde tremblait de rage. Il s'était fait avoir par une enfant. Une gamine ignorante et insolente, de plus. Il s'était fait piéger par de simples paroles. De même qu'il pensait la piéger. C'était évident : il s'était fait prendre à son propre jeu, ce qui ne faisait que croître sa haine. Envers cette impertinente qui se moquait de lui, envers les londoniens du passé qui l'accompagnaient, envers son échec, envers lui-même. Comment avait-il pu se laisser prendre aussi facilement ? Comment avait-il pu la laisser le piéger aussi facilement ?
Avec un peu de chance, le virus informatique n'avait pas encore achevé son travail. Bousculant la petite effrontée qui lui faisait face, il se précipita vers le clavier de la machine, tapant le plus rapidement possible sur les différentes touches de la machine.
« Puisque vous ne voulez pas sauver ce monde, alors je ne le sauverai pas ! » cria-t-il.
Il en devenait fou. La folie l'atteignait, par la rage de ne pouvoir accomplir son rêve.
Il appuya finalement sur la touche « Entrée », se précipitant vers le mur en ordonnant à ses pokémon d'en faire autant avant que quiconque ne pût les en empêcher. On l'entendait hurler aux créatures de détruire Dublin, cette fois pour de bon. De tout détruire. Tout ce qui pouvait bien croiser leur chemin. Tous blêmirent. Ils ne pouvaient plus l'en empêcher, car déjà la date semblait avoir changé. Le passage vers le passé paraissait se stopper à une époque, avant de sauter vers une autre – les bruits originaires du passé le prouvaient – au bout de quelques secondes.
Sandra, une fois relevée et à peu près remise de cette violente bousculade, se précipita vers l'écran afin d'en voir les données. La date qui avait été celle où s'était retrouvé l'adulte du futur et ses créatures était restée inscrite, bien que celles correspondant à l'époque qui pouvait être accessible sur le moment ne cessait de changer à toute allure. L'adolescente baissa le regard, semblant avoir compris quelque chose de plus grave encore que ce qu'ils croyaient tous.
« Il n'est pas à Dublin, prononça-t-elle gravement. Le virus modifie constamment les données, et il est très loin de votre époque. »
Elle annula le voyage temporel, laissant cependant la machine allumée afin que le virus pût achever tranquillement son travail. Puis, elle sortit ses pokémon afin de l'aider à libérer ses amis. Luke reprit aussitôt hors de la cage métallique.
« Mais alors, à quelle époque est-il ? »
L'adolescente du futur baissa de nouveau le regard. Elle se mordit la lèvre. Elle n'avait pas envie de lui répondre, mais il le fallait bien. Après tout, ils étaient finalement les premiers concernés.
« Je préfèrerais que vous le deviniez vous-même. Après tout, cela vous concerne plus que Maman et moi. »
Le professeur d'archéologie se prêta au « jeu », amassant les données qu'il avait à disposition. L'époque changeait constamment, à une grande vitesse. Ainsi, bien qu'Hundreï eût probablement écrit les bonnes données, – c'est-à-dire 1975 –, la machine ne l'y avait pas envoyé, à cause du virus qui continuait d'agir. Cela devait être une époque plus « récente », puisque dans le cas contraire il eut été plus tôt question d'une apparition mystérieuse d'un homme qui voulait tout détruire avec d'étranges créatures, ce qui n'était visiblement pas le cas. Puisque la machine à voyager dans le temps n'était pas conçue pour se rendre dans le futur – et puisque Sandra affirmait ne pas être concernée, elle comme sa mère –, il devait s'agir d'une époque antérieure à celle où ils se trouvaient sur le moment, lui et ses assistants. Une époque entre la sienne et celle où il se trouvait. Et où il eut été question d'un quelconque attentat de la part d'un homme seul. Etant donné que l'adolescente du futur lui demandait de deviner lui-même, c'était qu'il en était capable. L'enfant ne disait jamais rien sans raison. Elle ne posait jamais de questions à quelqu'un dont elle savait qu'il ne pouvait avoir la réponse.
Non, cette époque, il en avait déjà entendu parler. Il en avait déjà été question durant l'affaire. Et l'homme au haut-de-forme savait parfaitement de laquelle il était question. Il abaissa un regard grave.
« L'an zéro, n'est-ce pas ? »
Soupir tendu. La dresseuse de pokémon marqua une pause grave, rendant inutile ses paroles suivantes.
« On ne peut rien cacher au professeur Layton. Une fois de plus, c'est exact. »
Flora commença enfin de remuer les paupières, puis se réveilla. Emmy se réjouit légèrement. Evelyne Kotino termina de se débarrasser de ses derniers fils de migalos, aidée de Blaze. Finalement, elle prit la parole pour une première fois depuis longtemps.
« Nous n'avons plus rien à faire ici. Nous devrions prévenir la police... - Pas encore, répliqua aussitôt Sandra. Nous avons encore une boucle à boucler avant que le monde sache. »
Les londoniens acquiescèrent, expliquant en détail comment s'était en réalité déroulé la semaine qui était finalement à venir.
« Je vois... Mais, dans tous les cas, nous devrions rentrer. - Evelyne, reprit Matthieu. Durant cette semaine, nous ne vous avons pas vue du tout. Comment comptez-vous passer inaperçue ? »
La scientifique du futur haussa les épaules en esquissant un léger sourire montrant que la réponse était pour elle évidente.
« J'ai plusieurs amis chez qui je pourrai bien séjourner. Je peux bien leur expliquer avant l'heure, ils comprendront. Après tout, nous avons des preuves plus ou moins convaincantes. »
Cependant, l'apprenti du professeur Layton ne semblait toujours pas avoir compris où son mentor voulait en venir à propos de sa déduction, et il leur demanda, à lui comme à Sandra, d'être plus explicites. L'enfant du futur soupira une fois de plus, mais se décida d'accéder à sa requête et de lui donner les détails.
« Hundreï a demandé à ses pokémon de s'attaquer à tout ce qui pouvait croiser leur chemin. Et, probablement sans le vouloir, ils ont tenté de s'attaquer à quelqu'un en particulier, en l'an zéro... »
Le jeune londonien lui demanda silencieusement de s'arrêter là, l'air grave. Il en savait désormais assez, et s'imaginait tout-à-fait la suite. Il n'avait désormais plus besoin de l'entendre.
« Dire qu'il voulait « sauver » notre monde... En fait, c'est lui qui est la cause de son anéantissement, sans le vouloir... »
Sandra baissa sa tête à la mine tendue, dévorant le sol blindé d'un regard qui avait perdu, une fois de plus, tout éclat de malice et de mystère.
« Le Temps est parfois bien cruel, et ironique... Et injuste, aussi. »
« Trois fois sept. »
Une silhouette sursauta, puis se retourna vers l'origine de ces trois mots. Elle esquissa un sourire, contemplant l'enfant qui lui faisait face, puis murmura :
« Vingt et un. J'étais sûre que ce code servirait un jour. »
Les deux Sandra se dévoraient des yeux, en riant comme deux complices d'une affaire qui devait rester secrète. Voyant les londoniens incrédules, celle qui les accompagnait se décida de leur expliquer en quoi une simple multiplication pouvait être un « code ».
« Vous savez que, dans certains cas lors de voyages temporels, on peut être amené à rencontrer son passé, ou son futur. Mais, on ne sait jamais, il peut toujours y avoir des imposteurs. »
Le professeur Layton et son apprenti se souvinrent parfaitement de l'affaire des pseudo-voyages temporels qui avaient détruit une partie de Londres en l'an 1973. Clive, en effet, avait failli réussir parce qu'il s'était fait passer pour le futur du jeune Luke.
« Si jamais un jour je rencontre quelqu'un qui me ressemble, pour être sûre que c'est bien mon futur – car si c'est mon passé, je devrais m'en souvenir –, eh bien j'ai créé un code. La Sandra du futur doit demander combien font « trois fois sept », et celle du passé doit répondre « vingt-et-un ». N'ayant jamais noté ce code sur quoi que ce soit, je peux être certaine de ne pas être face à un imposteur. - Et si jamais ton soi-disant alter-ego commence par dire que c'est ton futur, déduisit Emmy, tu peux être certaine qu'elle ment. C'est malin ! »
Les deux adolescentes du futur rirent d'un même son cristallin et enfantin, esquissant la même mine de plaisanterie.
« Merci du compliment ! » répliqua la plus jeune en rougissant très légèrement.
Courte pause.
« Il est déjà tard, vous savez, reprit la même. - Peut-être, mais nous devons nous rendre à Londres, répondit aussitôt son alter-ego. Il y a une dernière boucle à boucler là-bas... »
L'autre adolescente du futur haussa les épaules.
« Comme vous voulez. De toute manière, je crois que nous manquons déjà de chambres pour vous tous... »
Elle s'était déjà approchée de la seule machine à voyager dans le temps qui restait et l'avait allumée.
« Bonne chance. Vous savez ce que vous allez faire ? - Pas encore. Mais nous trouverons vite, je pense. », prononça le professeur d'archéologie.
Souriante, elle leur présenta l'endroit d'où les londoniens pourraient rentrer chez eux. La Sandra du futur les suivit, un imperceptible sourire énigmatique aux lèvres.
Elle l'avait, l'idée.
A suivre ~
Je ne peux m'empecher de me dire que Sandra est une... meychante. Pour le coup de la cle. xD
Janice Quatlane
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Ven 10 Aoû - 16:22
Moi aussi, j'ai commencé à en écrire une, donc voilà : "Janice s'arrêta devant la porte de sa maison. Dire que ça lui été arrivé, cette incroyable aventure... Elle venait tout juste de rentrer d'Ambrosia. Cette affaire suscitait beaucoup de polémique. Personne n'aurait imaginé que le compositeur de génie, Oswald Whistler été de mèche avec Jean Descole, le scientifique, pour faire revivre sa fille. Mais Descole avait kidnappé Janice-qui été Mélina, puisque à l'insu de son père de celle-ci, l'expérience sur le Détragant, un instrument de musique, avait marché, car Janice lui avait cédé son corps-qui, grâce à l'ode à la mer (qu'elle seule connaissait), ainsi que l'ode aux étoiles joué au piano pouvait faire revivre Ambrosia. Mais il manquait une dernière clé : l'ode au soleil. Le professeur Layton avait prouvé à Descole qu'il lui manquait une clé, mais tout s'était bien fini, et Mélina avait rendu son corps à Janice. Mélina Whistler était la meilleure amie de Janice. Elle l'avait convaincu de l'immense capacité qu'elle avait en la musique. Malheureusement, une maladie pour laquelle elle était sous traitement, avait fini par l'emporter. Janice avait beaucoup parlé à son amie du professeur Layton. Juste avant de mourir, Mélina avait offert son collier à Janice, que celle-ci portait toujours autour du cou. C'était la chose la plus importante à ses yeux. Elle ne s'en séparait jamais. A la suite de cette incroyable aventure, Oswald Whistler, le compositeur, avait été emmené en prison par l’inspecteur Grosky de Scotland Yard. Descole, lui, avait disparu. Personne ne savait où. Le professeur Layton l’avait vu tomber dans le vide, mais ne l’avait pas revu. Le professeur lui avait montré qu’il avait encore gagné. Janice soupira. Elle éprouvait une grande admiration pour lui. Elle avait été son élève et son assistante pendant longtemps, avant que Mélina ne lui fasse prendre conscience de l'énorme potentiel qu'elle avait en chant. Dès lors, sitôt ses études finies, elle s'était consacrée à la musique. Janice connaissait Luke. Le professeur le lui en avait parlé. Il restait toujours en contact avec elle. Janice n'en voulait pas à Luke d'avoir pris sa place, même si, secrètement, elle espérait bien la lui reprendre... Janice rentra chez elle, en décidant de prendre un repos bien mérité... Le lendemain, on frappa à la porte. Janice lisait le "London Times" , le journal anglais. Elle se retourna. Il était 10h. Qui pouvait bien lui rendre visite ? -Entrez ! Cria t-elle. -Janice ? C'est Hershel, lança le professeur Layton. -Professeur Layton ? Bonjour, ravie de vous revoir ! Vous voulez du thé ? Janice faisait très bien le thé. Le professeur, pour en être un très grand amateur, le savait très bien. -Avec plaisir. Je venais savoir si tout allait bien, après cette aventure, répondit le professeur. -Tout va bien, professeur. Je vous remercie, c'es très gentil, fit Janice en souriant. Janice regarda le professeur Layton, tout en se rappelant ses souvenirs lorsqu’elle était son assistante. Quel bonheur ! Il était gentil, calme, et gardait toujours son sang-froid. -Je n'ai pas trop le temps de discuter, Luke et Emmy m'attendent.Mais passe donc demain, déclara t-il, après avoir bu son thé. Emmy Altava était une assistante du professeur. Forte en arts-martiaux, et excellente en photographie, elle ne se séparait jamais de son appareil. Janice se demandait si le professeur appréciait vraiment ses méthodes... Janice fut surprise de ne pas voir Luke avec le professeur. D'habitude, il ne le quittait jamais. -Luke n'est pas avec vous, professeur ? demanda Janice. -Ho, il m'attend à Greeshenheller, avec Emmy. Bon, au revoir et à demain, Janice. Prend soin de toi, fit le professeur. Et il disparut. Greeshenheller était l'université où le professeur enseignait. Janice y avait suivi ses études. Cette dernière s'inquiétait. Elle faisait comme si tout allait bien, mais elle le savait, ce n'était pas vraiment le cas. Elle sentait qu'il fallait qu'elle retourne à Ambrosia. Durant cette affaire, l'attention s'était concentrée sur Mélina. Cependant, Janice sentait qu'elle même avait un lien avec cette mythique cité. Elle ne savait pas pourquoi... Il fallait qu'elle se rende là-bas, à Ambrosia. Oui, elle devait y aller. Janice sortit dehors pour essayer de retrouver le professeur Layton, afin de lui demandait si il pouvait l’accompagner, mais il avait disparu...De toute façon, il était attendu par Emmy et Luke à l’Université. Janice se rendit compte qu’elle allait devoir y aller seule. Qu’importe ! Elle avait un lien avec Ambrosia, est était décidée à le trouver. Mais Ambrosia était une l’île… Elle se rendit alors à la capitainerie du port, pour demander une barque. Elle était sombre, et seules deux et trois lucarnes laissaient passer la lumière. De plus, la capitainerie sentait un peu...fort. Les fumées des pipes des marins additionnées aux odeurs de la mer produisaient un air pour le moins irrespirable. Janice s'adressa à un vieux marin : -Bonjour, monsieur, je...commençai Janice -Ah, ma p'tite dame, moi c'est l'capitaine, déclara ce dernier en envoyant dans l'air de la fumée. Vous v'lez quoi ? Ajouta t-il, l'air méfiant. -Bonjour, monsieur le capitaine. Je voudrais louer une barque. C'est possible ? demanda Janice. Le capitaine explosa de rire, à un tel point, qu'il devait se tenir les côtes. Ses collègues en vinrent à lui demander de se taire. -C'est une blague ? Vous êtes drôle dans votre genre, pouffa le marin. -Ce n'est pas une blague, j'aimerais louer une barque. Je veux me rendre sur l’île d’Ambrosia. J'ai assez d'argent, si c’est ce qui vous gêne ! S'exclama Janice, indignée au plus au point. -Heu, on ne loue pas de barques à des clients comme, vous, mademoiselle, fit le marin en insistant sur ce dernier mot. Il ne fallut pas deux secondes à Janice pour comprendre. -C'est parce que je suis une dame, c'est ça ? Mais allez dites-le ! Explosa Janice. -Vous ne seriez pas...Mlle Quatlane ? demanda le marin, qui venait de prendre une coupure de presse. -En personne, pourquoi ? Demanda Janice, encore coléreuse. -Ho, Mlle Quatlane, je suis sincèrement désolé pour ce contretemps, veuillez m'en excusez, je suis terriblement confus. Nous allons vous louez notre meilleure barque. -Ah, je vous remercie ! Combien vous dois-je ? demanda Janice -Un autographe, et une chanson, s'exclama le marin, des étoiles plein les yeux. Elle ne s'attendait pas à ce qui s'était passé ! Dès qu'elle en fût (enfin) en sa possession, elle mit la barque à l'eau et sauta dedans. Elle prit ensuite les rames brunes et sombres et rama avec énergie. Enfin, elle atteignit Ambrosia. Elle posa pied sur une fine plage de sable blanc. La table blanche avait disparu. Janice resta des minutes à contempler la mer. Quelle beauté...Et quelle splendeur. Mais elle ne pouvait pas rester ici éternellement. Elle décida de se relever et d'aller s'aventurer dans la même forêt qu'hier, sur le même sentier qu'il avaient parcourus pour échapper aux loups. Tout lui était si familier... Enfin, elle distingua le bout de la forêt et là, une immense tristesse l'envahit. Le château de son amie était en ruine, réduit en cendres. Dire que Descole avait pu oser faire ça... De ce fait, la tristesse laissa place à une colère. Une colère envers ce scientifique masqué, sans scrupules. Elle ne voulait plus le revoir. Il semblait avoir disparu, et Janice espérait que c'était vrai, mais malgré tout, elle avait encore des doutes. Elle ne savait pas si il avait vraiment disparu, où s’il attendait le moment opportun pour refaire son apparition. Janice décida de continuer son périple dans la jungle. Elle passa devant la cabane en bois dans laquelle elle s'était réfugiée contre les loups."
Pour l'instant je travaille la suite...
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Sam 11 Aoû - 3:14
Alors, massacr... Euh, critique habituelle ! Oublie l'autre mot que j'allais te dire, ce n'est rien ! /o/ *Oui oui, chacun y a droit*
Alors, niveau orthographe... Euh. Les fautes qu'il y a sont pour la plupart plutôt flagrantes. Comparé à ta fiche, c'est parce que tu as écrit ça à un moment où ton attention était reportée ailleurs, ou à cause d'une fatigue quelconque ? "été" au lieu de "était", cela ne pardonne pas... %)
L'expression : c'est bien, mais certaines phrases ont un sens... énigmatique. Peut-être un peu à cause des fautes, mais lorsqu'il y a deux idées différentes dans une même phrase, il vaut mieux les séparer. Car là ça rend ton récit un peu saccadé, difficile à lire.
Oh, et pense aussi à aérer ton texte. Peut-être que moi je le fais trop et que c'est pour ça que ça fait bizarre de passer d'un extrême à l'autre, mais bon. %)
Niveau cohérence, rien à redire, on voit que au moins tu sais ce que tu racontes. Ce n'est que le texte écrit qui est un peu plus confus, mais il est indéniable que l'idée que tu as en tête est tout de même claire et précise. :3
En passant : Chapitre XLV – À faire classer
Spoiler:
« Ce n'est que lorsque la chenille pense que c'est la fin des temps qu'elle devient un papillon. » Proverbe anglais
« Et cette personne, c'est vous ! »
Tous les regards furent portés sur une jeune adolescente qui se trouvait au beau milieu de la foule de Londres, tête baissée. Des murmures de protestations et des exclamations abasourdies ou indignées retentirent dans toute la place. Comment une enfant d'à peine quinze ans pouvait-elle être la cause de l'affaire encore non classée des B.N.I. ? Comme pour confirmer l'absurdité de cette accusation infondée, la concernée sursauta brusquement en voyant cet index qui la pointait bien visiblement, et ne put qu'avec difficulté en détacher ses yeux interrogateurs pour finalement les présenter à celui qui l'accusait ainsi, sans aucune raison apparente.
« Enfin, Professeur... Comment pourrais-je faire ça ? Et pourquoi ? »
Le gentleman abaissa son bras, gardant cependant une mine grave et ne quittant plus des yeux la jeune lady.
« Tu es la seule personne qui sache se faire obéir des B.N.I., Sandra. Et leurs agissements sont bien trop organisés pour qu'ils soient sauvages. De toute manière, ils ont été créés par des hommes, ce qui écarte définitivement cette possibilité. »
Il marqua une légère pause, qui pourtant ne faisait qu'augmenter la pression qui pesait sur la place londonienne.
« Non, les B.N.I. obéissent à quelqu'un. Et, comme je l'ai déjà dit, tu es la seule personne qui sache se faire obéir d'eux. C'est bien une preuve, n'est-ce pas ? »
Le brouhaha environnant reprit autour d'eux, prenant cette fois la défense du professeur d'archéologie. C'était logique, finalement. L'origine de tous ces problèmes ne pouvait être qu'elle, c'était certain. L'adolescente du futur baissa à nouveau la tête, esquissant petit à petit un effrayant rictus, puis un imperceptible rire nerveux.
« Il vous en a fallu, du temps. Mais j'aurais dû me douter que vous sauriez tout ça un jour... »
Elle étouffa son léger rire plein de dents blanches, puis continua.
« Ce n'était qu'une question de temps. »
Elle insista sur le mot « temps », mais personne n'y prit garde. Il ne s'agissait que d'un petit clin d'œil aux voyages temporels qui n'était destiné qu'à ceux qui savaient, rien de plus. Le détective s'apprêtait à exposer les fausses révélations qu'ils avaient tous concoctées afin de cacher la vérité au passé, mais l'inspecteur Chelmey lui fit comprendre que ce n'était pas nécessaire. Un interrogatoire au commissariat s'imposait, et pouvait aisément mettre à jour des réponses de la part de la suspecte, de manière rapide et directe. De plus, étant donné qu'il s'agissait d'une enfant, elle pouvait se montrer plus volubile que la plupart des criminels notoires qui avaient autrefois eu le malheur de croiser sa route.
Sandra se laissa conduire au poste, en silence. Au fur et à mesure que les nombreux uniformes bleu foncé de Scotland Yard disparaissaient de la place, la foule se dissipa. Le spectacle était terminé, les seules réponses supplémentaires qu'ils pourraient obtenir ne seraient publiées que dans la une du prochain numéro du London Times, ou tout autre journal londonien – ou d'ailleurs de n'importe quelle autre nationalité. Plus personne n'avait de quelconque raison de rester ainsi sur cette place dans laquelle plus rien ne se produirait.
Un perroquet vert émeraude s'éloigna à tire d'ailes dans la direction des policiers. Ses yeux luisaient faiblement d'une petite lueur rougeâtre.
« Professeur, reprit soudainement Flora, nous devrions rentrer. Il va être cinq heures. »
Le gentleman acquiesça avec un sourire léger, et le groupe commença à s'éloigner. Cependant, un scientifique les arrêta dans leur élan, un paquet de vieilles feuilles jaunies par le temps dans les mains. Dimitri Allen avait apparemment terminé de vérifier ses calculs concernant la machine à voyager dans le temps qu'il avait construite, et semblait se poser quelques questions. Il fallait passer à la deuxième partie du plan : « Affaire des voyages temporels à faire classer dans le passé ».
« Vous tombez bien, Hershel. Il y a un mystère concernant ces plans que je n'arrive pas à m'expliquer... »
L'homme se tourna vers Claire et lui présenta une à une les feuilles qu'il portait, lui montrant tout particulièrement certaines lignes de textes à peine lisibles, certains schémas, certaines équations. Il s'agissait bel et bien des plans de l'appareil qui avait causé tant de soucis quelques années auparavant, mais le scientifique affirmait n'avoir jamais aperçu ce qu'il présentait à son assistante. Ô hasard, ces lignes mystérieuses aboutissaient en effet à une seconde réaction de la mécanique, qui permettait à la jeune femme d'avoir voyagé dans le temps une seconde fois, de manière sûre et sans effet secondaires cette fois-ci. Même si cela paraissait complètement inconcevable, les calculs étaient bel et bien exacts, et prédisaient le retour incongru de la jeune femme.
« Ce sont bien les plans de la machine, mais pourtant je ne me rappelle pas avoir vu tout ceci... »
L'amie du professeur Layton feignit d'être sceptique face à cela. Les légères modifications d'Evelyne Kotino ne devaient pas paraître suspectes. Il fallait à tout prix le convaincre qu'elles avaient toujours été présentes, si elle voulait rendre plausible – et non suspecte – sa réapparition mystérieuse à une époque dans laquelle elle était supposée morte depuis presque douze ans.
« Mais si, Dimitri... Tu ne te souviens pas ? Après tout, c'était il y a bien longtemps pour toi, ce n'est pas étonnant que tu aies oublié... »
Les londoniens se contentaient de regarder les deux scientifiques discuter et parler d'un sujet qui les dépassait complètement. Au bout de plusieurs longues minutes de paroles pour lesquelles la question de la langue pouvait se poser, Dimitri acquiesça machinalement, complètement médusé. Il salua distraitement le groupe avant de repartir, plongé dans ses réflexions sans aucun aboutissement constructif, à son grand désarroi.
« Il y a tout de même quelque chose qui m'échappe... » murmura-t-il pour lui-même tandis qu'il parcourait une petite avenue.
Une jeune adolescente brune vint rejoindre ses amis, regardant comme eux l'homme s'éloignant d'un pas lent et distrait avec un sourire à la fois moqueur et innocent. Emmy ne bougea pas, ne le quittant pas des yeux, mais elle lui prêta quelques paroles montrant son scepticisme. Il y avait un risque que le scientifique ne se fiât plus à sa raison et sa logique qu'aux apparences. Et le plan tomberait inéluctablement à l'eau si c'était le cas.
« Dire que la machine a fonctionné à deux reprises avant d'exploser est tout de même un peu tiré par les cheveux, répliqua-t-elle. En plus, que la première mène à une « instabilité moléculaire » et pas la seconde semble complètement absurde... »
Sandra haussa les épaules en faisant la moue.
« Peut-être. Mais je ne crois pas que vous ayez trouvé quoi que ce soit de mieux à lui dire, Emmy... »
Changeant de sujet, Flora répéta sa proposition. Le groupe acquiesça et se remit en route tranquillement, marchant sous le ciel bleu pâle de Londres. Luke se tourna soudainement vers l'adolescente du futur en souriant.
« Décidément, Zorua m'étonnera toujours avec ses illusions. Si je ne savais pas ce qu'il se passait vraiment, j'aurais vraiment cru que tu te faisais arrêter, tout-à-l'heure ! »
La concernée étouffa un petit rire amusé, ne gardant que son fameux sourire énigmatique et légèrement narquois.
« En effet. L'inspecteur risque d'avoir une sacrée surprise... »
« Asseyez-vous. »
Sandra s'exécuta, s'effondrant littéralement sur la chaise de bois inconfortable qui lui était proposée. L'inspecteur Chelmey fronça les sourcils. Il l'avait toujours suspectée depuis qu'il l'avait rencontrée à Dublin. Ô hasard, ce n'étaient que quelques jours après le début de l'affaire qu'il avait bien l'intention de classer définitivement, que cette rencontre avait eu lieu.
Le policier songea au professeur Layton. À Dublin, il n'avait cessé de la défendre. Il ne se doutait donc pas encore de l'évidence même ? Cette jeune fille qu'il avait juste en face de lui avait toutes les preuves contre elle. Elle ne pouvait être que le coupable, du moins l'une des personnes les plus impliquées du monde dans cette affaire. Le gentleman avait probablement eu une intuition qui lui laissait croire qu'il ne s'agissait que d'une coïncidence, ou n'importe quoi d'autre. Pour une fois, son intuition était mauvaise, tout simplement. Il avait bien fini par l'admettre, d'ailleurs. Plutôt tard, certes, mais il valait toujours mieux tard que jamais, comme on aimait dire.
« Vous vous appelez Sandra, si je ne m'abuse ? - C'est exact. » prononça machinalement la jeune suspecte.
Le ton incroyablement neutre qu'elle prenait était étrangement déstabilisant. De plus, sa tête baissée semblait vouloir lui montrer qu'elle s'obstinerait durant tout l'interrogatoire à ne pas lui présenter le moindre regard. Ni le moindre sourire, d'ailleurs. Malgré tout nullement impressionné, le londonien continua.
« Très bien, commençons par le commencement. Pourriez-vous me dire d'où vous venez exactement, vous et vos bestioles qui se sont amusées à terroriser la population des deux capitales les plus importantes du Royaume-Uni, et ce en moins de deux semaines ? - Bien sûr. »
Le silence retomba après cette rapide réplique. Un rictus incongru s'afficha sur le visage de l'enfant, bien qu'elle n'eût toujours pas relevé la tête pour le montrer fièrement. L'inspecteur patienta quelques secondes, espérant obtenir cette réponse, mais le silence durait. Finalement, il craqua.
« Eh bien ? D'où venez-vous ? Répondez ! »
L'énigmatique sourire gagna en intensité.
« De loin. De très loin. »
Nouveau silence. Elle avait finalement relevé le regard, fixant l'homme de ses yeux ébène à travers lesquels tous les mystères les plus secrets semblaient se refléter, mélangés à une malice incomparable. C'était incontestable : cet interrogatoire qui était tellement important pour le londonien n'était pour elle qu'un jeu pris à la légère. L'inspecteur s'apprêtait à riposter en haussant à nouveau la voix lorsqu'elle continua, d'une voix à peine audible tellement elle était murmurée faiblement.
« Encore plus loin que tout ce que vous pouvez imaginer. »
Elle claqua soudainement des doigts.
Elle disparut, comme évaporée dans un imperceptible nuage de fumée pourtant inexistant.
« Sandra... Crois-tu que nous nous reverrons un jour ? »
La jeune fille baissa tristement les yeux face à cette question de Luke. Elle réfléchissait. Que pouvait-elle leur dire ? La vérité. Ils savaient déjà tout, elle n'avait pas à leur cacher quoi que ce fût. Elle s'apprêtait à rentrer à son époque, une fois de plus. Mais pour la dernière fois, probablement. Les forces de police de son époque apprendraient l'existence de la machine de ses parents, et ne leur permettraient certainement pas de la conserver dans leur cave. Ils la confisqueraient, voire la détruiraient pour avoir la certitude d'en avoir terminé avec les soucis des voyages temporels. Non. C'était la dernière fois qu'elle les voyait. Et même si la semaine à venir devait se passer avec eux, à son époque, il s'agissait de leur passé. Et c'était totalement différent, peut-être même pire que de ne jamais les revoir. Parce qu'elle n'était pas vraiment libre de ses mouvements, puisqu'elle allait devoir agir selon ses souvenirs...
Une larme coula. Elle la sécha nerveusement, espérant qu'elle fût la seule à l'avoir aperçue. Elle ne voulait pas leur faire subir la même peine qu'elle tentait sur le moment de contenir. Elle avait toujours réussi à faire face aux railleries de la bande de Koga. Alors pourquoi pas cette fois ?
Une deuxième. Le professeur d'archéologie vint doucement poser une main réconfortante sur son épaule. Cependant, un sourire incongru s'afficha petit à petit sur le visage de la jeune enfant. Un sourire serein, qui montrait qu'elle avait décidé d'accepter cette séparation qu'elle trouvait injuste. Elle prononça lentement quelques paroles à peine audibles, avec un ton d'une étrange sérénité, montrant qu'il n'y avait aucune autre issue possible.
« Vous me reverrez, oui. Au moins une fois. »
Elle prit tendrement la main de l'homme au haut-de-forme, lui fit lâcher son épaule puis la libéra de son emprise. Elle s'éloigna vers la porte avec une lenteur phénoménale, et un silence que nul n'avait le courage de briser. Une fois sur le pas de la porte d'entrée, – ce qui ne prit pas moins d'une ou deux longues minutes tendues –, à nouveau sa petite voix fluette et sourde se fit entendre. La pression qui régnait jusqu'alors se fit encore plus palpable.
« Mais je ne sais pas si je peux en dire autant... »
Elle ouvrit distraitement la porte, d'un geste pourtant concentré et appliqué malgré les apparences. Elle fit un léger pas en avant, imperceptible et muet.
« Adieu. »
Elle partit en courant, claquant la porte derrière elle.
Luke fit un pas en avant, comme pour lui supplier de s'arrêter, ne seraient-ce que pour une ou deux minutes de plus, mais Emmy lui saisit le bras, hochant tristement la tête. Il était déjà trop tard, et puis il ne fallait pas l'en empêcher. Sandra n'appartenait pas à la même époque qu'eux. Ils n'auraient même pas dû se rencontrer. Ils n'avaient pas le choix. Elle devait partir ainsi.
C'était l'Histoire du temps.
Le professeur Layton prit soudainement son menton de sa main droite et fronça les sourcils, prenant un air soucieux. Il y avait probablement quelque chose qu'il n'avait pas compris.
« Si nous la revoyons, pourquoi ne nous reverrait-elle pas, elle ? »
L'affaire était close. Pourtant, pourquoi le mystère n'était-il pas totalement élucidé pour autant ?
Décidément, Sandra demeurait de plus en plus mystérieuse, et semblait apprécier de jouer cette attitude légèrement insolente. Et, cela aurait été un pléonasme que de le dire, elle jouait ce rôle à merveille...
Même s'il eut été préférable qu'il n'en fût pas ainsi. Combien de temps auraient-ils à attendre avant de comprendre, cette fois-ci ?
Eh oui. Il faut être prêt à tout pour garder une cohérence avec le Temps... Bon, au moins ils ne tuent personne, c'est déjà ça. %)
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 13 Aoû - 3:15
Double-post, mais bon. Au moins, c'est pour vous apporter quelque chose, c'est déjà ça. %)
Bref. Je vais enfin arrêter de vous bassiner avec ma fiction, puisque c'est l'épilogue que je vous apporte. Eh oui, déjà finie. Je vais donc vous laisser lire l'ultime chapitre de la plus longue fiction que j'aie jamais écrite, et ma préférée parmi les miennes. :3
Épilogue
Spoiler:
« Si l'argent ne fait pas le bonheur... rendez-le. » Jules Renard
Un petit réveil mécanique sonna innocemment les huit heures de la matinée. Luke maugréa intérieurement tout en l'arrêtant machinalement, se maudissant d'avoir oublié de le faire la veille. Pour une fois que sa journée n'allait pas être remplie de cours entrecoupés par les conférences de son mentor, les repas avalés en quatrième vitesse et les va-et-vient incessants entre les différentes salles de l'université de Gressenheller, il fallait que son réveil commençât à la gâcher en interrompant ainsi sa courte nuit de sommeil, pourtant si bien méritée...
Puisqu'il était réveillé, il était inutile de rester au lit. Il savait qu'il ne se rendormirait pas de sitôt, et de toute manière il faisait jour. Les forts rayons de l'astre du jour traversaient avec aisance les fentes des volets de sa chambre, comme pour soutenir l'avis du réveil matin et confirmer au jeune homme qu'il devait en effet se lever, et qu'il n'était plus une heure convenable pour dormir. L'apprenti fit distraitement sa toilette, se rasa et s'habilla. Avant de descendre les escaliers qui menaient à la cuisine, il détacha machinalement une nouvelle feuille de l'éphéméride, comme il en avait pris l'habitude au moins quatre ou cinq années auparavant.
Dimanche 2 août 1980.
Le jeune homme fronça les sourcils tout en ajustant sa casquette bleue. Cette date lui était étrangement familière... Quelque chose devait se produire ce jour-là, cependant quoi ? C'était un dimanche, le professeur Layton n'aurait tout de même pas une conférence ou quoi que ce fût d'autre un dimanche... Comme pour s'en assurer, il sortit de sa sacoche de cuir un petit agenda bleu marine qu'il ouvrit. En effet, la page du 2 août demeurait encore plus blanche que neige. Cela devait être autre chose, qu'il n'aurait pas notée... Mais quoi ? Impossible de se le rappeler.
« Tant pis, ça reviendra plus tard... »
Luke descendit dans la cuisine et y trouva Emmy affairée à préparer le petit-déjeuner. Elle avait l'habitude de se lever tôt et d'être immédiatement efficace... Le jeune universitaire s'était toujours demandé depuis qu'il la connaissait – pas loin de dix ans, cela commençait tout de même à faire long – d'où cette lady en apparence tout-à-fait normale pouvait tirer toute cette énergie que lui devait en permanence puiser au plus profond de lui-même avec peine afin de pouvoir rester en forme durant toutes les longues et interminables journées... Celle-ci esquissa un sourire enfantin lorsqu'elle remarqua la présence de son ami, et le salua d'une plaisanterie à sa manière, toujours avec la petite pointe d'ironie qu'elle aimait lui réserver.
« Tiens, le second assistant du professeur est bien matinal, aujourd'hui ! Aurait-il des insomnies, par hasard ? - Non... répliqua-t-il d'un ton à moitié endormi, à moitié dans ses pensées. J'ai oublié d'arrêter la sonnerie de ce... réveil. »
La jeune femme haussa les épaules en étouffant un petit rire taquin, puis changea de sujet.
« Au fait, tu prendras un peu de lait dans ton thé ? - Non, merci. C'est gentil... »
L'assistante du gentleman prit la théière et versa la boisson encore brûlante dans une petite tasse de porcelaine qu'elle lui tendit amicalement, toujours le sourire imperceptiblement moqueur aux lèvres. Cela se voyait qu'il venait de se lever, et que moins de dix minutes avaient dû s'écouler depuis que sa tête avait quitté le doux oreiller... Retournant au fourneau, elle garda cependant un œil sur son ami.
« Tu as l'air soucieux, ce matin... C'est à cause de l'université ? - Oh ? Non, non... Je me disais juste que ce 2 août m'était familier, mais je ne me rappelle plus pourquoi... »
Il prit un petit sucre de la sucrière posée sur la table, le plongea distraitement dans sa tasse blanche, souffla silencieusement dessus et but tranquillement une petite gorgée.
« C'est rare que tu fasses la cuisine, Emmy. Pourtant, tu t'y prends plutôt bien... Tu sais, tu devrais faire ça plus souvent. - Peut-être. En tout cas, cette histoire de 2 août ne me dit strictement rien. - Bah, c'est sûrement sans importance. Je l'aurais noté dans mon agenda... »
Il but une autre gorgée. Pensant le taquiner une fois de plus, Emmy précisa :
« Tu serais tellement perdu sans ton agenda ! Ça va faire cinq ans que tu en achètes tous les ans, et tu écris dedans quasiment tout ce qui te passe par la tête... A moins bien sûr que tu n'aies pas ce cher agenda au moment où tu dois le noter... »
Elle sursauta et se retourna en quatrième vitesse, regrettant cette dernière plaisanterie qui était finalement une mauvaise idée. Son jeune ami s'était étranglé en avalant de travers et, ayant posé promptement sa tasse sur la table, était pris d'une vive quinte de toux. L'assistante s'approcha d'un mouvement rapide et légèrement affolé en lui demandant d'un ton inquiet s'il allait bien et si elle pouvait l'aider, mais celui-ci lui fit signe de la main que ce n'était pas grave ; et en effet, il put reprendre un souffle normal au bout de quelques secondes. Cependant, à peine remis, il se leva et se précipita dans les escaliers qui résonnèrent en coups de tonnerre, sans prêter attention à celle qui, ayant arrêté de s'inquiéter pour lui, fixait à présent avec une perplexité ignorante le plafond d'où elle entendait encore ses pas bruyants. Que s'était-il passé, au juste ? Qu'avait-elle donc dit ?
« Luke, est-ce que tu es sûr que ça va ? »
Pour toute réponse, la londonienne entendit son ami tambouriner la porte de la chambre de Flora, lui suppliant en hurlant nerveusement de se lever en vitesse. Finalement, elle crut ouïr le grincement léger de la porte en question, signe que l'apprenti avait réussi à faire sortir du lit son amie. Une discussion vivement inquiète commença, mais Emmy ne put la distinguer à cause de la distance et des cloisons qui étouffaient leurs voix. Les paroles inquiètes furent suivies de vifs mouvements de panique, et la jeune lady entra à nouveau dans sa chambre, claquant nerveusement sa porte. Probablement pour s'habiller. Luke redescendit quatre à quatre les escaliers. L'assistante du professeur Layton en profita pour enfin poser la question qui lui brûlait les lèvres.
« Que se passe-t-il, au juste ? - C'est aujourd'hui ! cria-t-il d'un ton complètement effaré. J'avais complètement oublié ! »
Il repartit en courant dans les escaliers avant qu'elle n'eut le temps de lui demander ce qu'il entendait par « aujourd'hui », la laissant ainsi dans la cuisine, le regard dans le vide complètement perplexe. Quelques courtes minutes passèrent, les deux jeunes londoniens finirent par redescendre en trombe les escaliers, courant à travers la cuisine en se dirigeant vers l'entrée. Ils allaient sortir, mais vers où ? Et pourquoi ?
« Euh, Luke... Et ton thé ? - Je le prendrai tout-à-l'heure ! »
Pour refuser de prendre un thé, il devait véritablement se produire quelque chose de grave. Le jeune apprenti aimait le thé autant que son mentor, surtout depuis son entrée à l'université. Cette boisson toute particulière était devenue pour lui le second réconfort après son lit, aussi le fait de remettre son moment favori à plus tard était mauvais signe.
L'assistante soupira en souriant d'un air qui prouvait qu'elle ne pouvait rien y changer, retournant au fourneau. Que pouvait-elle faire d'autre ? Cuisiner, peut-être. Luke lui affirmait qu'elle s'y prenait bien, alors elle pouvait continuer, cela serait utile si Flora sortait. Qui d'autre qu'elle pouvait préparer le repas, dans ce cas ? Claire et le professeur dormaient encore. Ils étaient si fatigués, eux aussi !
« Ils ont tous besoin de vacances, dans cette maison... » murmura-t-elle pour elle-même en soufflant d'un air légèrement las et assez peu audible pour être sûre qu'elle fût la seule à avoir pu entendre ce murmure, bien qu'elle demeurât seule dans la pièce.
Leur travail était difficile, et la jeune scientifique venait à peine de rattraper son retard dans son laboratoire. Quoi de plus normal ? Ne pas avoir accès à l'actualité des douze années suivant cette fameuse expérience ne pouvait entraîner que ce petit embarras, qu'elle n'avait pourtant pas tardé à rattraper. Elle était si brillante dans son travail, elle s'était rapidement fait remarquer. Peut-être aussi – voire surtout ? – à cause de cette affaire de « seconde réaction mystérieuse de la machine à voyager dans le temps »...
La jeune femme se demandait sérieusement comment ils pouvaient tous croire à cette histoire absurde. Elle qui n'était même pas scientifique et n'avait aucune connaissance en la matière, elle n'avait aucun souci à deviner que quelque chose de suspect se cachait sous cette théorie sans queue ni tête. Peut-être aussi parce qu'elle savait... Finalement, peut-être eut-elle cru ce canular si elle n'avait pas été témoin des secrets de l'affaire désormais classée des B.N.I. Enfin, « classée » était plutôt bien vite dit. En effet, personne n'avait été capable de l'expliquer, étant donné que la seule personne qui pouvait répondre à toutes les questions que l'on se posait avait disparu d'une manière étrange et encore non expliquée. Même la science n'avait pas son mot à dire là-dessus.
Cependant, étant donné qu'elle avait toutes les réponses à tout concernant cette affaire, Emmy ne se souciait même plus de tout cela, et ce depuis longtemps. De toute manière, cela devait bien faire cinq ans que cette histoire avait complètement sombré dans l'oubli. Les B.N.I. n'étaient pas réapparues, et elles ne réapparaîtraient probablement pas – certainement pas, pouvait-elle rajouter intérieurement. Donc, il n'y avait pas beaucoup de souci à se faire, et il y avait longtemps que plus personne ne s'en souvenait, ni ne s'en souciait. C'était limite si les gens se souviendraient de cette affaire si on leur prononçait le sigle de trois lettres qui, quelques années auparavant, les aurait littéralement fait fuir à l'autre bout du monde avec des hurlements de terreur paniquée.
C'était certain : le cours du temps était parfaitement normal, et il n'y avait visiblement ni paradoxe, ni complication quelconque, ni contradiction avec l'Histoire. Et, d'après Sandra, il n'y avait plus aucun risque qu'une quelconque machine à voyager dans le temps fût à nouveau allumée et créât de quelconques problèmes. Tous pouvaient dormir sur leurs deux oreilles, il n'y avait plus aucune menace à craindre du futur. Ni du passé, d'ailleurs. De toute manière, les problèmes du présent suffisaient largement. A quoi cela pouvait-il servir de s'en rajouter d'autres époques, en plus de tout cela ?
Tiens, il n'y avait plus d'œufs. Plus de beurre, non plus. Cela s'avérerait difficile de préparer le petit-déjeuner sans tout cela ! Elle devrait donc sortir en acheter. C'était dimanche, et le dimanche il y avait toujours le marché du dimanche. De la pure logique qui virait au pléonasme tant elle était évidente.
Elle sortit, un panier vide à la main. Elle ouvrit la porte et resta sur le seuil quelques instants, admirant le ciel parfaitement azur de Londres, totalement dénudé d'un quelconque nuage, qu'il fût immaculé ou non. C'était rare que le temps fût si clément en Angleterre, même en août... Une légère brise chaude et douce vint lui caresser le visage alors qu'elle refermait la porte. La jeune femme esquissa un sourire heureux. Il n'y avait plus aucun doute possible : c'était une journée bien agréable qui s'annonçait. Quel dommage pour Luke et Flora, qu'ils fussent obligés de la gâcher pour une quelconque raison mystérieuse ! Qu'est-ce qui avait bien pu les rendre si affolés, tout d'un coup ?
« Bah, murmura-t-elle pour elle-même tout en marchant, ils m'expliqueront bien quand ils rentreront... »
« Au revoir, et bonne journée ! »
Finch lui rendit son salut et s'éloigna d'un pas heureux. Heureux de cette belle journée, heureux de la douce chaleur qui était rare sous cette latitude, heureux de vivre, tout simplement. Il n'y avait pas de mal à cela, le soleil était si tendre, pour une fois ! Lui qui avait récemment emménagé à Londres pour ses études, il avait tôt fait d'attraper le mal du pays en remarquant un climat bien plus oppressant que Misthallery. Ce soudain changement d'atmosphère pouvait le laisser respirer, et il fallait de plus qu'il s'agît d'un dimanche, jour de repos. C'était une bonne chose pour tous. Emmy lui sourit une dernière fois, s'apprêtant à tourner les talons. Cependant, elle perdit soudainement son sourire, très vite remplacé par une mine perplexe, puis inquiète.
Le camarade de Luke venait de saluer un petit groupe de deux jeunes adolescents, entre quatorze et seize ans environ. Cependant, pas n'importe lesquels. L'assistante du gentleman était parfaitement capable de leur placer des noms : Flora Reinhold et Luke Triton. Devenue encore plus pâle que sa chemise, elle s'éloigna en courant vers la sortie du marché, gardant cependant un œil sur le groupe. Cela lui revenait, désormais. Les deux universitaires lui en avaient légèrement parlé... cinq ans plus tôt. Il n'était pas étonnant que le jeune homme eût en effet oublié de noter cette rencontre, puisqu'il ne pouvait pas avoir l'agenda de 1980 en 1975... Il avait eu plus de cinq longues années pour oublier, sans aucun support pour s'en souvenir. Il n'y avait rien d'étonnant à cela.
En attendant, les trois londoniens semblaient avoir démarré un véritable dialogue de sourds, aucun des trois ne paraissant avoir compris ce qui se déroulait en réalité. Ce n'était pas étonnant, étant donné que les deux enfants ignoraient la date de l'époque à laquelle ils se trouvaient réellement... Fallait-il réagir ? Peut-être. Emmy fit un pas en avant, lorsque le Luke qu'elle connaissait passa juste à côté d'elle à une vitesse folle, complètement haletant. Il était tellement pressé qu'il n'avait même pas l'air de l'avoir remarquée, et ne semblait avoir d'yeux que pour le fameux trio, dont il interrompit brusquement la discussion.
Soulagée de savoir la situation en de bonnes mains, l'assistante retourna discrètement dans le marché, fouillant attentivement dans les étalages et se désintéressant finalement du petit groupe qui s'était amassé, et qui désormais s'éloignait d'un pas rapide vers la première rue peu fréquentée qu'il put trouver, laissant là un Finch qui ne se doutait apparemment de rien. Que manquait-il de plus, déjà ? Des œufs, c'était cela.
L'inspecteur Chelmey et Barton étaient assis tranquillement à une table de restaurant. Cela faisait longtemps que Londres ne connaissait quasiment plus de troubles, quoiqu'en fussent la gravité. Les deux policiers passaient leur temps de travail au hasard au poste, dans le bureau de l'inspecteur, ou alors à errer en ville à l'affut d'un quelconque délinquant qui pointerait le bout de son nez et aurait le malheur de croiser les forces de l'ordre. En vain.
Tandis que Chelmey continuait désespérément de regarder la rue par la fenêtre du restaurant à l'air rafraîchi par l'ombre, son acolyte se jetait sur la nourriture avec appétit, semblant ne pas prendre garde à l'addition qui, tôt ou tard, arriverait sur sa table, face à lui.
Un petit groupe de trois adolescents passa devant la fenêtre. Leur âge devait approcher approximativement entre quatorze et seize ans, mais ce n'était pas cela qui retint l'attention de l'inspecteur. Ces trois jeunes, il les connaissait. Pas comme de simples passants qu'il croisait quotidiennement lors de ses rondes de la ville, non. Ces gamins, il les avait côtoyés lors d'une de ses affaires. Il en était certain. Mais laquelle ? Impossible de s'en souvenir, cela devait être trop lointain. Se tournant vers le petit agent en uniforme bleu foncé qui l'accompagnait, il préféra lui demander son avis, espérant que sa mémoire fût plus vive que la sienne. Il l'avait quasiment toujours accompagné lors de toutes ses affaires, donc il les aurait forcément croisés, lui aussi.
« Barton, qu'en pensez-vous ? - Que ces scones sont tout simplement excellents, Chef ! Vous devriez vraiment les goûter ! »
Un long hurlement agacé et lassé à la fois sortit d'un petit restaurant calme, résonnant dans tout le quartier de Londres qui fut pour un instant séparé de sa quiétude de beau et chaud mois d'août. Il y avait bel et bien des choses qui ne changeaient pas avec le Temps...
18 juillet 772
« Mes chers amis, Je suis rentrée à Autequia, dans la région de Hoenn. Là où j'habitais jusqu'à la mort de Papa. Le paysage est magnifique, encore plus beau que dans mes souvenirs de petite fille. Cela ne devrait pas vous dire grand-chose, puisque vous venez de « l'avant », mais de toute manière, je sais que vous ne lirez jamais réellement cette lettre. Pas plus que toutes les autres que je vous ai écrites. Comme disait Koga lorsque j'étais encore à Entrelasque, cela va faire bien plus de neuf siècles que vous êtes déjà tous morts. Et pourtant, depuis que nous nous sommes quittés à Londres, je vous écris tous les jours. Je ne les ai jamais envoyées par la poste, non, je les garde. De toute manière, où pourrais-je bien les envoyer ? Où qu'elles arrivent, vous ne les lirez jamais. Le verdict concernant la machine à voyager dans le temps est enfin tombé, après plus de trois ans de débat. Elle va être détruite, et les plans de Maman vont être supprimés. Tous. Jusqu'à maintenant, j'espérais encore que nous nous reverrions, un jour. C'est pour cela que je vous écrivais. Mais là, il n'y a plus aucun espoir. C'est la dernière lettre que je vais vous écrire. Toutes les trouvailles de Papa ont été mises en musée. Mais il n'y en aura jamais d'autres. Votre temps est désormais définitivement détruit. J'aurais tellement voulu qu'il en soit autrement... Mais il n'y a plus rien à faire. Le temps est magnifique. J'aurais voulu que vous soyez ici, avec moi, à admirer le paysage... Mais c'est impossible. J'ai l'impression de devenir folle. J'écris à des morts. Mais peut-être est-ce parce que je n'avais pas réussi à véritablement vous dire adieu. Je n'ai pas réussi encore à tourner la page, depuis ces trois ans. Il faudra bien que je le fasse, tôt ou tard... Aujourd'hui, peut-être. Oui. C'est la dernière lettre que je vous adresse, je vous l'ai déjà dit. Après, je crois qu'enfin je pourrai regarder devant moi, et non derrière moi. Cependant, je garderai le collier. Depuis que tu me l'as donné, Flora, je le porte tous les jours. Je ne risquerai jamais de vous oublier. Encore une fois, je te remercie de ce cadeau. C'est une dernière chose de « l'avant », une que j'ai le droit de garder. Tu as raison, c'est bien un porte-bonheur. Vous me manquez, et je regrette que la machine à voyager dans le temps soit détruite, mais je suppose qu'il est mieux que ce soit ainsi. Et, à part cela, il y a longtemps que je n'ai plus eu de véritables ennuis. Excusez cette tâche, sur le papier. Gabrielle vient de me faire sursauter en bondissant sur ma tête. Elle veut que je joue avec elle. Mes cheveux volent, encore. C'est comme cela que vous m'aviez démasquée à Dublin, est-ce que vous vous souvenez ? Gabrielle n'est plus seule. Matt et Nina aussi commencent à s'impatienter. Et mes amis aussi, d'ailleurs. Ils proposent de pêcher dans le lac. Je les ai retrouvés. Tous. Ils ne m'ont jamais oubliée, et ils étaient tous inquiets et tristes lorsque j'avais disparu avec Maman. C'était il y a maintenant plus de onze ans... D'ailleurs, demain sera mon anniversaire. Enfin je serai majeure, vous rendez-vous compte ? Dix-huit ans, ce n'est pas n'importe quel anniversaire ! Je me demande ce qu'ils trouveront pour me surprendre, tous... Ils s'impatientent de plus en plus. Ils se demandent à qui j'écris, sûrement. À un petit ami caché, qui sait ? Nous seuls le savons, peut-être Maman, aussi. En fait, non, je crois qu'ils savent. Tous les détails de notre affaire ont été dévoilés dans le monde entier, et c'est pour cela que le débat sur la question de la machine à voyager dans le temps a fait autant de bruit. Ma mère a été félicitée pour sa découverte, mais ce n'est pas cela qui les a empêchés de détruire sa trouvaille... Ils me menacent de partir sans moi, maintenant. Ah, ça non ! Cela fait plus de onze ans que je n'ai plus pêché avec eux, ils n'ont pas le droit ! Je vais devoir vous laisser. Je crois qu'ils sont sérieux. Adieu, mes amis londoniens.
Sandra »
« Ah, quand même ! C'est pas trop tôt ! plaisanta un jeune homme aux cheveux blonds en bataille sous un chapeau de paille. - Je suis désolée, rougit légèrement Sandra en souriant tristement. J'avais une dernière chose à faire... »
L'adolescent prit soudainement un air sérieux, et peut-être même un peu inquiet.
« Est-ce que ça va ? On dirait que tu vas pleurer... - Non, non ! Ne t'inquiète pas, je vais bien... »
La jeune femme regarda le splendide ciel dégagé, un petit sourire aux lèvres.
« Au fait, et si on allait à la pêche ? - Ça dépend de toi, reprit une gamine impatiente. Tu es prête ? »
Sandra rougit, puis fonça comme une flèche chez elle, sous les yeux lassés des pokémon et des adolescents.
« Toujours dans la lune, celle-là... soupira le blond en rajustant son chapeau de paille. - À ton avis, Christophe, elle pense à quoi ? » demanda une adolescente rousse en s'appuyant sur son épuisette.
Christophe étouffa un rire amusé et lassé à la fois.
« Va savoir... »
La jeune gamine regarda la montre à son poignet, puis poussa un long soupir.
« Dites, c'est qu'elle en met du temps ! »
Enfin la silhouette d'une jeune lady de dix-sept ans sortit de la petite maison, canne à pêche sur l'épaule, seau vide au bout de la canne à pêche, et pile de papiers pliés à la main.
« C'est bon, je suis prête ! » s'exclama-t-elle d'un ton innocent, comme si elle ignorait son retard évident.
Christophe regarda cependant les feuilles de papier et lui demanda tout naturellement de quoi il s'agissait. Sandra se contenta de lui adresser un sourire énigmatique accompagné de ses yeux noir ébène légèrement agrandis par le verre de ses lunettes ocre. Haussant les épaules, le jeune homme se décida de conduire la petite troupe jusqu'au lac bleu azur. Tandis que les adolescents s'affairaient à préparer leur matériel de pêche, Sandra ne bougeait pas, se contentant de dévisager tous les recoins du paysage. Elle s'approcha finalement d'une petite rivière qui s'échappait lentement vers la mer, et s'installa là.
« Hé, Sandra ! reprit Christophe en la rejoignant. Pourquoi tu vas si loin ? »
Avant de lui répondre, elle lui adressa un énième sourire mystérieux et énigmatique.
« J'ai quelque chose à y faire, répondit-elle simplement. - Quoi donc ? »
La jeune lady, sans répondre, se saisit de toutes les lettres qu'elle avait écrites aux londoniens et les jeta soudainement dans le cours d'eau.
« Ça. »
Ne prenant pas compte du regard interloqué et interrogateur qu'il lui lança, Sandra esquissa un sourire satisfait. C'était une bonne chose de faite. Enfin elle n'avait plus à se soucier du passé. Demeurant silencieuse concernant son acte, elle rejoint ses amis, suivi par Christophe qui ne comprenait pourtant toujours pas.
« Allez ! Tu ne veux vraiment pas me dire ce que c'était ? Tu ne pouvais pas jeter ça à la poubelle, comme tout le monde ? »
Nouveau sourire énigmatique.
« Je suis désolée, mais je ne pense pas que, si je te le disais, tu me croirais. Et puis, je n'ai plus aucune preuve. - Allez, quoi ! Fais pas ta fille mystérieuse ! »
La mine réjouie gagna en intensité. Comme si, pour une fois, tous les poids qui pesaient sur elle s'étaient enfin envolés.
« Je n'ai pas à te le dire. Ce n'est pas une boucle à boucler. Il n'y en aura plus, d'ailleurs. Plus jamais. »
Courte pause. Sandra releva son regard brillant vers le ciel d'un bleu aussi pur que le lac, totalement dénudé de quelconques nuages, qu'ils fussent gris, blancs ou noirs.
« Et ça, c'est une bonne chose, crois-moi. »
« Si l'argent ne fait pas le bonheur... rendez-le. » Jules Renard
FIN
Personnellement, j'apprécie tout particulièrement le passage avec Chelmey... J'en ris rien que d'y penser. xD Mais bon. Je préfère surtout la première partie de cet épilogue dans son ensemble, c'est-à-dire celle qui concerne nos amis londoniens. Je parie que la plupart d'entre vous avait oublié cet "imprévu" du chapitre XXX... :)
Clive Dove
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 14 Aoû - 0:04
Une très belle fin Andrea :) Peut-être que les lettres en remontant dans le cours d'eau remonteront aussi dans le temps ;) ?
Dans le fond c'était une très bonne fanfiction, peut-être parfois un peu difficile à suivre par moment mais elle reste très sympa. Tu me donne irrésistiblement envie d'en écrire une aussi...
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 14 Aoû - 0:51
Je t'en prie, ne te gêne pas ! Je suis sûre que tu pourrais en sortir de belles ! :3
Clive Dove
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 14 Aoû - 1:20
Pas d'aussi belles que toi en tout cas ;)
En ce moment le temps me manque je dois finir la nouvelle déco' du forum...
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 14 Aoû - 1:25
Rah mais arrêtez tous de me surestimer ! C'est pas comme si j'étais Victor Hugo en personne, si ? %)
Clive Dove
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 14 Aoû - 1:27
Bien sûr que si, tu écris tellement bien que j'oserai même pas poster un one-shot de 10 lignes... Just kidding XD
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 14 Aoû - 1:29
... *va se pendre* ...
Clive Dove
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 14 Aoû - 1:45
Je plaisantais Andréa ;) Peut-être un jour quand j'aurai trouvé ma muse je posterai des fanfics bien ficelées comme les tiennes... C'est pas demain la veille en tout cas 8D
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 14 Aoû - 6:35
N'hésite surtout pas à poster dans ce cas ! T'écris quand même très bien, et je me sens seule ! 8D