Fiche d'Andréa :[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]IntroductionLe professeur Layton. Le premier personnage que j'aie vraiment, mais
vraiment commencé à apprécier dans toute la complexité de sa psychologie, et ce dès le premier jeu de la saga auquel j'ai joué (
Professeur Layton et le Destin perdu, alias PL3 pour les intimes, pour ceux qui sont curieux. Car non, je n'ai pas commencé par le premier). Trop souvent comparé à Sherlock Holmes par le fait qu'il soit un génie de la déduction londonien (j'ai même eu droit une fois à un
“Si c'est pas juste un Sherlock Holmes japonais, je veux bien qu'on brûle mon ordi”), il n'a pourtant rien à voir avec lui ; en tous les cas, ses principes de gentleman et l'époque à laquelle il vit (si vous regardez le topic
“It's About Time”, vous verrez que la série se placerait logiquement au début des années 1960, alors que – tout le monde le sait, j'espère – le plus grand génie mythique de la déduction vit au XIXe siècle) font que, niveau contexte comme niveau psychologie, aucune comparaison réelle de ce style n'est possible. En tout cas, il suffit d'avoir joué à quelques jeux (pas le premier, faites plutôt le troisième *sort*) pour comprendre que notre archéologue londonien n'a rien, mais strictement
rien à voir avec Sherlock Holmes. Vous pouvez commencer les préparatifs pour le bûcher, vous ferez vos adieux à votre cher ordinateur quand vous aurez fini de lire cette section.
Les dessous du haut-de-formeTrop souvent, le professeur n'est considéré que comme un personnage intelligent, que tout le monde considère comme un mentor de par sa grande sagesse et ses manières de gentleman parfait ; en cela, en effet, on pourrait presque dire qu'il s'agit d'un Sherlock Holmes aimable (et non-fumeur), et qu'en cela il est trop parfait, car plus parfait encore que le mythique génie de la déduction par excellence. Eh bien, je vous le dis tout de suite, et j'ose croire que tout fan de la série me rejoindra : tous ceux qui s'arrêtent à cette façade n'ont pas joué au troisième jeu jusqu'au bout. C'est impossible.
Le troisième jeu de la saga (désolée, mais il va falloir spoiler un petit peu même si je ne dirai que le minimum) fut véritablement le premier à présenter un côté beaucoup plus sombre et profond du personnage. Auparavant, on avait un gentleman londonien parfait, souriant quand il le fallait, sérieux aux moments les plus importants et gardant en tout moment son indétrônable sang-froid ; mais le troisième jeu creuse beaucoup plus loin, et démontre très vite que le professeur Layton est beaucoup plus humain que ce qu'il laisse penser.
Je ne connais pas suffisamment les œuvres de Sir Conan Doyle pour pouvoir faire une comparaison comme il se doit, alors sachez je ne critiquerai en aucun cas Sherlock Holmes, qui d'après ce que je sais est un personnage fascinant et que je devrais étudier de manière plus approfondie un de ces jours ; je me contente de le nommer ici pour montrer que, de ce que je sais de lui, le professeur Layton et lui ne sont absolument pas semblables (et je ne dirai pas qu'il y en a un meilleur que l'autre, car tous deux sont des personnages très bien élaborés sur des plans totalement différents, et en cela toute comparaison objective est impossible). J'ai entendu dire que, s'il y a un sujet source de débats et de polémiques parmi les amateurs des nouvelles de Sherlock Holmes, c'est le cas
Irene Adler. Une femme aussi intelligente que Sherlock Holmes, qui aurait pour certains lecteurs réussi à conquérir son cœur, alors que Sherlock lui-même affirme s'être débarrassé de toute émotion afin que ses capacités de réflexion ne soient pas entravées (personnellement, n'ayant pas lu de nouvelles autre que
Le chien des Baskerville où il n'est pas question de cette polémique, je ne développerai pas plus pour ne pas m'aventurer sur un chemin aussi instable).
Mais tiens donc. Que viens-je donc d'écrire ? Que Sherlock Holmes se refuse toutes sortes d'émotions ? Haha. Parfait ! Dans ce cas, tout le monde sera d'accord avec moi pour dire que le professeur Layton ne réfléchit pas
du tout de cette manière : déjà dans ses manières de gentleman, où il sourit et va même par moments jusqu'à taquiner son apprenti, on a la preuve que notre cher archéologue n'a pas refoulé ses émotions. Mais alors là, si vous jouez à ce fameux troisième jeu dont je ne cesse de parler, vous aurez le pompon. Parce que quand même, Layton
pleure. À cause de la mort de sa
petite-amie (ah bah oui, désolée, j'avais dit que je spoilerais u,u). Et même au moment du départ de son cher apprenti, il a les larmes aux yeux. Donc là, si vous ne me croyez toujours pas quand je vous dis que notre cher londonien est très loin d'être insensible, je ne sais plus quoi faire pour vous en convaincre.
Après, si on veut étoffer un peu le personnage, on peut constater ses passe-temps et ses passions, qui encore une fois diffèrent (à ma connaissance) beaucoup de ceux de Sherlock Holmes : passionné (et grand connaisseur) en matière de thé, intérêt pour les engrenages (mentionné comme un “passe-temps” dans PL3), capable de jouer du piano (dans le film)... à noter que, contrairement à Sherlock Holmes, il ne sait par exemple pas jouer au violon
(c'est Luke qui s'en charge, même si on ne l'a jamais entendu o/ *sort*). Mais bref, je ne m'attarderai pas là-dessus. Je mentionne vite-fait son histoire WTFesque et improbable parce que je n'ai pas trop envie d'en parler (par spoil comme par flemme de parler de faits très... insolites, disons), mais je me contenterai de dire que c'est certainement l'origine de son caractère.
En conclusion, ces deux personnages, malgré leurs ressemblances (et le fait, je ne le nierai pas, que le professeur Layton est très certainement
inspiré de Sherlock Holmes), Level-5 s'est quand même énormément détaché de l'image originelle que l'on a tendance à se faire des détectives souvent froids, au regard glacial, perçant et inquisiteur. En mêlant gentleman londonien et talents de détective, les créateurs de ce personnage ont quand même introduit un concept qui, s'il n'est sûrement pas nouveau, est pour le moins légèrement plus rare que la conception habituelle des romans policiers. Et c'est certainement en cela que le personnage est le plus fascinant... et complètement différent du personnage de Sir Conan Doyle.
À présent, donc, vous pouvez allumer votre briquet. :P
“Sous ce chapeau bizarre se cache une intelligence hors du commun.” — Clamp Grosky (PL4)“... et insaisissable”, ajouterais-je même. Laissez-moi m'expliquer si vous n'êtes pas convaincu ou que vous ne voyez pas où je veux en venir.
D'un point de vue technique, disons, le professeur est en effet
le personnage dont le mode de raisonnement est le plus difficile à déceler et à analyser, pour la simple et bonne raison qu'il ne partage jamais ses raisonnements au fur et à mesure qu'il les fait, mais qu'au contraire on n'a accès qu'à un résumé des indices qui l'ont mis sur la voie avec des explications, et ce au moment unique des révélations. Et ça, on aura beau dire, ça n'aide pas franchement à comprendre
comment il a fait pour comprendre, comment il a assemblé ces indices pour obtenir la solution. On sait juste qu'il est très bon en énigmes ; mais on ne sait pas en quoi il est très bon, ni comment il réfléchit. En fait, dans le cas général, s'il y a un personnage dans cette fiction pour qui il est quasiment impossible de savoir précisément ce qui peut se passer dans sa tête, comment il fonctionne du point de vue psychologique et raisonnements, c'est bien lui
(en omettant le Docteur, mais lui... c'est un cas à part). Parce que ses principes de gentleman le poussent à ne se mettre que rarement en avant (lors des révélations, où il balance tout d'un coup et de manière rapide comme ça c'est vite fait), il ne parle que très peu de ses méthodes, et même d'enquêtes : il ne viendra parler aux gens de son affaire en cours seulement dans l'unique but de leur soutirer des informations pour la faire avancer. Il n'entretient par exemple des relations avec la police londonienne que dans le but principal d'avoir accès aux archives de Scotland Yard. Bien sûr, il apprécie de parler aux gens pour le simple plaisir de les côtoyer : mais dans le cadre d'une affaire, il ne partagera que très peu ses informations et préfèrera généralement enquêter seul. Ses assistants, Emmy dans la seconde trilogie puis Luke tout au long de la série, l'aident en recueillant des informations et en essayant de le suivre ; mais même eux n'ont pas accès aux réflexions les plus complexes (ni même le plus souvent les plus basiques) de leur mentor avant que le temps des révélations ne soit venu.
Conseil pour l'écritureÉtant donné donc qu'il est ainsi très difficile, voire presque impossible à mon goût d'avoir une idée parfaite de la psychologie de ce personnage dans sa totalité, j'ai en conséquence un avis à faire à tout auteur fan de cette saga. Si jamais vous comptez écrire une fiction et que le professeur en fait partie, je vous déconseille fortement d'en faire le narrateur à la première personne : en effet, dans ce cas, vous vous engagez sur un chemin très dangereux et instable. Parce qu'il est difficile de comprendre la logique que suivent ses pensées profondes (puisqu'elle n'est jamais explicitée), alors faire un professeur-narrateur est très complexe. N'allez toutefois pas confondre avec un point de vue interne à la troisième personne, ou avec un point de vue omniscient : même si la complexité de la maîtrise du personnage reste, elle s'en trouve amoindrie. En effet, la difficulté de la narration à la première personne est qu'elle doit retranscrire les pensées
exactes du personnage, avec les
mots exacts qu'il utiliserait pour s'exprimer et raconter l'histoire. Comme justement on part avec très peu d'indices à se mettre sous la dent de ce point de vue, une narration à la première personne est très complexe.
Seconde raison pour laquelle je m'oppose à ce principe : le professeur, comme je l'ai dit ci-dessus, a horreur de se mettre en avant. Or, par définition, si c'est lui qui raconte l'histoire, c'est qu'il la raconte à quelqu'un. Donc qu'il se met en avant en racontant ses prouesses en temps réel. Conclusion : bien que ce ne soit pas
Out Of Character en soi, le professeur-narrateur est vraiment
le moyen le plus efficace que je puisse vous donner pour vous faciliter la tâche, si celle-ci est de créer un professeur OOC par excellence. Donc à moins que vous ne maîtrisiez
à la perfection le domaine, je vous dis
non.
Si j'étais vraiment extrémiste, j'irais ainsi jusqu'à dire que faire un professeur-narrateur est déjà en soi un OOC ; comme je n'en suis pas une, je me contenterai de dire que ma pensée s'en rapproche de très près. Si vous voulez mon avis personnel,
par définition le professeur Layton ne peut
en aucun cas être narrateur. La seule exception est le journal que l'on peut consulter dans sa valise, dans les jeux.
Vous pouvez toutefois en déduire qu'il existe en effet une exception à cette règle : si jamais vous écrivez en effet cette histoire sous la forme du
journal du professeur, et d'un journal
uniquement, alors je n'ai rien à dire. Il vous suffit de respecter le code et le style utilisé dans les jeux, et personne n'aura à vous reprocher quoi que ce soit. Parce que c'est un journal et ne sera donc pas rédigé ni publié comme une histoire où on a accès aux pensées du professeur en temps réel, alors toute la complexité s'en va : en effet, si vous faites attention, le professeur Layton rédige son journal de la même manière qu'il fait ses révélations : en résumant de manière courte et succincte les faits, et ce de manière – presque – objective
la plupart du temps (il y a malgré tout des exceptions). Vous pouvez en conclure que ce n'est pas la forme idéale pour une fiction désirant étudier les sentiments ou même les évènements en profondeur : le journal du professeur n'est qu'un résumé de l'histoire en elle-même, et on ne peut donc s'attacher vraiment à ce genre d'histoires. Vous pouvez toutefois faire apparaître le journal dans votre fiction en tant qu'extraits – parce qu'un personnage aura fouillé le professeur, le méchant – ; mais là, la narration est soit à la troisième personne, soit à la première en se basant sur un personnage que vous maîtrisez plus.