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Professeur Layton et la menace de Chronos
Venez incarner un personnage de la saga ou inventez-en un, et participez à l'intrigue : Une nouvelle menace pèse sur le professeur Layton ! Serez-vous de taille face aux nouveaux mystères et leurs énigmes ?
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Jeu 31 Mai - 18:51
Exact ! Je dirais même que ça va continuer comme ça pour tout le tome ! 8D (Non non, je me suis aidée du dictionnaire pour trouver tous ces mots commençant par "V" ... Vivent les volubiles vicissitudes des vils enchevêtrements en folie ! %D)
Bref :
Chapitre XXII – Visite du futur, ou ennuis en perspective ?
Spoiler:
« Sandra, je suppose que maintenant tu vas accepter que nous continuions notre enquête ensemble. Je me trompe ? - Non, c'est exact, sourit l'adolescente. Pourquoi vous aurions-nous tant appris sur le futur dans le cas contraire ? »
Le professeur d'archéologie parut soudainement inquiet, ou plutôt en pleine réflexion. Visiblement, soit quelque chose lui échappait encore concernant le futur, soit il avait une piste ...
« À quoi pensez-vous, Professeur ? tenta son assistante. - Etant donné que tu es loin d'être la cause de cette affaire, Sandra, les pokémon qui attaquaient Dublin n'ont pas voyagé dans le temps grâce à ta machine. C'est d'ailleurs ce que tu précisais dans tes notes. »
Comme pour confirmer ses dires, l'archéologue sortit de la poche de sa veste le carnet sur lequel il avait recopié les symboles de la jeune fille du futur. Apparemment, il avait enfin pu les décrypter entièrement.
« Mais alors, continua Flora, soudainement inquiète, cela veut dire qu'il y a une autre machine ailleurs ? - C'est ce qui est le plus probable, et ce n'est pas une bonne nouvelle, approuva le détective, gardant son air sérieux et soucieux à la fois. Visiblement, celui qui détient cette autre machine à voyager dans le temps nous en veut. »
Sandra maintenait son regard dirigé vers ses chaussures, jusqu'à ce que l'homme ne l'interpelle.
« Pour découvrir qui, il nous faudra enquêter. Dans le futur, je précise bien ... »
L'adolescente sursauta, ne sachant que penser. Il reprit, à son intention.
« Si tu nous guides, nous ne devrions pas avoir trop de problèmes. Je me trompe ? »
Elle parut hésiter, et dirigea son regard interrogateur vers le haut de sa tête, plus précisément vers les yeux de Gabrielle, qui comme toujours s'y trouvait. Celle-ci ne lui échangea pourtant ni résistance, ni approbation. Elle soupira, puis se décida à répondre.
« En mille ans, beaucoup de choses ont changé. Surtout, essayez de rester discrets. - Tu aurais des conseils plus précis ? proposa Luke. - Ne vous étonnez de rien », répliqua-t-elle tout simplement avant de les mener vers l'entrée de la maison.
Avant de sortir cependant, la mère intervint et murmura quelques paroles à l'oreille de sa fille que le groupe ne put entendre. L'enfant qui avait pu écouter se mit à dévisager rapidement chacun de ses amis en détail avant de lui répondre.
« Oh, ça va encore. Ce n'est pas le plus important ... »
Une fois sortis sans un mot, Emmy tenta tout de même un chuchotement afin d'obtenir des explications.
« C'est à propos de la mode vestimentaire. Vous avez peut-être remarqué qu'elle a « légèrement » changé, mais comme je l'ai dit, le plus important est de ne pas vous faire remarquer par votre comportement. »
Pendant un instant, l'apprenti du professeur Layton fit le lien avec un manque de politesse, mais étant donné que l'adolescente du futur se savait en présence de parfaits gentlemen, cela ne pouvait pas être cela qu'elle sous-entendait.
« Ouah, tous ces pokémon ... ça ne vous rend pas un peu nerveux ? - S'il te plaît, Luke, ne parle pas si fort. Si on t'entend raconter ce genre de choses ici, il y a de quoi se poser des questions ... »
Sandra avait accepté de leur faire visiter Entrelasque, mais elle commençait à se demander si l'idée était si bonne. En attendant, elle marchait en tête du groupe, les londoniens la suivant en tentant de ne pas se faire remarquer plus que nécessaire.
« Où nous mènes-tu, Sandra ? tenta tout de même l'assistante du gentleman. - A la médiathèque. C'est le meilleur endroit pour obtenir des informations, aussi faibles soient-elles ... - Une médiathèque ? s'étonna Luke qui fronça les sourcils. Qu'est-ce que c'est au juste ? »
L'adolescente fut rassurée par le fait que le jeune garçon pensât à murmurer cette question. En effet, elle aurait pu paraître plutôt incongrue et sa réponse évidente pour quelqu'un provenant du futur. Tellement qu'elle n'y avait pas pensé elle-même ...
« Une médiathèque ... disons que c'est une sorte de bibliothèque, mais avec des outils plus technologiques, qui sont encore plus efficaces pour recueillir des informations. En fait, vous risquerez même de ne pas y trouver un seul livre, aujourd'hui tout est numérique. »
Le professeur songea un instant à lui demander la signification de « numérique », mais après rapide réflexion cela devait qualifier tout ce qui ne concernait pas le papier et l'encre de son époque. Les londoniens s'émerveillaient face à l'architecture à la fois pittoresque et moderne de la ville, mais tentaient de le cacher malgré tout.
Emmy, cependant, mourait d'envie de prendre tous ces beaux paysages en photographie. Après tout, son appareil était toujours à sa place, dans la pochette qu'elle gardait dans son dos ... Cependant, il valait peut-être mieux qu'elle ne le fasse pas. Elle passerait pour une touriste, et visiblement ce n'était pas ce qui regorgeait dans les rues. Et puis, c'était le futur. Si elle développait ses images une fois rentrée à Londres, il aurait fallu les dater et les localiser. Quelles indications donnerait-elle ? Une date future qui paraît être dans le passé et le nom d'une ville qui n'existe pas encore ? De plus, elle se souvint de l'appareil photographique que Sandra avait utilisé à Dublin, et il n'avait pas du tout la même tête. Peut-être que son modèle dont elle était si fière n'existait même plus ? Elle avait donc tout intérêt à ne pas le montrer. Cela aurait immédiatement paru suspect de voir quelqu'un avec une « antiquité » qui fonctionnât toujours.
« Eh, les gars ! Crâne d'œuf est de retour ! »
Les londoniens regardèrent soudainement autour d'eux. Les passants semblaient vouloir à tout prix s'éloigner de la rue, car tous accélérèrent le pas. En moins d'une minute, la voie devint presque déserte. Sandra avait à peine sursauté en entendant ce cri. Cependant, elle s'était arrêtée dans sa marche – aussitôt imitée par ses amis qui ne comprirent pourtant pas son acte – et avait baissé la tête. Ses yeux devinrent indiscernables à travers ses cheveux bruns, mais il n'était pas difficile de deviner qu'ils avaient perdu une fois de plus leur éclat malicieux et enfantin qu'elle aimait leur réserver. Pour toute explication, elle leur marmonna quelques phrases saccadées et sèches d'un ton grave, mais également à peine audible. Un ton uniquement entendu par les concernés.
« Surtout, ne dites rien. Ne faites rien. Je m'occupe de tout. »
Le quatuor du passé n'eut pas le temps de lui demander d'explications plus claires qu'un petit groupe d'adolescents le bouscula sans hésitation, se mettant à entourer la jeune adolescente du futur. Flora s'apprêtait à les interpeler pour leur demander la raison d'une telle brutalité, mais elle croisa le regard de leur principale victime. Un regard légèrement triste, mais qui lui implorait de ne pas intervenir, comme elle l'avait demandé.
« Alors, Crâne d'œuf* ?, continua le même garnement qui l'avait interpelée et qui semblait être le chef de la bande. Ça va faire combien de temps qu'on t'a pas vue traîner dans les rues ? - Une semaine, au moins, répliqua un autre. - Ouais, reprit-il. Une semaine que t'es pas sortie de chez toi, et maintenant tu rappliques avec des types qu'on a jamais vus. Comment t'expliques ça, Crâne d'œuf ? »
Sandra ne répondit pas, mais adressa à l'adolescent un regard froid qui montrait parfaitement le courant de ses pensées. D'une part, qu'elle avait un nom autre que ce surnom péjoratif qu'elle ne supportait pas, d'autre part que ce n'étaient pas ses affaires. Ignorant ces yeux méprisants, le grand badaud – qui avait bien trois à cinq pouces de plus qu'elle – la bouscula en signe d'insistance, si bien qu'elle faillit tomber au sol. Gabrielle sauta de la tête de sa maîtresse et se rua sur lui en montrant les crocs, mais celui-ci ouvrit une poké ball et la petite créature se retrouva face à un pokémon gigantesque, dont la taille devait approcher les cinq ou six pieds de haut.
Les londoniens, à défaut de montrer parfaitement leur étonnement – ce qui aurait paru particulièrement suspect – reculèrent de plusieurs pas, de peur de se faire renverser malencontreusement par un mouvement de queue ou autre de la part du nouveau venu. Cependant, ils rencontrèrent rapidement d'autres adolescents du groupe qui les menacèrent suffisamment avec leurs boules rouges et blanches en main pour leur faire comprendre qu'ils étaient invités à rester sur place.
« Alors, c'est ça que tu veux, hein ? Tu vas répondre, ou Tranchodon va faire mordre la poussière à ton rattata ridicule ! »
Comme pour confirmer les dires de son dresseur, l'immense dragon – qui apparemment se nommait Tranchodon – se saisit fermement du petit écureuil électrique par la peau du cou et l'envoya brutalement au sol. La jeune lady du futur ne put réprimer un petit cri pour son amie et se décida à sortir l'une de ses poké balls et à la faire rentrer à l'intérieur avant que la créature imposante d'un gris jaunâtre ne la fît souffrir davantage.
« Au cas où tu ne l'aurais pas remarqué, ça ne te regarde pas. Et comment sais-tu que je ne suis pas sortie de chez moi de toute la semaine ? Nous aurions tout simplement pu ne pas nous croiser. M'aurais-tu espionnée, par hasard ? »
Tandis que Sandra fronçait les sourcils, et commençait même à devenir légèrement soupçonneuse, le chef de la bande d'adolescents ricana.
« Moi ?, fit-il d'un air faussement innocent, un grand sourire jusqu'aux oreilles aux dents blanches toutes sorties. Non, c'est mal me connaître, enfin. J'ai juste demandé à ce qu'on te surveille. Depuis que t'es arrivée dans ce bled, tu fais des trucs bizarres. Tu parles à personne, on te voit presque jamais, seulement dans les coins où on trouve des crânes d'œuf comme toi. On a jamais pu découvrir ce que tu fichais chez toi. Maintenant, tu disparais pendant une semaine et on te retrouve tranquille dans la rue, avec des types louches. »
Les londoniens n'apprécièrent pas particulièrement le surnom de « types louches », et Luke en particulier ressentit l'envie de venir en aide à son amie et de leur donner une bonne correction. Il fit un pas en avant, mais son mentor tenta de le retenir silencieusement. Même si celui-ci était un adulte, il ne pouvait visiblement rien faire de plus qu'observer la scène en espérant que Sandra s'en sorte. Et puis, le fait d'intervenir pouvait, à défaut de l'aider, empirer grandement la situation.
« Si tu veux savoir, ce sont des amis de Fiore, mentit-elle. Ça va faire une semaine qu'ils sont chez moi, et nous n'avons tout simplement pas eu l'occasion de sortir. »
La quasi-totalité des rebelles se tourna alors vers le quatuor, qui fit de son mieux pour laisser paraître véridique ces propos. L'enfant profita cependant du manque d'attention de la part des jeunes pour s'extirper de leur encerclement, et tenter de sortir de la même manière ses amis de ce mauvais pas. Mauvaise idée : le garnement la remarqua immédiatement, et quelques signes suffirent pour que cinq d'entre eux se jettent sur elle et l'immobilisent.
« Je vois, continua-t-il en oubliant complètement la tentative d'évasion, des incapables de Fiore. C'est bien l'une des seules régions où y'a pas un seul dresseur, hein ? - Oh, mais je vois que tu as révisé ta géographie Koga, ironisa Sandra avec un très léger sourire en coin, dans une dernière lueur d'audace. Félicitations. »
Ainsi donc, le chef de la bande se nommait Koga ... Cependant, celui-ci n'apprécia visiblement pas la remarque insolente de l'adolescente et la bouscula à nouveau. Cette fois, la jeune lady s'effondra contre le sol face à la surprise et la puissance du coup. Les garnements la lâchèrent et s'éloignèrent, personne ne venant pour la retenir dans sa chute. Les londoniens s'apprêtaient à intervenir. Ces barbares allaient beaucoup trop loin. Cependant, une dernière fois, la jeune fille leur adressa un regard suppliant. Cela ne pouvait qu'empirer les choses ... Emmy, elle, pensait bien qu'elle pouvait venir à bout des gamins sans aucun souci. Le seul problème qui la faisait hésiter était bien sûr « Tranchodon », qui lui n'aurait visiblement aucune hésitation en l'attaquant. Elle avait déjà été empoisonnée par un « nostenfer », cela lui suffisait largement pour apprendre la leçon qu'il ne fallait pas se frotter à ce genre de créatures.
La bande railla plusieurs longues minutes contre leur amie, qui ne tenta pas tout de suite de se relever. Elle semblait avoir deviné que Koga répéterait ses bousculades tant qu'elle serait debout. Peut-être par habitude, étant donnés leurs comportements ? Finalement, le chef parut lassé de se moquer de la même victime qui avait déjà avoué sa défaite, aussi ordonna-t-il leur départ imminent.
« Allez les gars, on décampe ! »
Le groupe partit de même qu'il était venu. Le « patron » des rebelles fit rentrer à son tour l'immense dragon dans une autre boule rouge et blanche avant de commencer à s'éloigner. Les londoniens purent enfin s'approcher de l'enfant et l'aidèrent à se relever. Cependant, ils ne pouvaient pas croire que les adolescents les quitteraient aussi facilement ... Koga, qui était le dernier du groupe, se tourna une dernière fois vers Sandra.
« Eh, Crâne d'œuf. C'est dommage que tes potes n'aient pas de pokémon, tu vas devoir te battre à leur place ! »
Tous lui présentèrent un regard interrogateur. Pourtant, la seule paire d'yeux qu'il sembla voir était celle de sa principale victime, aussi fut-elle la seule concernée par ses prochaines paroles.
« Eh, t'as déjà oublié ? Demain, on est le premier Rindo ! La fête saisonnière et tout ça ... Tu vas mordre la poussière au tournoi, j'en suis sûr ! »
Alors qu'il s'apprêtait à continuer sa marche, il se retourna une fois supplémentaire, comme se souvenant d'un détail qu'il avait pu omettre.
« Au fait, on compte sur toi pour participer, hein ! Sinon, pokémon ou pas, vous allez tous avoir affaire à nous, toi comme tes potes ! »
Il s'éloigna. Sandra soupira, rassurée d'en avoir enfin fini avec eux, mais elle savait que les explications allaient devoir reprendre de plus belle, puisque ses amis n'avaient bien sûr rien compris de ce qu'il s'était produit.
« Sandra, qui étaient ces gens ? Tu les connais ? commença Flora, ses sourcils froncés et son ton exprimant clairement le mépris qu'elle ressentait contre les « gens » en question. - Pour les connaître, ça je les connais, maugréa-t-elle. Koga et sa bande croient avoir le droit de faire régner leur propre loi, sous prétexte que leurs pokémon sont plus puissants. - Il semblerait qu'ils aient une dent contre toi, ajouta calmement le professeur. Sais-tu pourquoi ? »
La jeune fille soupira longuement avant de répondre.
« Vous en avez entendu la raison plusieurs fois, assura-t-elle. - Je crains ne pas voir où tu veux en venir, répliqua Emmy. Qu'est-ce que tu sous-entends ? - Leur raison se résume en deux mots, continua l'adolescente : « crâne d'œuf ». - Ce n'est pas un surnom très gentil, grogna Luke. - Merci de me l'apprendre », prononça l'enfant du futur d'un ton visiblement vexé, avant de se retourner.
L'apprenti du gentleman voulut s'excuser, mais ce fut à son mentor de prendre le relais.
« Sandra, tu dis qu'ils tentent de faire la loi ? - Oh, ce n'est rien. En principe, ils ne se comportent qu'en rebelles libres comme l'air et antipathiques ... sauf avec ses souffre-douleurs. - Et j'ai comme l'impression que tu en fais partie », déduisit l'assistante.
L'enfant du futur approuva tristement d'un mouvement de tête, puis fit volte-face et se remit à marcher.
« Euh, Sandra, où vas-tu ? demanda Flora, étonnée de voir son amie faire demi-tour sans prévenir. Nous n'allons plus à la « bibliothèque-quelque-chose » ? - Non, répliqua-t-elle à la fois froidement et soucieusement. Entrelasque devient trop dangereux pour le moment, et nous ne savons même pas ce que nous cherchons. Je vous ramène à Londres. »
Les londoniens insistèrent pour rester, mais rien n'y fit.
« Je ne participerai pas au tournoi de demain, nous avons d'autres chacripans à fouetter. Qu'ils viennent continuer leurs moqueries ensuite, au moins ils ne risqueront pas de vous retrouver. Vous serez tranquilles si vous restez à votre époque. »
« Sandra, quand est-ce que nous nous retrouverons ? »
Face à cette question de la jeune londonienne, l'adolescente aux lunettes parut hésiter un long moment. Elle baissa le regard, mais finit par le relever, fixant ses amis du passé de ses yeux à l'éclat malicieux et énigmatique qu'elle leur adressait, quoiqu'accompagné d'une petite lueur de tristesse. Ses paroles furent inutiles, à la simple vue de son regard on pouvait discerner sa réponse.
« Je ne sais pas encore. Bientôt, j'espère. »
Elle alluma la machine qui se trouvait juste derrière elle et ses doigts dansèrent bruyamment un instant sur le clavier, inscrivant les données permettant au quatuor de retourner là d'où il venait. Juste avant de démarrer le processus, elle se retourna une dernière fois vers ceux qu'elle était sur le point de quitter pour une durée indéterminée, et en particulier vers le professeur Layton. Elle s'approcha lentement et calmement de lui. Le silence se plongea dans la salle. Un silence surpris par l'acte incongru de la jeune fille.
Elle venait de se précipiter dans les bras de l'homme au haut de forme et le serrait dans les siens, ce qui ne lui ressemblait pourtant pas. L'archéologue ne sut comment réagir, aussi se laissa-t-il faire. Rapidement, il crut ressentir quelque chose d'étrange, mais il songea qu'il s'était trompé. Enfin l'enfant du futur relâcha son emprise, laissant l'adulte en face d'elle.
« Professeur ... J'ai bouclé ma boucle. - Que veux-tu dire, Sandra ? »
L'adolescente ignora cette question pourtant capitale en apparence et continua comme si de rien n'était.
« Bientôt, ce sera à vous de boucler la vôtre. Bonne chance. - Je ne vois toujours pas où tu veux en venir. Qu'entends-tu par « boucle à boucler » ? - Je suis désolée, mais je n'ai pas le droit de vous le dire pour le moment. Et puis, en vérité je n'en sais pas beaucoup plus que vous. Mais ... Vous le découvrirez par vous-même. Très bientôt. »
Elle recula vers la machine, enclencha le processus permettant de relier son époque à celle des londoniens. Rapidement, un bourdonnement sourd se fit entendre, signe que la machine était en marche. La jeune lady se retourna vers ses amis et leur montra le chemin invisible qui leur permettrait de rentrer à Londres.
« Au revoir. », prononça-t-elle tout simplement, presque mécaniquement.
Le petit groupe lui rendit son « au revoir », les ayant déjà donnés à la mère peu avant. Les uns après les autres, ils traversèrent la cloison blanche. Juste avant que le professeur d'archéologie, dernier, ne rentre chez lui, l'enfant lui adressa quelques paroles supplémentaires.
« Ne vous en faites pas, Professeur. Nous nous reverrons bientôt ... »
Le gentleman en question la fixa d'un regard interrogateur une fois de plus, mais retourna dans son époque, ayant compris qu'elle ne lui donnerait aucune information supplémentaire. Juste avant d'éteindre la machine à voyager dans le temps, et donc de rompre définitivement le tunnel qui reliait les deux époques, Sandra précisa sa dernière phrase, un sourire énigmatique aux lèvres.
« ... Plus tôt que vous ne le croyez, pour vous comme pour moi. »
Note : * « Crâne d'œuf » est plus ou moins la traduction littérale de l'expression anglaise « egghead », qui signifie « intello ».
Oui, même si le texte est écrit en français, il ne faut pas oublier que nos chers amis sont anglais, après tout ! ^^
Chapitre XXIII – Voyages temporels en série [1/3]
Spoiler:
Le professeur ainsi que ses assistants s'étaient retrouvés dans une rue visiblement peu fréquentée de Londres. Il était en effet moins probable de s'y faire remarquer, aussi Sandra avait dû choisir exprès cette venelle sombre.
« Qu'allons-nous faire maintenant, Professeur ? demanda Luke, désorienté. - La priorité est de rentrer. Nous en reparlerons sur le chemin. »
Voulant joindre des actes à ses dires, l'archéologue se mit en marche vers le premier croisement qui apparaissait, aussitôt suivi de ses amis. Ils débouchèrent rapidement sur une rue déjà plus éclairée et accueillante. Le marché du dimanche était déjà terminé, les rues londoniennes avaient retrouvé leur quiétude. Le trajet fut rapidement retracé, et les quatre londoniens le suivirent silencieusement. Après tout, de quoi pouvaient-ils bien parler ? Ils n'avaient plus rien à dire.
Les rues ayant retrouvé leur calme habituel du dimanche après-midi, le soleil n'en semblait que plus resplendissant. Les quelques voitures qui passaient ne troublaient pas l'air pur de Londres ni sa quiétude, se faisant presque oublier. Alors que le groupe passait devant une petite ruelle sombre – sans l'emprunter –, une voix s'y fit entendre, presque muette.
« Layton ... Il faut que je te dise quelque chose ... »
Le groupe avait malgré tout entendu et se tourna vers la voix, que tous reconnurent à l'exception d'Emmy.
« Paul ! s'exclama le gentleman. Cela faisait longtemps, n'est-ce pas ? Apparemment, vous continuez de vous cacher dans les petites allées ... - Pour la dernière fois, c'est Don Paolo ! Et puis parle moins fort, tu es suivi. »
La dernière remarque étonna tout le monde. Flora tenta un coup d'œil discret vers l'arrière : la rue était déserte, malgré une jeune silhouette qui marchait discrètement dans leur direction. L'homme parlait-il d'elle ?
« Au fait, continua l'ennemi du professeur en pointant du doigt l'assistante, c'est qui cette [i]lady ? - Je suis Emmy Altava, l'assistante du professeur Layton. Et vous êtes ? - Layton a une assistante ? Alors ça c'est la meilleure ! Et si elle n'avait pas les oreilles bouchées, mademoiselle Altava aurait peut-être entendu que je m'appelais Don Paolo ... »
La jeune lady voulut répliquer face à cette remarque peu agréable, mais le professeur la coupa avant qu'elle ne réagisse.
« Depuis quand ce jeune homme nous suit-il, en revenant à lui ? - Depuis un bout de temps, si tu veux savoir. C'est clair, il te veut quelque chose ... »
Le groupe se tourna complètement vers le petit garçon, qui n'était maintenant plus qu'à quelques pieds d'eux. Il était de petite taille, aussi son regard porté sur eux était-il élevé par rapport à sa tête. De profonds yeux noirs dont l'émotion ressortant était indescriptible, une tenue très simple, presque trop légère. A se demander comment il faisait pour ne pas attraper froid. Ses cheveux brun-gris se promenaient au gré de la brise légère, sans pour autant cacher ses yeux pleins de mystère. Personne ne le reconnut, et personne ne semblait le connaître. La question de réciprocité était cependant à se poser, étant donné que le gamin semblait leur vouloir quelque chose. Qu'était-ce donc ? Il ne tarda pas à exposer sa requête. Tout en demeurant silencieux, il fit geste au professeur de le suivre. Celui-ci ne bougea pas, méfiant.
« Qui es-tu ? Que nous veux-tu ? »
L'enfant ne prononça pas une seule parole. Son regard insistant ne cillait pas. Sa tête était décidément trop basse pour qu'un quelconque sentiment de supériorité ne se fasse ressentir, et pourtant ses yeux noirs à peine cachés par les mèches grises semblaient donner comme un air hautain au jeune homme. Ce sentiment était complètement indescriptible. Le professeur d'archéologie semblait complètement absorbé par ce regard insistant, mystérieux, d'où se dégageait comme une force invincible. Plus rien n'existait autour de ces deux yeux noirs. Le détective ne pouvait plus détacher son regard de ces deux pupilles qui le fixaient et faisaient ressentir comme une pression implacable et insurmontable.
Le jeune garçon répéta son geste, sans baisser les yeux. Il voulait qu'on le suive. Il fallait qu'on le suive. Le gentleman fit un pas en avant, lentement. Sans un mot. Puis il continua, de plus en plus rapidement. Le gamin esquissa un rictus en coin de bouche et se retourna, s'éloignant. Le professeur Layton le suivit, sans rien dire.
« Bah, Layton ! Qu'est-ce que tu fais ?! » s'exclama son ancien camarade de classe, stupéfait.
Comme toute la troupe, il s'attendait à un nouveau refus. Cette soudaine résignation était étrange ... Et, comble de l'étonnement, l'homme au haut-de-forme ne réagit même pas face à ces paroles. Comme s'il ne les avait même pas entendues. Comme si elles n'avaient jamais été prononcées. Les deux hommes s'éloignaient à vue d'œil, de plus en plus rapidement. Songeant que c'était le mieux à faire, ses amis le suivirent. Don Paolo, lui, resta sur place.
« Ça, c'est pas normal ... » murmura-t-il pour lui-même en fronçant légèrement les sourcils.
Le professeur s'était déjà pas mal éloigné, aussi ses assistants se mirent à courir pour le rattraper, zigzaguant entre les passants qui ne comprenaient rien à l'étrange scène.
« Professeur, où allez-vous ? »
Luke tentait de l'appeler. En vain. Comme lors des paroles étonnées de leur rival, son mentor ne semblait même pas l'entendre, ce qui les inquiéta encore plus. Leur ami continuait de marcher d'un pas étrangement lent et rapide à la fois, presque fantomatique. Il ne semblait avoir d'yeux que pour ce regard énigmatique et puissant du jeune homme, qui s'était pourtant écarté depuis déjà quelques minutes.
L'apprenti courut comme il ne l'avait jamais fait auparavant, et réussit à dépasser petit à petit Emmy, quelques passants, puis son mentor. Pensant avoir plus de chances de l'interpeler une fois près de lui, il retenta ses appels.
« Professeur ! Professeur ... »
L'homme n'avait même pas baissé le regard un instant. L'adolescent monta alors le sien afin d'essayer de le croiser lui-même. Ce qu'il vit l'étonna et le terrifia tellement qu'il trébucha. Le temps de se relever, le gentleman était déjà loin. Une fois sa cheville rapidement massée, le jeune garçon rajusta sa casquette et se remit en route de plus belle, aidé par l'assistante et la jeune londonienne qui venaient d'arriver à son niveau.
« Ça va, Luke ? tenta Flora, à bout de souffle. - On peut dire ça ... »
Il ne pouvait s'empêcher de penser au regard de l'archéologue. Un regard vide, dénudé de toute expression et qui regardait dans le vague. Aucune émotion n'en ressortait.
« Comme si ... comme s'il était somnambule ... » songea-t-il, horrifié.
Pourtant, qu'avait-il bien pu se passer pour que son mentor ne s'endorme et devienne subitement somnambule ? Cela n'avait ni queue ni tête. Non, il lui était arrivé quelque chose, et c'était certainement le jeune gamin plus que suspect qui pouvait le savoir.
Pour finir, celui-ci – toujours sans avoir prononcé un seul mot depuis le début – prit une petite venelle abandonnée, suivi bientôt du gentleman. Le groupe se mit à courir à nouveau afin de ne pas les perdre de vue. Et ce qu'ils virent les stupéfièrent.
Le garçon se décala sur le côté, regardant le professeur marcher vers le mur qui terminait l'impasse qu'ils avaient empruntée. Il le traversa, et l'enfant le suivit.
« Encore un voyage dans le temps ? » songea Emmy, redoublant sa célérité.
Ils devaient absolument les suivre. Peu importaient les conséquences. Visiblement, cette machine n'était pas celle de Sandra. Il n'était pas du tout dans ses habitudes de réagir ainsi. Donc, par pure déduction, il devenait évident que celle-ci fût celle qui était à l'origine de tous les problèmes. Le seul moyen de récolter des informations était de se rendre dans l'époque à laquelle elle menait. Ils devaient s'y rendre, à tout prix.
Cependant, en atteignant le mur, elle s'y cogna si violemment qu'elle tomba au sol. Luke et Flora arrivèrent enfin, et ne passèrent pas non plus. L'assistante du professeur se releva après s'être rapidement massé les joues et commença à rager, martelant la muraille de briques rouge foncé de ses poings qui virèrent à l'écarlate en moins d'une minute. Pourtant, elle ne prêtait aucune attention à la douleur. Ce qu'ils venaient de rater était bien trop important.
Ils durent pourtant se rendre à l'évidence : le professeur avait fait un voyage dans le temps, et se trouvait dans un lieu et à une époque complètement inconnus. Ils n'avaient aucun moyen leur permettant de le rejoindre. Quant à son retour, il était impossible de l'affirmer.
« Emmy, qu'allons-nous faire ? » murmura l'adolescente, tellement inquiète qu'elle était presque sur le point de pleurer.
La seule adulte restante du groupe baissa le regard, gardant pourtant les sourcils froncés. Elle réfléchit plusieurs minutes, puis fit lentement volte-face, la tête basse. Les deux enfants s'attristèrent.
« Nous rentrons. C'est ce qu'il y a de mieux à faire. »
Le trio rejoignit l'allée principale et se remit tristement en route, sans cependant se rendre compte qu'il était suivi de loin. Une petite ombre se détacha du mur et imita leurs gestes, curieuse ...
« Voilà, c'est chez moi ... Bon, c'est peut-être un peu moins grand que chez le professeur, mais ça devrait suffire ... »
Les trois londoniens s'étaient rendus jusqu'aux appartements de leur ami, mais s'étaient rapidement rendu compte que seul celui-ci en possédait la clé, et qu'ils ne pouvaient donc pas rentrer. Afin de ne pas passer la soirée dehors, Emmy avait donc déposé une lettre sur le pas de la porte et emmené ses amis à son appartement. Si son mentor revenait, il avait tout intérêt à savoir où les retrouver ...
La résidence de la jeune lady n'avait pas été préparée pour accueillir plus d'une personne, mais le trio avait un autre embarras. Ils devaient retrouver le professeur, pourtant cela semblait difficile. En effet, le pouvaient-ils ? Ils ignoraient tout, de sa localisation à l'époque où il demeurait. Même trouver une aiguille dans un camion de bottes de foin à la main aurait été une tâche plus facile. Et puis, même s'ils savaient où et quand il se trouvait, ils n'avaient aucune machine à voyager dans le temps à portée de main qui leur permettrait de le rejoindre. Autrement dit, c'était mission impossible.
Pendant que l'assistante se chargeait d'arranger la maison afin de pouvoir accueillir les deux adolescents, ceux-ci étaient restés assis dans le salon à réfléchir à ce problème.
« Luke, crois-tu que Dimitri Allen pourrait nous aider ? - Dimitri Allen ? Tu parles de ... ah, oui ! Le scientifique qui faisait des recherches sur les voyages dans le temps ... Mais ça va faire deux ans qu'il a complètement tiré un trait dessus. Il est très probable qu'il n'ait quasiment rien gardé de ses recherches, mais après tout, pourquoi pas ... »
La voix de l'adulte résonna au loin. Les murs semblaient fins et laissaient facilement passer le son, et elle écoutait distraitement la conversation tout en continuant de préparer la chambre des enfants. Autrement dit, elle avait tout entendu et avait son mot à dire.
« Je ne pense pas que ce soit une bonne idée. Il ne pourra pas nous dire où est le professeur, et de toute manière nous avons promis à Sandra de ne rien dire à personne à propos de cette affaire ... »
Les deux adolescents soupirèrent. En effet, cela n'était finalement pas d'une grande utilité, et cela nécessiterait également de violer la promesse qu'ils avaient faite à l'adolescente du futur.
La sonnerie retentit soudainement, les sortant de leur réflexion. Emmy posa au sol les draps qu'elle portait et courut ouvrir la porte sur un jeune homme qui la fixa d'un regard neutre. L'étudiant – car son uniforme et son âge approchant les dix-sept ans laissaient paraître que c'en était un – ajusta ses lunettes métalliques avant de donner la raison de sa visite.
« Vous êtes l'assistante du professeur Layton, je me trompe ? Il y a plusieurs détails que j'aimerais vous demander. A propos de cette affaire dont vous vous êtes occupés à Dublin. »
Sans répondre, la jeune lady le fit entrer et le mena dans le salon où se trouvaient Luke et Flora avant de s'excuser poliment et se remettre à préparer les chambres de ses deux amis. L'étudiant lui paraissait très légèrement familier, mais il ne lui disait rien qui vaille. Peut-être à cause de ces yeux au regard neutre, et légèrement méprisant.
Ahlàlà, oui je suis très méchante avec eux ... 8D
édit : Pour la science, heureusement que c'est cohérent ! Quelle "future-physicienne" ferais-je si ma bonne soupe de synthèses de théories scientifiques n'était pas cohérente ? x)
Clive Dove
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Dim 3 Juin - 14:42
C'est très rare de voir du subjontif de l'imparfait de nos jours ! :shock: Mais cela procure indéniablement un certain charme au récit... Un charme "ancien" j'ai envie de dire %)
Spoiler:
En ce qui concerne "l'enfant" tu emploies également le terme de "jeune homme" ... Mais "jeune garçon" ne serait pas plus approprié pour souligner sa jeunesse ?
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Dim 3 Juin - 16:48
>> Subjonctif imparfait : je sais, je suis de ceux qui cherchent à le "ressusciter". Alors pourquoi ne pas l'écrire ? x) >> Je l'utilise pour Luke. Certes, il a 13 ans dans les jeux, mais je dois rappeler que mon roman se passe deux ans après ... Donc Luke a 15 ans. On peut le qualifier de jeune homme, maintenant, nan ? x)
Au fait : suite ! ^^
Chapitre XXIV – Voyages temporels en série [2/3]
Spoiler:
« Je n'appelle pas héros ceux qui ont triomphé par la pensée ou la force. J'appelle héros, seuls, ceux qui furent grands par le cœur. » Romain Rolland (écrivain français)
Un claquement de doigts fit sursauter le professeur Layton, qui revint soudainement à la réalité. Il ne se souvenait que de peu de choses sur le moment et avait un étrange mal de crâne. Peu à peu, tout lui revint : le retour du futur vers ses appartements, la rencontre avec Don Paolo, le garçon qui l'avait mené ici. Il pensa soudainement à faire demi-tour, mais il rencontra un solide mur d'acier. Il ne se trouvait visiblement plus à Londres, mais dans une gigantesque salle blindée. Le professeur d'archéologie était piégé, et ne comprenait toujours pas pourquoi il s'était mis à suivre ce maudit garnement. Garnement qui était juste derrière lui, et continuait de le fixer de ses yeux énigmatiques.
Il n'était cependant pas l'origine du bruit qui l'avait tiré de son « sommeil ». Une machine semblable à celle qui se trouvait dans la cave de Sandra demeurait au fond, et un homme était assis sur un fauteuil de cuir devant elle. La salle étant peu éclairée, il était impossible de le distinguer en détail, mais la position de son bras droit montrait encore que le claquement de doigts venait de lui. Le gentleman n'hésita pas un instant de plus et démarra une discussion, sur un ton de reproche, cependant un peu embarrassé.
« Qui êtes-vous, Monsieur ? Et pourquoi m'avoir mené ici ? »
L'inconnu prit quelques secondes de silence avant de répondre.
« J'ai comme l'impression que vous en savez beaucoup sur les voyages temporels, « Professeur ». De plus, vous êtes archéologue d'après ce que j'ai appris. Je me trompe ? »
Cette réplique était aussi inattendue que prévisible. En effet, le professeur craignait bien qu'il n'obtînt pas de réponse à sa première question. Cependant, il avait comme l'impression que l'homme était sur le point de répondre à la deuxième ...
« Comment pouvez-vous être sûr de ce que je sais à propos des voyages dans le temps ? À moins que ... »
Le gentleman s'interrompit quelques instants, nécessaires pour enfin commencer à rassembler quelques pièces du puzzle.
« C'est vous qui nous avez épiés, « tout à l'heure », n'est-ce pas ? - Je vois que vous comprenez vite. Votre assistante semble redoutable, je ne regrette pas de l'avoir laissée à votre époque. - Je répète ma question : pourquoi suis-je ici ? »
L'étranger ricana, ce qui lui fit froncer les sourcils.
« C'est très simple. Zorua vous a demandé de le suivre jusqu'ici. Vous avez simplement obéi. - Vous parlez de ce jeune garçon ? Il n'a pourtant rien dit. »
Il fit un étrange sourire à la fois énigmatique et mauvais, qui fut comme un signal pour l'enfant en question.
« Je ne vois pas de quel « jeune garçon » vous parlez. »
Comme pour confirmer ses dires, « Zorua » se mit soudainement à briller d'une lueur rougeâtre. Lorsque la lumière disparut, le garnement avait disparu. Seul restait une sorte de petit renard gris. Un pokémon.
« En voyant votre refus, il a simplement lancé une attaque hypnose. Pas trop mal à la tête ? Il y a un verre d'eau et de l'aspirine derrière vous, si vous voulez. »
Le gentleman vit en effet une petite table avec un verre contenant le précieux liquide, ainsi qu'un médicament. Cependant, il le refusa, voulant éviter un second piège. Et puis, autre chose le préoccupait sur le moment. Il réfléchissait au sens de « attaque hypnose » qui lui échappait encore légèrement, mais il ne tarda pas à comprendre. Ce regard ... c'était cela qui avait dû « l'hypnotiser », au sens propre du terme.
« Mais cela ne m'explique toujours pas ce que vous me voulez. Ou plutôt, pourquoi vous avez envoyé vos pokémon à Dublin avec l'ordre de tout détruire. »
L'inconnu sursauta. Visiblement, il ne comprenait pas de quoi il parlait. Ou alors, il ne s'attendait pas à ce que le professeur comprît aussi tôt.
« Décidément, rien ne vous échappe, sourit-il mystérieusement. En revenant à votre question ... J'aimerais d'abord que vous me donniez quelques renseignements sur votre époque. - Pourquoi devrais-je vous les donner ? » répliqua le londonien, sur ses gardes.
A vrai dire, il avait déjà une hypothèse concernant la réponse à sa question. Il n'était pas complètement sûr de lui, mais de toute manière il savait que ces « renseignements » ne lui seraient pas forcément bénéfiques, à lui comme à son époque entière. Il avait donc tout intérêt à se taire. L'étranger soupira, Zorua détourna la tête. Apparemment, celui-ci n'était pas tellement dans le coup. Il ne faisait qu'obéir aux ordres que son « dresseur » lui avait donnés, comme les autres. Du moment qu'il n'en recevait aucun, il n'avait pas à en exécuter.
« Vous n'ignorez pas de quoi sont capables les pokémon, « Professeur ». Il me suffit d'un simple appel pour qu'une dizaine d'entre eux accourent. Je pense que vous avez donc tout intérêt à obéir, « Professeur ». »
Il était difficile de dire s'il faisait exprès ou non de buter sur le nom « Professeur », mais celui que ce nom désignait n'y prenait pas garde. Il le savait, ces renseignements ne feraient qu'aider celui qui était à l'origine du mystère entier depuis le début. Mais comment résister face à de telles créatures ? Il savait parfaitement qu'il n'était pas de taille. Cependant, s'il ne pouvait pas lutter, il pouvait retarder au mieux le moment de s'expliquer ... L'inconnu remarqua soudainement que son interlocuteur reculait vers l'unique porte de la salle depuis le départ de leur conversation. Il soupira, puis précisa qu'elle était verrouillée avant de demander à nouveau ces informations sur le passé.
Le gentleman prit enfin attention à une étrange sensation qu'il ressentait depuis déjà quelques minutes. Comme si quelque chose remuait dans l'une des poches de sa veste. Discrètement, il y plongea la main, sans que l'étranger originaire du futur n'y prête attention. Il comprit alors tout. Il comprit l'embrassade de Sandra avant son retour à Londres. Il comprit ce qu'était cet objet qui se mouvait comme un diable dans sa poche, et pourquoi l'adolescente du futur l'y avait discrètement déposé. N'hésitant pas un instant de plus, il saisit sa chance et appuya sur l'unique bouton de la petite boule, prenant garde à ne pas la montrer au grand jour pour autant.
La poké ball s'ouvrit en provoquant une lumière aveuglante, puis laissa apparaître Nina qui avait apparemment suivi la scène, même enfermée dans le petit gadget. En effet, à peine sorti, le dragon vert se jeta sur la fameuse porte et l'enfonça sans aucun souci avant de sortir à toutes pattes. Le professeur d'archéologie le suivit, ne prêtant aucune attention aux cris stupéfaits de celui qui l'avait fait voyager dans le temps.
« Un libégon ? Mais que fait-il avec un libégon ?! »
L'homme ordonna à Zorua de les poursuivre, mais la petite créature était bien trop petite pour pouvoir tenir le rythme. Vexé, il ricana bêtement.
« Alors, vous voulez jouer à ça ? Très bien, nous allons jouer ... »
Le gentleman, à défaut de l'avoir entendu, continua de détaler, et son défenseur imprévu le devançait maintenant et lui ouvrait le passage, préférant détruire les murs plutôt que de longer les couloirs. C'est ainsi que le duo ne tarda pas à sortir. Et, comme ils pouvaient s'y attendre, ailleurs qu'à Londres.
Ils s'étaient retrouvés dans une sorte de bois épais et sombre. Il était facile de cacher une bâtisse dans une forêt dense, surtout si son but était de ne pas se faire repérer. Cependant, la course devait continuer s'ils ne voulaient pas être rattrapés. Nina montra alors son dos et ses ailes déployées au professeur, qui mit quelques secondes à comprendre. Il sembla hésiter, mais fut bien obligé d'avouer que le vol était la manière la plus simple de semer l'ennemi, comme l'avait si bien montré Sandra à Dublin. Il s'accrocha au dos du dragon du mieux qu'il put, peu rassuré. Il inspira et ferma les yeux pendant qu'ils s'envolaient.
« Jamais je n'aurais pu deviner que c'est ainsi que je ferais mon baptême de l'air ... » songea-t-il.
Il prit son haut-de-forme d'une main, s'agrippant au cou du pokémon de l'autre. Enfin Nina commença à courir au sol, puis à prendre son envol. Elle ferma les yeux lorsqu'elle s'apprêtait à dépasser la cime des arbres. Le duo rencontra quelques brindilles qui leur fouettèrent le visage, mais sitôt arrivés au-dessus de la forêt, le gentleman remarqua la silhouette d'une grande ville au loin.
« J'espère que ton sens de l'orientation pourra nous mener à Sandra, prononça-t-il. Du moins, si nous sommes bien à la même époque qu'elle ... »
Le « libégon », comme l'homme mystérieux l'avait si bien nommé, se dirigea vers la cité. En effet, le professeur pouvait en profiter pour connaître son nom, et sa localisation. Le gentleman espérait plus que tout que cet homme et Sandra appartiennent à la même époque. En effet, le seul moyen pour lui de rentrer à Londres un jour était bien sa machine à voyager dans le temps. Car l'hypothèse que l'autre machine que détenait cet homme fût accessible était bien à écarter ...
Au sol, une jeune silhouette regarda le duo s'éloigner, cachée par quelques broussailles. Elle l'avait vu décoller, et sembla avoir compris quelque chose. Elle murmura un grognement, puis fit demi-tour, disparaissant derrière les buissons.
« Cette ville se nomme donc Doublonville ... »
Une gigantesque pancarte souhaitant la bienvenue aux voyageurs se tenait face à eux, au-dessus de l'entrée de la cité. Cité qui semblait encore plus grande vue de près. Les bâtiments faisaient facilement plus de soixante pieds de haut et demeuraient impressionnants.
« Ce nom te dit-il quelque chose ? » demanda-t-il à son compagnon.
Le dragon hocha la tête négativement.
« Cela s'avère plus difficile que prévu ... Il nous faudrait une carte, cela aiderait bien. Vu comment cette ville est grande, il doit forcément y avoir une boutique qui en vend, non ? »
Nina gémit d'un air désolé. Elle voulait visiblement dire quelque chose, mais le gentleman était incapable de la comprendre.
« Si seulement Luke était là, il pourrait nous aider à communiquer ... »
Le « libégon » en déduisit qu'il ne s'était pas fait comprendre. Il tenta une autre approche et réussit tant bien que mal à montrer le portefeuille de l'homme.
« Tu crois que je n'ai pas assez d'argent ? J'en doute bien, une carte n'est pas si chère ... »
Le pokémon hocha à nouveau la tête. Ce n'était pas ce genre de problème qui le tourmentait. Le professeur réfléchit plus et se tut.
Ils étaient dans le futur. Il y avait donc quelque chose qui avait dû changer dans le futur par rapport à son époque, et qui l'empêchait d'acheter ce qu'il convoitait...
Le gentleman se tourna à nouveau vers Nina, et proposa une autre hypothèse qui l'inquiéta.
« La livre sterling de mon époque n'est plus utilisée ? »
Son interlocutrice acquiesça d'un mouvement de tête désolé. Le professeur abaissa la tête, essayant de raisonner correctement afin de trouver une autre alternative. Il n'en repéra aucune.
« Hé, m'sieur, je peux vous aider ? »
Le duo se tourna vers un petit gamin qui avait emprunté la même route boisée qu'eux. Le jeune homme ne devait pas avoir plus de dix ans. Visiblement, ce qu'il faisait dans la forêt était une recherche d'insectes, comme pouvait le montrer son filet. Les pokémon connaissaient donc également les insectes ? Ou alors, des « pokémon-insectes », peut-être ... Le professeur d'archéologie décida de sauter sur l'occasion pour essayer d'obtenir les renseignements qu'il convoitait.
« Si tu veux. En effet, nous avons un petit problème ... Saurais-tu nous dire où se trouve Entrelasque ? Nous devons absolument nous y rendre. »
Il s'était soudain souvenu du nom que l'adolescente du futur avait donné à sa ville. Il n'y avait donc plus qu'à espérer que le petit gamin soit calé en géographie.
« Eh bé, c'est pas la porte à côté Entrelasque ! C'est à Unys, vous savez ? - Pourrais-tu nous donner plus d'informations, s'il te plaît ? C'est vraiment très important. »
Le petit garçon regarda soudain le pokémon qui accompagnait le mystérieux voyageur et sourit.
« D'accord, mais seulement si vous accepterez de me combattre après. J'ai toujours rêvé d'affronter un pokémon qui vient de loin ! Vous savez, dans le coin, les libégons sont rares ! »
Le professeur tenta de s'expliquer. Ce pokémon n'était pas le sien, il n'était pas « dresseur », il n'avait jamais combattu ... Rien n'y fit. L'enfant acceptait de montrer l'itinéraire, mais il demandait le duel en échange avec une joie d'enfant. Cette pratique devait être courante, et moins dangereuse que les événements de Dublin, si même les gamins en avaient l'habitude.
Avant que l'adulte ne puisse ajouter quoi que ce soit, il sortit de son sac une sorte de rectangle noir, qu'il alluma. Hershel Layton cacha du mieux qu'il put son étonnement. En effet, ce geste paraissait tellement classique aux yeux du garçon qu'il crut suspect de paraître surpris. Le petit garçon posa son doigt à plusieurs reprises sur la machine, déclenchant plusieurs changements dans l'arrangement des couleurs qui apparaissaient. Une carte finit par se montrer, et il la présenta aux voyageurs.
« Voilà où on est : Doublonville, dans la région de Johto. Le plus simple est d'aller plein ouest et de franchir la mer. En passant par Sinnoh (il montra une grosse île tout en la nommant), si vous continuez vers l'ouest vous finirez par arriver à Unys. Après, Entrelasque c'est juste au nord, vers l'est. »
Nina et le professeur avaient écouté et regardé tous les mouvements du doigt du garçon qui se déplaçaient sur la carte. Celui-ci s'étonna à peine. En effet, Sandra leur avait dit que la guerre qui avait eu lieu avait complètement changé le visage de la terre, et cette carte qui montrait la planète la rendait méconnaissable. Le pokémon, lui, ne parut même pas surpris en regardant la carte. Quoi de plus normal ? Il avait toujours vécu dans ce monde.
Cependant, lorsque l'enfant demanda le combat, le dragon vert prit le professeur dans ses pattes sans même demander son avis et s'envola avec lui dans la direction nommée. Le gamin criait en bas, incapable de les suivre dans les airs, mais le pokémon n'y prit pas garde.
Nina déposa une seconde fois l'archéologue une fois posée sur le toit d'un immeuble, puis lui montra son dos afin qu'il puisse s'y installer plus confortablement. L'homme la réprimanda cependant, avant d'obéir. Après tout, ils étaient maintenant trop loin pour pouvoir s'excuser, et trop en hauteur pour qu'il puisse descendre seul. Il n'avait plus qu'à faire ce que lui demandait son compagnon ...
« Ce n'est pas très honnête, ce que tu viens de faire ... » reprocha le professeur.
Il n'avait pourtant plus qu'à bien s'accrocher à sa monture pour ne pas tomber. Le dragon, lui, haussa les épaules sans même le regarder et continua en accélérant. Les batailles devaient être évitées, rien qu'en comptant le problème des blessures, car il aurait été très difficile de les soigner dans de telles conditions. Le petit garçon, resté en bas, fit la moue en marmonnant quelques grognements.
« On voit bien que c'est pas son pokémon, il avait pas l'intention de partir ... Faudra bien qu'il le mate un jour, c'est pas comme ça qu'il va s'en sortir avec lui. »
Il s'éloigna vers la ville, dépité. Il venait de rater l'occasion de combattre une créature particulièrement rare dans ses environs ...
Chapitre XXV – Voyages temporels en série [3/3]
Spoiler:
« Sourire trois fois tous les jours rend inutile tout médicament. » Proverbe chinois
« Pourrions-nous savoir d'abord qui tu es ? »
Flora avait préparé un thé afin de pouvoir accueillir pleinement leur mystérieux invité surprise. Celui-ci l'avait remercié poliment sans pour autant marquer un seul instant son visage d'un quelconque sourire. Après avoir bu une rapide gorgée, il se décida enfin à répondre.
« Matthieu Wargas, pour vous servir. Je suis un élève du professeur Layton, à Gressenheller. - Je me disais bien que j'avais comme une sensation de déjà vu, répliqua Emmy. Mais cela n'explique toujours pas ce que tu veux. Pourquoi es-tu venu nous rendre visite ? Et puis, comment connaissais-tu mon adresse ? »
Le jeune homme posa sa tasse un instant et n'hésita pas à répondre à la première question, répétant qu'il voulait en savoir plus sur les « créatures de Dublin ». Cependant, il se garda bien de répondre à la deuxième. Il n'était pas difficile de deviner qu'il les avait espionnés et suivis depuis quelque temps. Ce qui gênait pourtant le plus les trois assistants du gentleman était tout de même cette fameuse promesse qu'ils avaient faite à Sandra. Personne ne devait savoir. Comment allaient-ils le lui faire comprendre sans attirer de quelconque soupçon ?
« Matthieu ... tenta doucement l'assistante. Cette affaire est bien plus complexe qu'il n'y paraît. Et puis, elle est très dangereuse. Tu devrais privilégier tes études, tu es encore jeune. »
L'universitaire lui adressa un regard froid et légèrement plus méprisant qu'à son habitude qui lui fit comprendre qu'il n'avait visiblement aucun problème avec ses révisions. Ou alors que l'enquête était plus importante pour lui, ce qui ne faciliterait pas la tentative de dissuasion.
« Vous dites que je suis trop jeune, mais je vous signale que ces deux-là le sont encore plus que moi », répliqua-t-il en pointant du doigt Luke et Flora.
Cette fois, personne ne sut que répondre. Emmy fixa les deux adolescents, comme pour leur demander leur avis, mais eux faisaient de même. Ce jeune inconnu pouvait-il garder le secret ? Pouvaient-ils se permettre de lui expliquer le secret de l'apparition des pokémon ?
« Je sais que vous en savez beaucoup plus que vous ne laissez paraître. Peut-être même que vous n'y êtes pas pour rien, dans cette affaire ... »
C'en était trop. Si l'étudiant continuait ses fausses accusations, il finirait peut-être par prévenir la police, à tort. Le seul moyen de lui prouver leur innocence était donc de s'expliquer ... La décision fut prise après un rapide échange de regards. Ils n'avaient plus le choix ; de toute manière, il saurait un jour, avec ou sans l'aide de la police. Il valait mieux donc lui raconter immédiatement, laissant les forces de l'ordre hors de l'histoire ...
Matthieu Wargas esquissa intérieurement un léger rictus satisfait. Sa stratégie de fausses menaces et accusations eurent parfaitement l'effet désiré.
« J'ai encore du mal à croire que nous sommes déjà arrivés ... » murmura le professeur d'archéologie, complètement abasourdi par la courte durée du trajet.
La rapidité incroyable du dragon leur avait déjà permis d'arriver à bon port, et le duo marchait tranquillement dans la cité d'Entrelasque. Certes, le soleil était couché depuis longtemps. Mais la distance paraissait tout de même particulièrement longue sur la carte qu'avait montrée le jeune dresseur de Doublonville. L'archéologue n'était pas mécontent d'en avoir fini avec les voyages aériens à dos de pokémon, car il avait un léger mal de cœur. Cependant, il continuait d'avancer dans les rues de la ville, précédé de son compagnon vert. Seuls les étoiles et les réverbères donnaient un peu de lumière à la nuit, mais cela semblait suffisant pour que les rues ne paraissent pas trop sombres.
« Espérons seulement que nous sommes à la même époque que Sandra ... » songea-t-il, inquiet.
En effet, si ce n'était pas le cas, non seulement le gentleman ne pourrait pas rentrer à Londres, mais il serait condamné à errer dans un monde inconnu, sans argent valable ni endroit où se loger. Et Emmy, Luke et Flora devaient être morts d'inquiétude également, sur le moment ... Enfin, plutôt mille ans auparavant ... Les voyages temporels créaient décidément de nombreuses ambiguïtés.
« Nina, reconnais-tu ces rues ? »
Le pokémon acquiesça, confiante. La ville ressemblait en effet à celle qu'il avait vue la première fois, il y avait donc de bonnes chances que l'époque fût proche de celle qu'il avait côtoyée. De la pure logique, qu'il espérait bonne.
La créature s'arrêta devant une maison et fit un mouvement de tête montrant qu'il s'agissait de celle de Sandra. Le gentleman hésita à frapper. Le duo allait bientôt voir la vérité en face. Soit ils étaient à la bonne époque, soit ils n'y étaient pas. Il inspira silencieusement et longuement, puis donna quelques coups fermes sur la porte, qui s'ouvrit au bout de quelques minutes sur une jeune enfant.
« Bonsoir, Monsieur. Que voulez-vous ? »
Le professeur frissonna et fixa la gamine d'un air terrifié à peine voilé. Cette jeune fille était bien Sandra, mais elle ne le reconnaissait pas. Et en effet, elle semblait plus jeune que dans ses souvenirs ; elle ne devait pas dépasser la dizaine d'années ...
« Serait-il possible que nous soyons dans une époque avant qu'elle nous ait rencontrés ? » songea-t-il, inquiet.
« Bonsoir, Sandra ... - Comment connaissez-vous mon nom ? coupa-t-elle, stupéfaite. - Je suis le professeur Layton. Peut-être ne me connais-tu pas encore ... - Non, en effet. Pour la seconde fois, que voulez-vous ? »
Le gentleman vint droit au but, en murmurant afin que personne ne l'entendît. D'après ce qu'il avait compris de ses précédentes discussions, Sandra connaissait cette fameuse machine depuis longtemps. Il n'avait plus qu'à espérer que son hypothèse fût vraie.
« As-tu une machine à voyager dans le temps dans une partie de ta cave ? »
La jeune fille sursauta. Complètement déboussolée, elle fit rentrer l'homme et le pokémon dans sa maison et claqua bruyamment la porte. Lorsqu'elle se retourna, son émotion et son expression avaient radicalement changé.
« Comment le savez-vous, Monsieur Layton ? »
Ces paroles étaient effrayantes, surtout venant d'une petite fille qui lançait un regard noir à glacer le sang. Le professeur garda son calme, et continua. Peut-être leur rencontre à Dublin n'était-elle pas liée qu'au hasard ...
« Peut-être qu'avec quelques années de plus tu me connaîtrais mieux. - Qu'est-ce que cela insinue ? »
Le gentleman répondit par une seconde question.
« As-tu prévu de voyager dans le passé, en 1975, dans une ville nommée « Dublin » ? »
La jeune adolescente tressaillit à nouveau. Apparemment, le gentleman touchait au but.
« Une lettre de mon père m'a demandé de m'y rendre quand j'aurai mes quatorze ans. Je devais pouvoir me débrouiller seule, il disait. Il m'a dit que quelque chose d'étrange s'y était produit et que je devrai intervenir. - C'est donc ton père qui t'a demandé d'y aller, déduisit le détective. - Comment savez-vous au juste que je devais me rendre à Dublin, en 1975 exactement ? - Ton futur va m'y rencontrer. », répondit-il tout simplement.
C'en était trop pour la jeune fille. Le professeur d'archéologie essayait de paraître le plus doux possible afin de ne pas trop la choquer, mais même malgré cela l'adolescente ne se sentait pas à l'aise. Après tout, comment le pouvait-elle ? C'étaient trop d'informations capitales qui lui étaient fournies d'un seul coup.
« Vous venez du passé, Monsieur ? murmura-t-elle, le souffle coupé. - En effet. »
Sandra regagna son calme en regardant Nina. Elle semblait même ... soupçonneuse.
« Et ce libégon qui est avec vous ? N'essayez pas de me faire croire que ... - Elle se nomme Nina. », précisa le gentleman, qui sembla avoir compris la soudaine méfiance de l'enfant.
Nouvelle surprise.
« Nina ? »
Le pokémon en question fut content de se voir reconnu et émit un petit gémissement réjoui, baissant sa tête vers celle de la jeune dresseuse. La gamine le caressa doucement, puis ajouta :
« Oui, c'est bien elle. Les libégons sont bien trop farouches pour se laisser caresser par des inconnus, et Nina est le seul libégon que je connaisse. Je ne l'avais pas reconnue, elle a tellement grandi ... - Possible. Je ne la connais que depuis peu de temps. - Mais que faites-vous dans le futur, avec elle ? Pourquoi vous l'aurais-je confiée ? »
Hershel Layton se mit à faire un petit rire, mais reprit rapidement son sérieux.
« Seul le futur te l'expliquera, Sandra. A vrai dire, je crois que je l'ignore moi-même. »
La jeune fille étouffa à son tour un rire amusé.
« En effet, cela me semble logique. Et pourquoi vouliez-vous me voir ? - Pour rentrer chez moi. Il y a eu comme un « imprévu » ... - Accordé ! » sourit son interlocutrice, qui l'emmena vers la mystérieuse salle blindée, confiante cette fois.
Elle posa son doigt sur un petit rectangle noir qui trônait sur le mur. La lourde porte s'ouvrit d'elle-même, et les lumières s'allumèrent. Avant d'entrer, le professeur tenta d'obtenir une rapide explication :
« Reconnaissance d'empreintes digitales, Monsieur Layton », coupa-t-elle, toujours souriante, quoiqu'un peu nerveuse.
Il fit une pause avant de lancer une deuxième question, alors que son interlocutrice avait allumé la mystérieuse machine.
« Où est ta mère, au fait ? - En conférence, comme souvent. Elle ne rentrera pas avant un moment. »
La jeune gamine, suivie du professeur et du pokémon commença à taper plusieurs touches sur la titanesque mécanique. Visiblement, cela faisait longtemps qu'on lui avait appris à s'en servir, étant donnée l'agilité et la sûreté de ses doigts dansants sur le clavier d'ordinateur ...
« Monsieur Layton, pourriez-vous me dire l'endroit qui vous conviendrait le mieux ? - Londres. C'est là que j'habite. Le 23 mars 1975, au soir. - Cela se produit après la date que m'a donnée mon père, non ? - Oui. Mais c'est de cette époque-là que je viens. »
Le londonien donna son adresse exacte. L'adolescente inscrivit les coordonnées.
« Tiens donc ... songea-t-il soudainement. Voilà comment elle aurait pu envoyer sa lettre et ouvrir un lien avec son époque directement depuis chez moi ... »
Il comprit alors comment elle avait pu connaître son adresse sans même lui avoir donné. En apparence seulement ...
« Bon retour chez vous. Prenez bien soin de Nina, et évitez de la montrer en public. - C'est vrai que le voyage vers le futur n'est pas permis par cette machine ... Ta mère me l'avait expliqué. »
Il s'apprêtait à rentrer à Londres, lorsqu'il se souvint d'un détail.
« Oh, Sandra. N'oublie pas que c'est mon passé que tu rencontreras à Dublin. De même que tu ne m'as pas reconnu tout à l'heure, c'est comme si je ne t'avais jamais vue de toute ma vie lorsque nous nous rencontrerons là-bas. - Monsieur Layton, répliqua-t-elle. J'ai une question : comme vous venez du passé, quand et comment devrais-je tout vous expliquer ? »
Le professeur d'archéologie fit un sourire tendre.
« Pas avant le 23. », répondit-il tout simplement.
Elle acquiesça après une rapide hésitation, semblant avoir compris le sens de ces paroles. L'homme au haut-de-forme fit rentrer le pokémon dans la boule rouge et blanche qu'il gardait encore dans la poche de sa veste, puis traversa la cloison blanche après avoir prononcé un « au revoir » à l'enfant du futur. Celle-ci éteignit la machine avant d'esquisser un sourire.
« Au revoir, Monsieur Layton, murmura la jeune fille en faisant un léger sourire énigmatique. Je tâcherai de vous retrouver à Dublin. »
De retour à Londres, l'adulte se replongea dans une réflexion alors qu'il rentrait chez lui tranquillement. Il se souvint que Flora avait demandé à Sandra qui lui avait demandé de retarder le moment de ses explications, alors qu'ils étaient à Dublin. Il se souvint également de la réponse de celle-ci.
« Ça aussi, vous le saurez un jour. Mais sachez que vous ne pourriez jamais me croire si je vous le disais. A quoi bon vous répondre, dans ce cas ? »
En effet, si elle avait nommé un certain « Hershel Layton » comme celui qui lui avait demandé de maintenir le secret jusqu'à cette fameuse date, il aurait été prévisible que les londoniens ne l'eussent tout simplement pas prise au sérieux. Et, pour l'enfant du futur, toute parole qui ne pouvait être prise réellement au sérieux ne méritait pas d'être prononcée sans preuve satisfaisante à portée de main. Cependant, le professeur se rendit compte qu'il venait de faire autre chose que de comprendre les agissements passés de l'énigmatique adolescente.
Il leva les yeux au ciel et murmura pour lui-même une simple phrase, le sourire aux lèvres :
« J'ai bouclé ma boucle. »
Dernière édition par Andrea Heart le Sam 11 Aoû - 3:27, édité 1 fois
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Jeu 7 Juin - 18:31
Suite ! ^^ Chapitre XXVI – Vivent les pokémon !
Spoiler:
... au sens ironique du terme, évidemment.
Le professeur Layton marchait tranquillement dans la direction de sa résidence d'un pas certain. Tout ce qu'il espérait était que ses assistants ne fussent pas trop inquiets, et qu'ils avaient su se débrouiller sans lui ... Il était plongé dans une profonde réflexion, une fois de plus. Après tout, cet après-midi avait été généreux en indices, et le puzzle avait accueilli nombre de pièces supplémentaires ... Et le gentleman avait déjà pu en rassembler certaines, signe que l'affaire avançait plus qu'il n'y paraissait.
Il fut sorti de ses réflexions par des bruits de pas qui retentissaient derrière lui depuis déjà quelques minutes. Il n'y avait pas pris garde auparavant, mais cela devenait à présent certain : il était suivi. L'homme jeta un coup d'œil furtif derrière lui, mais eut raison de se retourner et d'accélérer le pas aussitôt. Zorua avait repris l'apparence du jeune gamin qui l'avait piégé quelques heures plus tôt, et était bien évidemment l'origine de ces pas retentissant dans toute la rue.
« Ah, non ! Tu ne m'auras pas cette fois ! »
L'archéologue détala jusqu'à sa maison, poursuivi par le pseudo-garnement qui courrait comme il pouvait, et vit une lettre écrite rapidement qui avait été épinglée sur sa porte. Il la décrocha brusquement d'un revers de bras avant de s'enfermer chez lui à double-tour. Il était hors de question de retomber dans le même piège et de retourner dans le futur. Même si Nina était toujours avec lui, cet inconnu l'avait certainement prévu. Il avait pu s'en sortir avec un effet de surprise, mais cette fois il ne pourrait plus surprendre. Le libégon ne pouvait pas se battre contre une armée que cet inconnu aurait préparée à l'avance. Non, il ne devait pas se faire prendre cette fois-ci. Il ne pourrait pas se tirer d'affaire une seconde fois. Quant à l'histoire de l'hypnose, il suffisait de ne pas regarder le pokémon dans les yeux pour ne pas se faire avoir. Donc, il ne risquait rien en principe s'il restait chez lui.
Zorua finirait bien par se lasser de donner des coups contre cette porte qui ne s'ouvrirait pas ...
Se sentant en sécurité, l'homme au haut-de-forme survola la lettre que son assistante avait accrochée à sa porte et se maudit d'être rentré directement chez lui. Ses amis, morts d'inquiétude, l'attendaient dans l'appartement d'Emmy, et maintenant il ne pouvait sortir de chez lui sans croiser le gamin qui l'attendait toujours dehors, à marteler la porte de coups. Il croyait s'être barricadé ; en vérité il venait de se retrouver piégé dans sa propre résidence ...
Il décida de prendre le téléphone et d'appeler la jeune lady. Si elle ne pouvait pas forcément l'aider, il pouvait au moins la prévenir de son retour à Londres, ainsi que Luke et Flora. Il prit l'instrument, composa le numéro et attendit. La londonienne ne tarda pas :
« Allô ? »
On voyait bien qu'elle tentait de cacher son inquiétude. Sa voix était légèrement moins sûre d'elle qu'à son habitude ...
« Bonsoir Emmy. Je... - C'est vous, Professeur ? Comment êtes-vous rentré ? Est-ce que ça va ? Est-ce que... »
Bombardé de questions alors qu'il se remettait à peine de ses émotions, le gentleman eut comme un mouvement de recul imperceptible.
« Calme-toi Emmy. Je suis chez moi, mais le garnement qui m'avait piégé tout à l'heure est juste devant ma porte, je ne peux pas vous rejoindre. - En parlant de ça, que vous est-il arrivé ? Vous ne nous entendiez même pas quand nous vous appelions ! »
Un grand bruit se fit entendre derrière le professeur. La porte avait volé en éclats et s'était écrasée contre le mur qui lui faisait face. Le petit renard gris était juste à sa place, inquiétant.
En effet, Zorua avait bien fini par se lasser de la cogner sans succès, et avait employé une manière plus efficace ...
« Professeur, qu'est-ce que c'était ?! - Je ... Je dois te quitter, Emmy ! »
Il raccrocha. De l'autre côté de la ligne, l'assistante l'appela à plusieurs reprises avant de se rendre enfin compte que son ami ne pouvait plus l'entendre.
« Emmy, qui était-ce ? demanda Flora, qui était derrière elle, venant d'arriver. - Le professeur est rentré, mais il a un problème. Préviens Luke, nous partons le rejoindre. »
Le professeur Layton détourna le regard, tentant d'éviter une seconde hypnose. Il songea à s'enfuir à nouveau, mais le pokémon se trouvait exactement au mauvais endroit et lui bloquait complètement le chemin. Le gentleman jeta un coup d'œil soudain vers l'une des poches de son manteau. Il réfléchit, essayant de trouver une alternative moins dangereuse et plus discrète, mais c'était le seul moyen. Il prit la poké ball de Nina et appuya sur le bouton. Le libégon sortit et se jeta immédiatement sur le renard, qui n'avait pas vu le coup venir. Cependant, celui-ci mordit l'une des pattes du dragon vert, ce qui le força à lâcher prise. La petite créature grise en profita pour s'éloigner du dragon, qui essaya de ne pas croiser son regard.
« Ils ne vont tout de même pas se battre chez moi ? » songea le gentleman, inquiet.
Non seulement le combat risquait de réveiller la population et de faire apparaître à nouveau les « créatures » dans le journal, mais sa maison allait devenir un véritable champ de bataille, ce qui ne le réjouissait pas.
« Emmy, comment le professeur a-t-il réussi à rentrer à Londres ? - Je l'ignore, Luke. Mais je ne pense pas que ce soit réellement le moment d'en parler ! »
Le trio courait à en perdre haleine, la jeune femme devançant les deux adolescents. En effet, le dénommé Matthieu Wargas était déjà parti depuis un moment ... Ils étaient tous inquiets pour le gentleman, et sa réaction juste avant qu'il ne raccrochât n'était pas normale. Il lui était vraiment arrivé quelque chose, et il semblait urgent d'intervenir.
Un grand bruit survint, suivi d'une explosion au croisement que la troupe était sur le point de prendre. Les amis du professeur s'arrêtèrent sur le coup, stupéfaits. Le dragon vert se jeta à nouveau sur un petit renard gris, et cette fois le maintint à plat ventre, de manière à l'immobiliser complètement, sans pour autant pouvoir le regarder dans les yeux afin d'éviter son hypnose. Le professeur Layton s'approcha en courant, et ses assistants vinrent le rejoindre.
« Où est le garnement de cet après-midi, Professeur ? demanda Emmy en serrant légèrement les poings, voulant certainement lui rendre des comptes. - Le garçon dont tu parles est juste sous tes yeux, Emmy. Nina le maintient bien, il ne risque pas de s'enfuir. »
L'adolescent à casquette bleue fronça les sourcils, imité par les deux ladies.
- Ce pokémon ? s'étonna l'apprenti d'un air embarrassé. Vous devez faire erreur, Professeur ... - Si seulement tu savais de quoi il est capable, mon garçon ... En tout cas, c'est bien lui qui m'avait piégé il y a quelques heures. »
Un bref silence tomba. Même si les trois londoniens lui faisaient pleinement confiance, ils avaient encore du mal à le croire ...
« Au fait, Professeur, s'interposa Flora. Que fait Nina avec vous ? - Je me le demande encore, ria le professeur, mais je pense que Sandra avait plus ou moins anticipé une quelconque complication peu après notre retour à Londres. En tout cas, son aide me fut très utile ! »
Le jeune londonien reprit la parole, d'une expression qui montrait parfaitement qu'une question lui brûlait les lèvres.
« Professeur, ajouta-t-il, si c'est bien ce pokémon qui vous a fait voyager dans le temps, alors il vous voulait quelque chose, non ? - Lui, peut-être pas. Celui qui l'a dressé, en revanche, je n'en doute pas ... - Il devrait quand même le savoir, prononça l'adolescent en s'approchant du renard. Et peut-être nous le dira-t-il ! »
Le temps de comprendre ce qu'il avait l'intention de faire, il était déjà trop tard. Son mentor cria d'un ton désespéré afin de l'en dissuader. En vain. Le jeune homme s'approchait dangereusement de la créature, loin de se douter de ce qui l'attendait.
« Luke, non ! »
Trop tard. Le jeune garçon croisa le regard du pokémon.
Hypnose.
Ce regard étrange, sombre et mystérieux reflétait un air de profonde puissance, de supériorité évidente. Il voulait qu'on lui obéisse. Il fallait qu'il lui obéisse. Luke entendit comme une voix. Un ordre. Il devait se rendre quelque part. Où ? À quelques rues d'ici. De toute manière, il trouverait bien le chemin. Zorua lui donnerait les instructions exactes. Ces yeux d'un noir intense le fixaient, comme lui demandant ce qu'il attendait pour exécuter cet ordre. L'adolescent tourna les talons et s'éloigna du groupe en silence. Il devait obéir.
Son mentor fronça les sourcils et se mit à sa poursuite, suivi aussitôt des deux londoniennes, qui elles ne semblaient toujours pas avoir compris ce qu'il se passait.
« Nina, surtout garde le bien ! Il ne doit pas s'échapper ! »
Le dragon vert acquiesça, tandis que le pokémon qui « ne devait pas s'échapper » esquissa un sourire mauvais. S'il ne pouvait hypnotiser l'adulte, l'enfant pouvait sans problèmes servir d'appât. Au final, seul ou non, l'archéologue était sur le point de retomber dans le même piège, et cette fois il ne s'en sortirait pas.
Emmy étant naturellement plus rapide que ses amis, elle rattrapa rapidement le jeune adolescent à casquette bleue, contrairement au professeur et à Flora. Elle l'interpela, mais le garçon sembla ne pas l'entendre ; elle tenta de l'attraper et de l'immobiliser, mais l'enfant se débattit mollement avant de continuer sa marche. Elle croisa alors son regard : un regard sombre, effrayant, fantomatique. D'où n'émanait absolument aucune émotion. Un regard que le jeune homme ne dévoilerait jamais en temps normal.
Mais ce n'était pas un moment normal ...
Finalement, l'assistante du professeur fronça les sourcils et lui prit fermement un bras avec la ferme intention de ne plus le lâcher avant qu'il n'ait pleinement repris ses esprits. Il se débattit à nouveau, mais la jeune femme tint bon. Elle était plus forte que l'adolescent et était déterminée à ne pas le laisser avant qu'il soit redevenu le jeune gamin d'avant. Comme elle savait l'apprécier : enjoué, malicieux, énigmatique, parfois légèrement insolent. Ce Luke-là ne pouvait pas avoir disparu ainsi, après tout le professeur était rentré à Londres en étant redevenu lui-même ...
L'apprenti continuait de se débattre tout aussi mollement, toujours avec ce même regard vide, mais finit par perdre l'équilibre et se cogna contre le mur longeant le trottoir où ils se trouvaient. Le choc le ramena visiblement à lui, car il lâcha un gémissement avant de se masser le dos et de rétorquer à son amie de vifs reproches qui étaient pourtant complètement irréfléchis.
« Mais enfin, qu'est-ce qui vous prend, Emmy ? Ça fait mal ! »
Avant de continuer ses cris, il passa sa main sur sa tête, qui lui faisait atrocement souffrir. Que lui était-il arrivé, au juste ? Tout ce qu'il pouvait dire sur le moment était qu'un étrange mal de crâne l'avait soudain pris.
« Au fait, qu'est-ce qui s'est passé exactement ? » ajouta-t-il plus doucement, ayant finalement compris que l'assistante ne devait pas y être pour grand-chose dans ce choc, en fin de compte.
« La même chose qu'au professeur apparemment. D'ailleurs, il ne tardera pas à arriver avec Flora. Il semble en savoir beaucoup plus là-dessus, il va nous expliquer ... - C'est drôle, j'ai eu une impression étrange en regardant le pokémon, tout à l'heure ... » marmonna-t-il comme pour lui-même.
Il se saisit à nouveau la tête plus fermement, une légère grimace se dessinant sur son visage. Son mal de crâne empirait à vue d'œil.
« Est-ce que ça va ? - J'ai mal à la tête ... Enfin, j'ai surtout mal partout, oui ! » rit-il, adossé au mur.
Comme l'avait prédit la jeune lady, son mentor ne tarda pas, accompagné de l'adolescente. Après quelques brèves explications concernant l'« hypnose », le groupe se remit en route afin de retrouver les créatures. Le professeur avait déjà amassé beaucoup de pièces du puzzle, cependant celui-ci semblait tellement complexe qu'il était persuadé qu'il lui en manquait encore bien plus. Quelques pièces supplémentaires ne lui étaient pas de refus, mais encore fallait-il réussir à convaincre le petit renard de s'expliquer, ce qui ne semblait pas gagné.
Arrivés au coin de rue où se trouvaient les deux rivaux, le gentleman et ses amis ne tardèrent pas à poser leurs questions, en prenant bien garde à ne pas regarder le petit pokémon. Celui-ci n'avait apparemment pas l'air ravi de voir que sa tentative avait échoué, et refusa catégoriquement de répondre. Nina montra le poing, tout en le tenant fermement pour qu'il ne s'échappe pas. Zorua n'y prêta pas attention et demeura muet, au grand désespoir des londoniens.
« Mais enfin ! s'écria Luke, énervé. Que nous veux-tu ? »
Pour une fois, le petit renard gémit d'une voix lassée.
« Qu'a-t-il dit ? demanda Flora, espérant qu'il ait changé d'avis. - Qu'il ne nous en veut rien à nous, que seul le professeur intéresse son « maître ». Quant à savoir ce que ce « maître » veut faire avec vous, Professeur, il dit qu'il n'en sait pas plus que nous. »
L'intéressé soupira. En effet, cet homme lui voulait quelque chose, mais ils ignoraient tous quoi. Et le pokémon semblait sincère lorsqu'il affirmait ne rien savoir. De toute manière, même si la petite créature mentait, elle n'allait pas capituler avant un moment.
En tout cas, il était hors de question de laisser partir Zorua, car il reviendrait de toute manière. Le manège « hypnose – trajet vers le futur – retour à Londres » pouvait se répéter encore longtemps, avec les difficultés de retour dans la capitale anglaise grandissantes à chaque fois. Le gentleman en déduisit qu'ils devaient garder le petit renard et veiller à ce qu'il ne s'enfuît pas pour attaquer à nouveau par la suite. Du moins jusqu'à l'arrivée de Sandra, qui, elle, saurait mieux s'en occuper qu'eux.
« Il est déjà dix heures vingt, il faudrait rentrer, proposa Emmy. Que faisons-nous de lui ? »
L'homme au haut-de-forme fit part de ses réflexions.
« C'est trop dangereux de le laisser en liberté. », répéta-t-il.
Le renard gris soupira. Décidément, ce londonien avait tout prévu, et les rôles s'inversaient. Lui qui venait pour l'enlever et exécuter les ordres de son « maître », c'était lui qui l'emprisonnait.
Une ombre se détacha d'un mur et s'éloigna. Une autre non loin lui emboîta discrètement le pas.
Chapitre XXVII – Vérités sur le dressage
Spoiler:
24 mars 1975, neuf heures trente
Le professeur avait enfermé les deux pokémon dans sa cave, Nina devant garder le petit renard. Celui-ci s'étonna lorsque le dénommé Luke leur apporta de la nourriture pour le petit-déjeuner. Un véritable petit-déjeuner « à l'anglaise », bien complet, bien fumant, bien alléchant.
Zorua n'y toucha pas au départ. Après tout, étant donné la manière dont il les avait traités, il ne paraissait pas normal que ces mêmes gens agissent comme si de rien n'était. Il leur avait causé des ennuis, oui ou non ? C'était comme si ce n'était pas le cas ... Sauf s'ils voulaient lui rendre la pareille. Le piéger à leur tour. Cela devait être cela, ils avaient caché du poison dans ces plats si appétissants, si bien préparés ...
Son compagnon vert, lui, se jeta sur la nourriture comme un diable et se délectait d'une bonne moitié de l'assiette. Rien de suspect, le libégon mangeait encore et encore, pensant malgré sa gourmandise à garder de côté une petite portion du plat. Après tout, il fallait bien partager ...
Un petit grondement retentit. L'estomac de la petite créature criait famine pour de bon. Il se résolut à manger. Excellent, même si ce n'était pas le genre de choses dont il avait l'habitude de se nourrir. Finalement, même s'ils le considéraient comme un ennemi, il avait le droit de manger. Il avait le droit de vivre.
Traitement qu'il n'avait pas l'habitude de subir auprès de son « maître ». Pour lui, c'était un « obéis ou crève » assuré, peu importait le pokémon. Autre chose semblait le préoccuper, pour qu'il résume son dressage à de telles extrémités ...
Zorua sursauta et faillit avaler de travers. Et s'ils ne faisaient cela que pour l'amadouer ? Il haussa les épaules et se remit à dévorer ce que le dragon avait bien voulu – à contrecœur – épargner au profit du petit goupil. Ce n'était pas de cette manière qu'ils pourraient obtenir des faveurs, qu'ils le veuillent ou non. De toute manière, il le leur avait dit : il ne savait rien.
La porte d'entrée, non loin de la cave, s'ouvrit. Quelqu'un avait frappé, et d'après les voix que le pokémon reconnut, ce fut le dénommé « Luke » qui ouvrit, apparemment sur quelqu'un que le jeune gamin ne connaissait pas.
« Bonjour Monsieur, que voulez-vous ? - Je voudrais voir un certain Professeur Layton. Il habite ici, n'est-ce pas ? - Oui, bien sûr, répliqua l'adolescent en souriant. Professeur ? C'est pour vous ! » ajouta-t-il en se tournant vers l'intérieur de la maison.
Tandis que Luke faisait entrer chaleureusement l'homme avant de lui montrer le chemin vers le salon, le gentleman arriva en courant, essayant de garder un air accueillant. Cependant, tous ses efforts se dégradèrent en découvrant son invité. Il fronça aussitôt les sourcils.
« Vous ! Que faites-vous ici ? »
Cheveux noirs à peine coiffés, regard sombre et aussi méprisant que méprisable, il n'était pas difficile de le reconnaître, bien que la première fois n'avait pas permis de garder une image claire et nette de lui. Mais cette fois-ci, il n'y avait aucun doute à avoir, et la lumière du jour passant à travers les légers rideaux de la fenêtre permettait parfaitement au professeur de le dévisager dans tous ses détails.
L'apprenti comprit qu'il avait fait une erreur en faisant entrer l'inconnu. Cependant, cet invité ne lui rappelait personne. Le garçon préféra se faire oublier et s'adossa à un mur dans un coin, espérant obtenir des réponses à ses questions en écoutant la discussion des deux adultes.
« Vous possédez quelque chose qui m'appartient, je crois, répliqua l'inconnu, l'air tout-à-fait à son aise. Et où en étaient donc ces explications ? Si votre amie ne vous avait pas interrompu, vous auriez pu continuer votre discours ... - Vos explications attendront. A quoi tout ceci va-t-il vous servir, pour la dernière fois ? - Cela ne vous concerne pas. Maintenant, rendez-moi cet incapable de Zorua. »
L'injure que l'homme avait utilisée pour désigner le pokémon offusqua le professeur, qui eut un faible sursaut, quoiqu'à peine perceptible.
« Vous pourriez être plus respectueux envers lui, tout de même ! - Pourquoi donc ? rétorqua son ennemi d'un ton complètement désintéressé. Ce n'est qu'un stupide pokémon, même s'il est rusé. »
Il devenait de moins en moins difficile de cerner le caractère de l'homme. Seul semblait l'intéresser son projet, le reste – être vivant et doté d'une conscience ou non – lui était complètement indifférent. Les créatures qui étaient pour Sandra et sa mère – ainsi que pour Koga, malgré les apparences – des compagnons fidèles, étaient réduits à l'état de pions, voire de véritables esclaves pour cet inconnu plein d'ambition.
« Il me semble en avoir assez vu pour constater que les pokémon ne sont pas aussi stupides que vous ne l'affirmez. Ce n'est pas une raison pour ne pas le respecter. - Il écoute ce que je lui dis au doigt et à l'œil sans riposter. C'est ça le dressage ! » ricana-t-il.
La conversation continua, le ton montant. Les deux adultes s'étaient écartés du sujet initial, mais cela arrangeait le gentleman. Son apprenti, lui, prit bien sûr son parti et devina vite que cet inconnu qu'il avait fait entrer n'était en vérité que celui qui avait tenté d'enlever son mentor. Cependant, il n'osa pas ouvrir la bouche pour l'aider. Il regrettait désormais d'avoir accueilli à bras ouverts moins de cinq minutes auparavant une telle personne ...
Un choc se fit entendre hors de la salle. Zorua, bien qu'étant resté dans la cave où il était enfermé, avait tout entendu et n'en revenait pas. Il doutait que cela pouvait tout-à-fait n'être qu'une mise en œuvre montée pour le faire changer de camp, car c'était bien la voix de son maître qui le méprisait ainsi, et la technologie de l'époque où il se trouvait lui semblait trop limitée pour permettre ce genre de mise en scène à la perfection. Non, si ce n'était qu'une mascarade, il s'en serait déjà rendu compte.
La rage lui était monté à la tête, et il avait tenté d'enfoncer la porte, sans succès. Comment avait-il pu être aussi bête ? Il s'était donné corps et âme pour cet homme afin de lui plaire, afin de pouvoir connaître le bonheur que les autres pokémon dressés connaissaient auprès de leur dresseur. Et comment avait-il été remercié ? En étant privé de repas lorsqu'il faisait une erreur, en étant constamment enfermé. En étant humilié, par son propre maître.
D'ailleurs, était-il bien son maître ? Qu'est-ce qui pouvait l'empêcher de se rebeller ? Ce n'était qu'un faible humain, incapable de se défendre. Certes, à son époque il avait les autres pour le protéger.
Mais il n'était pas à son époque.
Il se jeta à nouveau contre la porte. C'en était fini, le dressage. Dressage ? Esclavage, plutôt. Peu importait, il était grand temps de réclamer sa libération. Nina s'approcha d'un bond rapide et essaya de l'empêcher de sortir, comme on lui avait demandé, mais le renard hurla à son intention avant de s'élancer à nouveau contre la porte. Le libégon baissa le regard et recula, s'apaisant quoique demeurant légèrement inquiet. Il ne devait pas l'aider à se libérer. Sa rage et sa haine devaient pouvoir pleinement s'exprimer, pour une fois. Autant qu'il en déverse le plus possible sur cette simple porte de bois. Porte qui lâcha rapidement, suite à la répétition de cette charge dont la puissance augmentait à chaque coup. Le pokémon fut libéré d'un seul coup et il s'écrasa au sol, ou plutôt sur les débris de bois qui s'y trouvaient désormais. Se relevant immédiatement, il s'élança vers son « maître », zigzagant entre les jambes des deux autres londoniens qui ne purent réprimer quelques cris stupéfaits.
A la surprise générale, son premier geste fut de lui mordre la jambe violemment. L'homme cria de douleur et d'étonnement et l'injuria, tellement hors de lui qu'il en devenait vulgaire. Il sortit sa poké ball et tenta d'y faire rentrer le renard gris, mais celui-ci lui sauta dessus en montrant les crocs. L'inconnu lâcha la boule rouge et blanche qui tomba à terre. Il se releva précipitamment, grogna et lui ordonna de rentrer avec lui. Soudainement, il s'interrompit dans sa propre phrase, fixant la petite créature, furieuse et déboussolée à la fois.
Silence. Une voix sembla résonner dans la pièce, mais lui seul l'entendit. Car en réalité aucun son n'avait été produit.
« Allez-vous-en. »
Le regard du petit pokémon ne cillait pas, toute sa haine et sa rage pouvait s'y faire ressentir. Ses yeux insistèrent. Il devait partir. Ce qu'il fit finalement, sans broncher. Tout en demeurant calme et silencieux. Zorua le regarda s'éloigner avec des yeux méprisants. Il espérait en avoir terminé une bonne fois pour toutes avec lui. Luke et son mentor ne savaient que trop bien ce qu'il s'était passé. Mais ... pourquoi l'avait-il fait ? Ou plutôt, qu'avait-il l'intention de faire, maintenant qu'il avait visiblement décidé de ne plus avoir de dresseur ?
Le pokémon retourna lentement et silencieusement dans la cave, sans prendre la peine de fermer la porte. Non seulement il en était incapable physiquement, mais elle était de toute manière sortie de ses gonds et en trop mauvais état pour pouvoir être close avant de bonnes réparations. Il s'allongea dans un coin tout au fond de la petite salle et ferma les yeux, toujours aussi silencieux, ignorant les questions du dragon curieux qui voletait dans son dos. Le petit renard avait besoin de réfléchir à ce qu'il s'était passé.
Il n'avait plus de maître. Une bonne chose de faite. Il se trouvait cependant dans une époque autre que la sienne, et le retour vers son propre présent était aussi sûr qu'une gigantesque pluie diluvienne ne vînt remplacer dans les minutes qui venaient le doux soleil qui resplendissait au-dehors sur toute la capitale d'Angleterre. Autrement dit : très improbable. Que pouvait-il donc faire ? Devenir un pokémon errant dans un monde auquel il n'appartient strictement pas ? Et s'il se faisait prendre ? Certes, il serait capable de se défendre. Mais ce mode de vie ne lui plaisait pas. Non, il voulait vivre auprès des humains, et pas comme parasite qui eut pu se retrouver en fourrière s'il était un « animal », comme à l'époque où il se trouvait sur le moment. Paradoxalement, il voulait un maître. Mais un maître qui sût le respecter, non une personne qui lui était complètement inconnue et qui le traitât comme un vulgaire objet. C'était ridicule, mais les seules personnes qui jusqu'alors avaient fait preuve de ce genre de traitement jusqu'alors étaient les londoniens ...
« Voilà votre déjeuner ... Il est déjà midi ... » murmura Luke alors qu'il passait timidement le pas de la porte, un grand plat à la main.
Zorua le regarda furtivement avant de tourner sa tête vers le mur. Nina, elle, prit l'assiette du jeune garçon et la déposa au centre de la salle, comme si de rien n'était. L'adolescent maintint son regard vers le petit pokémon gris, ne sachant que faire.
« Cela a dû te faire un sacré choc lorsque tu as découvert ce qu'il pensait véritablement de toi ... » tenta-t-il, sur un ton un peu tremblant.
Il voulait à la fois le consoler sans pour autant le froisser, et avait le plus de mal à trouver ses mots. La créature ignora à nouveau ces paroles inutiles, car bien trop évidentes. Bien sûr que cette découverte l'avait bouleversé. Qui ne serait pas désorienté à sa place ? Zorua se surprit avec une larme sur la joue, et se dépêcha de la sécher d'un coup de patte discret. Luke avait remarqué ce geste, bien qu'il fût furtif, mais il crut bon de ne pas en parler. Il hésita avant de s'approcher lentement du pokémon et de lui caresser tendrement la tête, bien qu'en tremblotant.
Le renard ne réagit qu'en écarquillant les yeux, trop surpris par ce geste inattendu pour agir autrement. Il n'avait jamais ressenti cette sensation, qui lui sembla agréable, aussi laissa-t-il le garçon faire en souriant légèrement. Il finit par se relever et fonça vers le salon où s'était retrouvé son maître plus tôt, trop rapidement pour que l'adolescent et Nina ne puissent l'en empêcher. Le petit pokémon gris chercha sur le sol avant de trouver la petite boule rouge et blanche qu'il convoitait. Il la ramassa, et retourna dans la cave d'où il venait en hésitant. Finalement, il se décida. De toute manière, où pouvait-il aller ? Nulle part. Il n'était même pas dans son époque.
Luke vit la petite créature s'approcher, une poké ball entre les dents. Il n'osa pas bouger, et le regarda avec un étonnement couplé à de la curiosité peureuse. Zorua, lui, tremblait légèrement aussi tout en continuant de marcher lentement vers le garçon. Finalement, il déposa le petit objet à ses pieds avant de lever les yeux avec un sourire triste, mais plein d'espérance. Cependant, le réflexe du jeune adolescent fut de détourner rapidement le regard, craignant toujours cette redoutable hypnose.
Cette hypnose, qui avait été l'arme la plus dangereuse que cet inconnu avait utilisée en se servant de lui.
Le renard gris baissa la tête. Il ne pouvait pas lui en vouloir, après tout il les avait déjà eus deux fois, lui et ses amis : il était lui-même la cause de leur méfiance. Il rejoignit tristement son coin de mur, laissant sa poké ball aux pieds du garçon, qui la ramassa lentement sans le quitter des yeux avant de partir rejoindre son mentor afin de lui expliquer ce qu'il s'était produit.
« Professeur ... Croyez-vous qu'il veut réellement nous aider ? - C'est difficile à dire, Luke. Il est très probable qu'il joue la comédie, mais en même temps ... »
Le professeur prit la boule que lui tendait son apprenti et la fixa sans s'en lasser. L'adolescent suivit son regard avant de le porter vers son mentor, attendant la suite de sa phrase, qui ne tarda pas à venir.
« En même temps, cet objet est tout de même le symbole de sa liberté, et nous le livrer veut dire beaucoup de choses ... Même si nous devons rester prudents. Un regard de trop, et nous nous ferons avoir une fois de plus. Une fois de trop. »
Cela faisait de la peine au jeune garçon, surtout si ce n'était pas du théâtre. Il eut soudain une idée, dont il fit part au professeur. Celui-ci sourit, cette illumination soudaine pouvait régler le problème si le pokémon était d'accord. Ils partirent le rejoindre, Luke ayant pris un mouchoir de tissu à la main.
« Zorua ... commença le professeur d'archéologie. Tu as voulu nous faire comprendre que tu voulais nous rejoindre, mais j'espère que tu comprends que nous ne pouvons pas encore te faire entièrement confiance, à cause de cette fameuse hypnose ... »
Le pokémon en question baissa le regard. Qu'allaient-ils faire de lui dans ce cas ? L'enfermer jusqu'à nouvel ordre dans sa poké ball ? Luke l'interrompit dans ses sombres pensées, proposant une alternative toute autre.
« Nous n'allons bien sûr pas appliquer cette idée sans ton accord, mais ... »
L'adolescent montra le bandeau qu'il tenait à la main et proposa de lui bander les yeux avant de s'expliquer.
« Le problème de cette hypnose est qu'il faut te regarder dans les yeux pour qu'elle soit efficace. Bien sûr, il faudra jouer l'aveugle, mais c'est le seul moyen pour nous de pouvoir te faire pleinement confiance ... »
La créature esquissa un sourire. Un sourire véritable, cette fois-ci. Un sourire sincère. Il approuva l'idée, laissant le jeune homme lui attacher le tissu devant les yeux. Être libre en étant aveugle était toujours mieux que de rester enfermé à perpétuité, même avec une bonne vue. A la limite, ils lui laissaient ses autres sens, et qui sait ? Peut-être qu'un jour ils lui enlèveraient ...
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Jeu 7 Juin - 18:34
Excusez-moi sincèrement du double-post, mais étant donné que je suis de bonne humeur aujourd'hui, j'ai voulu ajouter deux autres chapitres ... Sauf que cela faisait qu'au final je ne pouvais plus poster à cause de la longueur du post ... %)
Bref, voilà deux autres chapitres ! ... Avec une petite surprise sadique ... si vous ne comprenez rien à la physique ! :twisted: Oh, en plus ça rime ! 8D *ZBAAF !*
Chapitre XXVIII – Visites en série
Spoiler:
Flora et Emmy étaient parties toute la matinée afin de chercher désespérément des indices dans la ville, – remarquant par la même occasion que les « B.N.I. » étaient en effet réapparues dans l'actualité, augmentant la panique de la population – et n'étaient rentrées que récemment où elles découvrirent avec surprise le récit des événements bouleversants ayant eu lieu durant leur absence. D'abord méfiantes, elles finirent par accueillir leur nouvel ami les bras ouverts, ce qui le réconforta. Il n'avait pas encore leur confiance, mais il avait trouvé de véritables amis.
« Zorua, nous n'aimerions pas te déranger, mais ce serait très gentil de ta part si tu pouvais éclaircir un petit peu l'ombre qui entoure ton ancien « maître » ... » proposa Flora, espérant réellement des réponses.
Le pokémon sembla réfléchir rapidement, mais fut contraint de répéter qu'il ne savait presque rien de l'inconnu qui l'avait dressé. Il fit part de ses connaissances peu nombreuses sur le sujet à Luke, qui expliqua à ses amis.
« Il semblerait que cet homme se fasse appeler « Hundreï », et qu'il avait fabriqué cette machine il y a environ trois ans, à partir des plans d'un archéologue de son époque ... - Un archéologue, dis-tu ? » s'étonna Emmy, cependant plutôt à l'intention du petit renard.
L'adolescent échangea un rapide regard avec les yeux bandés du pokémon, puis ajouta, soudainement pris du même étonnement :
« C'est ce qu'il a dit. Quant à vous, Professeur, Zorua ignore pourquoi ce « Hundreï » vous recherche. »
Celui-ci ajouta quelques petits cris, d'un ton peu sûr de lui.
« ... Peut-être est-ce parce que vous êtes justement un professeur d'archéologie, à son avis. Mais cela ne reste qu'une théorie. »
L'adolescent allait continuer lorsque quelqu'un frappa brusquement à la porte. Zorua partit se cacher rapidement sous la table basse, abrité par la nappe afin que l'on garde le secret sur sa présence – après cependant s'être légèrement cogné contre l'un des pieds du meuble ; être aveugle nécessitait d'avoir la tête dure ...
Le professeur Layton cependant eut les plus grandes difficultés du monde à faire rentrer Nina dans sa poké ball avant de cacher l'objet dans la poche de sa veste. Décidément, celle-ci n'en faisait qu'à sa tête dès que Sandra était absente ...
Enfin, une fois ceci fait, il put se rendre dans l'entrée et ouvrir la porte sur un jeune homme qui le salua, sans pour autant esquisser le moindre signe d'une quelconque émotion. Le premier nom que l'archéologue eut en tête fut un certain Matthieu Wargas. Cela faisait d'ailleurs un moment qu'il semblait avoir déserté l'université, bien que sa présence lors des examens fût-elle évidente. Ses résultats ne semblaient pourtant pas souffrir de l'école buissonnière, loin de là ...
L'homme au haut-de-forme le fit entrer, tout en se demandant intérieurement la raison de sa venue qui demeurait sur le moment inexpliquée. Le jeune étudiant se laissa conduire jusqu'au salon où se trouvaient les trois autres londoniens, puis s'assit sur la chaise que Flora lui avait présentée.
« Bonjour à vous tous, commença-t-il enfin, sans jamais pointer le seul indice d'un quelconque sourire. Je voulais vous prévenir que quelqu'un vous avait observés, hier soir, et je ne crois pas qu'il soit dans le même camp que nous. »
Le gentleman eut un léger soubresaut lorsqu'il entendit « dans le même camp que nous ». Pourquoi Matthieu s'impliquait-il dans l'histoire ? Et comment avait-il pu tout découvrir ? Le concerné lui jeta un regard à peine étonné, puis le dirigea vers Emmy.
« Alors, vous ne lui avez pas dit ? - Oh, c'est vrai que vous n'étiez pas avec nous à ce moment, se souvint Luke. En fait ... »
Les deux adolescents rougirent. Tous deux savaient pertinemment qu'ils devaient garder le secret, et qu'ils n'avaient donc normalement pas dû lui avouer ce qu'ils savaient ... L'assistante, elle, expliqua brièvement pourquoi ils avaient décidé d'impliquer l'universitaire dans l'histoire. Après tout, il valait mieux que ce fût lui plutôt que la police ...
« Très bien ... soupira le professeur. Il n'est donc pas nécessaire de t'expliquer plus de détails. - En effet, Professeur, répliqua le concerné. Au fait, il est maintenant inutile que les « pokémon » ne se cachent, je me trompe ? »
Zorua avait discrètement écouté la discussion depuis le dessous de la table, et se décida finalement à sortir de sa cachette. Matthieu parut rester calme, mais le fait de voir la créature qui avait causé tant de soucis aux londoniens la nuit dernière – les yeux bandés, mais qu'importe, et d'ailleurs à quoi cela pouvait-il bien servir ? – entraîna un léger mouvement de recul, quoique rapidement réprimé. Après de rapides explications répétées une deuxième fois concernant le petit renard gris, le détective changea rapidement de sujet.
« Au fait, tu nous avais espionnés hier soir, n'est-ce pas ? »
Le jeune homme eut un rapide soubresaut à peine perceptible. Il baissa légèrement le regard, puis avoua.
« Comment, dans le cas contraire, aurais-tu deviné que quelqu'un d'autre nous épiait ? continua le gentleman en souriant. Et puis, comment pouvais-tu savoir que Zorua était si redoutable, étant donné que c'était la première et dernière fois qu'il se montrait ainsi au grand jour ? Cela devient évident que tu es intéressé par l'enquête. »
Il marqua une pause rapide, puis fit une autre réflexion, perdant cette fois son sourire chaleureux.
« Et puis, finalement, cela nous a procuré une information importante. Nous savons désormais que quelqu'un nous surveille, ce qui n'est pas forcément une bonne nouvelle. »
De violents coups contre la porte interrompirent la discussion. Zorua repartit se cacher sous la même table – évitant cette fois de justesse de rencontrer à nouveau l'un des pieds du meuble – tandis que le professeur d'archéologie retourna dans l'entrée afin d'ouvrir à ce nouvel invité. Décidément, de nombreuses personnes voulaient lui rendre visite ces temps-ci ...
Le gentleman tomba sur Don Paolo, qui n'attendit pas qu'on lui demande d'entrer pour le faire. Une fois la porte d'entrée fermée et l'ancien camarade d'université du professeur arrivé dans le salon, il ne tarda pas à expliquer sa visite, d'un ton à la fois rapide et sérieux.
« Layton, je crois que tu es au courant qu'il y a les créatures de Dublin qui sont de retour ici. - Oui, Emmy et Flora l'ont vu dans les journaux ce matin. Mais pourquoi en parler à moi en particulier ? »
Il devait absolument tenir éloigné les curieux. La communauté de gens du passé qui connaissaient le futur était déjà assez grande. Cinq, cela commençait à faire beaucoup, surtout qu'il ignorait encore s'il pouvait pleinement faire confiance au jeune Wargas. En ce qui concernait Don Paolo, la question se posait à peine. L'archéologue commençait à avoir un soupçon rapide, mais encore infondé sur le moment. Celui-ci se confirma lorsque son ennemi juré reprit la parole.
« Fais pas l'innocent, je t'ai vu hier soir avec tes copains. Pas en détail, mais il semblerait que ces bestioles soient plutôt attachées à toi pour te suivre partout ! - Ce n'était qu'une coïncidence, rien de plus. »
Ce n'était pas dans ses habitudes de mentir, mais le professeur d'archéologie et ses amis avaient fait la promesse de ne parler à personne de toute cette affaire. Même pas à un ami comme Don Paolo. Les fausses menaces de l'élève avaient juste embarqué une petite exception ... Qui ne devait plus se reproduire.
« Deux fois, c'est quand même beaucoup, Layton. » grommela-t-il, maintenant un regard suspicieux, ce qui fit comprendre au professeur et à ses amis ce qu'avait ressenti Sandra auparavant.
A peine arrivés dans le salon, on frappa à nouveau à la porte. Une fois de plus. Cette fois, ce fut Emmy qui se décida à l'ouvrir. La fameuse adolescente du futur était là, souriante. Cela faisait déjà une personne susceptible de vouloir enquêter – mais qui ne le devait pas – en moins, au grand soulagement de l'assistante.
« Bonjour, Emmy. Est-ce que tout le monde va bien ici ? - Cela peut aller, répondit-elle avec un sourire un peu gêné tout de même. Mais nous avons déjà de la visite, alors ne parle pas tout de suite de l'affaire, d'accord ? - Evidemment ! » murmura la jeune fille en montrant une expression qui montrait l'évidence même de la chose.
Mettre « Visite » et « ne pas parler de l'affaire » dans la même phrase était déjà pour elle un pléonasme, et ce depuis qu'elle et ses parents possédaient la machine à voyager dans le temps. Il était donc parfaitement inutile de le préciser. Elle suivit calmement la jeune lady jusque dans le salon, l'air de rien. « Visite » était également pour elle le synonyme de « ne pas éveiller de soupçons ». En vérité, les deux combinés formaient même un second pléonasme ...
L'accueil fut chaleureux de la part des trois londoniens qu'elle connaissait, Matthieu prononça un « Bonjour » à peine audible, toujours sans jamais présenter un seul sourire, aussi petit et discret fût-il. L'autre invité se montra cependant plus froid.
« Qui c'est encore ? On t'a pas sonné, tu sais ... - Paul, enfin ! réprimanda le détective. C'est une amie, Sandra, présenta-t-il. Sandra, voici... - Don Paolo, coupa l'intéressé, s'attendant à ce que son ennemi montrât son autre nom. Et qu'est-ce que tu viens faire ici, Sandra ? »
La jeune fille répondit du tac au tac, d'un ton incroyablement naturel et serein. Visiblement, elle semblait avoir l'habitude ...
« Le professeur m'avait emprunté quelque chose, mais comme il est très occupé en ce moment c'est moi qui viens le voir. »
Celui-ci remarqua que les paroles de l'adolescente étaient rigoureusement exactes sans pour autant révéler quoi que ce soit, alors que lui avait été obligé de mentir pour cacher la vérité. Ce qui l'étonna était qu'elle avait réussi à faire ce genre de choses très rapidement, et c'était loin d'être la première fois. A Dublin, déjà, elle n'avait presque jamais été obligée de mentir pour leur cacher le mystère. La plupart du temps, elle ne racontait que des exactitudes. Ambiguës, certes, mais strictement vraies. Le jeune universitaire, lui, dévisagea silencieusement la nouvelle venue, la tasse de thé à la main. Il s'agissait donc de la fameuse « enfant du futur », qui dressait des « pokémon » et qui possédait une machine à voyager dans le temps parfaitement fonctionnelle ...
« Et c'est quoi, ce « quelque chose » ? »
Là cependant, elle était obligée de mentir. Ce qu'elle fit, de manière intelligente et toute aussi naturelle bien entendu.
« Une collection de fossiles, il voulait l'étudier. »
En effet, les fossiles ne devaient pas manquer dans le bureau d'un professeur d'archéologie. Même si Don Paolo avait demandé à la voir, le gentleman en avait forcément quelque part chez lui. Il suffisait de faire semblant qu'il s'agît de la propriété de l'enfant le temps de la visite de l'ennemi du gentleman. Cependant, la tentative était plus ou moins perdue d'avance ...
« Je suis pas franchement convaincu. Des fossiles, il en a plein la baraque, Layton, alors pourquoi s'encombrer des tiens ? - Vous savez, Paul, les fossiles sont tous différents, on n'en a jamais assez ! » rit le concerné, rattrapant de justesse le mensonge de Sandra qui allait tomber à l'eau.
Zorua pouvait entendre la conversation, mais le plus important pour lui sur le moment était de ne pas se faire repérer. Les assistants du professeur n'osaient pas parler, ne sachant que dire. L'universitaire demeurait assis sur sa chaise à siroter son thé, sans pour autant perdre ne serait-ce qu'une minuscule miette de la conversation. Tout se maintenait entre les trois personnes encore restées debout.
S'attendant à ce que Don Paolo ne parte pas avant un moment, le gentleman se décida à rendre discrètement dans son dos la poké ball de Nina à son propriétaire, qui ne montra aucun signe de surprise et comprit immédiatement, tentant aussitôt de ranger à son tour la boule rouge et blanche. Mais c'était sans compter la bonne vue de l'ennemi du professeur ...
« J'ai comme l'impression que vous venez de vous échanger ces fameux fossiles, ironisa-t-il, un gros sourire plein de dents légèrement jaunies par le tabac aux lèvres. Pourquoi ne pas me les montrer ? - Mais de quoi parlez-vous, Paul ? fit son camarade d'université en esquissant une mine faussement étonnée. - De ce que cette petite cache dans son dos. Vas-y, montre-les donc, j'aime bien les fossiles ... » ajouta-t-il en se penchant vers Sandra, qui voulut reculer, abritant toujours le petit objet dans sa main.
Sous la table, le petit pokémon caché voulait intervenir, mais cela risquait de le dévoiler. Finalement, Don Paolo se jeta sur la jeune fille, tentant d'attraper le bras qui détenait le précieux gadget dans le but de le mettre à jour. Celle-ci se débattit, mettant sa main toujours refermée sur la petite poké ball hors d'atteinte. Heureusement que le petit outil pouvait n'avoir que la taille d'une grosse bille lorsqu'il n'était pas utilisé, de cette manière la main bien ferme pouvait aisément le voiler entièrement ... Cependant, ce geste fut accompagné d'un autre bien moins désiré : dans sa panique, l'adolescente avait resserré sa main de sorte à appuyer involontairement sur le bouton central, qui déclencha l'ouverture de la boule et la libération devant tout le monde de Nina.
Un cri d'épouvante couplé à de l'étonnement de la part de l'ancien camarade du professeur s'éleva dans les airs pendant quelques longues secondes. L'étudiant releva la tête et écarquilla légèrement les yeux. Cette jeune gamine avait commis une belle erreur ... Le dragon, lui, se précipita vers sa dresseuse et se frotta tendrement contre elle, ne prêtant aucune attention au hurlement.
« Et toi t'appelles ça de la coïncidence ... T'es l'ami de l'origine de tous les problèmes, et en plus tu collabores avec elle ! Alors ça c'est... - Ce n'est pas ce que vous croyez, plaida rapidement Emmy. En fait... - Raconte tout ce que tu voudras, j'ai la preuve sous les yeux. Je vais pas vous dénoncer à la police pour le moment, mais c'est bien parce que c'est toi, Layton ! En tout cas, ce que je veux, ce sont des explications ! »
Le pokémon vert se tourna subitement vers Don Paolo au mot « explication », le fusillant du regard avec des yeux d'un noir écarlate. La créature se jeta soudainement sur lui, qui préféra ne pas crier, devenant encore plus pâle que sa chemise. La « B.N.I. » le maintenait au sol, immobile.
« Nina, arrête ! »
Ces deux mots de sa dresseuse prononcés du tac au tac lui suffirent pour relever sa victime d'un mouvement rapide et sans effort avant de la lâcher. Etourdi par le choc, l'ennemi juré du professeur faillit retomber et s'appuya contre le mur le plus proche, le souffle coupé.
« Tout doux, tout doux ... murmura-t-il, d'un ton presque muet, les yeux effarés maintenus sur celle qui avait pu le tuer sans problèmes si l'adolescente n'avait rien fait. - Elle ne vous fera pas de mal », rassura Luke.
Il ne se rendit pourtant compte que trop tard que ces paroles avaient un double-sens plutôt ironique, étant donné ce que la concernée était sur le point de faire ... Cependant, le destinataire de ces paroles n'y prêta pas attention une seule seconde, reprenant. Il était bel et bien décidé à obtenir ces informations.
« Quand même Layton, qu'est-ce que tu as contre la ville ? - C'est un malentendu, Paul. Toutes les « créatures » ne sont pas contre nous. D'ailleurs, si vous aviez si bien vu hier soir, vous auriez dû remarquer qu'ils s'affrontaient, et n'avaient donc rien contre la ville. Ou plutôt, pour préciser, que l'une nous en voulait tandis que l'autre tentait de nous protéger. Il s'agissait de Nina, en l'occurrence ... »
Don Paolo réfléchit, puis dut avouer que c'était vrai.
« Mais ça ne me dit pas d'où ces bestioles viennent, et pourquoi elles sont ici. »
Tout le monde se tourna vers Sandra, excepté l'ancien ami du professeur pour un court instant, qui finit par suivre les regards des autres sans pour autant comprendre. La jeune fille du futur devait trancher : devait-on lui dire, ou devait-il absolument ignorer le mystère ? Celle-ci baissa la tête et se plongea dans une profonde réflexion. Au bout du compte, une seule question devait permettre le jugement final.
« Professeur, vous le connaissez plus que moi. Si nous lui expliquons, pourra-t-il garder le secret ? - Pourquoi garder ça secret, enfin ? répliqua aussitôt le concerné. Layton, toi qui tiens toujours à mettre à jour les mystères, c'est quoi ce changement d'avis ? »
Le professeur d'archéologie répondit aussitôt à cette question, d'un ton particulièrement sérieux.
« Sachez, Paul, que cette affaire est différente. Malgré les apparences, nous ne sommes pas censés être concernés. - Bah pourquoi ? lâcha-t-il en écarquillant largement les yeux, stupéfait. - Répondre à cette question revient à vous livrer le secret, Don Paolo », prononça Emmy avec un léger sourire, qui oscillait entre le sourire mystérieux et le sourire légèrement narquois.
Le concerné pesta.
« Je vous écoute. - Paul, c'est très important. Vous ne devez le répéter à absolument personne. - N'est-ce pas ce que vous êtes sur le point de faire ? » ironisa-t-il, un gros sourire sur le visage.
Flora se leva et posa sa tasse de thé sur la table, apparemment légèrement vexée.
« Oh, gronda-t-elle, vu comment vous nous espionnerez si nous ne vous disons rien, vous le saurez de toute manière un jour ou l'autre. - La gamine a bien vu », sourit l'ennemi du professeur.
La décision fut prise : Don Paolo prenait part dans l'éclaircissement du mystère. Le groupe se décida à tout expliquer une fois de plus, et Zorua finit par sortir de sa cachette. Deux exceptions qui s'ajoutaient à la liste, cela commençait à faire beaucoup. Il fallait à tout prix que ce soient les dernières ...
« Professeur, Zorua vous a-t-il dit comment son dresseur avait réussi à bâtir cette machine ? demanda Sandra, sur un ton étonnamment suspicieux et triste à la fois. - Eh bien, il semblerait qu'elle date d'environ trois ans – en comptant à partir de son époque, bien sûr – et qu'il aurait obtenu les plans d'un archéologue... commença le gentleman. - Mon père », coupa-t-elle gravement, en regardant sa tasse de thé.
Ses amis se tournèrent vers elle, intéressés et curieux. La jeune fille du futur en déduisit qu'elle devait continuer.
« Mon père était un archéologue, du moins c'est ce qu'il voulait être. En effet, mon époque est complètement vide de champs de fouilles, puisque tout a disparu avec cette fameuse guerre, l'Histoire des hommes « d'avant » y compris. Sauf que lui et ma mère voulaient absolument connaître ce passé, le faire ressurgir. »
L'adolescente marqua une pause légère, mais tout le monde attendait la suite de son récit avec une curiosité innommable.
« C'est là que mes parents ont eu l'idée de la machine à voyager dans le temps. Avant cette guerre, ces champs de fouilles ne manquaient pas. Et ils pouvaient même aller trouver les antiquités à leur origine même. D'où un manuscrit de mille six cent ans qui paraît en avoir moins de dix, sourit-elle à l'intention du professeur. - Mais, coupa celui-ci, étonné, personne ne se doutait de rien en voyant ce genre d'antiquités en parfait état ? »
Elle posa distraitement sa tasse sur la soucoupe vide qui se trouvait sur la table. Un léger bruit de porcelaine retentit, brisant un instant le silence qui s'était imposé pour quelques courtes secondes.
« Il gardait toutes ces merveilles pour la famille et se contentait de ne montrer que des répliques exagérément vieilles, permettant de mettre à jour ses découvertes sans pour autant livrer le secret de sa machine. - C'est ingénieux et pratique ! s'extasia Flora, un gros sourire aux lèvres. - Cependant, un jour, un homme est venu parler à mon père. J'étais très jeune, et je ne me souviens plus très bien, mais ma mère et moi avons déménagé par la suite, très loin. C'est là que j'ai appris que... »
Une larme coula et vint se mélanger à son thé. Sandra avait une voix tremblante, presque muette. Presque tout le monde avait compris, mais elle continua tout de même sa phrase :
« ...mon père était mort. Et que c'était pour cela que nous étions tous partis. »
Le silence était tombé. Sandra se leva.
« Je devrais rentrer chez moi, proposa-t-elle. Ce « Hundreï » devra quelques explications à la police de Doublonville... - Sandra, tu oublies une chose, coupa le gentleman. Il n'est pas de la même époque que toi. »
L'adolescente du futur réfléchit aux événements puis avoua que cela lui semblait logique. Le professeur Layton s'arrêta soudainement dans son raisonnement. Il avait oublié un détail qui rendait l'affaire encore plus troublante.
« ... Mais comment nous aurait-il épiés, si notre discussion s'était produite dans son futur ? - Professeur, s'interposa Emmy. Ne me dites pas que... - Cela semble cependant le plus probable, déduisit-il gravement. Il y aurait une troisième machine à voyager dans le temps, à la même époque que Sandra ... Si ce n'est pas une époque plus lointaine encore dans le futur. - Quoi qu'il en soit, répliqua la concernée, je devrais rentrer, ma mère m'attend. Je tâcherai de trouver des explications, à mon avis elles sont plus nombreuses dans le futur. Qu'il s'agisse de mon époque ou de celle de ce « Hundreï ». »
L'adolescente esquissa un sourire, fit rentrer les deux pokémon dans leurs poké balls avant de partir, non sans souhaiter une bonne après-midi à ses amis. Cependant, le gentleman et ses amis virent très bien le désarroi qu'elle cachait. Cette affaire était bien plus complexe qu'elle n'en avait l'air. Luke se leva subitement, juste avant que son amie ne quitte la pièce. Flora l'imita aussitôt.
« Sandra, commença-t-il. Je... (Il jeta un regard rapide à sa droite, là où la jeune londonienne se trouvait) Laisse-nous t'accompagner ! »
Tous les autres sursautèrent, la jeune fille en premier.
« Mais enfin, Luke ... C'est bien trop dangereux ! Nous ne savons même pas de quoi il est capable ! »
L'étrangère était visiblement inquiète, mais ses amis insistèrent. Elle réfléchit, se tut, baissa le regard. Elle esquissa un très léger sourire énigmatique avant de relever la tête.
« Très bien. J'accepte de vous ramener dans le futur. »
Les trois adultes ainsi que Matthieu lui jetèrent un regard interrogateur, mais celle-ci leur renvoya un clin d'œil discret. Ils devaient lui faire confiance. Elle sortit, suivie par les deux londoniens.
« Eh bien, Sandra ? commença Flora d'un ton impatient et légèrement excité. Quand nous rendons-nous chez ce « Hundreï » ? »
La concernée se retourna. Elle s'attendait à cette question, et celle-ci fusa alors que le trio était à peine retourné dans le futur. Elle baissa le regard, puis répondit d'un ton grave.
« Désolée de vous décevoir, mais je m'y rends seule. - Quoi ? répliqua aussitôt Luke, stupéfait. Mais tu avais accepté de nous y emmener ! »
L'adolescente hocha négativement la tête d'un mouvement lent et calme, les yeux légèrement fermés.
« Non. Vous emmener dans le futur est une chose. M'accompagner jusque-là en est une autre. Vous restez ici avec ma mère, ou vous rentrez à Londres. Je l'ai dit, c'est bien trop dangereux. »
Elle se retourna sans rien ajouter, et monta les escaliers, probablement pour se rendre dans sa chambre. Elle avait des affaires à préparer avant de se rendre dans le passé. Là où elle trouverait enfin quelqu'un qui en saurait probablement plus qu'elle sur l'affaire. Sa mère était assise au bureau, face à la machine titanesque. Elle soupira, se leva et s'approcha des deux adolescents, tentant de les réconforter un sourire tendre et légèrement triste sur le visage.
« Voulez-vous du jus de baie ? Cela peut remonter le moral ... »
Chapitre XXIX – Volubile mémoire
Spoiler:
Sandra regagna silencieusement sa chambre, sans même prêter un seul regard supplémentaire à sa mère et à ses amis. Son esprit était brouillé, et elle était complètement absente, si bien qu'elle en oublia de sortir ses pokémon de leurs poké balls. Elle ressentait à la fois de la tristesse, de la rancœur, de la haine. Cet homme qui avait rencontré son père l'avait tué, elle en était certaine. Cependant, pourquoi ? Comment ? Qui était-il véritablement ? Cet inconnu qui se faisait appeler « Hundreï », peut-être ? Pourquoi sa mère l'avait-elle emmenée loin de leur ancienne résidence d'Autequia, dans la lointaine région nommée Hoenn ? Encore en grande partie dans la lune, elle libéra ses amis une fois arrivée dans sa chambre et sortit un sac de voyage, commençant à le remplir sans un mot.
Sa mère était très nerveuse et s'énervait pour peu de choses depuis ce jour-là. La perte d'un mari ne se répare jamais complètement. La perte d'un père non plus. L'adolescente s'était complètement refermée sur elle-même en déménageant à Entrelasque. Et pour cause : plus de père, plus d'Autequia, plus ses amis, plus les magnifiques étangs où son père lui apprenait à pêcher avec son rire cristallin qui résonnait à chaque fois, plus le désert où ils menaient des fouilles archéologiques inutiles, plus les forêts où avaient lieu les cueillettes de baies tous les étés, plus le réseau de grottes où elle avait déniché Nina. En un mot, plus de passé.
Passé, nom commun et également participe passé du verbe « passer ». Tout s'était passé très vite ce jour-là, en effet. Mais la jeune fille était loin de l'oublier.
« Sandra, debout ! »
Une gamine d'à peine six ans se réveilla à la suite de ce murmure aussi bruyant qu'un hurlement, aussi violent qu'un coup de poignard, aussi fugace qu'un éclair. Sa mère était juste devant elle, habillée mais pas coiffée, le regard à la fois triste, tendre et inquiet. C'était elle qui l'avait ainsi interpelée. L'enfant obéit sans comprendre.
Il faisait nuit noire. Noire comme l'encre, noire comme le fond du Pilier Illusion non loin. Noire comme le rassemblement de toutes les peurs d'enfants.
« Habille-toi, vite. Nous devons partir. »
Pourquoi donc ? Parce que.
Elle s'habilla. Que pouvait-elle faire d'autre ? Ceci fait en vitesse, elle suivit sa mère, encore à moitié endormie. Deux silhouettes sombres descendirent les escaliers à tâtons et passèrent par le salon.
Désert.
« Maman, ils sont où les meubles ? - En bas. Tais-toi et suis-moi, ma chérie. »
Un ordre murmuré avec un mélange d'affection et de peur. Toujours aussi rapide, mais prononcé tendrement. Avec une once de fermeté inquiète. Elles descendirent une autre série d'escaliers, menant à la cave. Elle ouvrit la porte de la salle qui était allumée, la petite Sandra la suivit. Lorsqu'elle put à nouveau ouvrir les yeux, l'éclairage étant excessivement fort, la gamine découvrit que tous les objets importants de la maison étaient rassemblés autour de la machine à voyager dans le temps, et que tous les pokémon de la famille attendaient ici, Nina comprise. Avant qu'elle ne puisse ajouter quoi que ce soit, la mère avait fermé la porte et éteint la lumière sans prévenir.
« Clef, téléport. »
Le kaorine s'exécuta et tout ce qui était rassemblé dans la salle se mit à briller avant de disparaître. Lorsque Sandra put à nouveau regarder où ils s'étaient retrouvés, elle vit une salle entièrement blindée, complètement différente.
« Maman, on est où ? - Dans notre nouvelle maison, ma chérie. »
L'enfant regarda autour d'elle, tournant la tête de tous côtés. Elle redirigea aussitôt son regard horrifié vers sa mère.
Il manquait quelqu'un.
« Maman, il est où Papa ? »
L'adulte baissa les yeux, se retenant de fondre en larmes. Elle marqua une longue pause. La jeune gamine écarquilla ses yeux soudainement remplis de larmes et se jeta contre elle, la serrant comme elle pouvait et la secouant violemment, insistant encore et encore. Elle voulait savoir. Elle devait savoir.
« Papa est parti. Très loin ... Quelqu'un l'a ... emmené. Il avait ... du travail ... Très loin ... »
Elle comprit et éclata en sanglots, pleurant à chaudes larmes. L'adulte l'entoura de ses bras et tenta de retenir ses pleurs. Tous les pokémon regardaient les deux humaines, affligés. La famille venait de perdre un père.
« Sandra ? Est-ce que nous pouvons entrer ? »
La mère avait frappé à la porte de sa chambre, et le « nous » laissait penser que ses amis l'accompagnaient. Elle acquiesça distraitement. Amis. Cela faisait presque huit ans que l'adolescente ne s'en était plus faite. Elle les avait tous perdus depuis ce jour, et n'avait plus jamais entendu parler d'eux. Sa mère voulait garder l'anonymat, donc pas question de se faire connaître. Hoenn et Unys n'avaient plus rien en commun, même la langue. Certes, en même temps Hoenn était la seule région qui ne parlait pas officiellement anglais ... Unys, région bien plus éloignée de toutes les autres. Le reste de la famille espérait s'y faire oublier. Pour ne pas être retrouvé. La mère de l'adolescente craignait cet homme, qui avait tué à coup sûr son mari. Il savait, et il voulait en tirer profit. L'archéologue avait refusé, et subi de graves représailles. Représailles que l'inconnu avait peut-être l'intention de prolonger sur la famille entière ...
Le trio entra timidement dans la chambre. L'adolescente du futur inspectait chacun de ses gadgets, comme pour se demander à chaque fois lequel serait utile pour sa rencontre avec celui qui en savait plus qu'elle.
« Maman, je sais où se trouve celui qui est à l'origine de tous nos problèmes. Et je sais à quelle époque. - Et que vas-tu faire ? demanda tout naturellement l'adulte, connaissant pourtant déjà la réponse à sa question. - Essayer de comprendre ses intentions. » répondit-elle sans même la regarder, plongeant un outil supplémentaire dans son sac en bandoulière.
Luke reprit, tentant de convaincre la jeune fille de changer d'avis concernant son accompagnement.
« Tu ne devrais pas y aller seule, Sandra ... Tu es sûre que... - Absolument sûre. » coupa-t-elle avant même d'entendre la fin de ses paroles.
Les deux londoniens baissèrent le regard. Rien ne pouvait changer son avis, et la mère soutenait cette opinion. C'était bien trop dangereux pour des enfants. Surtout des enfants du passé. Ils s'éclipsèrent, précédés de la jeune femme qui tenta de les réconforter avec un nouveau sourire, à la fois légèrement triste et chaleureux.
« Salut. »
Une jeune gamine leva les yeux de son livre vers l'enfant qui venait de lui parler. Il l'avait troublée dans sa lecture, et elle espérait que ce fût pour une bonne raison.
« Tu viens pas jouer avec nous ? Pourquoi t'es toute seule ? »
Sandra l'ignora et baissa son regard. Maman lui avait interdit de se faire connaître plus que nécessaire. C'était trop dangereux pour toute la famille.
« Hé, tu pourrais m'écouter quand je te parle ! Qu'est-ce que tu lis ? »
Elle lui montra l'ouvrage. Elle ne le faisait que parce qu'il lui avait demandé. Tout ce qu'elle voulait, c'était avoir la paix. C'était déjà assez frustrant de ne pas avoir le droit de lui parler, il n'allait pas en rajouter une couche en lui rendant la tentation encore plus forte !
« C'est quoi ça ? La physique pour les débutants... »
Le gamin s'éloigna après avoir soupiré, désintéressé également de la jeune enfant.
« Crâne d'œuf ! »
Crâne d'œuf. Ce surnom l'a toujours collé. Au primaire, et au collège, quand elle y allait. Il n'était plus si obligatoire, depuis que les dresseurs partaient à l'aventure dès leurs dix ans. Elle l'avait fait, quatre ans auparavant. Pour avoir la paix. Pour ne plus être appelée comme cela. Personne ne pouvait deviner ce qu'elle était, lorsqu'elle était en voyage.
La jeune fille boucla ses affaires. Son sac était prêt, il ne lui restait qu'à prévenir sa mère afin qu'elle se charge de la machine à voyager dans le temps. Elle devait rester près d'elle, afin d'éviter tout souci.
Sa mémoire lui fit alors revenir en tête un souvenir bien plus récent, et dont elle se souviendrait toujours. Cette mémoire était décidément bien volubile, lorsqu'elle pensait aux voyages temporels. Après tout, beaucoup des temps forts de sa vie étaient reliés à cette mécanique blindée. Elle l'avait accompagnée toute sa vie, en vérité. Elle était même plus vieille qu'elle.
L'adolescente relut discrètement la lettre de son père, une dernière fois. C'était tout ce qu'il restait de lui, et elle y tenait énormément. Pourquoi fallait-il que sa carrière d'archéologue qui semblait si bien partie ne partît en fumée ainsi ? De plus, en même temps que cette vie, l'avant s'était envolé depuis déjà huit ans ... En partant de son époque, là où elle était loin de se trouver sur le moment.
« Ma chère Sandra, Quelque chose s'est produit dans le passé, le 17 mars 1975, dans la ville de Dublin. C'est très grave, il faut absolument que tu mettes cette histoire au clair. J'aurais été ravi de t'accompagner, mais tu connais mon emploi du temps. Tu te demandes certainement de quoi s'agit ce mystère. Je suis désolé de te dire qu'il vaut mieux que tu le découvres par toi-même. Tout ce que je te demande est d'apporter tes pokémon, et quelques affaires dont ton violon. Crois-moi, ils te seront utiles. N'oublie pas les règles du voyage temporel, mais n'hésite pas à interagir avec le monde qui t'entoure. Le minimum serait de prendre un hôtel, car ta mission risque de durer plus d'une journée. Cependant, je dois ajouter un détail : n'y va pas avant tes quatorze ans, c'est très important. Tu dois pouvoir te débrouiller seule, sans Maman et sans moi. Tu es déjà une grande fille, mais quelques années supplémentaires te seront également utiles. Je t'aime infiniment, ma chérie.
Papa »
La jeune fille avait quatorze ans tout ronds, et avait reçu ce message plusieurs années auparavant. Avant la mort de son père, bien entendu. Elle rangea la lettre et regarda les hommes installer les décorations dans la ville. 13 mars 1975. L'enfant se doutait que son hôtel n'allait pas la recevoir sans argent, et elle craignait que celui qu'elle avait apporté – la salle cachant la machine à voyager dans le temps comportant également une armoire où étaient rangées toutes les monnaies de toutes les époques – ne soit suffisant. C'est alors qu'elle tomba sur une annonce, et comprit d'où venait l'idée de s'encombrer de son instrument.
« On dirait que c'est ma chance ! »
Elle resta longtemps devant l'affiche, la décortiquant de tous ses détails, si bien que l'homme qui se trouvait juste à côté finit par croire qu'elle en était intéressée.
« Dis-donc, ma petite. Tu joues bien du violon ? - Peut-être serait-ce suffisant pour la fête ... - Oh, ne t'inquiète pas, les partitions sont très simples ! Et puis, tu as encore quelques jours avant la fête ! »
L'adulte lui tendit alors un maigre paquet de feuilles, que l'adolescente survola rapidement. Son oreille interne lui chanta les airs. Des airs simples et mélodieux. Elle referma le petit dossier vert qui contenait les musiques qu'elle devait jouer avec un sourire, puis releva son regard enfantin vers l'irlandais.
« En effet, c'est faisable. »
Le marché fut rapidement conclu, et l'homme la paya. Le détail qui avait échappé à l'enfant était que les musiciens recevaient un peu d'argent pour leur travail. Cela la réjouit : le problème de l'hôtel était réglé par la même occasion. Elle s'éloigna, le nez en l'air, observant les hommes, les femmes et les enfants préparant la fête. Dublin était magnifique. Malheureusement, tout cela disparaîtrait bien un jour, quelques siècles plus tard ...
Elle sursauta en croisant quelqu'un et se retourna, pâle comme la neige. Elle pensa un instant avoir confondu avec un inconnu, mais cet homme s'était retourné également, aussi troublé qu'elle.
« Sandra ? »
L'intéressée voulut murmurer un « Papa ? », mais elle avait le souffle coupé et en était complètement incapable. L'adulte se rapprocha calmement d'elle, l'air à moitié dans ses pensées. Comme elle le connaissait autrefois.
« Tu as bien grandi, j'ai failli ne pas te reconnaître ! »
Il se pencha vers elle, jetant quelques regards furtifs sur les côtés avant de murmurer :
« De quelle époque tu viens ? Et quel âge as-tu ? - Quatorze ans, Papa. - En effet, en huit ans, tu as eu le temps de pousser. Et qu'est-ce qui t'amène à Dublin ? »
Elle fronça les sourcils et se tut, étonnée.
« C'est toi qui m'as demandé de venir, non ? Et le mystère qui est censé se dérouler ici ? Tout semble normal ... - Oh, oui, j'avais oublié. C'est vrai que j'avais prévu de te prévenir quand je rentrerais ... C'est juste que ... est-ce que tu te souviens du jour où un inconnu avait sonné chez nous ? - Je crois, oui ... C'était il y a longtemps. - Je n'en doute pas. Et puis, tu étais encore très jeune ... Il avait parlé de cette époque. Qu'il voulait « sauver le passé » ... »
L'adolescente ne semblait pas avoir compris de quoi son père voulait parler. Elle allait demander des détails, lorsque son interlocuteur regarda la montre à son poignet – qu'il avait dû acheter dans le passé, afin de ne pas avoir à sortir de quelconque gadget futuriste pour avoir l'heure.
« Oh, il est déjà si tard ! Je vais devoir rentrer, je dois faire cours dans moins d'une heure ! »
C'est alors qu'il partit en courant, adressant à sa fille un dernier signe de la main. L'enfant se souvint alors d'une chose, qui lui était jusqu'alors complètement sorti de l'esprit. C'était en rentrant dans son époque qu'il lui avait rapidement donné sa lettre, après l'avoir rédigée. C'était en rentrant de son cours que, la nuit même, le courant de sa vie allait complètement basculer.
C'était seulement quelques heures plus tard que son père était mort.
Ce signe de la main que le père adressa à sa fille, l'enfant le prit pour un signe d'adieu. Elle voulut le poursuivre, pour le prévenir de sa mort prochaine, mais la foule l'en empêcha. Elle se retint de crier et se contenta de verser de maigres larmes, se laissant ralentir par la masse de personnes insouciantes et loin d'imaginer le problème qu'elles créaient. Elle jeta un dernier regard dans la direction dans laquelle son père était parti affronter son destin sans même le connaître, se retenant de pleurer. Elle ressortit la lettre, et murmura avant que celle-ci ne soit complètement noyée par ses pleurs :
« Adieu, Papa. Je t'aime. »
Tout était prêt. Sandra se retourna une dernière fois vers les deux adolescents du passé et sa mère, anxieuse. Celle-ci tenta de la rassurer d'un sourire tendre, mais elle tremblait légèrement.
« Ce serait donc un bâtiment en plein milieu de la forêt, si j'ai bien compris. - D'après les informations du professeur, c'est cela », prononça l'enfant, fixant le mur d'un regard ébène.
Elle traversa le « tunnel » créé par la machine de ses parents et se retrouva dans le Bois aux Chênes, la seule forêt qui jouxtait Doublonville, et donc logiquement l'emplacement de la bâtisse dont l'homme au haut-de-forme lui avait parlé. Il lui fallait l'explorer un peu, car elle et le gentleman ignoraient l'emplacement exact. Mais elle la trouverait. Elle trouverait le deuxième détenteur de la machine à voyager dans le temps. Elle trouverait peut-être le meurtrier de son père.
L'adolescente serra le poing et se mordit la lèvre. Pour la toute première fois dans sa vie, elle haïssait véritablement quelqu'un.
Sandra ne comprenait pas. Elle avait beau fouiller partout dans le bois, tout ce qu'elle parvenait à trouver étaient des paras, des mystherbes et des nosferaptis, sans compter les arbres et les hautes herbes.
« Mais où est-il ? »
L'adolescente marcha encore un instant, perdant patience. Alors qu'elle allait prendre une prétendue allée en traversant une haie de buissons, elle vit sur son côté gauche un dragon vert apparaître soudainement, surgissant de nulle part, et passer devant elle en volant avant de transpercer la cime des arbres et disparaître dans le ciel. Mais ce n'était pas n'importe quel dragon vert. Il avait sur le dos un homme. Un homme qui portait un haut-de-forme que la jeune fille reconnut immédiatement, et comprit tout.
« Il nous a bien bernés ... » grogna-t-elle entre ses dents, fronçant les sourcils.
Elle revint sur ses pas en serrant les poings et retourna dans son époque, prenant garde à ce que personne ne la remarque.
« Tiens ? Déjà rentrée ? - Nous nous sommes tous fait avoir. Il n'est pas à cette époque. »
Le trio regarda la jeune fille, interloqué.
« Dans ce cas, où est-il ? s'étonna Luke. - Très certainement maintenant, sourit l'enfant. Au même endroit. - Et le professeur... commença Flora. - Je l'ai croisé sans qu'il ne me voie. Il avait voyagé dans le temps sans même s'en rendre compte. »
La mère comprit et expliqua rapidement aux deux londoniens. Dans la rage de voir celui qui devait l'aider – pour un projet inconnu – s'enfuir, l'homme qui se faisait appeler Hundreï l'avait envoyé dans le passé, quatre ans plus tôt. Peut-être par jeu, ou alors simplement pour donner une leçon au gentleman.
« Bon, eh bien ... J'y retourne ? rit Sandra avec un très léger sourire insouciant. - Cette fois, la machine serait un peu inutile, alors sois prudente, lui rappela sa mère. En cas de danger, je ne pourrai pas te rejoindre. »
L'enfant sourit et sortit de la salle. Elle grimpa les escaliers avant de partir de la maison et de sortir Nina, s'apprêtant à grimper sur son dos. Cependant, elle ne le fit pas aussitôt. Des cris la retinrent, elle soupira en fermant les yeux alors qu'elle se retournait lentement. Elle priait pour que ce ne soient pas eux ...
« Alors, Crâne d'œuf ? Tu vas où, aujourd'hui ? »
Raté.
« Très loin. Je vais ... régler un problème. »
Encore une fois, c'était rigoureusement exact. Cependant, elle devait bien se douter que cela ne suffirait pas pour répondre pleinement à la question de Koga et de sa bande, qui à nouveau l'encerclait.
« De quel genre de problème tu parles ? questionna un des rebelles du groupe. - Un problème de crâne d'œuf. Cela ne risque pas de vous intéresser. »
Elle se retourna et commença à s'accrocher au dos de son pokémon, déjà sur le point de prendre son envol. Le chef du groupe lui saisit le bras violemment, lui montrant qu'il n'était pas dupe.
« Pour une fois, ironisa-t-il, les problèmes de crânes d'œuf m'intéressent. On peut aider, peut-être ? »
Pendant une fraction de seconde, Sandra songea qu'il était sincère. Qu'ils pourraient l'aider à combattre, peut-être, le meurtrier de son père. Cependant, les rires moqueurs qui s'enchaînèrent aussitôt après la ramenèrent à la réalité. Elle se traita intérieurement d'idiote. Comment pouvait-elle croire – ne serait-ce qu'un instant – que ces gens qui se servaient d'elle comme d'un souffre-douleur pouvaient aussitôt se résigner à l'assister ?
Brusquement, elle retira son bras de son emprise et sauta littéralement sur le dragon vert, qui s'envola aussitôt, ayant immédiatement pris cet acte comme signal de départ. Koga resta au sol, et fit signe à ses « sbires » de faire de même. Il ricana, puis cria à l'intention des fuyards.
« Eh, Crâne d'œuf ! T'inquiète surtout pas ! Si tu veux pas nous expliquer, ta mère le fera bien ! Et d'ailleurs, tes potes de Fiore aussi, non ? »
L'adolescente aux lunettes écarquilla les yeux, soudainement inquiète. Elle avait complètement oublié Luke et Flora. Mais qu'est-ce qui l'avait pris de les ramener dans son époque ? Elle sortit de son sac un petit rectangle noir d'une main – se cramponnant solidement à Nina de l'autre – et l'alluma, ouvrant un contact téléphonique avec sa mère. Elle pria pour qu'elle ne tarde pas. Et sa prière fut entendue.
« Allô Maman ? - Oui Sandra ? Qu'est-ce... - Ramène Luke et Flora à leur époque. Koga et sa bande arrivent, et ils cherchent des explications ... »
Un soupir se fit entendre.
« Qu'est-ce que tu as encore raconté ? réprimanda l'adulte. Je t'ai dit de ne pas... - Rien du tout, justement ! plaida-t-elle, à la fois désespérée et inquiète. Maman, il y a urgence ! Tu dois absolument les ramener à Londres avant qu'ils ne les trouvent ! C'est à moi qu'ils en veulent, mais c'est eux qui vont payer si je ne suis pas là ! »
Nouveau soupir, suivi d'une approbation. L'enfant raccrocha, espérant que cela se passe comme elle le voulait.
« Vite, venez ! Je vous ramène à Londres. »
Les deux adolescents n'eurent pas le temps de demander d'explications que la mère les leur donna en vitesse, sans se retourner pour autant. Elle les conduisit au pas de course dans la cave où se trouvait la machine, l'alluma, tapota des doigts sur le bureau en marmonnant des « Allez, dépêche-toi ... » inquiets, inscrivit les coordonnées avec une vitesse folle, sans cependant faire de quelconque erreur.
« Allez, rentrez chez vous, vite ! Je vais m'occuper d'eux... - Mais, tenta l'apprenti. Et vous ? - Ne vous inquiétez pas pour moi ! »
Elle poussa les deux enfants de l'autre côté du mur avant de se rediriger vers la machine pour l'éteindre. Cependant, entre-temps s'était affiché un message d'alerte sur l'écran. L'adulte le lut en vitesse : manque d'énergie. Elle frissonna, sachant parfaitement ce que cela signifiait. Elle se retourna en quatrième vitesse.
« Non, attendez, revenez... ! »
La machine s'éteignit d'elle-même. Les batteries étaient à plat.
Alors que Luke et Flora étaient censés rentrer à leur époque, la machine à voyager dans le temps a un manque de batteries ! Sachant que cela a entraîné une perte de puissance, quel est le danger encouru par nos deux amis ?
Nota Bene : Ne vous fiez pas aux apparences, vous avez largement assez d'indices pour comprendre ce qu'il s'est passé, ne serait-ce que dans les grandes lignes. (car il est en réalité impossible de deviner dans les plus grands détails, à moins de lire dans les pensées de l'auteur bien sûr) Vous avez droit au chapitre XXI pour résoudre cette énigme. :)
Attention : Vous n'aurez pas droit à la publication du chapitre suivant avant d'avoir résolu cette énigme !
Les indices seront débloqués au fur et à mesure, si vous persistez à sécher. Après tout, il est vrai que cette énigme aux apparences de science pure demande une certaine logique, pas forcément évidente ! ^^'
~~~~~ Indices ~~~~~
Les indices sont pour le moment indisponibles. Veuillez tenter au moins de résoudre cette énigme ! Ce n'est pas si compliqué ! 8D
Comme avant, réponses par MP, afin d'éviter le flood. Bonne chance à tous. ;)
Clive Dove
Messages : 697 Date d'inscription : 03/01/2012 Localisation : Londres.
Feuille de personnage Âge: Picarats: 380 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 11 Juin - 23:03
Je me suis creusé les méninges à en perdre le sommeil ! Alors j'exige cette suite ! %)
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 12 Juin - 8:02
Bon, d'accord, je valide. ;)
Chapitre XXX – Vous avez dit imprévu ?
Spoiler:
« Allez, Flora ! Dépêche-toi, je te rappelle que c'est aujourd'hui ! - Mais attends-moi, Luke ! Tu sais que je cours moins vite que toi ! »
Une légère brise vint accueillir Luke et Flora lorsqu'ils passèrent de l'autre côté d'un mur de briques pourpres. Une belle et douce chaleur se faisait ressentir, même à l'ombre. Peut-être était-elle légèrement plus chaude que lors de leurs derniers souvenirs ... Cela devait être un rayon de soleil durable qui avait réchauffé l'atmosphère londonienne depuis leur départ.
« Non, attendez, revenez... ! »
Les deux adolescents firent rapidement volte-face, mais le silence régna suite à ce cri désespéré. Flora s'approcha en hésitant et toucha le mur d'où ils venaient ; elle rencontra bel et bien la paroi froide de la pierre.
« Luke ... tu crois qu'il s'est passé quelque chose ? - Je ne sais pas ... On dirait que nous sommes rentrés à Londres malgré tout, non ? »
Les londoniens regardèrent autour d'eux. Il n'y avait aucun doute possible, ils étaient toujours dans la même petite venelle où ils s'étaient retrouvés la fois précédente. Pourquoi devrait-il y avoir une quelconque erreur ?
« Bon, continua la jeune lady, je suppose que nous n'avons plus qu'à retourner chez le professeur ... »
Son ami acquiesça, et le duo se remit en route. Cependant, si tout était normal, pourquoi la mère de Sandra se serait-elle inquiétée, et pourquoi la machine se serait-elle arrêtée sans prévenir ? L'apprenti demeurait soucieux. Quelque chose ne tournait pas rond ... Ils sortirent de la petite ruelle et se retrouvèrent dans une rue plus grande et plus lumineuse. La même que la dernière fois. Rien ne semblait avoir changé ...
Une seconde brise douce et chaleureuse leur caressa le visage. Il faisait réellement plus chaud que lors de leur dernière visite ...
Un jeune homme les aborda soudainement en les saluant amicalement. Il semblait approcher la vingtaine et dépassait les deux amis de quelque cinq pouces, mais cela ne procurait aucun quelconque sentiment de supériorité, bien au contraire. Il portait un petit haut-de-forme bleu marine au ruban ocre ainsi qu'une veste assortie, qui malgré sa couleur ne luttait pas du tout contre le bordeaux de sa chemise. Son nez en bec d'oiseau pouvait au premier coup d'œil lui donner un effet ingénu et oisif, mais il n'en était rien.
C'était étrange, mais Luke était certain de l'avoir déjà rencontré quelque part ...
« C'est drôle, mais je suis sûr de vous avoir déjà vus ... »
Lui aussi, alors ... Il regarda rapidement et tout particulièrement le jeune adolescent à casquette bleue, puis continua d'un air qui laissait paraître qu'il pensait avoir obtenu une explication à son hypothèse.
« Tu ne serais pas de la famille de Luke Triton, par hasard ? La ressemblance est vraiment frappante ! »
Les deux enfants se regardèrent en écarquillant les yeux. Évidemment que Luke Triton ressemblait à Luke Triton ... Quel était le problème ?
L'apprenti s'apprêtait à répliquer qu'il était le jeune homme en question lorsque quelqu'un d'autre arriva en trombe, complètement essoufflé. Le nouvel arrivant se baissa légèrement en respirant fort, tentant de reprendre son souffle, tandis que l'autre le salua.
D'une manière qui éberlua les deux jeunes amis.
« Tiens, Luke ! Tu tombes à pic ! C'est drôle, quand j'ai vu ces deux jeunes, j'ai tout de suite pensé à toi et Flora ! Tu les connais ? »
Le dénommé « Luke » se releva doucement et fixa rapidement les concernés. Il semblait lui aussi avoir la vingtaine d'années, et la ressemblance avec le jeune apprenti du professeur Layton était totalement évidente. Seule la tenue vestimentaire et quelques maigres années semblaient les séparer ... Celui-ci parut réfléchir rapidement et discrètement en regardant dans le vague avant de répondre précipitamment en riant, sur le ton de la plaisanterie, d'un air qui laissait dire qu'il s'agissait pour lui d'une évidence.
« Bien sûr ! Ce sont des cousins ! Flora et moi leur faisions visiter Londres, et puis ils ont dû s'égarer ! Nous les cherchions partout, les coquins ... »
Une fois de plus, les deux londoniens s'échangèrent une paire d'yeux interrogateurs. Quelle était donc toute cette histoire sans queue ni tête ? Ils n'eurent pas le temps de demander d'explications que le jeune adulte les saisit tous deux par le bras et fit volte-face d'une manière étrangement tendue. La jeune londonienne eut l'occasion d'entrapercevoir son visage. Il montrait une mine pincée et rougissait violemment, sa tête entière passant à l'écarlate.
Il semblait aussi embarrassé qu'eux, si ce n'était plus.
« Allez, vous deux ... prononça-t-il d'une voix en réalité plus destinée à l'autre jeune homme qu'aux enfants. Vous savez que nous sommes très pressés ... Il n'y a pas de temps à perdre ! »
Les deux enfants étaient trop étonnés pour résister et se laissèrent entraîner dans le premier petit croisement qui s'offrait à eux. Ils débouchèrent tous trois sur une autre petite rue peu fréquentée. Le jeune adulte lâcha ses deux prises, et l'adolescent reprit immédiatement, demandant enfin des explications sur le ton de la réprimande.
« Vous pourriez nous expliquer ce qui vous prend ? »
L'autre garçon étouffa un petit rire, puis répondit. Sa rougeur passagère avait laissé place à un teint plus naturel, quoique très légèrement cuivré. Le même teint que le destinataire de ses paroles.
« Eh bien, Luke ... Tu ne te reconnais pas ? »
Étrangement, les deux amis s'attendaient à cette réponse. En effet, celui qui l'avait prononcée se nommait apparemment « Luke Triton », ressemblait au jeune garçon au point qu'il était facile de croire qu'il s'agissait d'une même personne, avec seulement quelques années d'écart. Ce qui n'aurait en temps normal paru logique que s'il s'agissait de deux photographies prises à plusieurs années de différence, mais juxtaposées sur une page d'un album.
Mais ce n'était pas le cas.
Flora se rapprocha discrètement de son jeune ami et lui murmura à l'oreille une hypothèse qui l'inquiéta. Elle permettait cependant de résoudre le phénomène de la manière la plus simple qui fût.
« Tu crois que la mère de Sandra s'est trompée d'époque ? »
L'adulte ne fut visiblement pas vexé d'être mis à l'écart de cette confidence. Il semblait même en connaître parfaitement le sujet, et c'était limite s'il paraissait avoir prévu le geste de la jeune fille avant même qu'elle ne s'approchât du jeune garçon ... Celui-ci fronça les sourcils, incrédule. Visiblement, il restait malgré tout sceptique.
« Si vous êtes vraiment mon futur, vous devriez savoir qu'on l'a déjà sortie, cette « plaisanterie », il y a deux ans. »
« L'autre Luke » ferma les yeux et hocha négativement du doigt, comme pour montrer à un enfant qu'il se trompait.
« Erreur, Luke. Ici, c'était il y a sept ans. » prononça-t-il avec un sourire légèrement moqueur, mais toujours avec ce même calme qui s'était imposé chez lui depuis que le trio s'était retrouvé dans la sombre ruelle, à l'abri des regards.
Le jeune garçon à casquette bleue grogna, puis répliqua qu'il voulait une preuve plus solide. Il ne tomberait pas deux fois dans le même piège, que Flora fût crédule une seconde fois ou non.
« Si tu insistes ... » répliqua l'aîné en s'approchant lentement et calmement de lui.
Il fit poliment signe à la jeune lady de s'écarter, puis se pencha vers son « passé » et lui chuchota quelques paroles à l'oreille. La réaction du jeune homme fut de rougir violemment avant de saisir son couvre-chef et de le baisser sur ses yeux, tentant de cacher ce pourpre qui lui colora le visage en seulement l'espace de quelques secondes.
« D'accord, je vous crois ... »
L'adulte afficha un sourire qui semblait à la fois affectif et victorieux.
« Je préfère ça. Au fait, tu peux me tutoyer. Tu sais, c'est... - Oui, comme avait dit Clive lorsqu'il se faisait passer pour moi – pour nous –, c'est plutôt troublant de se parler à soi-même ... » coupa l'adolescent en riant avec une mine encore légèrement gênée, mais qui retrouvait à son tour peu à peu sa teinte habituelle. Après tout, il ne parlait pas à n'importe qui ...
Les deux rirent en même temps, d'un rire presque nerveux. Flora se sentit pendant un instant complètement oubliée, mais le « grand Luke » se tourna vers elle en ajoutant avec un air plaisantin :
« Au fait, Flora, prépare-toi à connaître ton propre futur ! - Vous... Tu sais où elle est ? - Eh bien, marmonna-t-il d'un ton embarrassé, je crois que j'ai été trop rapide pour elle ... Mais, si je ne me trompe pas, elle ne devrait pas tarder. »
Les deux adolescents s'étonnèrent de ces paroles, étant donné que leur interlocuteur semblait se prendre pour un devin, mais ils n'eurent pas le temps d'en parler que des bruits de pas rapides accompagnés d'une respiration au souffle coupé se firent entendre. Une jeune lady s'arrêta auprès du trio en haletant bruyamment. Lorsqu'elle eut repris son souffle, elle réprimanda l'aîné.
« Quand même, Luke, tu aurais pu m'attendre ... - Excuse-moi. Mais tu sais que je ne pouvais pas les laisser avec Finch trop longtemps, ça aurait pu tourner au vinaigre ... »
Le petit garçon eut une illumination soudaine. Finch, bien sûr ! Ce jeune homme qui l'avait interpellé était tout simplement ce vieil ami de Misthallery, qu'il connaissait depuis sa plus tendre enfance ... Pas étonnant qu'il les ait reconnus, surtout lui.
Il était revenu dans le petit village mêlé de canaux quelques mois auparavant, avec Flora et le professeur. Les retrouvailles – ainsi que les présentations entre Finch et Flora – avaient été chaleureuses ... Il était normal qu'il reconnût son meilleur ami, même avec quelques années de moins. Et en effet, lorsque l'adolescent à casquette bleue réfléchit, si son futur n'avait pas intervenu un véritable dialogue de sourds aurait pu commencer, risquant de dévoiler le mystère des voyages temporels.
Les deux ladies se fixèrent dans un silence de mort. Le jeune apprenti n'osa pas intervenir, mais son alter-ego se rapprocha de la plus jeune, se mettant juste derrière elle. Comme s'il avait deviné ce qui allait se produire.
La jeune fille s'évanouit soudainement en prononçant un « C'est ... moi ... » à peine audible, l'adulte la rattrapa aussitôt sans aucun mal, loin d'être étonné. Luke réprima un petit cri stupéfait et voulut se précipiter pour agir de même, mais son alter-ego fut bien plus rapide. L'autre Flora se contenta de rougir légèrement en voyant son passé, mais préférait garder ses distances avec le reste du groupe, particulièrement avec la jeune adolescente. Étonné de la réaction de son futur, le petit Luke fit part de ses questionnements à celui qui venait de retenir son amie.
« Tu savais qu'elle ferait ça ? »
Le destinataire de cette question rit quelques secondes tout en éventant celle qu'il tenait dans ses bras afin de tenter de la réveiller doucement. Pour lui, la réponse était évidente.
« Non, Luke. Je m'en souviens, c'est différent. »
L'apprenti n'eut pas le temps de réfléchir qu'il continua.
« Je te rappelle que je suis toi. J'ai déjà vécu cette scène, donc il me suffit de me souvenir pour connaître le déroulement des événements ! »
Le jeune homme fit part de son émerveillement avant d'avouer que cela lui semblait logique.
« Surtout, n'oublie pas ton rôle. Ce serait dommage de la laisser tomber dans cinq ans ! »
Les deux rirent, la Flora du futur se décida à se rapprocher en rougissant légèrement, une fois de plus. Finalement, après avoir salué le passé de son ami – ce qu'elle n'avait toujours pas fait, elle venait de s'en rendre compte –, elle s'agenouilla finalement aux côtés de son alter-ego, qui ouvrit lentement les yeux juste à ce moment. La jeune femme sourit chaleureusement, l'adolescente se releva en tentant de faire de même, ses joues virant au pourpre demeurant cependant les plus visibles.
« Bon, reprit le futur de l'apprenti, maintenant je suppose que nous pouvons rentrer ... le professeur nous attend dans son bureau ! »
Avant de suivre les adultes guillerets, les deux passés se regardèrent. Ils allaient bientôt voir le professeur Layton du futur ... mais le vrai, cette fois-ci. Il n'allait pas s'agir du scientifique Dimitri Allen venu leur jouer une seconde fois le même rôle.
« Professeur ! Nous sommes rentrés ! »
Le haut-de-forme caractéristique se retourna vers la voix fluette de la grande Flora avec un sourire tendre. Il regarda d'abord avec étonnement les deux silhouettes qui emboîtaient les pas des deux jeunes adultes, puis étouffa un petit rire chaleureux.
« C'est vrai, j'avais oublié. »
Le gentleman accueillit les deux enfants comme de jeunes amis et invités, la londonienne du futur se dirigea précipitamment dans la cuisine en lâchant un « Je vais faire du thé ! ». Son alter-ego fixa son ami en hésitant, puis se leva et partit la rejoindre avec la même allure, retrouvant son sourire habituel. Pour plaisanter, l'adulte à casquette bleue – quasiment identique à celle de son passé, seulement légèrement plus grande – rit en prêtant ces paroles au jeune adolescent.
« Elles ont l'air de s'entendre, on dirait ! »
Le petit garçon ajouta sur le même ton – quoique légèrement nerveux – un « Encore heureux ! » qui montrait l'évidence même de la chose. Tout en s'asseyant autour de la même table, le professeur d'archéologie continua d'un ton calme, la même mine réjouie et sereine au visage.
« C'est normal, après tout il s'agit d'une seule et même personne ... Même si le temps peut parfois légèrement changer les gens. »
Quelques coups répétés contre la porte firent sursauter les trois hommes, le Luke du futur se leva et vint l'ouvrir sur une lady qui devait approcher la trentaine d'années.
« Bonjour Luke ! dit-elle avec une voix que le jeune apprenti reconnut immédiatement. Alors, il s'est passé quelque chose depuis mon absence ? »
Emmy. La future Emmy. Malgré le fait que l'enfant se sût dans une époque qui lui était future, il s'étonna tout de même de voir une assistante qui avait gagné quelque cinq années en moins de deux heures. Lorsque celle-ci le vit, elle rit avec son rire caractéristique. Franc, mais légèrement moqueur. Elle regarda les deux Luke l'un après l'autre, puis reprit ses taquineries en plaisantant. Finalement, les caractères de tous n'avaient pas tellement changé, en cinq ans ... L'Emmy qu'il connaissait était de retour.
« Eh bien, si déjà Luke suffit pour nous causer des problèmes, que va-t-il se passer s'il y en a deux ? »
Les deux alter-egos eurent exactement la même mine légèrement vexée, ce qui amusa visiblement l'assistante. Alors que le gentleman allait calmer le trio, les deux Flora arrivèrent en même temps, côte à côte, chacune portant un petit plateau et trois tasses de thé chaud, soit six en tout. Elles déposèrent toutes deux ce qu'elles portaient sur la petite table qui demeurait au centre de tous, puis distribuèrent les tasses avant de s'asseoir l'une à côté de l'autre. Lorsque leurs regards se croisèrent, elles rougirent toutes deux, tout en souriant.
« Professeur ... - Qu'y a-t-il, Flora ? »
La jeune adolescente parut hésiter. Elle ne s'était visiblement toujours pas remise de l'image du gentleman du futur. Même s'il n'avait pas énormément vieilli, la marque de l'âge commençait légèrement à apparaître. Légèrement, certes, mais assez pour qu'une personne qui vivait la plupart de son temps avec lui s'en rendît compte. Une fois son hésitation interrompue, elle se décida à poser sa question.
« Professeur, est-ce que l'histoire des machines à voyager dans le temps s'est fait connaître ? - Non, loin de là, répliqua-t-il tendrement avant de prendre une petite gorgée. Disons que ... nous avons trouvé une autre explication pour l'affaire. Personne – à part nous – ne connaît la véritable histoire. »
Le jeune apprenti demanda tout naturellement laquelle, mais son propre futur lui répliqua que c'était trop simple de procéder de cette manière.
« Enfin, Luke, continua-t-il sur un ton faussement reprochant, un sourire taquinant au coin des lèvres, tu devrais savoir qu'il peut être dangereux de connaître son futur avant l'heure ... »
Le jeune garçon fit la moue. Rembarré par lui-même ... En détournant le regard, cependant, il vit la main droite du futur de son mentor. Certes, elle tenait une tasse de thé, comme tous. Mais un détail étonna l'adolescent, et lui mit presque la puce à l'oreille.
Discret et insouciant, un petit anneau doré entourait l'un de ses doigts. Mais pas n'importe lequel ...
Soudainement, le professeur prit une gorgée de son thé, sortant inéluctablement cette main mystérieuse du champ de vision du petit garçon, qui soubresauta, ne s'étant pas attendu à cette réaction. Cependant, il avait beau tourner et retourner l'image qu'il avait dans sa mémoire, c'était clair, net et précis.
L'archéologue portait une alliance.
Comme si elle avait remarqué les soupçons qui commençaient discrètement à peser, Emmy reprit à l'intention des deux amis du passé, pour changer de sujet, l'air de rien – même si Luke parut percevoir une once de nervosité – :
« Il fait chaud, non ? - Oui, répliqua la jeune Flora, c'est vrai. Il me semble qu'il fait plus chaud qu'à notre époque ... - C'est parce que vous venez de la fin mars, répondit l'adulte à casquette bleue. Nous sommes le 3 août. »
La jeune lady marmonna un « Ça explique tout ! » avec un grand sourire, montrant qu'elle avait compris. Son alter-ego prit un sucre au centre de la table, mais regardait du coin de l'œil le plus jeune du groupe. Elle détourna les yeux lorsque celui-ci dirigea les siens vers elle, mais c'était trop tard. Il avait remarqué le type de regard qu'elle lui adressait. Il se doutait de quelque chose, comme s'il ne se croyait toujours pas dans son futur. Pourtant, son alter-ego lui avait plus ou moins prouvé qu'il était bien celui qu'il prétendait être ... Que pouvait-il bien ruminer qui lui faisait douter ? Elle se leva et fit mine de débarrasser les plateaux vides, faisant discrètement signe au futur de l'apprenti de l'imiter et de la suivre dans la cuisine. Il fallait qu'il se souvienne ...
Flora ferma soigneusement la porte, après avoir jeté un coup d'œil à travers l'interstice afin de vérifier que le petit adolescent ne se doutât de rien, puis se tourna vers son ami qu'elle avait fait venir.
« Luke, est-ce que tu te souviens avoir remarqué un quelconque détail louche, il y a cinq ans ? - C'était il y a longtemps, tu sais ... - Oh, je t'en prie, fais un effort ! »
Le jeune homme ajusta sa casquette en levant les yeux au ciel. Il eut une illumination soudaine, et s'empêcha de justesse de crier tout fort ce qu'il murmura.
« Mais bien sûr, l'alliance ! C'est vrai qu'ils ne savent pas encore ... - Tu crois qu'on devrait leur expliquer ? »
Cette fois, la réponse fusa aussitôt.
« Non, surtout pas. Tu te souviens bien de ce qu'il s'était passé, non ? »
La jeune lady rougit légèrement et baissa le regard en hochant négativement la tête.
« Bah, ce n'est pas grave. Mais il vaut mieux éviter de leur dire. Il faut qu'ils découvrent par eux-mêmes, et puis ... C'est une histoire plutôt compliquée, non ? - Oui, c'est clair ... rit-elle. Mais ... et les doutes de ton passé, comment allons-nous les écarter ? »
Il haussa les épaules en faisant la moue.
« Ça, j'ai complètement oublié ... - Ha ! fit son amie en le taquinant. Tu vois bien que même ta mémoire n'est pas infaillible ! »
Des coups contre la porte les firent tous deux sursauter.
« Tiens, elle est déjà là ? » s'étonna Flora en sortant de la cuisine pour partir ouvrir, abandonnant l'apprenti dans la salle.
Celui-ci soupira en souriant. Elle n'avait pas tardé, et désormais il se souvenait. Ils n'avaient pas eu à faire de quelconque explication : elle était intervenue à temps ...
Bonne lecture ... :P
Pour info, je ne sais pas vous, mais je ça me fait rire que d'écrire ce genre d'histoires ... Et les embrouilles dans ce genre, vous allez en voir des pires, croyez-moi ! 8D Surtout avec Boucles à boucler, le tome suivant ... *rires* Excusez-moi, mais le simple fait d'y penser me fait sourire innocemment ... :face:
Clive Dove
Messages : 697 Date d'inscription : 03/01/2012 Localisation : Londres.
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Ven 15 Juin - 12:25
Chapitre vraiment intéressant ! :) L'intrigue a un peu viré de bord et on se retrouve avec ces fameux problèmes que seuls les voyages dans le temps laissent ( les boucles à boucler comme tu le dis %) )... 8) Et je comprends que cela puisse te faire rire ! ;)
Je suis curieux de savoir à qui appartient l'alliance du professeur ^^ Vite la suite !
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Ven 15 Juin - 13:25
En ce qui concerne ce petit "clin d’œil" face à la suite qu'est ce mystère d'alliances, je dirais qu'il y a eu comme qui dirait des fuites ... :face:
Bref, la suite si vous voulez : Chapitre XXXI – Vil enchevêtrement
Spoiler:
« Layton, t'es vraiment sûr que c'est pas un piège, comme la dernière fois ? »
Même si Sandra avait partagé une grande partie de son savoir avec ses amis du passé, Don Paolo restait méfiant. Après tout, Clive Dove n'avait-il pas tenté de détruire Londres en utilisant un stratagème axé sur le même principe ?
« Si vous doutez encore, alors je vous charge de trouver une autre explication, répliqua le jeune Matthieu d'un ton à la fois amusé et curieux de connaître la théorie que l'ennemi de son professeur d'archéologie pourrait trouver. - Bien sûr que je vais t'en trouver une, je... »
Il s'arrêta net dans sa phrase et réfléchit, fronçant les sourcils. Il devait absolument trouver une autre solution permettant d'accéder au même résultat, mais aucune ne se montrait pour le moment.
« Clive s'était servi de décors pour recréer un Londres souterrain. Cette fillette aurait très bien pu en faire une autre dans le même genre ! »
Cette alternative était aussi rapidement trouvée qu'elle ne tenait pas debout. L'archéologue tenta de l'en dissuader :
« Autant Clive avait trouvé le système d'un ascenseur pour aller et venir dans les deux Londres, autant Sandra « traverse les murs ». Cette idée de décors de cinéma souterrains fonctionnait pour l'un, mais pas pour l'autre. »
L'homme au manteau violet pesta. Il était certain que l'adolescente ne venait pas du futur et les bernait tous, mais il ne parvenait pas à le prouver. L'universitaire, lui, paraissait amusé de le voir rager ainsi, et se dessina sur son visage un imperceptible sourire moqueur.
Nina se posa à l'orée de Doublonville, laissant calmement descendre sa dresseuse. Sandra fit rentrer son amie dans sa poké ball et se dirigea vers la route qui menait au Bois aux Chênes.
« Cette fois, c'est la bonne. » murmura-t-elle pour elle-même comme pour s'en convaincre.
Elle fronça les sourcils, reprenant soudainement son sérieux, et commença à marcher en direction de la fameuse forêt.
« Eh, toi, là ! Je peux te poser une question ? »
Cependant, c'était sans compter le jeune gamin qui l'avait vue apparaître ... Il devait avoir dans les dix ou onze ans, peut-être douze. Blond aux yeux bleus, il tenait une épuisette et un chapeau de paille tressée. Ses habits se résumaient à un haut vert pomme, idéal pour se camoufler dans la nature, et à un pantalon marron sombre. Apparemment, un féru des pokémon de la forêt, qui avait l'habitude d'y faire une chasse aux petites créatures.
« C'est moi ou t'as des pokémon qui viennent de Hoenn ? Je t'ai vue arriver avec ton libégon ... - C'est exact », laissa échapper Sandra, encore en grande partie dans ses pensées.
Elle craignait le pire ...
« Tu veux un combat ? »
Et le pire était arrivé. Un combat, alors qu'elle allait probablement en mener un autre, bien plus important, et peut-être bien moins équitable. En effet, ce « Hundreï » possédait forcément d'autres pokémon que Zorua, peut-être même toute une armée ... Il était hors de question de se blesser dans un simple duel.
« Je suis vraiment désolée, mais je suis sur le point de régler une histoire très importante, et mes pokémon doivent être en forme. Après, peut-être ? »
C'était sans compter la curiosité extrême des enfants de son âge, à l'aube de l'adolescence.
« Une histoire ? Quelle histoire ? Raconte ! »
La jeune fille soupira avant de lui rétorquer sans le regarder, s'apprêtant déjà à repartir :
« Si tu veux mon avis, tu ne me croirais pas si je te racontais ... - M'en fiche ! Je sais même pas de quoi tu parles ! »
Elle se tourna vers le garçon et réfléchit longuement en le dévisageant entièrement. Après tout, quelques renforts ne seraient pas de refus, et cette classe d'âge aime bien les histoires d'action.
« Je ne vais pas te raconter, mais je te propose de m'aider à combattre un gros méchant qui prépare un mauvais coup, proposa-t-elle en prenant le ton d'une mère qui raconte une histoire à son enfant. - Il va falloir combattre ? » prononça du tac-au-tac le gamin, soudainement intéressé.
La jeune fille hésita quelques rapides secondes, puis répliqua :
« Il y a de grandes chances. Par contre, ça peut être dangereux, tes pokémon sont forts au moins ? - Bien sûr ! s'exclama-t-il tout fier, avec un large sourire. J'ai déjà gagné un tournoi de rue, et plusieurs fois le concours de capture d'insectes ! »
L'adolescente espéra que cela suffisait et qu'il resterait en-dehors de l'affaire. Aussi longtemps que nécessaire, car peut-être finalement la machine à voyager dans le temps se montrerait-elle au grand jour plus tard ... Peu importait ; pour le moment, tout le monde devait ignorer son existence. Sandra fit signe au gamin de le suivre, et ils continuèrent la route avant de s'enfoncer dans le bois, le jeune chasseur d'insectes emboîtant le pas de l'aînée.
« Au fait, c'est quoi ton nom ? »
Sandra se rendit compte qu'ils ne s'étaient pas encore présentés, et se nomma distraitement.
« Moi, c'est Christophe ! » sourit le gamin, avec une joie d'enfant.
Elle lui adressa un léger sourire avant de lui demander s'il n'avait jamais remarqué une étrange bâtisse quelque part dans la forêt.
« Tu parlerais pas d'un vieux building abandonné et tout cassé de partout ? Je l'ai vu hier après-midi, j'avais entendu un gros bruit alors je me suis approché ... et je l'ai vu. Il doit pas être là depuis bien longtemps, je l'avais jamais aperçu auparavant ! Bon, en même temps je vais pas souvent dans ce coin du bois, mais... - C'est là que nous allons. » coupa soudainement l'adolescente d'un ton sérieux, qui montrait parfaitement qu'elle était désintéressée du reste du récit de son compagnon.
Ayant obtenu toutes les réponses qu'elle convoitait, les paroles du gamin étaient désormais inutiles. Elle n'avait pas particulièrement besoin d'un moulin à paroles. Certes, le jeune homme pouvait s'avérer utile étant donné qu'il connaissait la forêt du bout des doigts et était généreux en indices, mais il aurait été mieux qu'il s'avérât tout de même un peu moins volubile concernant les détails superflus. Oubliant ce qu'elle aurait appelé « détail », Sandra se concentra sur les réponses qu'elle avait pu récolter.
Premièrement, un gros bruit. La jeune fille se demandait d'abord quelle pouvait en être l'origine, mais cela l'inquiéta surtout. A quoi ressemblait ce bruit ? À une explosion ? Dans ce cas, cet inconnu possédait probablement une menace pour beaucoup de monde : des bombes ? Des explosifs ? Pire, peut-être ... Quoi qu'il en fût, il était essentiel de tenter d'obtenir des informations, voire de neutraliser le danger que représentait cet homme.
« Voilà, si je me souviens bien, c'était tout près d'ici ... »
Au bout de quelques pas et de quelques broussailles écartées du passage, la silhouette imposante d'un bâtiment se profila en effet devant les deux enfants. Sandra fronça les sourcils et s'avança, suivie du jeune Christophe. La jeune fille lui barra cependant le passage de son bras.
« Nous ne pouvons pas entrer comme ça, c'est bien trop dangereux. Je ne connais pas bien cet homme, mais j'en ai assez entendu parler pour deviner qu'il est du genre malin. - Ben alors comment on va entrer ? »
Cette réplique était innocemment posée, avec une sincérité d'enfant. Pour toute réponse, l'adolescente lui adressa un sourire énigmatique, celui qui montrait qu'elle savait pertinemment ce qu'elle avait l'intention de faire.
« Nous allons bientôt savoir qui est le plus malin. Nous allons le prendre à son propre jeu ! »
Le gamin ricana silencieusement avec ses dents blanches toutes sorties, de la même manière que celle du jeune garçon qui s'apprête à commettre une mauvaise plaisanterie. La jeune fille sortit de nouveau de sa poké ball le dragon vert, puis fit de même pour Zorua, qui l'avait accompagnée.
« Christophe, c'est ça ? Je compte sur toi pour faire le guet pour le moment. »
Il s'apprêtait à grommeler qu'il voulait un meilleur rôle dans l'histoire lorsqu'elle le coupa et continua dans sa lancée.
« J'ai un plan, mais nous devons rester à tout prix à couvert. Il ne faut jamais abaisser la meilleure carte dès le départ ! »
L'enfant se gratta la tête, soulevant légèrement son chapeau de paille, montrant qu'il tentait de trouver le véritable sens de cette phrase en vain, mais la seule qui en connaissait la signification commença à s'éloigner en prononçant un ordre. Cependant, il n'était pas destiné au petit gamin.
« Nina, reste avec lui. Vous ne devez pas bouger avant mon signal, c'est bien clair ? »
Elle tourna les talons et s'approcha de la bâtisse, le petit zorua accompagnant ses pas, sortant inéluctablement du champ de vision du petit groupe. Le plus jeune grommela en faisant la moue, le grand pokémon tenta de le réconforter en frottant doucement sa tête contre sa joue. L'enfant le caressa chaleureusement, mais sans lui prêter de quelconque attention.
« Un trou dans les murs ? »
Zorua renifla avant d'émettre quelques petits cris suite à cette remarque, mais sa nouvelle « dresseuse » ne les comprit pas. Elle parut réfléchir, examinant la paroi cimentée de la bâtisse.
« Eh, mais ce bruit dont il avait parlé ... »
Le petit pokémon acquiesça d'un mouvement de tête. Finalement, il s'était fait comprendre.
« Bon, ne nous attardons pas là-dessus. Au moins, nous avons déjà la réponse à une de nos questions. »
Le renard gris poussa quelques cris, qui semblaient demander à quel moment la jeune fille avait l'intention de rentrer. Elle lui sourit, puis répliqua :
« J'espère juste que tu as une parfaite maîtrise de tes illusions, et que tu sais t'en servir d'une autre manière que pour hypnotiser ... car ce ne serait pas très utile pour obtenir des réponses, cette fois. »
Elle sembla hésiter rapidement, puis retira le bandeau qui aveuglait son compagnon, qui sursauta et cligna des yeux lorsqu'il put voir à nouveau.
« Je crois que tu auras besoin de tes yeux pour mon plan. »
Elle l'expliqua en détail. Un sourire vint s'afficher sur le visage du pokémon, sourire qui se transmit alors sur celui de sa dresseuse. Pendant un instant, elle crut entendre une voix murmurer :
« C'est presque trop facile. »
Alors qu'Evelyne tentait de rallumer vainement la machine à voyager dans le temps, de violents coups contre la porte d'entrée résonnèrent jusque dans la cave où elle se trouvait. Dépitée, elle se leva, verrouilla la porte derrière elle et partit ouvrir. Lorsqu'elle « découvrit » les invités, elle fit semblant d'être surprise, l'air de rien.
« Tiens ? Que faites-vous tous là ? - On veut des explications. »
Cette réplique sèche de Koga était malheureusement prévisible. Malgré tout, la mère parut faussement étonnée, une fois de plus. Il fallait qu'ils croient qu'ils avaient fait une simple erreur ...
« Je ne vois pas de quoi vous voulez parler. Que voulez-vous... - Sandra et vous faites des trucs bizarres depuis que vous êtes là, coupa le chef de la bande, qui s'entassait au grand complet dans le cadre de la porte. On veut que vous nous expliquiez ce que vous faites. »
La jeune lady répéta qu'elle ne voyait pas de quoi il parlait. Koga fronça les sourcils avant de tourner légèrement sa tête vers le reste du groupe qu'il présidait.
« Fouillez la baraque. On va forcément finir par tomber sur un truc louche. »
L'adolescent bouscula sans hésitation la maîtresse de maison et entra, suivi de toute la troupe qui se dispersa aussitôt en exécutant les ordres.
« Arrêtez ! Vous n'avez pas le droit d'entrer comme ça chez les gens ! »
Personne ne fit attention à ces cris, les rebelles continuèrent leur investigation comme si de rien n'était. La mère courrait d'une salle à l'autre, tentant d'arrêter les petits délinquants, en vain.
Finalement, quelqu'un commença par s'adresser au chef de bande.
« On a rien trouvé, Koga. On a fouillé partout. »
En peu de temps, le groupe se reforma dans le salon où se trouvait le jeune homme en question. Celui-ci parut réfléchir en fronçant les sourcils, puis dirigea lentement son regard vers une porte blindée.
Il esquissa un rictus diabolique, qui inquiéta la scientifique.
« Nan. On a pas fouillé partout. »
Chapitre XXXII – Vérité rattrapée
Spoiler:
« Entrez. »
L'homme se retourna, mais ne se leva pas pour autant de son siège de cuir. Il dévisagea d'un regard méprisant la jeune enfant qui venait d'entrer, seule. Celle-ci ne le regardait pas, gardant sa tête baissée de sorte que ses yeux noirs fussent complètement voilés par ses cheveux bruns.
« Eh bien, jeune fille ? On est perdue ? »
Elle ne releva pas la tête, se contentant de répondre.
« Pas exactement. Je veux des explications. »
Sur le mot « explication », elle bougea enfin son regard, montrant deux pupilles ébène d'où un seul sentiment pouvait se faire ressentir : de la haine. Elle étouffa un petit rire nerveux, avant de continuer :
« Je me doutais bien que celui qui était derrière tout ceci était fortuné, mais je n'aurais jamais pensé que ce serait vous ... Monsieur Sarl. »
Le dernier mot sortit de sa bouche comme une injure.
Le concerné, lui, la fixa de ses deux yeux d'un air surpris, puis les ferma en se mettant lui-même à ricaner.
« De quoi est-ce que tu parles, au juste ? » prononça-t-il d'un ton faussement innocent.
Le faible et instable sourire qui illuminait encore le visage de l'enfant s'évanouit complètement. Sa chevelure brune voila une fois de plus ses prunelles sombres, dont le faible éclat de malice avait disparu.
« Vous le savez très bien. La machine qui est juste derrière vous (elle pointa alors du doigt la mécanique en question) sert à voyager dans le temps. Je me trompe ? »
Nouvelle hésitation légèrement stupéfaite de la part de l'adulte. Un autre rire, plus long et plus fort cette fois, résonna dans la salle en échos.
« Ah ... Sandra, c'est ça ? ... Décidément, tu es comme ton père. Il est dommage que l'idée saugrenue d'avertir la police l'ait mené à sa perte ... »
L'adolescente se mordit la lèvre. Ces paroles avaient été prononcées avec un tel détachement qu'elle en était dégoûtée.
« Vous avez intérêt à avoir une raison valable pour faire tout ça. »
Elle secoua la tête nerveusement, se reprenant immédiatement d'un ton encore plus grave.
« Non, de toute manière rien ne peut excuser ce que vous avez fait. »
La jeune fille releva le regard, plein de larmes.
« Vous ... vous avez tué mon père, n'est-ce pas ? - Moi ? Non. Un de mes pokémon s'en est chargé. Mais il faut avouer qu'il m'avait plutôt forcé la main. »
Elle rebaissa la tête, serrant ses poings tremblants de rage à un point tel qu'il n'aurait pas été surprenant qu'elle les fît saigner sur le coup. Finalement, elle se décida à poser la question qui la tourmentait depuis si longtemps.
« Que voulez-vous faire exactement, avec cette machine ? - Si tu veux savoir, je vais sauver le monde, mais cela ne te concerne pas. Maintenant, va-t'en avant que je n'appelle mes pokémon. Je me demande d'ailleurs comment tu as pu entrer sans attirer leur attention ... »
Sandra ne bougea pas, se contentant d'insister sur sa question. Elle voulait savoir. Elle devait savoir. « Hundreï » répéta son ordre, s'énervant encore et encore. Finissant par comprendre qu'elle ne pourrait pas obtenir de réponse plus précise, elle répliqua :
« Allez-y, appelez les, vos pokémon. Je ne bougerai pas. »
Il sursauta, avant de ricaner nerveusement.
« Tu l'auras voulu ... »
Il appuya sur un petit bouton rouge sur le mur qui se trouvait près de lui, ce qui déclencha une sirène d'alarme et appela en effet une bonne dizaine de pokémon, qui encerclèrent la jeune lady. Celle-ci ne réagit pas, ne prêtant aucun regard aux créatures qui pouvaient pourtant la tuer en seulement l'espace de quelques secondes.
« Sors d'ici sans faire d'histoires, ou tu le regretteras. - Ah ? Très bien. Après tout, nous sommes à deux pas du commissariat de Doublonville. » ironisa-t-elle.
L'audace de l'enfant semblait déstabiliser l'homme, qui finit par se lever de son siège de cuir d'un mouvement nerveux. Il leva le ton, comme pour s'en rassurer lui-même et se rappeler qu'il était sur le moment le dominant, et non le dominé.
« Tu sais comment a terminé ton père. Ne me pousse pas à bout. - Pourquoi donc ? Allez-y, ordonnez-leur de m'attaquer. - Tu es incapable de les battre. Tu n'as que quelques pokémon, j'en ai des dizaines. »
Son regard étant de nouveau invisible, ce fut son sourire énigmatique qui lui donna un aspect inquiétant.
« Je n'ai jamais dit que je sortirais mes pokémon pour les combattre. Je le répète, ordonnez-leur de m'attaquer. Vous le voyez bien, ils n'attendent que ça. »
Décidément, le « jeu » de la jeune fille était aussi risqué qu'étrange. Que voulait-elle donc ? Finalement, l'homme fit un geste évasif qui fut comme un signal. Les créatures se jetèrent toutes en même temps sur elle.
L'enfant n'avait pas bougé, mais aucun des pokémon ne réussissait à l'atteindre. Lorsqu'un migalos tenta de lui jeter sa toile collante afin de l'immobiliser, ce fut au compagnon qui était face à lui de recevoir la soie engluée. Les attaques l'atteignaient. Mais elles la traversaient sans même qu'elle ne sentît quoi que ce fût.
Comme si elle était un fantôme. Comme si elle n'existait pas.
Finalement, les véritables cibles étaient les créatures elles-mêmes, qui se fâchèrent les unes contre les autres, et commencèrent réellement à s'attaquer directement. « Hundreï » était trop stupéfait pour oser demander de l'ordre et de la discipline parmi ses « gardes ». Il fixait Sandra, elle le scrutait de ses yeux ébène. Elle ne bougeait pas même si elle demeurait au centre d'une bataille dont la violence redoublait d'instant en instant, et ne s'en souciait guère. L'homme finit par balbutier un « Comment est-ce possible ? » abasourdi. L'adolescente esquissa un sourire énigmatique.
« Vous n'avez jamais entendu parler des mirages, Monsieur Sarl ? »
Elle claqua des doigts, et disparut aussitôt.
« Oh, comme c'est dommage, c'est verrouillé ... »
Cette ironie de la part de la mère de Sandra était nerveuse. En effet, elle savait pertinemment qu'elle ne faisait que gagner du temps. Très peu de temps. Trop peu de temps.
« Madame, vous savez ouvrir ! » s'exclama un des adolescents du groupe avec une nuance qui montrait qu'il s'agissait en réalité d'un ordre.
Koga approuva d'un ton autoritaire.
« Ouvrez cette porte. On sait que vous cachez quelque chose de l'autre côté. »
Evelyne Kotino ne bougea pas.
« Ouvrez-la, bon sang ! Sinon on va y aller par la force ! »
La jeune femme soupira en baissant le regard avant de poser son doigt sur un petit rectangle noir qui trônait sur le côté de la porte, déclenchant son ouverture. Elle n'avait plus le choix. La bande de rebelles descendit les escaliers, puis se retrouva face à une autre porte similaire. Une seconde fois, Koga insista. La mère obéit à contrecœur, le passage s'ouvrit sur une salle aux allures d'entrepôt de musée d'histoire ancienne.
« Quoi, c'est ça que vous cachez ?! » lâcha un jeune, visiblement désintéressé des trésors du passé.
Le chef demeura sceptique et s'avança lentement, avant de s'aventurer dans un rayon de bibliothèque qui rassemblait des dossiers de toutes couleurs. Il tourna la tête vers le fond de la salle, et il la vit. Il esquissa un second rictus avant de rétorquer :
« Nan, il y a autre chose. »
La mère baissa le regard et se mordit la lèvre. Les enfants s'aventurèrent vers le fond de l'immense cave, suivant celui qui les présidait. Tous s'arrêtèrent en levant les yeux vers le plafond, afin d'évaluer la hauteur de la machine blindée qui les dominait par sa taille.
« C'est quoi, ce truc ? tenta une jeune fille du groupe en faisant un pas hésitant vers l'avant. - Vous, vous le savez, hein ? répliqua Koga en dévisageant l'adulte. Alors, répondez ! »
Elle resta muette, puis finit par parler. Il lui restait forcément une chance de s'en sortir ...
« Allumez-la, vous verrez bien. »
Le jeune homme s'avança vers l'unité centrale, cherchant le bouton d'allumage. Une fois celui-ci débusqué, il appuya dessus avant d'attendre. Une lumière rouge clignota avant de s'évanouir.
Quelques secondes passèrent, le silence se fit.
Une minute s'écoula, plus personne n'osa bouger.
Deux minutes. Le chef de la bande ragea en serrant les poings, puis se retourna promptement vers la mère.
« Vous savez comment l'allumer ! Faites-le ! - C'est impossible », fit Evelyne d'un ton grave.
Tout naturellement, une douzaine de voix qui résonnèrent à l'unisson lui en demandèrent la raison. La scientifique hésita, puis inventa une réponse en espérant qu'elle parût véridique.
« C'est une invention ratée, elle n'a jamais fonctionné. Je n'ai pas encore eu le temps de l'arranger. - Vous pouvez au moins nous dire à quoi elle est censée servir ... » tenta un jeune homme.
Koga, lui, resta sceptique une fois de plus.
« Je vous crois pas. Il paraît que vous êtes une championne en la matière, j'ai vraiment du mal à croire qu'un engin pareil marche pas. »
Il tenta à nouveau d'allumer la machine, à nouveau la faible lueur rougeâtre apparut avant d'agonir silencieusement.
« Eh, Koga ! interpela un des gamins. Mon portable il fait pareil quand j'essaie de l'allumer et qu'il a plus de batteries ! Ça doit être ça ! - C'est pas bête, Christian, approuva-t-il en se tournant vers lui avec un sourire défiant. Madame, rajouta-t-il en redevenant sérieux et autoritaire, vous faites comment pour le recharger ? »
A nouveau, le silence fut inutile.
« Cette machine consomme beaucoup trop pour pouvoir être branchée sur le secteur. Cela causerait une surcharge dans tout le quartier ... - C'est pas ce qu'on vous a demandé, s'énerva le chef du groupe. - Sandra se sert de l'électricité de son emolga », expliqua-t-elle rapidement, à contrecœur.
Heureux de connaître le moyen d'allumer la machine – et donc d'en connaître l'utilité –, Koga se tourna vers ses camarades et leur demanda de sortir de leur poké ball tous les pokémon de type électrique qu'ils possédaient. Il sortit un grand zèbre, des jumeaux firent apparaître deux gigantesques araignées jaunâtres. Ne restait plus qu'à savoir comment se servir des créatures pour recharger la machine ...
Koga s'approcha de ce qui ressemblait à un placard blindé, avec la classique icône montrant un danger d'électrocution. Il l'ouvrit avec précaution, et comprit qu'il fallait en effet lancer une attaque électrique pour redonner un coup de fouet à l'étrange engin qui se trouvait à ses côtés. Il s'écarta, puis les dresseurs ordonnèrent à leurs pokémon d'agir. Après une rapide décharge d'électricité lancée contre le mystérieux placard, celui-ci se ferma tout seul, et la gigantesque mécanique fit mugir un étrange vrombissement avant de se taire complètement.
Celui qui présidait le groupe d'adolescents s'approcha à nouveau de la machine après une brève hésitation, puis appuya une troisième fois sur le bouton d'allumage. Le bourdonnement reprit, l'écran se mit à luire de la même manière qu'un ordinateur en train de charger. Un rictus apparut au coin des lèvres du jeune homme, en même temps que l'inquiétude grandissante de la mère.
Finalement, les ronflements de la machine se firent plus faibles, et l'écran fit apparaître un cadre ressemblant à un tableau à moitié vide. Et, visiblement, il fallait remplir les cases contenant des cadres blancs à la place de texte clair.
« C'est quoi, ça ? Est-ce que quelqu'un y pige quelque chose ? »
Le silence se fit dans la salle. Koga grogna.
« Vous, Madame ! Vous savez vous en servir ! »
La concernée ne bougea pas. L'adolescent commença un rire nerveux.
« Très bien, si c'est comme ça ... »
Il saisit le clavier et, tout en regardant l'écran, se mit à taper des chiffres et des lettres sans queue ni tête.
« Cadre temporel ? C'est quoi, une date ? Zéro-un-zéro-un-zéro-zéro-zéro. Heure ? Minuit, tiens ! Cadre spatial ? Vous auriez pas pu mettre « lieu » ? Mais non, c'est pas compréhensible ! Bon, ben « Entrelasque », tant qu'on y est ! »
L'adulte le suppliait d'arrêter, mais lorsqu'elle s'avança pour l'empêcher de continuer cinq des rebelles se jetèrent sur elle pour l'immobiliser.
« Bon, maintenant, voyons ce que ça fait ... »
La mère hurla un « Non ! » désespéré.
Koga fit la sourde oreille et appuya sur la touche « Entrée ».
Un grand bruit se fit entendre et paralysa tout le monde dans la salle.
Sans lui répondre, l'adolescente en question prit le bras du gamin et fit signe à Nina de s'envoler. Celle-ci obéit et fit monter les deux enfants sur son dos avant de s'élever dans les airs. Elle rangea la poké ball de Zorua, qu'elle avait fait rentrer quelques minutes plus tôt, puis, enfin, la jeune fille se décida à répliquer d'un air grave, sans même le regarder :
« Ça ne s'est pas passé comme prévu. Nous reviendrons, mais je dois d'abord ... réfléchir. - Et le combat alors ? » se désespéra le jeune dresseur.
Un long soupir lassé se fit entendre.
« Ça attendra. Je te ramène là où nous nous sommes rencontrés, mais je reviendrai te chercher si tu y tiens ... - Quand ? coupa-t-il. - Je ne sais pas. Bientôt, peut-être. »
Comme elle l'avait promis, elle déposa le jeune homme à l'orée de la ville, avant de s'envoler à nouveau. Elle adressa un signe d'au revoir distrait, puis s'éloigna pour de bon. Elle avait besoin de temps pour réfléchir.
Mais pouvait-elle être sûre qu'elle avait la possibilité d'en avoir autant qu'il lui fallait ?
Un deuxième grondement d'une violence innommable vint traverser les tympans de tous, mais la plupart des adolescents ainsi qu'Evelyne étaient trop terrorisés pour penser à se protéger les oreilles.
« Koga ! Éteins cette machine immédiatement ! Je vous expliquerai tout si vous le voulez, mais je refuse que qui que ce soit ici ne soit blessé ! - Madame, reprit-il d'une voix légèrement tremblante, que se passe-t-il au juste ?! »
Enfin l'adulte parvint à se frayer un chemin entre les rebelles – qui ne pensaient plus du tout à la retenir – et à éteindre la gigantesque mécanique en catastrophe. Elle soupira, soulagée, puis marqua une pause avant de se décider à s'expliquer.
« Nous avons visiblement évité de peu d'être touchés par des attaques de la Troisième Guerre Mondiale. »
Un silence incompréhensif, mais loin d'être sceptique s'installa dans la salle. Les enfants regardaient la scientifique avec des yeux perplexes. Le chef de la bande finit par répliquer, abasourdi :
« Mais, Madame ... La Troisième Guerre Mondiale, c'était il y a plus de sept siècles ... - Justement. Si la machine demande des coordonnées spatiales et temporelles, ce n'est pas pour rien. »
Le groupe se tut en tentant de comprendre où voulait en venir la femme, mais ils ne comprenaient toujours pas.
« Cette machine ... sert à voyager dans le temps, tout simplement. »
La porte blindée s'ouvrit en catastrophe sur une jeune adolescente aux lunettes, visiblement essoufflée après une petite course rapide. Elle regarda Koga et les autres jeunes avec étonnement avant de diriger son regard interrogateur vers sa mère. Celle-ci lui expliqua brièvement les événements depuis son absence, puis sursauta lorsqu'elle se souvint du problème qu'avait eu la machine alors qu'elle voulait ramener Luke et Flora à leur époque. Ignorant complètement les autres dresseurs qui ne comprenaient plus rien, Sandra demanda la date précise à laquelle les londoniens s'étaient retrouvés.
« Le message d'alerte avait indiqué une date comme « 3 août 1980 (av. WW3) ». Bien sûr, l'heure n'était pas précise et changeait tout le temps, mais... - Ça suffira, merci. »
Elle sourit rapidement avant de se diriger vers le titanesque engin et de l'allumer, taper à l'aide du clavier les coordonnées données par sa mère, puis de se diriger comme une flèche vers le mur, où elle disparut aussitôt. Les adolescents sursautèrent tous en même temps, certains réprimèrent même quelques cris de surprise. L'adulte resta impassible et s'assit sur la chaise qui faisait face à l'écran, le surveillant attentivement. Il ne fallait pas que l'incident ne se reproduise ...
« Madame, vous avez dit que vous alliez nous expliquer. Continuez, s'il vous plaît. »
La scientifique soupira, puis se décida. Après tout, ils connaissaient déjà le secret en grande partie ...
« Tiens, Sandra ! Tu n'as pas tardé ... »
Il lui semblait logique que Luke et Flora se fussent dirigés directement dans la direction du bureau du professeur. Il s'agissait donc de sa première destination, et visiblement elle avait fait bonne pioche, puisqu'elle était apparemment attendue ...
L'enfant en question dévisagea avec un mélange d'étonnement et d'admiration la jeune lady qui venait de lui ouvrir. Comme si elle ignorait qu'elle se trouvait dans le futur de ses amis, elle balbutia un « Flora ? C'est toi ? » complètement stupéfait. En moins de quelques heures d'aventure rapides, la londonienne qu'elle connaissait si bien avait gagné plus de cinq années ... Celle-ci rit tendrement avant de lui répliquer :
« Je préfèrerais encore ça que de me retrouver face à moi-même, tu sais ? »
Sandra rougit légèrement en rajustant ses lunettes. Ce n'était pas complètement faux, la situation que son amie vivait sur le moment était encore plus dérangeante ...
« Au fait, tu devrais aller les chercher. C'est que Luke commence à avoir de sérieux doutes concernant ... »
Elle se baissa légèrement afin d'arriver à son niveau et lui murmura quelques rapides paroles à l'oreille. Elle se redressa ensuite, puis souffla afin que personne d'autre ne l'entendît :
« Surtout, ne leur dis pas tout de suite, ils ne savent pas encore ! - Je crois que c'est compris, mais je ne vois toujours pas pourquoi je ferais ça ... Certes, ce serait bien, mais, et la cohérence du... - Je suis désolée de te dire que tu te rendras bientôt compte que tu n'as pas le choix ... »
Le regard de la jeune adulte s'était légèrement attristé, ce qui attira des yeux interrogateurs de la part de son amie, mais elle lui fit comprendre qu'elle ne pouvait pas lui en dire plus sur le moment.
Les deux ladies rirent légèrement, puis l'aînée fit rentrer chaleureusement la plus jeune. Après quelques rapides « Bonjour » tendres et heureux, Sandra reconduisit les deux autres enfants vers sa propre époque.
Le quatuor de londoniens les regarda s'éloigner, puis l'archéologue rentra à nouveau, montant les escaliers quatre à quatre. Il toqua à la porte d'une chambre, qui vint s'ouvrir sur une jeune lady. Celle-ci répliqua aussitôt, d'une voix silencieuse.
« Ils sont partis, Hershel ? - Ils s'éloignent. Je regrette que tu n'aies pas pu nous rejoindre ... »
La femme rit chaleureusement. Elle afficha un sourire qui vint confirmer ses dires.
« Ce n'est pas grave. Après tout, ils ne savent pas encore ... et je pense qu'il vaut mieux qu'ils ne le découvrent qu'eux-mêmes. »
« Oh, Sandra ! Alors, tu as pu en apprendre plus sur ce « Hundreï » ? »
A peine les deux jeunes londoniens retournés dans le futur auquel elle appartenait – et remarqué que Koga et sa bande était déjà repartis –, la jeune fille avait à nouveau changé d'époque. Elle devait rassembler tous ceux qui savaient, cette fois. Elle était donc revenue au bureau du professeur d'archéologie une fois de plus. Mais en 1975, cette fois. Celui-ci n'avait pas tardé à lui ouvrir, et l'avait accueillie tout en posant la question qui lui brûlait les lèvres.
La jeune enfant hocha négativement la tête d'une mine triste.
« Non, Professeur. Mais je crois que j'aurais besoin de vous. Nous avons beaucoup d'indices, mais il nous faut encore les rassembler ... et, comme vous pouvez le savoir, ils se trouvent dans mon époque. »
Matthieu Wargas arriva en trombe juste à côté de l'archéologue, lui passa à nouveau le bonjour – sans jamais montrer une seule miette d'émotion particulière – avant de répliquer :
« Tu vas emmener le professeur dans ton époque ? - S'il n'est pas contre, oui. - Tu accepterais de m'emmener aussi ? »
Hésitation silencieuse, mais légère et rapide.
« Pourquoi pas. Après tout, plus nombreux nous sommes à réfléchir sur un même problème, plus nous avons de chances de le résoudre. Par contre, cela peut être dangereux ... - Ce n'est pas le souci qui m'importe le plus. » répliqua-t-il d'un ton incroyablement neutre.
Alors qu'ils allaient tous trois s'apprêter à repartir, Don Paolo arriva à son tour et demanda évidemment à les joindre dans leur enquête. Après tout, si un universitaire complètement hors de l'histoire pouvait, pourquoi lui ne le pourrait-il pas, lui qui connait le détective depuis beaucoup plus longtemps ?
Aussitôt convaincue, la jeune enfant étouffa un léger rire. Le professeur Layton fit sortir les deux hommes ainsi que son assistante, ferma la porte et suivit la jeune adolescente.
« Ça y est, Maman. Tout le monde est ici. »
La mère accueillit les derniers arrivants avec un sourire chaleureux, quoiqu'un peu surprise de rencontrer pour la première fois des gens qu'elle croyait encore extérieurs à l'affaire. Emmy présenta chacun d'eux et expliqua la raison de leur intégration dans l'enquête. Retrouvant le sourire, Evelyne Kotino conduisit les londoniens dans son salon, suivie de sa fille. Le groupe s'assit autour de la table basse et commença à rassembler les pistes dont ils disposaient. Elles commençaient en effet à se faire de plus en plus nombreuses ...
Luke sortit le carnet sur lequel il avait l'habitude d'écrire ses rapports d'enquête, et prit en note le résumé des indices avant de poser son calepin au milieu de tous, mis à disposition de tout le monde.
« Visiblement, nous savons beaucoup de choses, commença Matthieu. Mais le problème est maintenant d'essayer de comprendre le lien qui les rassemble ... »
En effet, ils savaient désormais de plus en plus de détails. Les pièces du puzzle étaient nombreuses, peut-être même toutes présentes. Mais il semblait pourtant si difficile de reconstituer le puzzle entier ...
« Sandra, continua Flora, tu es sûre que tu n'as rien appris lorsque tu as rendu visite à cet homme ? - Eh bien, à vrai dire, je ne pense pas. Je peux juste dire que beaucoup de monde le connaît à cette époque, en vérité. C'est un homme fortuné et très connu. - On peut savoir pourquoi ? répliqua Don Paolo qui releva le sourcil, soudainement intéressé. - C'est le directeur de l'industrie de la Sylphe Sarl, la multinationale la plus puissante du monde grâce à ses inventions à la pointe de la technologie – dont par exemple la poké ball. Il n'est pas étonnant qu'un homme qui ait autant de moyens soit capable de faire tout ce qu'il a pu mettre en place. »
L'apprenti reprit son petit calepin et ajouta rapidement ce qui venait d'être dit avant de le remettre à sa place.
« Cela nous montre que cet homme n'est pas n'importe qui et qu'il a beaucoup de moyens, rappela l'assistante du gentleman. Mais cela ne nous aide pas beaucoup plus ... Tu n'as vraiment rien pu apprendre d'autre ? »
L'adolescente rajusta ses lunettes en baissant la tête, regardant dans le vague. Le silence se fit, puis elle murmura d'un ton qui montrait qu'elle ne voyait pas réellement l'intérêt de le dire, et qu'elle doutait même de sa véracité :
« Il a dit qu'il voulait « sauver le monde », mais que cela ne me concernait pas. Je ne vois pas du tout où il veut en venir, voire s'il avait dit la vérité, mais... »
Elle se tut, suivant les regards interrogateurs que tous présentèrent soudainement au professeur Layton. En effet, celui-ci s'était levé précipitamment, les yeux dans le vide, les sourcils froncés, la main droite sur le menton. Il l'avait enfin eue. L'illumination.
Une pièce du puzzle qui avait jusqu'alors disparu dans les décombres de sa mémoire refit surface et venait littéralement de tomber du ciel. Elle était petite, très petite. Si petite ... Et pourtant si importante. Les autres se rejoignirent autour d'elle à une vitesse vertigineuse, inimaginable. Le gentleman crut vaciller et s'effondrer au sol tant le puzzle se reconstituait rapidement, tant les informations résonnaient dans sa tête en même temps, tant les explications aux événements lui venaient en masses.
Il se rassit promptement, d'un seul bloc, et posa sa tête entre ses mains, ignorant les yeux interrogateurs qui le dévisageaient toujours. Finalement, il se décida à s'expliquer, en esquissant un instant l'ombre d'un léger sourire nerveusement angoissé, d'une seule phrase qui tomba dans le silence aussitôt.
« Le puzzle est enfin complet. »
Oui, j'aime bien vous laisser en plein dans le suspense ... Mais la suite est pour la prochaine fois ! :P
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Ven 22 Juin - 10:08
Bon, voilà enfin la suite, pour ceux qui veulent. ^^
Chapitre XXXIII – Vitesse limite
Spoiler:
... ou comment la téléportation peut être un moyen de locomotion trop lent.
« Vous avez tout compris, alors ? »
La question de Luke était bien innocemment posée, tant la réponse en était évidente. Son mentor acquiesça gravement, gardant les sourcils froncés.
« Sandra, nous devons absolument retourner voir ce « Hundreï Sarl ». Nous devons l'empêcher de faire ce qu'il prévoit. »
Don Paolo répliqua aussitôt qu'il voulait connaître ce qu'avait découvert son ancien camarade d'université, mais celui-ci répondit que cela pouvait attendre.
« Mais, Professeur ... commença Sandra. J'ai cru comprendre qu'il vous en voulait pour je ne sais quoi, vous n'allez tout de même pas vous jeter dans la gueule du grahyena ! - Rassure-toi, Sandra, cela n'a rien à voir avec moi en particulier. »
Evelyne Kotino posa de nombreuses questions pratiques, concernant surtout ce que l'archéologue avait l'intention de faire une fois arrivé au lieu nommé. Il se contenta de dire qu'ils devaient l'arrêter, et qu'il pouvait en profiter pour confirmer ses déductions.
« Très bien. Je vais vous prêter mes pokémon, car je ne pourrai pas vous rejoindre. - Il y a un problème ? » demanda aussitôt Matthieu, étonné.
La scientifique du futur soupira en baissant légèrement le regard.
« Une conférence, comme toujours. Je me vois mal leur présenter comme excuse une histoire de voyages temporels ... »
Comme pour confirmer ses dires, elle présenta à sa fille deux poké balls. L'enfant s'en saisit doucement et les accrocha à sa ceinture avant de faire signe aux londoniens de se rapprocher. Elle sortit Clef, le kaorine de sa mère, et lui demanda de se téléporter à Doublonville. La créature imposante obéit, et le groupe se vit entouré d'une lueur d'une pâleur blanchâtre qui lui voila la vue de leur environnement extérieur pour un temps, et leur arracha pour certains un petit cri stupéfait. Lorsqu'enfin le voile de lumière s'évanouit, ils s'étaient retrouvés à la lisière d'une route herbacée d'un côté, d'une grande ville de l'autre. Doublonville.
« Eh, Sandra, c'est toi ?! »
Un jeune gamin courait dans leur direction, plus particulièrement dans celle de la jeune lady qu'il interpelait. Celle-ci le reconnut aussitôt, et fut visiblement rassurée de voir qu'elle n'avait plus à partir le chercher comme elle l'avait promis. Elle fit rapidement les présentations, puis incita le groupe à la suivre.
« Au fait, si jamais il arrive quoi que ce soit ... »
L'adolescente présenta au professeur une de ses poké balls. Avant de la prendre, celui-ci la regarda d'un air interrogateur.
« Si jamais nous devons nous séparer, il vaut mieux que chacun de nous ait au moins un pokémon avec lui. On ne sait jamais ce qu'il peut arriver ... - Tu veux dire que tu vas nous en prêter à nous aussi ? » demanda timidement Luke.
La jeune fille du futur rit, répliqua un « Evidemment ! » tout en lui tendant une autre petite boule. Suivant son exemple, l'autre dresseur sortit ses propres gadgets écarlates et les présenta aux londoniens, qui en prirent chacun un d'un geste plus ou moins hésitant.
« Eh, n'oubliez quand même pas qu'ils s'appellent « Revient » ! » prononça le jeune homme au chapeau de paille en riant.
Une fois que tous furent servis – et avoir à nouveau utilisé l'excuse de l'origine de Fiore pour expliquer que les londoniens ne fussent pas dresseurs –, le groupe se remit en route vers le Bois aux Chênes, où se trouvait l'antre secret de l'homme le plus puissant du monde.
Rongée par la curiosité, Flora se décida à sortir de sa poké ball le pokémon que le jeune Christophe lui avait confié et appuya nerveusement sur le bouton – après s'être souvenue qu'il s'agissait de la méthode qui lui permettait de faire ce qu'elle voulait –, libérant ainsi un papillon violet aux ailes immaculées presque aussi grand qu'elle. Intriguée par la jeune fille qu'il n'avait jusqu'alors jamais aperçue, la créature s'approcha et la dévisagea de ses grands yeux carmin avant de frotter sa tête contre la joue de l'adolescente dans un geste amical.
« Il s'appelle Papilusion, répliqua aussitôt le propriétaire avec un large sourire. On dirait qu'il t'aime déjà ! »
La londonienne rougit légèrement et afficha un sourire gracieux, rendant les caresses à l'insecte. Celui-ci lui tourna autour en voletant gaiement, apparemment satisfait de sa dresseuse d'un jour.
« J'aurais dû me douter que vous reviendriez ... »
Un long ricanement s'éleva dans les airs, résonnant en échos dans la gigantesque salle blindée, le groupe au complet – Christophe et son – ses ? – pokémon exclus, pour une étrange raison – qui venait d'apparaître se resserra, renforçant sa garde. L'universitaire resta légèrement en retrait, Zorua – que le jeune homme avait fait sortir de sa poké ball – demeurant à ses côtés et serrant les crocs en grognant silencieusement.
« Eh bien, Sandra ... Tu ramènes des renforts ? Ou ce n'est, encore une fois, qu'une illusion ? - Nous sommes bien présents, assura le gentleman d'un ton grave. Cette fois, Zorua n'utilise en rien ses capacités. »
L'homme dévisagea la créature grise avec un regard méprisant avant de se désintéresser complètement de lui.
« Que voulez-vous, cette fois ? Des explications ? - Il est inutile de vous donner cette peine, ironisa l'archéologue. Je vais les exposer à votre place. »
Hundreï Sarl eut un léger soubresaut à peine perceptible avant d'esquisser un rictus mauvais. Un homme du passé qui avait compris ? Il avait hâte de le voir afin de pouvoir y croire. Ayant compris que ses explications se faisaient attendre de tous, le professeur Layton se décida enfin.
« Pour une fois, il est totalement inutile de désigner le responsable de tout ceci, puisqu'il est évident que c'est vous. D'ailleurs, vous ne le niez pas. - Cela ne servirait de toute manière à rien, prononça doucement le concerné, toujours avec le même rictus. - Professeur, coupa Emmy qui trépignait d'impatience, expliquez-donc quelles sont ses motivations ! »
Comme à son habitude, le gentleman prolongea le silence insupportable qui se dégageait dans la pièce. Enfin il se décida de continuer dans sa lancée.
« Il est incontestable que vous êtes passionné par le passé, Monsieur. Par ailleurs, vous auriez désiré être archéologue que je n'en serais pas étonné le moins du monde. - Mais, dans ce cas Professeur, pourquoi est-il le gérant d'une multinationale, et non un archéologue comme vous ? - Réfléchis Flora, répliqua calmement Matthieu. Il paraît qu'il ne reste plus aucun champ de fouilles exploitable à cette époque ... Je me trompe ? »
Le détective sourit faiblement, puis retrouva aussitôt son sérieux.
« Parfaitement exact. Être archéologue ne pouvait mener à rien, aussi n'avez-vous eu d'autre choix que de prendre en charge l'entreprise familiale – car je doute que vous ne l'ayez créée, puisque ses inventions sont visiblement bien plus anciennes que vous. Et pourtant ... »
Il marqua une pause en dévisageant Sandra, qui soubresauta légèrement en se sachant observée.
« Et pourtant, un homme se fit connaître en faisant des découvertes archéologiques. Personne ne se doutait de quoi que ce soit, mais vous avez très tôt compris qu'il avait une astuce. »
Tous comprirent alors qu'ils parlaient du père de l'adolescente du futur. Celle-ci baissa le regard. Elle ne connaissait que trop bien la suite. Du moins, elle croyait ?
« Vous l'avez probablement espionné – et nous avons vite compris que vous en aviez parfaitement les moyens – avant de lui rendre visite, aussi lui avez-vous tout de suite parlé des voyages temporels lorsque vous avez sonné à sa porte. Entretemps, une idée avait germé dans votre esprit. Une idée qui nécessitait l'aide du détenteur de la machine à voyager dans le temps. »
L'universitaire ajusta silencieusement ses lunettes d'un geste distrait. Il voyait pour la première fois en direct le célèbre professeur Layton en pleine résolution d'énigme, au moment des révélations. Il ne devait rater cela pour rien au monde.
« Vous vouliez profiter de cette machine pour faire mieux que récupérer quelques vestiges pris au hasard dans le passé. Vous vouliez – et voulez toujours, d'ailleurs – récupérer ce passé dans son intégralité. Pour cela pourtant, il vous fallait empêcher la disparition des champs de fouilles. Il vous fallait... »
Le regard du gentleman s'était soudainement assombri, et sa voix devenait d'instant en instant de plus en plus grave. Comme s'il hésitait. Comme s'il se demandait s'il n'était pas, d'une certaine manière, du même avis que lui ...
« Il vous fallait supprimer un élément majeur dans l'Histoire du temps. Il vous fallait supprimer la Troisième Guerre Mondiale. »
Les derniers mots s'évanouirent dans un silence durable et oppressant. Hundreï Sarl ne répondait pas, se contentant de regarder ses interlocuteurs avec un calme d'une sérénité incongrue. Comme s'il attendait une réponse d'un autre. Comme s'il pensait que le professeur d'archéologie était de son côté. Celui-ci continua finalement :
« Cependant, cet archéologue vous exposa les raisons pour lesquelles il ne fallait absolument pas changer le cours du temps, et il refusa toute aide. Que ce soit pour vous permettre de voyager dans le temps afin de prendre vous-même quelques vestiges, ou tout simplement pour vous montrer les plans de sa machine. En effet, il avait parfaitement compris que cette idée qui avait germé en vous était fixe, et que vous n'aviez pas l'intention d'abandonner votre projet. Vous avez donc concocté un plan bien précis afin d'y parvenir sans lui. Vous l'avez – le mot est bien faible – fait tuer, puis vous êtes emparé de ses plans de la machine, afin de bâtir la vôtre. Votre profession en tant que directeur de multinationale multimilliardaire a bien évidemment facilité votre tâche sur le point de vue financier. »
Don Paolo le coupa :
« Mais, Layton, ça veut dire qu'il est de notre côté, puisqu'il veut sauver notre époque ! ... Non ? »
Son ancien camarade d'université resta immobile, se contenant de froncer les sourcils.
« C'est ce qu'il avait l'intention de faire au départ, en effet. - Vous voulez dire qu'il a changé de projet ? » demanda l'étudiant d'un ton incroyablement neutre.
Le professeur acquiesça gravement.
« Vous êtes conscient que vous ne pouvez pas empêcher la guerre de se produire si vous venez la veille de son début, que vous soyez seul ou avec vos pokémon. Cela n'aurait rien changé, car à cette époque vous n'êtes qu'un homme parmi tant d'autres. Un homme qui sait, certes, mais un homme tout à fait normal. »
Son apprenti tenta de réfléchir à la signification de cette phrase de son mentor, mais n'en trouva aucune.
« Non, il vous fallait être plus qu'un homme pour être capable d'agir efficacement et durablement. Il vous fallait être un dresseur de pokémon. A une époque où ceux-ci n'existent pas encore, bien entendu. En prenant pour exemple Dublin, vous voulez montrer de quoi vous êtes capable, grâce à vos pokémon, et faire régner un gouvernement nouveau et mondial. Vous voulez gouverner notre monde dans son intégralité, en vous servant de la terreur occasionnée par les « B.N.I. ». En effet, si le monde n'a qu'un seul et unique dirigeant, celui-ci n'a aucun ennemi à combattre. Il n'y a aucune guerre possible, et la population est bien trop terrorisée par la puissance de vos pokémon pour pouvoir opposer de quelconque résistance. »
Il marqua une pause, puis continua.
« Vous appelez cela « sauver le passé » ? J'appellerais plutôt cela le détruire. Vous démolissez l'âme des peuples par la terreur. Certes, le territoire, le patrimoine du passé sont intacts, et la « paix » règne. Mais vous condamnez de nombreuses choses, en particulier votre propre époque. »
Nouvelle pause dont la gravité oppressante était de plus en plus palpable.
« Ne comprenez-vous donc pas que votre projet ne peut engendrer que le chaos ? En voulant sauver le passé, vous ne pourrez que le détruire, en commençant par son âme. En voulant modifier le futur, vous créez de nombreuses contradictions, auxquelles vous n'échapperez pas, vous et le monde qui nous entoure. - Le professeur a raison ! s'exclama soudainement Flora qui tremblait comme une feuille. Je ... je préfèrerais voir disparaître Londres que de la voir sous un tel régime de terreur ! »
Le « pseudo-archéologue » se tut, puis se mit petit à petit à ricaner nerveusement. Il ne comprenait pas. Non, ils ne comprenaient pas, eux.
« Félicitations pour ces brillantes déductions, Professeur. Je vous tirerais mon chapeau, si j'en avais un, ironisa-t-il. Mais, vous ne voyez donc pas que je vais sauver le monde ? Il n'est pas comme un phénix, une créature mythique de l'avant si je ne m'abuse, il ne renaît pas de ses cendres. Voyez comme ce monde où la violence des combats règne est différent de votre époque prospère ! Le monde est fragile. Il ne doit pas mourir, car sinon il changera. Il faut le protéger, nom de nom ! La Troisième Guerre Mondiale était une erreur. Une erreur que j'ai la ferme intention d'effacer afin de vous sauver. Vous allez m'empêcher de vous sauver ? »
L'homme s'interrompit brusquement en se retournant vers sa machine, ayant entendu du bruit, et saisit par le col le jeune adolescent qui s'était dangereusement approché un peu trop près de la titanesque mécanique. L'enfant cria de surprise, se débattant en voulant sortir de l'emprise de l'adulte, mais celui-ci tenait bon.
« Je vois que vous aimez attaquer dans mon dos, en vous alliant à la surprise. Très bien, vous l'aurez voulu. Je ne voulais pas aller jusque-là, mais vous ne me laissez plus le choix. »
Il lâcha brusquement Christophe en le bousculant vers ses amis, le faisant tomber à terre, puis appuya sur le bouton rouge qui était encastré dans le mur proche de lui. Une alarme retentit et fit arriver de nombreuses créatures qui encerclèrent aussitôt le groupe entier. Sandra prêta quelques paroles au jeune gamin qui venait de se relever de sa lourde chute.
« Je t'avais promis un combat ... Christophe, là c'est le moment ou jamais de se défendre ! »
Même si l'adolescente était sûre d'elle et avait confiance en ses pokémon, elle en demeurait tout de même inquiète. Après tout, ils n'avaient pas l'avantage numérique ... Cessant de réfléchir, elle sortit l'unique pokémon qu'elle avait gardé pour elle, Gabrielle, et fut aussitôt suivie dans son geste par tous les londoniens. Au final, une petite dizaine de créatures contre au moins une douzaine ou une quinzaine. C'était déséquilibré, mais faisable.
« Professeur, marmonna Emmy, nous devrions essayer de nous échapper, nous n'arriverons pas à neutraliser sa machine aujourd'hui ... »
Le gentleman acquiesça distraitement, montrant cependant qu'il fallait tout d'abord trouver ce moyen de sortir de la bâtisse. Car, après tout, ils étaient encerclés ... Les pokémon se battaient avec plus ou moins de violence. Flora ne pouvait s'empêcher de fixer celui que le jeune chasseur d'insectes lui avait prêté avec inquiétude et étonnement. Il semblait se débrouiller sans aucun souci, répandant des poudres différentes qui semblaient endormir les adversaires sans pour autant les faire souffrir sur le moment. Il était bien plus fort qu'il n'y paraissait ...
Zorua se servait d'illusions afin de créer au hasard des mirages ou des hypnoses diverses, et Matthieu ne regrettait pas d'être tombé sur le petit renard gris. Même s'il se contentait de le regarder dans sa lutte sans bouger, il l'encourageait intérieurement. L'assistante du gentleman, elle, se retrouva avec le plus grand de tous les pokémon présents, Blaze. Visiblement, ses aptitudes en combat étaient similaires aux siennes ...
Au final, les créatures ennemies qui n'étaient pas déjà au sol dormaient à poings fermés ou regardaient bêtement dans le vide, telles des statues, victimes des nombreuses hypnoses de Zorua. Finalement, alors que Christophe allait vouloir se jeter sur Hundreï Sarl, Emmy l'en empêcha vivement. Ils avaient tout simplement échoué cette fois-ci, ils ne pouvaient pas détruire ainsi la machine. Il leur manquait du temps, car déjà certains pokémon se réveillaient faiblement. Ils n'avaient d'autre choix que la fuite.
« Maman a construit cette machine, expliqua Sandra tout en courant à travers les couloirs en même temps que le groupe entier. Elle doit aussi savoir comment la neutraliser ! Elle peut créer un virus informatique, après tout c'est un peu comme un simple ordinateur ! »
Les londoniens ne parurent pas véritablement avoir tout saisi, l'informatique n'étant encore que peu développé à leur époque. Cependant, ils n'y prirent pas garde et se contentèrent d'acquiescer silencieusement tout en accélérant leur course.
Hundreï Sarl ne les poursuivit pas, et fit signe aux pokémon réveillés de faire de même. Les paroles de l'adolescente du futur résonnaient encore en échos à peine audibles dans les corridors. Il esquissa un rictus diabolique.
« Alors, ta mère peut t'aider ? »
Il ricana. Il s'attendait à ce que le groupe utilisât à nouveau la téléportation pour rentrer à Entrelasque, ce qui ne lui laissait que peu de temps.
« Eh bien, nous allons voir qui manque de temps. » prononça-t-il comme pour se convaincre lui-même.
Il alluma sa machine à voyager dans le temps, tapota quelques chiffres et lettres, puis commanda quelques ordres à ses créatures éveillées. Elles obéirent sans un mot.
« Clef, téléport ! Nous n'avons pas de temps à perdre ! »
Le kaorine s'exécuta. Sandra avait pourtant comme un très mauvais pressentiment, surtout après ce que lui avait raconté la Flora de 1980.
« Je suis désolée de te dire que tu te rendras bientôt compte que tu n'as pas le choix ... »
Non. Elle devait se tromper. Elle se trompait.
Le groupe entier – Christophe exclu, étant une fois de plus retourné chez lui, à Doublonville – se retrouva à nouveau dans le même salon qu'il avait quitté quelques heures auparavant. L'adolescente du futur se précipita sur la première horloge qui se trouvait dans les environs. Sa mère devait être rentrée depuis au moins une bonne vingtaine de minutes.
« Maman ? » appela-t-elle en regardant autour d'elle et en réfléchissant de l'endroit où elle pouvait bien se trouver.
Pas de réponse. Un silence pesant s'installa dans la salle de séjour. Une fois de plus, les paroles de la jeune londonienne lui revinrent.
« Tu te rendras bientôt compte que tu n'as pas le choix ... »
Incrédule, la jeune fille commença à paniquer nerveusement, fouillant dans toute la maison en appelant de plus en plus fort. Il était évident que la scientifique manquait à l'appel.
« Elle ... elle doit être dans la cave, avec la machine, prononça-t-elle nerveusement, comme pour s'en convaincre. Elle ... elle doit ne pas m'entendre de là-bas ... »
Elle se précipita sur la porte blindée, les londoniens la suivirent avec le même rythme, remplis de stupéfaction.
Ils descendirent les marches de l'escalier quatre à quatre.
La jeune lady posa son doigt sur le petit rectangle noir de la porte. Elle déglutit.
La porte s'ouvrit avec une lenteur phénoménale. Comme si tout, même les portes, leur en voulait.
Le groupe se précipita dans la salle, puis s'arrêta devant la machine.
Silence. Vide, surtout.
Sandra vit un message rapidement écrit d'une main désintéressée, et éclata en sanglots. Hundreï Sarl avait été plus rapide.
Il lui avait enlevé sa mère. Elle n'avait aucun moyen de savoir si elle était encore vivante. Pourquoi lui avait-elle cédé ses pokémon ? C'était pour cela qu'elle n'avait pu que se laisser faire ...
« Tu n'as pas le choix ... »
Fin de V comme Voyages ! La suite sera dans Boucles à boucler ! ^^ Bonne lecture ... ^^
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 26 Juin - 11:19
Je vous offre la suite, autrement dit le premier chapitre de la troisième et dernière partie, nommée Boucles à boucler ! Bonne lecture ! ^^
Chapitre XXXIV – Transgresser les règles
Spoiler:
« Sandra, ne serais-tu pas capable de neutraliser toi-même la machine ? Tu as déjà fait preuve de talents en informatique ... - Vous vous trompez. A mon époque, n'importe qui est capable de se débrouiller face à un ordinateur. Je n'ai aucun talent particulier, malheureusement ... »
L'adolescente du futur gardait son regard mouillé de larmes à peine séchées plongé dans l'écran éteint de la mécanique qui était à l'origine de tous les problèmes. Si elle n'avait pas été créée, Hundreï Sarl n'aurait jamais pu voler les plans de son père. Il n'aurait eu aucune raison de le tuer, et ne l'aurait donc probablement jamais fait. Il ne l'aurait même jamais connu, jamais rencontré. Elle n'aurait jamais quitté Autequia et ses amis d'Hoenn. Elle n'aurait peut-être jamais été traitée une seule fois de « crâne d'œuf » dans sa vie et n'aurait jamais connu la bande de Koga. Elle soupira, mais réfléchit. De toute manière, c'était trop tard. Et puis ... sans cette machine, elle n'aurait jamais rencontré le professeur et ses assistants. Et, si elle n'avait jamais quitté Hoenn, elle n'aurait jamais croisé Matt, ni Gabrielle.
Ironiquement, cette machine avait du bon ...
Flora l'interrompit dans sa réflexion, s'exclamant avec une vive nuance d'espérance pourtant vaine que d'autres scientifiques pourraient peut-être les aider. La dresseuse de pokémon reprit tristement.
« Non, c'est la seule scientifique de ce domaine que je connaisse. Et puis, qui nous croirait ? Voyager dans le temps, c'est à dormir debout ! »
Tous se plongèrent une fois de plus dans une profonde réflexion, cherchant désespérément une solution réalisable. Il était en effet hors de question de faire appel à qui que ce fût du futur ; même si on les croyait, cela mettrait inéluctablement en danger Evelyne Kotino, étant donné qu'Hundreï la gardait en otage – du moins, d'après le papier déchiré qui fut retrouvé aux pieds de la machine. Quant à quelqu'un du passé, la science du futur risquerait de lui poser problème. Et encore faudrait-il qu'il les crût, une fois de plus. Il n'y avait que peu d'alternatives qui s'offraient à leurs yeux ...
Don Paolo demanda cependant à retourner à Londres. Il disait avoir à faire dans son époque ... L'adolescente du futur n'eut pas à se faire prier et alluma la mécanique le temps de le reconduire là où il voulait.
Cinq heures trente sonnèrent en bas de l'écran de la machine à voyager dans le temps, et le doux son artificiellement reproduit d'un carillon résonna dans la pièce. Sandra se leva de sa chaise et proposa à ses amis de dîner. Réfléchir le ventre vide était de toute manière une épreuve supplémentaire, qui n'arrangeait pas les choses.
1er Rindo (24 mars) 769 – Vingt heures quinze
Luke donna quelques coups répétés contre la porte blindée qui le séparait de la mécanique titanesque, espérant y trouver Sandra. Moins d'une minute s'écoula avant que la lourde porte ne s'ouvrît d'elle-même. L'adolescent ne vit pas directement celle qu'il cherchait, du moins pas derrière le bloc d'acier qui s'écartait du chemin. Mais il se décida tout de même à entrer prudemment.
« Oh, c'est toi ... »
Le jeune garçon sursauta avant de tourner la tête de tous côtés, cherchant l'origine de la voix. Il finit par remarquer l'enfant du futur, assise contre un bureau en face de Gabrielle et de Zorua. Cependant, cela se trouvait tout au fond de la salle, à une bonne trentaine de pieds de l'entrée. Il s'approcha de son amie, perplexe.
« Comment as-tu pu ouvrir la porte d'ici ? - Peut-être n'avait-on pas encore de système d'ouverture à distance à ton époque », répliqua-t-elle calmement en montrant un petit boîtier dans un coin de la table.
L'apprenti du professeur Layton fit un petit rire avant d'ajouter :
« Ça doit être bien pratique ! - En effet ... Mais tu voulais me dire quelque chose ? »
Le jeune garçon leva les yeux au ciel en réfléchissant rapidement. Cela lui était déjà sorti de la tête ...
« Oh, oui c'est vrai. C'est à propos de cette histoire de « virus informatique » ou je ne sais plus quoi ... - Eh bien ? demanda-t-elle, soudainement encore plus intéressée qu'avant. - Le professeur a connu des scientifiques qui travaillaient avant dans l'institut multidimensionnel de Londres, et trois en particulier sur un projet de machine à voyager dans le temps. - C'est vrai ? Et ils pourraient nous aider ? »
Sandra eut comme une lueur d'espoir, qui lui rappela encore une fois ce dont avait parlé la Flora du futur. La solution dont elle avait parlé lui était déjà sortie de la tête, mais elle lui revenait désormais ... Mais elle devait faire mine de ne rien savoir. L'enfant à la casquette bleue fit soudainement une petite moue embarrassée.
« Eh bien, il paraît qu'ils étaient très doués, mais il reste un problème. L'un d'entre eux est aujourd'hui le Premier ministre, donc le simple fait de lui parler d'une telle histoire ferait la une de tous les journaux. - Il est évident qu'il vaut mieux éviter de l'approcher dans ce cas, déduisit la jeune fille. - Le deuxième a tiré un trait sur le projet il y a deux ans, et il est très probable qu'il n'ait quasiment rien conservé de ses recherches. Quant à la troisième... »
Luke se tut et se mordit la lèvre. Son silence inquiéta son amie, et son sourire s'effaça soudainement, bien qu'elle sût déjà. Il baissa la tête, ignorant la réaction qu'elle aurait. Face à l'insistance de son interlocutrice, il se décida finalement à lui dire.
« ... ça va faire presque douze ans qu'elle est morte. »
Cette phrase fut un tel choc qu'il fallut plusieurs minutes de silence pesant et menaçant avant que Sandra ne se décide à reparler timidement, d'une fausse petite voix tremblante. Elle ne devait rien laisser paraître jusqu'au bout. C'était elle qui lui avait demandé.
« Que s'était-il passé, au juste ? - D'après ce que j'ai appris, c'était à cause d'une expérience qui a mal tourné. Cette scientifique s'appelait Claire, c'était à ce moment la petite amie du professeur ... Je crois qu'il ne s'en est jamais complètement remis, à vrai dire ... »
L'adolescente commençait à comprendre où il voulait en venir. En effet, elle avait jusqu'alors mal compris la gêne occasionnée par la révélation de tout ceci ...
« Le problème est que, si nous l'amenons dans le futur pour qu'elle nous aide, tu penses que nous devrons ensuite la renvoyer à son époque et la laisser mourir si nous voulons garder une cohérence dans le temps ? - Ce serait tout simplement monstrueux, mais c'est ça ... Mais nous n'allons pas le faire, si ? »
Elle détourna le regard, le postant sur l'emolga comme pour lui demander conseil, mais le pokémon s'était endormi. Zorua quant à lui adressa un regard désolé. Elle baissa les yeux, réfléchissant. En attendant, Luke reprit d'un ton désespéré.
« Oh, et maintenant c'est comme si nous étions responsables de sa mort ... - Pourquoi donc ? s'étonna la jeune fille, qui releva et écarquilla les yeux d'un air interrogateur. - Nous pouvons la sauver. Du moins, toi tu peux. Il suffit de taper les bons chiffres sur ta machine ... Mais en même temps ce serait changer l'Histoire. Ce serait enfreindre un bon paquet de règles, et cela pourrait créer un véritable chaos, peut-être ... »
Luke surprit son amie avec l'un de ses fameux sourires énigmatiques. Le petit renard gris aussi parut comprendre, car il afficha aussi une mine mystérieusement réjouie.
« Quoi ? Ça te fait rire ? On ne va quand même pas changer le cours du temps ! - Pas à tort et à travers, il faudrait ajouter. »
L'adolescent la regarda, interloqué. Aussi continua-t-elle dans sa lancée, tentant de s'expliquer au mieux.
« Il faut absolument connaître ce qu'il s'est produit dans les moindres détails, mais le temps restera cohérent si nous nous y prenons bien. - Comment peux-tu en être sûre ? »
Elle répondit par une question.
« Dis-moi, Luke. Est-ce que qui que ce soit l'a vue mourir ? - C'était il y a très longtemps, tu sais, et puis je n'étais pas là ... - Luke. C'est très important. »
Le garçon tourna son regard vers Sandra. Ses yeux avaient une fois de plus perdu leur éclat énigmatique et malicieux pour le remplacer par un air sérieux. Un air d'adulte, presque. Sandra semblait avoir deux côtés : une part de gamine insouciante et inconsciente, comme lorsqu'elle refusait de dévoiler quoi que ce soit à quiconque à Dublin alors qu'ils cherchaient à élucider un mystère particulièrement dangereux et important, et une part de femme responsable et réfléchie. Deux versants complètement opposés, mais complémentaires. Finalement, l'apprenti du professeur Layton se décida à répondre après s'être souvenu de ce qu'avait raconté Dimitri Allen deux ans plus tôt.
« Eh bien, le scientifique qui a abandonné le projet il y a deux ans a dit qu'il avait vu Claire morte, juste après l'explosion ... Il y avait aussi l'actuel Premier ministre, mais il était inconscient. »
Contre toute attente, l'adolescente du futur sembla se réjouir.
« Mais puisque je viens de te dire que Dimitri l'avait vue ! - Oui, Luke. Il l'a vue morte. - Bien sûr, c'est ce que je viens de dire ! »
Le jeune garçon s'était emporté et restait énervé, car il ne comprenait pas du tout où voulait en venir son amie. Elle, cependant, demeurait calme et continuait de montrer son sourire mystérieux. Elle attendit calmement que l'adolescent s'apaise un peu avant de continuer.
« Certes, il l'a vue morte. Mais ce n'est pas ça que je t'ai demandé. - J'avoue que je ne te suis plus ... - Ce que je t'ai demandé, c'est s'il l'a vue en train de mourir. »
Le silence retomba. Luke avait la réponse, mais ne saisissait toujours pas ce que voulait dire la jeune lady.
« À vrai dire, non, il n'est arrivé qu'après l'accident, et puis Claire était complètement enfermée dans la machine, personne ne pouvait la voir depuis l'extérieur avant l'explosion ... - Donc personne ne l'a vue mourir. On l'a seulement vue morte. - Où est la différence ? » demanda-t-il, fronçant les sourcils en signe d'incompréhension.
Pour toute réponse, elle demanda à Luke s'il avait une image de la scientifique. Celui-ci lui répondit qu'une photographie était encadrée dans le bureau de son mentor, bien qu'il n'eût toujours pas compris où voulait en venir son amie. Elle alluma la machine à voyager dans le temps rapidement et lui ordonna gentiment de ramener le tableau. Il s'exécuta sans broncher, traversa le mur et revint quelques minutes plus tard, un cadre à la main. Zorua, qui semblait avoir compris où voulait en venir sa dresseuse, s'approcha et dévisagea le visage de l'ancienne petite amie du gentleman.
« Très bien, reprit Sandra. A présent, tu peux le remettre à sa place. »
L'apprenti écarquilla les yeux, perplexe, mais obéit. Après tout, l'adolescente du futur était tellement têtue que le seul moyen de comprendre ce qu'elle voulait dire était de faire ce qu'elle demandait. Une fois revenu auprès d'elle, celle-ci éteignit la machine. Le jeune enfant se mit en face d'elle et lui demanda une dernière fois ce qu'elle avait en tête.
« Regarde derrière toi. », prononça froidement Sandra sans même bouger quoi que ce soit d'autre que ses lèvres. On aurait pu la prendre pour une statue.
Espérant que ce soit le dernier ordre avant d'avoir ses explications tellement attendues, Luke obéit et faillit retenir un cri d'horreur. Le corps de Claire se trouvait au sol, dans la même position dans laquelle Dimitri l'avait trouvée et décrite. L'adolescent se retourna vers son amie, effaré. C'est alors qu'il vit l'astuce. La scientifique que son mentor aimait n'était pas véritablement dans la salle. C'était de toute manière improbable, mais il en avait désormais la preuve concrète, ainsi que l'explication.
« Zorua, je crois qu'il a compris. »
Les yeux du pokémon cessèrent de luire. Le « cadavre » disparut sans laisser de trace.
« Voilà la différence, Luke, sourit-elle. Si quelqu'un l'avait vue mourir, il aurait été impossible de la sauver sans modifier l'Histoire. Or, si j'ai bien compris, elle était complètement coupée du monde, cloîtrée dans la machine. Une machine opaque et hermétiquement fermée, je suppose ... Rien n'empêche Zorua d'intervenir par la suite en simulant la mort de Claire avec une de ses illusions. Claire est sauvée, et le cours du temps est intact. - Alors tu veux dire que... - Je ne ferai rien sans le professeur, coupa l'adolescente sans le regarder. Tout dépendra de lui. »
Il esquissa un léger sourire qui laissait paraître qu'il avait compris et contempla la gigantesque machine. Elle les dominait depuis le haut plafond, comme toujours.
« Moi qui croyais que modifier le cours du temps était catégoriquement interdit ... - Peut-être le temps ne peut-il tout simplement pas être changé. Peut-être le simple fait d'essayer de le modifier ne ferait en vérité que le consolider et le rendre tel qu'il est ... Comme la boucle que nous avons dû boucler, le professeur et moi. C'était le cours normal du temps, mais il n'aurait pas pu être si cette machine n'existait pas ... »
2 Rindo (25 mars) 769 – Dix heures
« Professeur, êtes-vous prêt ? »
Le gentleman hésita encore. Ses amis et lui avaient passé la matinée à réfléchir au meilleur moyen d'agir, en passant les détails des événements de l'accident au peigne fin. Mais, malgré tout cela, la mission de sauvetage demeurait particulièrement périlleuse. En effet, il n'avait qu'un temps extrêmement limité pour trouver la scientifique et la ramener dans le futur. Car, très peu de temps plus tard, la machine exploserait, avec ou sans eux deux. Qu'il ait réussi ou échoué.
« Je vous rappelle une dernière fois avant de commencer : d'après les calculs de la machine, vous aurez exactement six secondes vingt-quatre dixièmes maximum avant l'explosion. Et essayez tout naturellement d'éviter de respirer les vapeurs de méthane et de monoxyde de carbone qui émaneront de la surchauffe, il semblerait que la machine fonctionnait en partie au gaz. »
L'homme déglutit silencieusement avant de rajuster son haut-de-forme. Il y allait seul, c'était le meilleur moyen de ne pas perdre trop de temps inutilement, et de limiter le danger que couraient ses assistants. Sandra lui montra le mur où le passage vers le passé allait s'ouvrir, puis retourna à sa place, face à l'écran de la mécanique titanesque. Au bout d'un long silence où le professeur resta debout, face à la cloison blanche, il finit par se décider.
« Je suis prêt. - Très bien. Nous sommes donc partis pour le 19 décembre 1963, vers les treize heures ... »
L'adolescente du futur appuya sur le bouton « Entrée », démarrant le processus. Le professeur Layton fonça sans attendre, et disparut aussitôt. Les assistants du gentleman ainsi que Sandra et Matthieu fixaient le chronomètre affiché sur l'écran de la machine avec inquiétude.
Six secondes.
Cinq.
Quatre.
Trois.
Deux ...
Un silence de mort s'ensuivit, et pendant une quinzaine de secondes rien ne se produisit. Personne ne comprenait plus rien. Déjà quinze secondes d'écoulées, et pourtant aucun bruit d'explosion, ni le retour du gentleman. Finalement, Emmy se décida.
« Professeur, vous allez bien ? »
La voix de l'homme sortit distinctement du mur. Il était calme, comme si rien ne s'était produit.
« Très bien, ne vous inquiétez pas. Cependant, il semblerait qu'il y ait un petit imprévu ... - Lequel ? s'empressa de demander Flora, tremblotante. - Je suis bien dans la bonne machine, à ce que je peux voir. Cependant, non seulement elle est en parfait état, mais de plus elle est vide ... - Vide ? »
Les quatre faillirent s'étrangler, tous en même temps. L'universitaire écarquilla les yeux, mais sans plus. Ils avaient dû faire une erreur quelque part. Mais où ? Sandra pianota sur son clavier, les yeux rivés sur l'écran. La machine n'avait absolument rien constaté d'anormal. Pris d'un doute soudain, le professeur demanda l'heure qu'il était à l'époque où il se trouvait sur le moment.
« Treize heures pétante. », répondit l'adolescente du futur en regardant les données qu'affichait son engin.
L'homme allait répliquer lorsqu'un bruit retentit derrière lui. La porte de la machine avait été ouverte, et une jeune scientifique était sur le pas de la porte, entrant à reculons. A reculons parce qu'elle était en pleine discussion avec l'homme qui restait hors de l'appareil, juste en face d'elle.
« Je te laisse une minute pour te préparer, retentit la voix reconnue comme celle du futur Premier ministre d'Angleterre. - Oh, tu peux commencer tout de suite ! » répliqua l'assistante, visiblement à la fois impatiente de voir le résultat de leurs recherches, à la fois sérieuse malgré tout.
L'archéologue fut comme pétrifié, et c'est ce qui lui permit de ne pas être remarqué sur le moment, ni par le futur politicien, ni par sa petite amie. Il pâlit. Le voyage temporel avait été effectué trop tôt.
Beaucoup trop tôt.
La porte métallique de la machine ronde se referma lentement. L'expérience ne tarderait pas à commencer. Le professeur voulut reculer et retourner dans le futur, attendant un autre moment pour intervenir. Cependant, son premier pas en arrière résonna en échos amplifiés sur le sol blindé dans toute la machine. La jeune lady sursauta et se retourna subitement, remarquant alors enfin qu'elle n'était pas seule. Son ami la dévisagea rapidement, se pétrifiant à nouveau. Elle était effarée et abasourdie à la fois.
« Hershel ! Mais que fais-tu ici ? Comment es-tu entré ? »
Il blêmit, ne sachant que dire. Il ne pouvait plus retourner ainsi dans le futur où se trouvaient ses assistants, comme si de rien n'était.
C'était trop tard.
Cependant, ce ne fut pas encore pour lui le moment de s'expliquer car la voix du futur Premier ministre d'Angleterre retentit à travers un minuscule boîtier placé au plafond de la machine, à l'intérieur. Comme l'instrument était fermé hermétiquement, c'était le seul moyen pour eux d'entendre les bruits extérieurs.
« Claire, est-ce que tu es prête ? L'expérience commence. »
La réponse de la scientifique fut aussi immédiate que paniquée. Mais également aussi innocemment prononcée que dénudée de réflexion.
« Bill, non ! »
« L'expérience commence. » Ce n'était pas une question. S'il avait été prévu de permettre à ceux qui se trouvaient à l'intérieur de la machine d'entendre ce qu'il se produisait à l'extérieur, l'interphone n'avait pas été conçu pour que le processus fût réciproque. Le scientifique ne put donc tout simplement pas l'entendre, et il démarra la machine, comme il l'avait prévenu.
Les deux personnes se trouvant sur le moment à l'intérieur de la machine brillèrent avant de disparaître dans un flash de lumière.
Et voici la présentation de la troisième partie, pour ceux qui veulent ! ^^
Spoiler:
Alors que le professeur Layton et ses amis viennent d'élucider le mystère, le problème reste à être résolu. En effet, un problème de taille s'oppose à eux : l'inventeur de la machine à voyager dans le temps a disparu ! Certes, une autre scientifique capable de neutraliser cette infernale machine existe, mais ... que faire, si cette personne est morte il y a plus d'une douzaine d'années ?
Peut-on réellement modifier le cours du temps ? En a-t-on le droit ? Comment savoir si ce que nous faisons peut créer des contradictions ou non ? Les paradoxes temporels existent-ils ? A-t-on réellement le droit de voyager dans le temps ?
Le plan paraît à première vue simple : voyager dans le passé, sauver la personne à sauver d'une mort à priori inéluctable, retourner dans le futur, lui expliquer la situation, et enfin neutraliser cette machine qui n'aurait jamais dû naître. Cependant, il faudrait savoir que tout ne se passe jamais comme prévu ...
Euh, dites ... Pourquoi que vous sortez un kalachnikov et que vous vous apprêtez à me tirer dessus à bout portant ? :O
Invité Invité
Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 26 Juin - 16:53
Hem ... Dans pas longtemps je vous présenterai mon premier recueil de nouvelles fantastiques ... ça intéresse quelqu'un ?
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 26 Juin - 16:59
BIEN SÛR !!! MOI !! MOI !! MOI !! *se prend un kalachnikov sur la tempe*
... Désolée. Nah, mais c'est juste que ce topic est un peu délaissé, et je me sens un peu seule ...
Hâte de voir ce que tu peux nous sortir ! Comme j'le dis dans ma signature, en chacun de nous sommeille une âme d'écrivain ! /o/ ~
Clive Dove
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 26 Juin - 18:45
Désolé Andrea je n'ai pas beaucoup de temps entre les révisions et le bac :/ à mon retour quand j'aurai tout le temps de lire consciencieusement je finirai les deux chapitres que tu as posté ;)
@Layke : Poste-les ^^ Ici c'est la rubrique que je ne zappe pas :P
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 26 Juin - 20:46
Tu verras, tu voudras m'abattre à coups de kalachnikov quand tu liras ... :P En passant :
Chapitre XXXV – Erreur de date
Spoiler:
« Le hasard n'existe pas, tout n'est que fatalité. » Manga xxxHolic (CLAMP)
Un étrange vrombissement originaire du passé fit blêmir les assistants.
Lorsqu'elle eut enfin compris, Flora s'évanouit sous le choc, et Emmy se précipita vers elle pour la rattraper. Sandra dut attendre de recevoir une gerbe de fumée noire qui la fit toussoter avant de se décider à reprendre ses esprits et éteindre la machine. Les quelques gaz toxiques qui avaient traversé le mur s'accumulèrent lentement au plafond.
Matthieu crut distinguer comme un début de discussion juste avant que le lien avec le passé ne s'évanouît, mais il n'y prit pas garde. L'assistante du gentleman commença à interroger son ami tout en éventant la jeune londonienne. C'était désormais la personne qui connaissait le mieux dans le groupe le déroulement de ce qu'il venait de se produire.
« Luke, que s'est-il passé ? - Oh non, ils n'auraient tout de même pas... »
L'adolescent craignait avoir compris, mais espérait s'être trompé. Cependant, c'était bien cela, il fallait se rendre à l'évidence. Il désespéra.
« « La machine avait fonctionné un instant, juste avant d'exploser », avait dit Dimitri. Il semblerait que le professeur se soit retrouvé juste avant l'expérience ... - Si la machine avait fonctionné, reprit l'universitaire, alors le professeur et cette Claire sont quelque part, et à une certaine époque ... ? »
L'apprenti acquiesça gravement.
« Quand sont-ils arrivés ? » s'empressa de questionner la jeune fille du futur à son intention, peinant à garder son sang-froid.
Elle tentait de cacher la panique qu'elle avait en elle en gardant ses yeux rivés sur l'écran de sa machine, mais c'était peine perdue. Le jeune homme à casquette bleue marqua une pause avant de répondre gravement :
« Dix ans plus tard, le 19 décembre 1973. »
L'enfant alluma l'immense mécanique et commença à inscrire les coordonnées.
« Exactement dix ans plus tard ? Dans ce cas, je suppose que l'heure doit s'approcher des treize heures ... - Que vas-tu faire, Sandra ? » demanda Emmy, qui se réjouit soudainement en se rendant compte que Flora commençait enfin à reprendre ses esprits.
La réponse fusa du tac-au-tac, distraitement mais sûrement, comme s'il s'agissait d'une évidence.
« Nous allons les récupérer, tout simplement. Nous ne pouvons quand même pas les abandonner là-bas ! »
Un léger flash de lumière blanche survint pendant un court instant, puis fit apparaître deux silhouettes. Le professeur Layton et Claire parurent soudainement au milieu d'une masse de décombres divers, qui trônait dans une vieille salle en ruines, complètement démolie et en partie à ciel ouvert.
L'homme n'y prit cependant pas garde sur le moment. Autre chose le tourmentait : la scientifique qu'il voulait sauver ne comprenait évidemment rien à sa soudaine apparition juste avant l'expérience, et s'apprêtait visiblement à exiger des explications.
« Hershel, que faisais-tu dans cette machine ? Comment as-tu pu entrer à l'intérieur et... »
La jeune adulte se tut et marqua une pause, la mine perplexe. Elle dévisagea son ami qui ne sut que répondre, aussi se résigna-t-il à attendre qu'elle continuât sa phrase d'elle-même, extrêmement confuse et songeuse.
« C'est étrange, je t'ai vu il y a moins d'une heure et je jurerais que tu as légèrement grandi depuis ... Et tu n'avais pas cette veste tout-à-l'heure ! »
Même adulte, la croissance ne pouvait jamais s'interrompre totalement. En douze ans, il était donc normal que le gentleman eût gagné ne seraient-ce qu'un pouce ou deux. Quant à la veste, il était évident qu'il ne portait plus la même. L'archéologue se replongea dans ses souvenirs et se souvint en effet qu'ils avaient déjeuné ensemble juste avant l'accident. Elle venait de lui offrir son fameux haut-de-forme ...
Il se retrouva cependant face à la réalité en la regardant à nouveau. Cette constatation la troublait, mais visiblement l'idée que le voyage temporel en fût l'origine ne l'effleurait pas. Après tout, pour elle la machine à voyager dans le temps n'était qu'à un stade expérimental.
« Au fait, il semblerait que l'expérience ait fonctionné ... Je me demande bien à quelle époque nous sommes ... et où nous nous trouvons. - Au même endroit, le 19 décembre 1973. », répliqua l'homme au chapeau du tac-au-tac, sûr de lui mais légèrement nerveux.
Elle le scruta une fois de plus, décidément de plus en plus déboussolée.
« Comment le sais-tu, Hershel ? »
Il marqua une pause, se demandant comment il pourrait lui expliquer.
« C'est plutôt complexe ... - Oh, allez ! J'ai bien le droit de savoir, non ? »
Le ton était plus suppliant que véritablement énervé, ce qui le décida. De toute manière, il était prévu qu'elle sût à un moment ou à un autre, alors pourquoi pas en cet instant ?
Alors qu'il pensait avoir trouvé le moment opportun pour commencer son récit, une voix familière qui semblait sortir de nulle part le coupa une énième fois. Retardant une fois de plus les explications tant attendues, à son grand désarroi. La jeune lady fut cependant bien plus surprise que le professeur d'archéologie en se rendant compte que la voix ne semblait pas avoir d'origine précise, et continuait de tourner sa tête de tous côtés afin d'essayer de la localiser.
« Professeur, vous m'entendez ? - Sandra ? s'étonna le concerné. Sandra, c'est toi ? - Qui ? murmura son amie pour elle-même. Décidément, je ne comprends rien du tout ! »
Le gentleman présenta brièvement l'adolescente, bien que Claire ne pût voir la personne en question.
« Professeur, coupa la voix d'un ton grave, je pense que vous avez aussi bien compris que nous que le sauvetage ne prend pas la tournure que nous avions prévue... - Un sauvetage ? Quel sauvetage ? reprit Claire, de plus en plus étonnée. Hershel, explique-moi tout ceci, s'il-te-plaît ! »
Le professeur Layton se tut quelques secondes. La voix originaire du futur ne contesta rien, aussi comprit-il qu'il pouvait enfin lui donner les informations tant attendues.
« C'est de ton sauvetage que nous parlons. Contrairement aux apparences, l'expérience de « tout-à-l'heure » ne fut pas une réussite totale, loin de là. »
La scientifique fronça les sourcils. Ils avaient pourtant bien voyagé dans le temps, non ?
« Que veux-tu dire ? - Regarde ces débris. Ne te font-ils penser à rien ? »
La jeune lady obéit et prêta un œil attentif à ce qui se trouvait sous leurs pieds.
« Ce sont les débris d'une machine, on dirait ... - Mais pas de n'importe laquelle. » compléta gravement son ami.
C'est alors qu'elle se pencha et ramassa l'un d'entre eux, un qui avait particulièrement attisé sa curiosité. Cela ressemblait à un fragment d'aiguille d'horloge. Elle regarda autour d'eux et aperçut les parties d'un cadran éparpillées un peu partout dans la salle en ruines où ils se trouvaient.
Mais pas de n'importe lequel.
Claire devint encore plus blanche que sa blouse.
« Que s'est-il passé ? » souffla-t-elle d'une voix à peine audible.
Elle lâcha subitement ce qu'elle tenait et se cramponna à son ami afin de ne pas s'effondrer sur le sol, profondément déboussolée. Celui-ci la retint tendrement avant de répondre.
« La machine a explosé juste après avoir fonctionné. Maintenant, regarde le bâtiment sur la gauche. »
Elle sortit la tête à travers un trou dans le mur de plâtre qui donnait sur la rue et regarda dans la direction donnée. La bâtisse qui était dix ans précédemment un superbe immeuble résidentiel était désormais en travaux, ayant une tête de champ de construction.
« L'explosion l'a également touché. Un bilan funeste : une dizaine de personnes sont mortes ... dont toi. »
Claire écarquilla les yeux en entendant le dernier mot et frissonna.
« Mais comment savais-tu... ? - Je ne suis pas le Layton de ton époque, si tu vois ce que je veux dire ... »
Son sang ne fit qu'un tour. Elle crut comprendre.
« Et tu aurais voyagé dans le temps pour me sauver ? - C'est exact. »
La jeune femme ne savait plus que penser. D'une part, elle se disait que c'était de la folie de changer ainsi l'Histoire, mais d'une autre elle se remettait à peine de l'idée d'avoir frôlé la mort de si près. Cependant, une question vint soudainement trotter dans sa tête.
Elle avait voyagé dans le temps, et donc en principe évité l'explosion qui fut si meurtrière. Pourquoi alors faisait-elle partie des victimes ? Était-ce une erreur due au fait que l'on ignorait que l'expérience n'était pas un échec total ?
Le professeur d'archéologie l'interrompit dans ses réflexions, répondant au dilemme que se posait son amie, comme s'il avait deviné le fond de sa pensée.
« Ne t'inquiète pas, nous avons pris la matinée à réfléchir sur la manière de procéder afin de ne pas troubler le cours du temps plus que nécessaire. Mais nous avons eu un imprévu ... »
La voix de Sandra reprit soudainement, un tantinet angoissée. Ses paroles portaient une nuance de nervosité et de gravité qui le prouvait parfaitement.
« Professeur, nous avons un problème. Il semblerait que quelque chose vous empêche tous les deux de retourner dans le futur, du moins pour le moment. C'est très étrange ... »
La voix de Luke retentit alors presqu'aussitôt, de même provenance que celle de son amie :
« Il y a deux ans, Dimitri Allen nous avait dit... - Dimitri ? coupa du tac-au-tac la scientifique, étonnée. Celui avec qui je travaille ? - Oui, celui-là même. Il a dit que la machine n'était pas tout-à-fait au point et que votre corps tentait de retourner à l'époque de l'explosion et que c'est pour cela que vous faisiez partie des victimes, ou quelque chose comme ça... - Je m'en souviens ! s'interposa Flora, totalement réveillée. Peut-être que c'est ça qui les empêche sur le moment de voyager dans le temps ? Et ils ne pourraient rien faire tant qu'ils n'auront pas retrouvé le moment de l'explosion ! »
Un court silence de réflexion s'ensuivit, que l'assistante rompit rapidement.
« Cela semble logique. On ne pourrait rien faire pour le moment, il faudra attendre qu'ils retournent dans le passé d'eux-mêmes et se dépêcher à ce moment précis ... Nous sommes vraiment désolés, Professeur, mais nous ne pouvons pas vous faire rentrer ... Il n'y a plus qu'à attendre que... - Attends, Emmy ! coupa le gentleman, soudainement songeur et légèrement tourmenté. Le 19 décembre 1973... »
Illumination soudaine. Bien qu'on ne pût le voir, il était facile de deviner que l'apprenti écarquillait les yeux.
« Mais oui ! s'écria-t-il en imitant l'expression préoccupée de son mentor. C'était le début de l'affaire du voyage dans le temps ! »
Une fois de plus, Claire ne comprenait plus rien et soupira. Comme si cette manifestation s'était fait entendre jusqu'à ses oreilles, Sandra reprit.
« Professeur, peut-être vaut-il mieux que vous vous débrouilliez seuls, tous les deux. Expliquez-lui la situation, et si vous décidez de vous promener dans Londres, faites attention. Évitez les mauvaises rencontres ... Voulez-vous cependant que nous gardions un contact ? - Non, tu peux éteindre la machine, Sandra. Ce ne sera pas nécessaire. - Très bien, mais évitez tout de même de vous faire remarquer, en particulier... »
Elle avait arrêté la machine avant de terminer sa phrase, aussi le duo ne put-il pas en entendre la fin. Le silence retomba dans la salle en ruines. Mais pas pour longtemps, car la jeune scientifique du passé regorgeait toujours de questions à poser, et n'hésita pas à rompre ce silence afin d'obtenir des réponses.
« Qu'est-ce que cette histoire d'« affaire du voyage dans le temps », au juste ? - C'est un mystère que je suis censé commencer à résoudre en ce moment même, mais ... ailleurs ... - Que veux-tu... »
Elle fronça les sourcils, montrant qu'elle ne voyait pas que l'absurdité apparente de ces paroles était en réalité tout-à-fait logique. Comment son ami pouvait-il se trouver en même temps en face d'elle, en même temps « ailleurs », en train d'enquêter sur une affaire de voyages temporels ? Elle fit soudainement une hypothèse qui lui parut farfelue, mais paradoxalement rationnelle si elle prenait en compte le fait que les voyages temporels fussent possibles.
« Tu veux dire que tu n'es pas non plus le Layton de cette époque-là ? - C'est exact, prononça chaleureusement le professeur avec un léger sourire nerveux. En vérité, je viens de douze ans dans le futur en partant de ton époque, et non dix. »
Il marqua une pause, son sourire s'effaça lentement. Sans prévenir, il reprit doucement :
« C'est une sensation plutôt troublante que de se savoir à deux endroits à la fois ... »
Il rajusta son haut-de-forme, en partie déboussolé. Claire ayant obtenu la réponse qu'elle convoitait, elle passa à une autre.
« Et qu'allons-nous faire en attendant que nous retournions à la date de l'explosion ? »
L'archéologue sembla réfléchir un instant, puis répondit d'un ton sûr de lui, quoiqu'avec une imperceptible once d'hésitation.
« Nous devrions me suivre dans mon enquête, si tu vois où je veux en venir ... - Mais pourquoi donc ? Et si nous croisons ton « passé », que ferons-nous ? »
Elle buta sur le mot « passé ». Après tout, pour elle il s'agissait du futur ... Elle se sentait plutôt perdue, le gentleman le voyait, aussi tentait-il de la guider. Cependant, il était lui-même déboussolé et complètement dépassé par les événements et les imprévus ... Les voyages temporels sont décidément sources de nombreuses ambiguïtés.
« C'est plus ou moins arrivé, sourit-il au bout d'un temps. Même si je ne me suis pas rencontré moi-même, je me souviens parfaitement d'avoir enquêté à tes côtés, en quelque sorte. »
La jeune lady présenta d'abord une expression étonnée, puis fit un mouvement de tête approbateur, montrant qu'elle avait compris.
« C'est pour cela que tu veux te suivre toi-même ... J'ai vraiment du mal à croire que je vais voir deux Hershel Layton en même temps ! »
Les deux amis rirent avant de se décider à quitter la bâtisse, se retrouvant alors dans l'une des nombreuses rues de Londres. La scientifique retira sa blouse blanche et ses lunettes, devenues inutiles puisqu'elle sortait du laboratoire, et mit son chapeau blanc. Elle fixa alors celui de son acolyte et lui parla, sans se rendre compte qu'elle le sortait de ses réflexions.
« Alors tu l'as gardé, malgré tout ce temps ... - Quoi donc ? De quoi parles-tu, Claire ? - Le chapeau. En douze ans ... - Bien sûr que je l'ai gardé. Après tout, ce fut pendant longtemps la seule chose qu'il me restait de toi ... »
Claire baissa le regard, mélancolique. Elle avait encore beaucoup de mal à croire à cette histoire, mais les preuves de sa véracité s'accumulaient. Et elle ne connaissait l'homme que trop bien, jamais il n'aurait inventé de toutes pièces un tel récit. Pour le moins, pas sans raison. Non, son petit ami lui racontait la vérité, elle le savait.
« Où allons-nous, maintenant ? - Si mes souvenirs sont exacts, alors Luke et moi sommes en chemin pour une horlogerie, pour le moment. - Tiens, tu ne m'as d'ailleurs toujours rien dit à propos de ces gens. Luke, Sandra... - ... Flora, Emmy et Matthieu. Pour résumer, Luke est mon apprenti, Emmy mon assistante, Flora une jeune orpheline que j'ai adoptée, Matthieu un des étudiants de Gressenheller qui enquête avec nous à mon époque, et Sandra une ... une adolescente qui vient du futur. »
La scientifique sursauta à l'entente du dernier mot et présenta un regard interrogateur et une curiosité avide de savoir, mais le gentleman répliqua :
« Si cela ne te dérange pas, nous aurons tout notre temps pour en reparler plus tard. Pour le moment, la priorité est de ... me rattraper ... »
La jeune femme étouffa un rire malicieux. Il était clair que son ami était complètement déstabilisé par le fait d'avoir un « alter-ego » qui se promenait ailleurs dans Londres. Et qu'il pouvait même le rencontrer.
« Et où est-elle, cette horlogerie ? Qu'y as-tu fait ? - C'est l'horlogerie de Midland Road. C'est là que Luke et moi avons ... « voyagé dans le temps », soi-disant ... - Je croyais que nous ne pouvions pas changer d'époque pour le moment ... Comment allons-nous te suivre ? »
Le professeur d'archéologie esquissa un sourire mystérieux.
« J'ai bien dit « soi-disant ». - Oh, raconte-moi Hershel ! Si tu as déjà vécu tout ça il y a deux ans, alors tu sais ce qu'il s'est passé exactement ! »
Il montra une direction que le duo suivit. Ils ne devaient pas perdre de temps. En même temps que leur marche, il s'expliqua plus en détail, satisfaisant enfin la curiosité de son amie.
« Tout a commencé il y a quelques jours, si ce n'était pas ce matin-même ... J'ai reçu une lettre qui aurait été écrite par Luke... - Ton apprenti ? coupa-t-elle, tentant de se retrouver parmi tous les prénoms qui lui avaient été présentés. - Oui. Cependant, cette lettre disait avoir été rédigée le 19 décembre 1983. »
La scientifique fronça les sourcils.
« Comment ? Mais c'est dans vingt... non, dix ans ! - Exact. Luke a bien sûr été aussi surpris que moi, et affirmait ne pas en être l'auteur, du moins sur le moment. Le mystère a commencé ainsi, et nous avons décidé de suivre les indications de la lettre. - C'est-à-dire ? - Nous rendre à l'horlogerie. » prononça-t-il en souriant, comme s'il s'agissait pour lui d'une évidence.
Claire hocha la tête en signe de compréhension. La marche continua silencieusement, mais la jeune femme remarqua vite que son acolyte était dans une profonde réflexion.
« À quoi penses-tu, Hershel ? »
Celui-ci sursauta légèrement. Il sourit tendrement et ajusta distraitement son haut-de-forme avant de répondre.
« Jusqu'à présent, je me rends compte qu'il y avait tout de même un détail que je n'avais pas pu éclaircir, même une fois l'affaire close. - Lequel ? » s'étonna-t-elle.
Ce qui n'était qu'un simple sourire se transforma soudainement en une véritable mine réjouie et joyeuse. Apparemment, il avait enfin obtenu la réponse à cette mystérieuse question.
« Lorsque je t'avais croisée « il y a deux ans », je me suis rapidement rendu compte que tu semblais avoir comme une longueur d'avance sur moi et sur Luke. Même si tu nous avais épiés depuis le début de l'affaire – ou presque –, tu paraissais toujours en savoir plus, comme si tu savais tout dès le départ. »
La jeune lady n'était pas sûre de comprendre, aussi le laissa-t-elle continuer.
« Tu t'es retrouvée dans ton futur. La logique aurait affirmé que tu ne saches rien du déroulement des dix dernières années, ce qui n'était visiblement pas le cas ... La question était simplement de savoir où tu avais obtenu toutes ces informations sur ton futur. Eh bien, je crois maintenant que nous avons la réponse ! »
Les deux amis se mirent à rire chaleureusement. Décidément, ce n'était pas parce qu'une affaire était close qu'on avait forcément la réponse à tout la concernant ...
Ndla : Certains dialogues seront bien évidemment tirés du jeu Professeur Layton : le Destin perdu à partir du chapitre suivant. Sachez qu'ils ne seront modifiés en rien, et seront recopiés à la virgule près. Eh bien oui, il faut tout de même que cette fiction soit cohérente avec le jeu officiel, non ? 8D A suivre ~
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Dim 8 Juil - 15:26
Chapitre XXXVI – Le temps des horloges
Spoiler:
« La porte est verrouillée. Comment allons-nous faire pour entrer ? »
Le professeur Layton reconnaîtrait la voix de son apprenti entre mille. Il s'arrêta soudainement et se blottit contre le mur le plus proche, faisant signe à Claire de l'imiter. Celle-ci regarda les deux silhouettes visibles devant la porte de la boutique. Elles étaient de dos, mais elle comprit immédiatement leur identité.
« Alors, c'est ton « passé » ? murmura-t-elle. C'est incroyable comme il te ressemble... »
Son ami fit un léger sourire, pourtant bien plus nerveux qu'autre chose.
« Il n'y a rien de plus normal, c'est moi ... »
Il ne s'était toujours pas remis de l'idée qu'il se trouvât au même moment à deux endroits à la fois, et le fait de se savoir si près de lui-même lui donnait légèrement le tournis. La scientifique, elle, pensait à un problème tout autre. Elle ne semblait pas être si préoccupée par cette situation pourtant insoutenable pour son compagnon ...
« Quel est ton plan, Hershel ? Comment allons-nous nous rendre dans le soi-disant « Londres du futur » ? - Le seul moyen est de pénétrer dans la boutique. Il nous faudra trouver le meilleur moment pour entrer sans que qui que ce soit ne nous repère, et... Oh ? »
Il s'arrêta net dans son explication.
« Et voilà ! »
Un déclic silencieux s'était produit peu après ces rapides paroles de son apprenti, et la porte s'ouvrit sur le duo du passé. Le gentleman se rappela de l'énigme du symbole du temps, celle qui avait déverrouillé la boutique. Après que son alter-ego et le jeune adolescent furent entrés, il se décida à se rendre discrètement sur le pas de la porte, aussitôt suivi par Claire.
Alors qu'elle allait entrer, il lui fit signe de s'arrêter dans son geste. Si ses souvenirs étaient bons, il avait passé plusieurs minutes dans l'entrée et il était donc à éviter de pénétrer immédiatement dans le magasin. La porte ayant été refermée, il prêta un œil attentif à un coin de l'une des fenêtres et attendit de voir la silhouette de son passé déformée par le verre dépoli s'éloigner suffisamment dans la bâtisse pour se décider à les suivre, accompagné de la jeune lady.
« Toutes ces horloges ... En effet, c'est facile de faire le lien avec les voyages temporels ... » souffla-t-elle, comme hypnotisée par le cliquetis permanent des cadrans.
Son ami acquiesça distraitement d'un mouvement de tête. Cependant, il n'était pas rassuré pour autant. Le moindre geste imprévu et trop bruyant, et le groupe qui se trouvait à présent dans l'arrière-boutique arriverait et les découvrirait. Comme si elle avait pu deviner ses pensées, elle lui adressa un nouveau murmure.
« En principe, si tu ne te souviens pas t'être croisé toi-même, alors tu ne devrais pas avoir de problèmes avec ça. - Oui, après tout cela semble logique. Mais j'ai comme l'impression que j'ai oublié un détail ... »
Il se plongea une nouvelle fois dans une profonde réflexion, tentant de se souvenir de ce qu'il aurait pu omettre. La voix enjouée de Spyrale provenant de l'arrière-boutique le lui rappela.
« Je ne peux pas vous aider, mais il est possible que mon mari le puisse. Il n'est pas là pour l'instant, mais il ne va pas tarder à revenir. Faites donc le tour du magasin en attendant ! »
Foliot. Ce qui l'inquiétait n'était pas la visite de son passé dans la boutique, puisqu'il n'était pas retourné dans l'entrée où ils se trouvaient sur le moment. Non, son tracas était dû au fait que l'horloger était censé pénétrer dans la boutique ... En passant par cette pièce, évidemment. Le gentleman regarda furtivement par la fenêtre, espérant pouvoir sortir, puis rentrer à nouveau après le boutiquier. Espoir vain.
« Trop tard, il est juste dehors. »
C'était vrai. Le commerçant se rapprochait tranquillement du pas de la porte, loin de se douter du problème qu'il causait. Claire se laissa entraîner dans un coin de la pièce, et se cacha derrière un amas d'horloges aux côtés de son ami. Un cliquetis différent de celui généré par les mécaniques de la salle suivi d'un mouvement de la poignée de la porte retentit, et le vieil homme apparut dans le cadre. Il prit son tablier blanc sur un porte-manteau qui se trouvait sur le mur opposé, l'enfila distraitement puis s'éloigna dans l'arrière-boutique sans adresser un seul regard à la cachette du duo. Les deux amis soupirèrent silencieusement, soulagés.
« Nous avons eu chaud ... » murmura la scientifique, encore légèrement tremblante.
Le professeur d'archéologie, lui, fronça les sourcils. Il n'était visiblement pas réjoui pour autant.
« Peut-être, mais je te conseille de t'accrocher. Le « voyage temporel » s'effectuera bientôt. »
Elle crut ne pas bien comprendre sur le moment et se contenta d'obéir, remarquant que son interlocuteur faisait de même. Une longue discussion s'engagea dans la pièce voisine, mais aucun des deux n'y prit véritablement garde. Une bonne partie de la conversation était de toute manière inaudible pour eux, aussi se contentèrent-ils d'attendre.
L'immense horloge du fond allait démarrer une fois remise en route. Claire se cramponna au professeur Layton, qui l'entoura de l'un de ses bras, attrapant la poignée de la porte d'entrée de l'autre. C'était le seul objet qui parût stable, et il ne regretta pas son geste. Le magasin entier trembla soudainement, et un bruit assourdissant provenant de l'arrière-boutique se fit entendre. La jeune scientifique ferma les yeux et resserra son emprise, si bien qu'il n'aurait pas été étonnant que le gentleman s'étouffât. Celui-ci s'accrochait comme il pouvait à la porte, tentant de garder l'équilibre.
Ils pouvaient tous deux distinguer parfaitement les cris de surprise du duo provenant du passé. Eux ne s'étaient pas du tout attendus à cette réaction du cadran et n'avaient donc pas prévu de se tenir à quoi que ce fût de fixe. Ils profitaient particulièrement bien des secousses.
Dès que le bruit cessa, l'archéologue saisit le bras de son amie à la fois doucement et fermement avant de l'entraîner hors de l'horlogerie. Il prit la peine de refermer la porte silencieusement, – se souvenant l'avoir trouvée dans cet état deux ans précédemment –, puis le groupe se dirigea vers une des ruelles les plus proches, sortant de Midland road avant d'être vus.
Contrairement à l'homme au haut-de-forme qui gardait ses yeux rivés sur la porte lointaine du magasin, Claire porta son regard sur son environnement. Londres était méconnaissable, et les étranges machines en tous genres pullulaient. Etant données les circonstances, elle aurait volontiers cru à un voyage dans le futur si elle ignorait qu'elle et le professeur étaient incapables de changer d'époque pour le moment. Et s'il ne lui avait pas raconté ce qu'il se passait réellement.
« Ce n'est pas étonnant que tu te sois laissé berner. C'est vraiment un décor pour le moins ... futuriste. - Oui. Cela a dû demander un travail titanesque de bâtir une telle réplique de Londres. - Hershel, je crois que tu sors de la boutique. »
L'intéressé prit plusieurs secondes pour comprendre, mais se ressaisit rapidement. Décidément, il ne s'était toujours pas remis de cette étrange situation. Le duo s'enfonça de plus belle dans l'obscure venelle afin de ne pas se faire repérer. La scientifique avait vu juste, car deux silhouettes abasourdies étaient sur le pas de la porte de l'horlogerie, à se demander ce qu'il s'était produit.
« Tu en es vraiment sûr, Luke ? - Absolument certain. Je m'en souviendrai longtemps, je peux te jurer que nous l'avons vue pendant l'enquête. Elle nous a même beaucoup aidés, tu sais ! - Et le professeur ? » répliqua Emmy.
N'ayant pas été présente lors de l'affaire, elle ne connaissait pas du tout son déroulement exact, et de nombreux détails demeuraient encore obscurs pour elle.
« Non, répondit Flora. Nous avons vu Claire, mais il n'y a eu qu'un seul et unique professeur ... - J'espère qu'il saura rester discret. » murmura gravement Sandra, inquiète.
Gabrielle sauta de sa tête pour se poser sur le bureau avant de produire de petits cris aigus. Elle voulait visiblement dire quelque chose, aussi le groupe entier se tourna immédiatement vers Luke, comme par réflexe.
« Elle propose que Zorua les accompagne, mais je doute que... - C'est une possibilité, coupa Matthieu en réajustant ses lunettes. Il maîtrise ses illusions à merveille, il peut les aider à passer inaperçus ... en particulier le professeur. »
L'adolescente du futur ouvrit la poké ball du pokémon en question avec un sourire soudain, et tous lui expliquèrent brièvement la situation. Le petit renard gris sembla réfléchir puis accepta.
« Évite bien entendu de te montrer sous ta vraie forme, conseilla l'assistante du gentleman. Vu le chaos que cela peut engendrer ... - Faites-lui confiance, répliqua la jeune fille. Il saura se débrouiller. »
Elle pianota quelques touches sur le clavier de la machine, les yeux rivés sur l'écran. Elle se tourna ensuite vers la petite créature pour lui donner les dernières instructions.
« En principe, tu te retrouveras directement dans la fameuse « ville souterraine », dans une petite ruelle à deux pas d'une horlogerie. Essaie de trouver le professeur... - Mais pas celui qui sera avec moi ! » coupa Luke en riant.
Il acquiesça puis se dirigea vers le mur qui allait l'envoyer dans le passé. Sandra le stoppa une dernière fois.
« Au fait, n'oublie pas l'endroit où tu vas déboucher, sinon tu ne pourras pas rentrer ! »
Zorua esquissa un sourire imperceptiblement fier avant de traverser le mur d'un seul bond.
« Si je ne me trompe pas, nous nous retrouverons dans un parc de l'autre côté de cette porte ... »
Le gentleman poussa le lourd portail de bois qu'il venait de mentionner sans aucun soucis dans un grincement inaudible. Claire crut le voir surpris, en train de faire un léger sursaut à peine perceptible, mais se résigna à l'idée qu'elle avait dû se tromper. Son ami lui tint la porte, elle le suivit. En effet, il ne s'était pas trompé ; un parc presque désert se trouvait là. La jeune scientifique commença à s'éloigner vers un observatoire qui se trouvait en plein milieu lorsqu'elle se rendit compte que le professeur d'archéologie était resté près de la porte, semblant en trafiquer la serrure.
« Hershel, que fais-tu ? »
Pour toute réponse, l'homme sourit. Un sourire qui montrait qu'il avait compris quelque chose, une fois de plus.
« Lorsque j'avais tenté d'ouvrir cette porte « deux ans plus tôt », j'y avais trouvé une énigme. Or, il n'y en avait aucune cette fois ... »
Elle crut comprendre.
« Tu veux dire que... »
Il lui adressa un rapide regard malicieux avant de retourner à son travail, toujours le sourire aux lèvres.
« Oui, je pense qu'il vaut mieux que je la mette moi-même. »
La jeune lady esquissa un sourire, profitant de la situation pour réchauffer l'atmosphère fraîche du mois de décembre avec quelques petites taquineries.
« Eh bien, j'espère que tu n'as pas eu trop de problèmes pour celle-ci ! Quel spécialiste d'énigmes serait capable de se tromper pour une énigme qu'il a inventée lui-même ? - Il faut avouer en effet qu'elle ne m'avait pas posé énormément de problèmes, Claire. Ce fut à Clive de la résoudre. »
Elle marqua une pause en faisant une moue légèrement déçue.
« Oh, c'est dommage. Tu viens de manquer une occasion de résoudre une énigme que tu t'es posée à toi-même ! »
Les deux amis éclatèrent de rire, mais le gentleman proposa de reprendre la route vers le fameux observatoire, puisqu'il avait terminé de placer son verrou. La jeune adulte ne se fit pas prier et le suivit, admirant la superbe vue qu'il donnait sur l'ensemble du quartier.
« Si tu n'arrives pas à te garder à l'œil d'ici, reprit celle-ci sur le ton de la plaisanterie, c'est vraiment que tu devras te mettre aux lunettes toi aussi ! »
L'homme au haut-de-forme se contenta de hausser légèrement les épaules.
« Regarde, ils sont là-bas ... - Oui, approuva-t-elle, et on dirait qu'ils parlent à une sorte de facteur ... - Tournay, répliqua-t-il. Il leur donne une lettre de Clive, qui va leur demander de se rendre à Auckland lane. »
La scientifique comprit alors le scepticisme de son ami.
« C'est vrai que nous allons les perdre de vue, dans ce cas ... - Certainement. La visite a duré un peu moins d'une heure, si je ne me trompe pas. - Nous avons donc environ une heure devant nous à ne rien faire ... » déduisit-elle.
Le professeur d'archéologie hocha négativement la tête. Visiblement, il savait que faire durant cette heure libre, aussi son amie lui présenta-t-elle un regard interrogateur.
« Nous devons nous organiser afin de ne pas nous faire repérer plus que nécessaire. Cette heure arrive exactement au bon moment, nous avons tout notre temps pour y réfléchir ! »
Comme pour confirmer ses dires, il sortit de sa veste un stylo à plume et un calepin. Cependant, un autre, déjà complet et légèrement abîmé par l'usure tomba en même temps. Claire le ramassa sans hésitation et lui rendit, profitant de l'occasion pour le réprimander avec humour.
« Tu devrais ranger tes affaires plus souvent, Hershel. Visiblement, ces notes ne datent pas d'hier. »
L'archéologue acquiesça distraitement en prenant le carnet en question. Cependant, il ne le rangea pas, se contentant d'écarquiller les yeux, joyeusement étonné.
« Ça par exemple ! Ce sont mes notes de cette affaire ! »
Bien que cela ne parût pas aussitôt évident, Claire comprit immédiatement qu'il parlait de la fameuse affaire des pseudo-voyages temporels. Celle que son alter-ego était justement en train d'élucider ...
« Tu parles de celle-là ? Tu veux dire que ce carnet a traîné dans ta veste pendant deux ans ? » plaisanta-t-elle.
Le détective étouffa un rire amusé.
« Bien sûr que non ! J'ai juste oublié que je l'avais pris ce matin pour réfléchir au moyen de te sauver, puisqu'il parle aussi de toi ... - Tu parles d'une coïncidence ! rit-elle. Nous avons là un moyen de connaître tes faits et gestes sans même t'espionner ! Tout est écrit ! - Oui, cela risque de nous aider ... »
Ils esquissèrent tous deux un même sourire satisfait. Finalement, l'imprévu pouvait facilement se réparer désormais ...
Une heure plus tard, Flatstone street
« Regardez cet oiseau dans le ciel, Professeur ! Quel superbe plumage ! - Ce n'est pas un oiseau que l'on voit souvent sous nos latitudes, mon garçon. C'est un perroquet. Je me demande comment il s'est retrouvé ici. »
Zorua baissa un regard intrigué vers le duo qui venait de lui présenter ces remarques flatteuses, et se posa sur le haut d'un lampadaire proche. De toute manière, il avait besoin de se reposer légèrement, aussi pouvait-il s'amuser de voir ce que le jeune adolescent et le professeur d'archéologie pouvaient bien rajouter à son égard. Voler était décidément une épreuve bien éprouvante, et le petit pokémon se demandait bien comment les volatiles pouvaient le faire à longueur de journée. L'apprenti reprit joyeusement :
« Posons-lui la question ! Hé bonjour, monsieur le perroquet ! Puis-je vous demander d'où vous venez ? »
Il s'envola aussitôt. Il valait mieux pour lui qu'ils ne sachent rien de sa véritable origine s'il voulait continuer de cacher sa véritable identité. Il avait croisé un perroquet par hasard et trouvé amusant de l'imiter, tout simplement. Mais cela, il n'allait tout de même pas le raconter au duo du passé ...
Une seule affaire à la fois leur suffisait largement. Ils n'avaient pas besoin de connaître les détails de celle qu'ils auraient à résoudre deux années plus tard.
Il s'éloigna à tire d'ailes, déçu que sa pause fût aussi courte.
« Haha, tu as peut-être fait preuve d'un peu trop d'enthousiasme, mon garçon. Tu l'as effrayé. - Oh. J'essayais simplement d'être gentil ... »
Luke fit la moue, mais se retourna dans la direction opposée. Ils avaient un rendez-vous au casino, ils avaient tout intérêt à ne pas le manquer. Reprenant son sérieux, il accéléra le rythme durant quelques pas afin de rattraper son mentor, qui avait déjà tourné les talons.
Dernière édition par Andrea Heart le Lun 9 Juil - 15:04, édité 1 fois
Invité Invité
Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 9 Juil - 13:53
Continue comme ça ...Désolée de pas pouvoir t'aider ...
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 9 Juil - 15:02
OSCOOOOOOOOOOOUR !!!! °O°' J'ai posté le chapitre XXXIX avant le XXXVI, XXXVII et XXXVIII !!! ><'
Je corrige ! %D
Invité Invité
Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 9 Juil - 17:41
Pas grave xD j'avais pas vu ...
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mar 10 Juil - 15:07
Tu ... Tu n'as pas lu ce chapitre-là, quand même ... si ? Bon, ben vala la suite, sinon. Le bon chapitre, cette fois ! xD
Chapitre XXXVII – Chassé-croisé
Spoiler:
« Hershel ? Hershel, où es-tu ? Oh non ... »
Ils avaient dû se séparer alors qu'ils étaient dans la foule particulièrement massive de Flatstone Street, et ce n'était pas une nouvelle particulièrement bonne. Même si le professeur d'archéologie lui avait détaillé en grande partie l'affaire que son alter-ego était en train d'élucider, il lui restait tout de même plusieurs détails qui lui manquaient et qui auraient pu lui être utiles. D'après ce qu'elle avait reçu comme explications, le gentleman et le Luke du passé devaient s'être rendus dans un hôpital d'Auckland lane, où ils allaient rencontrer Paul déguisé en un docteur Schrader plus vieux de vingt – non, dix – ans.
Ils en étaient forcément sortis depuis un moment. La visite avait duré environ une heure d'après les souvenirs de son ami, par conséquent ils devaient sur le moment se trouver quelque part dans le quartier, après avoir repris le métro. Claire sortit la montre qu'elle avait reçue la veille – non, il y a dix ans – de la part de l'homme, mais elle fronça les sourcils. Visiblement, le petit engin s'était tout bonnement arrêté, puisque les aiguilles étaient restées sur les une heure de l'après-midi.
L'heure de cette fameuse expérience, comme par hasard. Cela devait être lié au champ magnétique de la machine, qui l'avait tout simplement rendue folle.
Une montre toute neuve ...
« Me voilà bien avancée. » grogna-t-elle entre ses dents, tout en rangeant distraitement le présent de son ami dans sa veste.
Tant pis pour l'heure. Le duo du passé devait donc avoir trouvé une autre destination, un casino d'après une nouvelle lettre du soi-disant Luke du futur qu'ils avaient trouvé là-bas. Clive semblait apprécier les jeux de pistes ...
« Je devrais m'y rendre. Si Hershel a décidé de se suivre, alors je devrais faire de même ... » songea-t-elle en fronçant les sourcils.
Cependant, encore fallait-il savoir où se trouvait ce casino, puisqu'il n'y en avait jamais eu dans ce quartier de Londres qu'elle reconnaissait à peine. Décidément, elle était bel et bien perdue ...
Une silhouette étrangement plus grande que les autres qu'elle aperçut la sortit de ses réflexions. En regardant plus attentivement, elle reconnut le haut-de-forme de son ami malgré le monde, et celui-ci semblait se diriger dans sa direction. Heureux hasard, elle n'aurait pas besoin de le courser pour le rattraper. Elle se remit en marche vers lui, soulagée. Ils devraient se croiser au bout de quelques secondes ...
La foule se dissipa, le faisant apparaître en entier. C'était bien lui. Cependant, la scientifique remarqua soudainement avec effroi l'adolescent en pull bleu qui l'accompagnait.
Il s'agissait du passé. Celui qu'elle avait décidé de ne pas croiser. Celui qu'elle ne devait pas croiser ...
Ce n'était pas le bon, mais il était trop tard pour reculer. Tant pis, elle enfonça son chapeau et continua à marcher tête baissée, tentant de garder un rythme de marche à peu près normal. Avec un peu de chance, il ne la reconnaîtrait pas. Il fallait juste qu'elle parût naturelle, pour ne pas se faire remarquer ... Elle s'efforça de ne pas le regarder, comme se disant à elle-même qu'elle ne le connaissait pas. Elle n'était pas cette personne qui était morte il y a dix ans. C'était une erreur. C'était forcément une erreur ... rien qu'une erreur ...
Raté.
Non, il ne l'avait jamais oubliée, il la connaissait bien trop pour ne pas la reconnaître. Le gentleman sursauta et demeura le regard abasourdi dans le vague durant plusieurs secondes avant de se retourner précipitamment vers elle, complètement déboussolé. Mais la scientifique devait faire semblant qu'il se trompait et ne se retourna pas. Il se trompait forcément. Il devait se tromper ... Forcément ...
Elle continua sa marche en tentant de ne pas être trop rapide – et donc paraître inéluctablement suspecte –, apparemment détendue. Même si son esprit en était tout autre.
Elle n'avait pas encore le courage de lui raconter, et elle ignorait si elle devait le faire. Aussi préféra-t-elle s'éloigner ainsi, les yeux noyés dans le lointain et l'anxiété. De toute manière, il saurait bien un jour, et puis l'affaire qu'il était en train de résoudre lui donnait déjà assez de fil à retordre ... Elle n'allait pas rajouter de la difficulté en entremêlant des détails d'une affaire qu'il devrait résoudre deux ans plus tard.
C'était déjà assez complexe comme cela.
Enfin elle atteignit un croisement, qu'elle prit sans hésitation. Enfin elle sortit du champ de vision du duo du passé ... Elle sentit son cœur battre à un rythme rapide et fort, comme s'il s'était arrêté durant ces derniers instants et désirait rattraper ses coups perdus. Elle s'adossa au mur, soupirant longuement et silencieusement.
Le jeune adolescent – qui ne s'était jusqu'alors rendu compte de rien – se retourna vers son mentor, remarquant qu'il s'était arrêté dans sa marche. Etonné, il marmonna innocemment :
« Mmh ? Professeur ? »
L'archéologue reconnut parmi la foule la silhouette de son amie. Elle s'éloignait de lui, mais il n'avait qu'à l'appeler pour qu'elle se rendît compte de sa présence dans la petite venelle où il se cachait. Cependant, une discussion qu'il entendit retint son geste à temps pour qu'il ne se fît pas remarquer.
« Professeur ? Professeur, vous vous sentez bien ? Vous avez l'air un peu étourdi. »
Pendant une fraction de seconde, le gentleman eut l'envie de répondre à cet appel, oubliant qu'il n'était pas réellement le destinataire de cette question. De toute manière, un homme qu'il ne connaissait que trop bien répondit à sa place l'instant d'après. D'un ton hésitant, montrant qu'il était encore en grande partie dans ses pensées.
« Je ... Je vais bien, Luke. J'ai cru voir quelque chose, mais mes yeux ont dû me jouer un tour. - Est-ce en rapport avec la dame que nous venons de croiser ? »
Même s'il ne voyait pas son alter-ego directement – et que, il s'en rassurait intérieurement, la situation était réciproque –, il put parfaitement ressentir son hésitation.
« Hmm ... C'est sûrement sans importance. Elle me rappelle quelqu'un que je connaissais ... »
Le duo s'éloigna vers le casino. L'homme au haut-de-forme avait bien fait de ne pas se manifester, car son passé se trouvait juste de l'autre côté du coin de mur. Il dut se contenter de regarder son amie s'éloigner sans pouvoir la prévenir de sa localisation. Il s'était bloqué lui-même, sans même le savoir.
« Ce n'est pas tout de suite que je pourrai la retrouver ... » songea-t-il, dépité.
Il s'apprêtait à suivre discrètement le groupe du passé lorsqu'il entendit un léger bruit derrière lui et sursauta légèrement. Il se retourna tout naturellement mais ne vit qu'un perroquet qui lui sembla familier. Ne s'agissait-il pas de celui que Luke avait rencontré lors de cette affaire, deux ans plus tôt ?
Le perroquet le fixait de ses profonds yeux noirs et pleins de mystère. Il n'y avait aucun doute à avoir, il lui voulait quelque chose. Le gentleman se baissa lentement, sans le quitter des yeux. Le volatile s'approcha d'un air à son aise avant de relever son regard vers l'homme. Soudainement, il crut entendre une voix résonner dans sa tête, lui soufflant un simple mot.
« Zorua. »
Il soubresauta légèrement, comme s'il doutait que ce fût le petit oiseau vert qui l'avait prononcé, mais cependant plus surpris par le mot entendu que par autre chose. Il répéta bêtement dans un murmure les deux syllabes qu'il venait d'entendre, comme s'il n'avait pas compris leur signification.
Le volatile se mit à luire aussitôt, d'une lumière écarlate. Lorsque la lueur s'évanouit, l'étrange oiseau avait disparu. A la place, un petit renard gris lui souriait malicieusement. Le professeur Layton lui rendit son sourire.
« Décidément, tu maîtrises tes illusions à merveille, Zorua ! » murmura-t-il en caressant doucement la tête du pokémon.
Il sembla réfléchir, puis lui ajouta :
« Au fait, il m'a semblé que tu avais parlé. Je me trompe ? »
La petite créature hocha négativement la tête. L'étrange voix qui s'était fait entendre résonna à nouveau.
« Non. Télépathie. »
Il acquiesça d'un mouvement de tête.
« Nous pouvons donc communiquer ainsi ? »
Le petit renard baissa très légèrement le regard, légèrement embarrassé.
« Un peu. Pas beaucoup. »
L'archéologue se réjouit tout de même à l'idée qu'il pouvait tout de même comprendre plus ou moins celui qui l'accompagnait. Il sembla réfléchir quelques instants supplémentaires, puis reprit la parole.
« Zorua, sais-tu qui est Claire ? »
Le pokémon déguisé acquiesça aussitôt avec une mine qui laissait paraître que la réponse était évidente. Bien sûr qu'il savait, pourquoi aurait-il accepté de se rendre dans une réplique de Londres soi-disant futuriste s'il ne savait même pas pourquoi ?
« Le problème est que nous avons été séparés par la foule, et il vaudrait mieux que nous puissions nous retrouver rapidement ... »
La créature fit mine de s'envoler. Le gentleman crut comprendre ce qu'il voulait dire.
« Tu proposes de la chercher ? C'est plus pratique en effet de repérer les gens lorsqu'on a une vue de hauteur ... Mais pourrais-tu aussi lui transférer un message ? »
Zorua aurait aimé esquisser un sourire mystérieux comme à son habitude, mais ce fut difficile à cause de son bec, aussi se contenta-t-il cette fois de hocher la tête. Le professeur Layton sortit un carnet et un crayon, griffonna quelques phrases rapides sur une nouvelle page avant de l'arracher soigneusement et de la confier à l'oiseau. Il prit son envol immédiatement, partant à la recherche de la jeune scientifique. L'adulte rajusta son chapeau.
« Claire a sûrement décidé de se rendre au casino. Après tout, c'est ma prochaine destination ... »
« Je suppose qu'il ne me reste plus qu'à me rendre au casino. Cependant, où est-il ? »
La jeune lady errait dans Flatstone street sans pour autant réussir à trouver l'établissement qu'elle recherchait. Elle regretta de ne pas avoir suivi le professeur Layton du passé, qui lui en connaissait visiblement l'adresse. Elle continuait de marcher, regardant autour d'elle et espérant finir par apercevoir un bâtiment qui y ressemblerait. La scientifique sursauta soudainement et fixa ce qui venait de l'arrêter. Un petit perroquet était passé devant elle à seulement quelques pouces de son visage, et s'était maintenant posé sur le sol, juste à côté d'elle. Il tenait une feuille enroulée sur elle-même dans son bec et semblait vouloir lui présenter. Il la fixait de ses profonds yeux noirs, d'un regard insistant.
« Que ... C'est pour moi ? » murmura-t-elle, abasourdie et sans y croire. Etait-ce une hallucination ?
Elle se baissa lentement et prit timidement le message, l'oiseau se laissa faire. Non, c'était bien réel. Si c'était une hallucination, elle n'aurait pu le toucher. Elle le déroula, il ne bougea pas et se contenta de la dévorer du regard. Elle lut ; il sembla lire le texte dans ses yeux. Le professeur Layton lui donnait rendez-vous devant le fameux casino, et avait bien fait de préciser l'adresse exacte. Pourquoi pas à l'intérieur ? Peut-être parce que son passé était entré, et qu'il voulait – ce qui était tout-à-fait compréhensible – éviter toute rencontre avec lui.
« Mais ça ne me dit toujours pas comment il a pu se servir d'un perroquet pour transmettre ce message ... » dit-elle pour elle-même, tout en tournant son regard vers le volatile en question.
Celui-ci parut sursauter et s'envola précipitamment, s'éloignant dans le ciel. Claire le regarda, puis se décida à suivre les indications données par son ami. Après tout, il pourrait mieux s'expliquer en face d'elle ...
« Venez voir, vite ! »
Quatre personnes arrivèrent en trombe dans la cave où l'adolescente du futur venait de les appeler. Celle-ci ne souriait pas, montrant au contraire un air grave, ce qui laissait penser que sa découverte n'était probablement pas très réjouissante.
« Que se passe-t-il ? » demanda Emmy, légèrement inquiète.
Pour toute réponse, Sandra présenta l'écran de la machine à voyager dans le temps, ainsi qu'une pile de vieilles feuilles désordonnées et légèrement jaunies par le temps.
« C'est difficile de comprendre tout ce que la machine a trouvé en décodant les plans de celle de votre époque, mais j'ai tenté d'en savoir plus sur le problème qui l'empêchait de fonctionner correctement. - Et alors ? s'empressa de répliquer Luke, intéressé et angoissé à la fois. Qu'est-ce qu'elle a trouvé, la machine ? »
La jeune fille tourna encore une fois sa tête vers l'écran, qui contenait une liste de données dans tous les sens. C'était un texte écrit en anglais, mais les termes scientifiques et les équations en tous genres étaient tellement présents que la question de la langue pouvait aisément se poser.
« Comme tu l'avais dit, Luke, la machine était défaillante et ne permet qu'un « aller-retour », plutôt compliqué. Le professeur et Claire ont fait l'aller, mais ils ne tarderont pas à devoir faire le retour. - Et ils retourneront alors au moment juste avant l'explosion, si j'ai bien compris ? » déduisit Flora.
Sandra acquiesça en fronçant les sourcils, l'air sérieux, sans pour autant lui prêter le moindre regard.
« Exact. Mais si le retour ne se fait pas immédiatement, – comme c'est le cas ici –, il semblerait qu'il y ait des complications ... - Quel genre de complications ? » reprit Matthieu, imperceptiblement troublé malgré son ton totalement neutre.
La jeune fille aux lunettes ne répondit pas. Ses yeux dansant sur le moniteur de l'ordinateur titanesque laissaient penser qu'elle recherchait à nouveau les termes exacts. Elle devait être certaine qu'elle ne s'était pas trompée. Malheureusement, il n'y avait pas d'erreur. Elle se mordit la lèvre.
« Disons que... il peut se produire des sortes de symptômes plutôt étranges ... - Qu'est-ce que tu entends par là ? s'exclama l'apprenti. Qu'est-ce qu'il va arriver au professeur ? »
Elle marqua une seconde pause, son regard baissa, devenant inquiet.
« C'est trop tôt pour le dire. Le seul moyen de le savoir est d'attendre que cela leur arrive. - Ce n'est pas trop grave, au moins ! » prononça précipitamment l'adolescente, comme pour s'en convaincre.
Nouvelle pause tendue, plus longue encore. Finalement, elle répliqua nerveusement :
« A mon avis, le plus grand risque est le fait qu'ils se fassent remarquer. Mais on ne sait jamais ce qui peut arriver ... »
19 décembre 1973 – Dix-neuf heures trente
« Qu'est-ce que ... »
Zorua se retourna vers le professeur et retint de justesse un piaillement abasourdi. Son compagnon luisait d'une lumière blanche, fantomatique, et tremblait légèrement. Il se retenait d'une main au mur le plus proche afin de ne pas tomber lourdement sur le sol, se tenant fermement la tête de l'autre. Signe qu'il était pris d'un mal de tête soudain et douloureux.
Le pokémon reprit sa véritable apparence, et ses yeux se mirent à luire d'une faible lumière bleue. Le gentleman ressentit soudainement comme une force mystérieuse et invisible qui l'aidait à se maintenir debout. Il se souvint alors de ce qu'il était arrivé au « nostenfer » à Dublin, et crut comprendre.
« Cela s'appelle psyko, si je ne me trompe pas ? »
La créature acquiesça distraitement, préférant continuer de soutenir son compagnon plutôt que de lui répondre.
« Merci ... »
Ces paroles murmurées montraient que l'homme luttait activement contre l'inconscience et la fatigue. Le petit renard gris ne pouvait malheureusement rien faire de plus et se contenta de veiller sur lui en attendant que ses vertiges le quittent. Au bout de plusieurs longues minutes, l'archéologue remarqua que l'étrange lueur s'était éteinte. Il s'appuya contre le mur, se redressa doucement et tituba quelques instants, mais ses forces l'avaient regagné. Tous ses problèmes mystérieux étaient partis de même qu'ils étaient venus.
« Claire avait des symptômes semblables juste avant de retourner à son époque, il y a deux ans ... Serait-ce lié à la machine ? » murmura-t-il pour lui-même, mais également afin que son compagnon l'entendît également.
Il marqua une pause, la créature se décida à reproduire son illusion et à reprendre son apparence de petit perroquet vert pomme. Son compagnon pouvait à nouveau se débrouiller, et il n'avait plus qu'à ne pas se faire remarquer. Le hasard avait heureusement fait que ce phénomène se produisît dans une ruelle abandonnée, aussi Zorua fût-il le seul spectateur d'un tel événement. Soudainement, le professeur d'archéologie reprit, d'un ton particulièrement anxieux.
« Dans ce cas, aurait-elle le même problème ? »
C'était malheureusement logique. Il se tourna précipitamment vers le minuscule volatile, tentant de garder son sang-froid malgré son angoisse.
« Nous devons la rejoindre. Vite ! »
« Ouah, alors c'est ça, le casino ? - Je pense qu'il s'agit en effet de l'établissement que nous cherchons. - J'ai hâte de le voir de plus près ! »
Claire s'était cachée derrière l'immense fontaine, espérant ne pas s'y faire remarquer. Le duo qu'elle avait croisé une petite vingtaine de minutes précédemment était également arrivé à destination, et elle avait cru bon de le suivre discrètement après avoir fait un petit détour.
Soudainement, la jeune scientifique se sentit prise de vertiges et s'assit lourdement – mais silencieusement – sur le rebord de la fontaine, tenant sa tête entre ses mains. Elle retint un cri de surprise ; elle et ses vêtements brillaient légèrement. Elle laissa s'échapper un faible murmure, terrifiée.
« Mais qu'est-ce qui se passe ? »
Sa tête lui tournait de plus en plus, sa vision devenait de plus en plus floue. Elle se sentit tomber lentement. Sa courte chute parut pourtant durer des siècles entiers. Ses paupières se refermèrent alors qu'elle s'évanouissait, aussi ne distingua-t-elle pas la sombre silhouette qui se rapprochait d'elle, abasourdie.
« Claire ? »
A suivre ~
Invité Invité
Sujet: Re: Fan Fiction ? Mer 11 Juil - 13:59
Juste une question ...Tu pourrais faire un post où tu mettrais tous tes chapitres les uns apres les autres ???
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
Feuille de personnage Âge: 7 Picarats: 140 Pièces SOS:
Sujet: Re: Fan Fiction ? Mer 11 Juil - 15:03
Désolée, mais non. Tout simplement parce que ce serait trop long, et que le post a une limite de longueur ! %D
Andréa Heart
Messages : 996 Date d'inscription : 21/04/2012 Age : 26 Localisation : Quarante-deux.
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Sam 14 Juil - 22:42
Suite ! Juste parce que c'est la veille de mon départ ! ^^'
Chapitre XXXVIII – Alter-ego ?
Spoiler:
Londres, Casino de Flatstone street
« Oh non, que s'est-il passé ? »
Le professeur Layton et Zorua étaient arrivés sur la place devant le bâtiment luxueusement brillant.
« Tu lui as bien donné la lettre qui lui donnait rendez-vous ici, Zorua ? »
Le pokémon acquiesça gravement. En principe, la jeune scientifique devait se trouver quelque part sur la place, à les attendre. Elle était forcément arrivée, puisqu'ils trouvèrent son chapeau blanc, tombé à terre au pied de la fontaine.
« Soyons rationnels. Elle n'a pas pu disparaître ainsi ... »
Le pseudo-perroquet hocha la tête avant de regarder les alentours. Ne remarquant aucun observateur indésirable, il reprit sa véritable apparence avant de renifler le couvre-chef, puis l'air qui l'entourait. Le gentleman demeura silencieux, ne sachant que faire. Soudainement, le renard gris s'arrêta et se transforma à nouveau en oiseau avant de s'élancer dans le ciel obscur du crépuscule. Laissant le pauvre homme en bas, qui le perdit rapidement de vue. Celui-ci songea pendant un instant à le suivre, mais cet espoir fut vain. Il était trop rapide.
« Espérons qu'il puisse se débrouiller ... »
Il se retourna soudainement vers le bâtiment lumineux qui dominait la place. Des hurlements à peine voilés par les portes fermées venaient de retentir. Le premier seul, les autres à l'unisson peu après.
« Rattrapez-les ! »
Le gentleman préféra retourner dans Flatstone street tandis que des grondements se faisaient entendre dans la bâtisse juste dans son dos. Et il eut raison : quelques minutes plus tard, un trio s'éloignait à petites foulées dans la même direction, fuyant les gangsters du Clan toujours à leur recherche ...
20 décembre 1973
Ce fut par un étrange vrombissement pourtant presque muet qu'elle finit par entendre qu'elle se réveilla. Avant même d'ouvrir les yeux, Claire sut dès son douloureux éveil qu'elle ne se trouvait plus au pied de la fontaine du casino où elle s'était évanouie dans d'étranges circonstances. La pierre ne pouvait être si douce et confortable. Visiblement, quelqu'un l'avait allongée sur un matelas. Après l'avoir conduite jusqu'à sa résidence, peut-être ... Mais cela n'expliquait toujours pas l'origine de ce bourdonnement, qui lui était légèrement familier ...
La jeune scientifique préféra poser sa main sur son front plutôt que d'utiliser son regard afin de voir ce qui s'y trouvait. En effet, elle ressentait comme une douce fraîcheur qui émanait de quelque chose qui y avait été déposé avec soin.
Un petit drap humidifié.
Enfin elle se décida à se servir de sa vue. Ses paupières tremblèrent quelques courtes secondes avec légèreté et lourdeur à la fois, et finalement elle put dévisager le plafond blindé et sombre qui surplombait la salle dans laquelle elle se trouvait.
Elle retira maladroitement le petit tissu blanc encore frais et humide, puis se releva doucement à l'aide de ses bras. A première vue, elle se trouvait dans un laboratoire. Le vrombissement inlassablement incessant était dû à toutes ces nombreuses machines qui l'entouraient. Mais où se trouvait-elle, au juste ?
« Oh, tu es enfin réveillée, Claire ... »
La jeune lady sursauta distraitement avant de se tourner vers sa gauche. Un scientifique qui devait approcher la cinquantaine d'années sans pour autant l'atteindre la regardait et était visiblement l'origine de ces paroles. Il lui fallut quelques longues secondes de silence abasourdi pour le reconnaître. En dix ans, il avait bien changé ... Mais il fallait se rendre à l'évidence : elle se trouvait face à son ancien partenaire de recherches, Dimitri Allen. Voilà donc la raison pour laquelle il connaissait son nom ...
Claire se souvint alors de ce que le professeur Layton lui avait conté du déroulement de l'affaire que son alter-ego était en train de résoudre. Aucun détail concernant ce qu'il se produisait sur le moment n'avait été dit.
« Cela ne devait pas se passer comme ça ! » songea-t-elle soudainement, le regard horrifié dans le vide.
Encore en grande partie endormie, ce fut sa première pensée. Mais, après réflexion, son ami ne pouvait se rappeler que ce qu'il avait vécu. Or, il était manifestement absent. Qu'il s'agît du futur ou du passé. Peut-être était-ce prévu, finalement ...
Cependant, comment pouvait-elle savoir ce qu'elle devait faire, dans ce cas ?
Elle n'avait plus le choix. Elle devait se servir de ce qu'elle savait pour essayer de le deviner. Il fallait improviser.
« Je ... Vous devez faire erreur ... En réalité, je suis Céleste, sa petite sœur ... J'enquête sur les circonstances de sa mort ... »
Se faire passer pour une autre personne fut sa première idée, et elle aurait pu s'en sortir sans encombre puis retrouver le professeur d'archéologie. En principe, cela avait fonctionné – cela devait fonctionner quelques heures après – pour l'archéologue. Pourquoi est-ce que cela ne fonctionnerait pas pour lui ?
Malheureusement, la tentative était perdue d'avance.
« Eh bien, ironisa l'homme d'un ton faussement dupe, cela doit être difficile de vivre avec cette instabilité moléculaire ... Vous êtes ainsi depuis votre naissance ? »
Elle se mordit la lèvre. On ne pouvait tromper ainsi un scientifique sur sa spécialité. Et apparemment, il avait eu le temps d'étudier tout ceci en détail durant son inconscience ...
« Claire, ne sois pas ridicule. Tu sais aussi bien que moi que tu n'as jamais eu de sœur. »
Il se retourna soudainement vers la machine qui se trouvait derrière lui. La mécanique avait émis un petit bourdonnement plus fort que les autres, signe qu'elle avait terminé l'impression d'une longue feuille blanche parsemée de noir d'encre. De nouveaux résultats concernant cette instabilité moléculaire ? Peu importait, le scientifique se contenta de froncer gravement les sourcils en murmurant des « Ce n'est pas possible ... » inquiets tandis qu'il lisait. La scientifique se leva et s'approcha de lui, ne sachant que faire d'autre.
« Il y a un problème, Dimitri ? »
Il sursauta. Il venait apparemment de comprendre quelque chose.
« Claire ... As-tu une idée de ce qu'il s'est produit depuis l'expérience ? »
Pendant une fraction de seconde, elle eut l'envie de lui répondre la vérité. Elle ouvrit la bouche, mais aucun son ne sortit. Elle s'était retenue de justesse, et cherchait à présent ses mots. Que pouvait-elle bien lui raconter ?
Peut-être ce à quoi il s'attendait à entendre.
« Pas vraiment ... Londres a tellement changé ! Je ne reconnais rien ni personne ... Que s'est-il passé au juste ? - L'expérience qui s'est produite hier pour toi a en réalité eu lieu il y a dix ans ... »
Il fronça à nouveau les sourcils.
« Visiblement, contre toute attente tu as vraiment voyagé dans le temps ... »
La jeune lady était tentée de dire qu'elle savait déjà tout, et entendre ces explications une fois de plus l'ennuyait légèrement. Mais elle devait absolument jouer « l'ignorante » qu'elle aurait été si le futur de son ami n'avait pas été présent. Ils devaient tous ignorer sa présence incongrue et totalement imprévue, du moins sur le moment.
« Pourquoi ai-je « vraiment » voyagé dans le temps ? N'était-ce pas le but ? - Si, c'est vrai. Mais en réalité... »
Dimitri continua ses explications dans un interminable monologue entrecoupé de concessions muettes de la jeune femme qui hochait régulièrement la tête, lui rappelant qu'elle écoutait toujours, comme s'il devait en douter. En réalité, elle n'écoutait que d'une oreille, préférant réfléchir à ce qu'elle devrait faire ensuite plutôt que de prêter attention à une histoire qu'elle connaissait déjà suffisamment.
« Tu écoutes, Claire ? »
Elle sursauta. Cela devait faire une demi-minute qu'il avait terminé son récit et que sa dernière phrase était tombée dans le silence.
« Mais... Bien sûr, Dimitri ! Je réfléchissais juste... »
Elle marqua une courte pause, cherchant ses mots.
« Dimitri, il faut arrêter cette folie ... Cette machine vient de confirmer que c'est sans espoir, non ? »
L'homme se retourna à nouveau vers la mécanique en question et la foudroya du regard, comme si elle était l'origine de toutes ces complications. Il s'en approcha d'un pas vif, tourna autour, tapotant sur les touches d'un clavier, regardant à nouveau la feuille démesurément longue qui traînait en partie au sol, s'emportant encore et encore. Il maugréait et répétait tout haut qu'il y avait forcément une solution, bien qu'il fût persuadé du contraire. Les mathématiques étaient bien l'une des matières les plus exactes au monde, et il était impossible de les prendre à défaut. Même lorsque ces calculs servaient à la physique et ses expériences plus incertaines.
Claire se décida de profiter de ce moment d'inattention de sa part pour s'éclipser discrètement. Elle avait compris avec désarroi qu'elle ne pouvait pas le raisonner, du moins pas sur le moment. Elle recula lentement et prudemment vers la porte blindée qui se trouvait quelques pieds derrière elle, l'ouvrit silencieusement et se mit soudainement à courir une fois hors du laboratoire central. Cependant, elle s'arrêta au bout de quelques pas, comme paralysée d'effroi.
La lourde porte d'acier claqua derrière elle dans un grondement de tonnerre.
Dimitri dirigea soudainement son regard dans cette direction, remarquant enfin la fugue de son ancienne assistante. Il ragea, puis déclencha une alarme qui fit rapidement venir une petite dizaine de gangsters habillés du même uniforme noirâtre.
« Ramenez-la, vite ! Elle ne doit pas vous échapper ! - Aucun problème, Patron ! »
Bostro hurla des ordres aux hommes en noir qui l'accompagnaient, puis le groupe s'élança hors du laboratoire central, à la poursuite d'une jeune femme qui n'avait rien demandé à personne.
Claire entendit une alarme, et elle tressaillit. Remarquant une porte rouille, elle la prit sans réfléchir. Si c'était sans issue, elle pouvait du moins s'y cacher en espérant les semer ... Non, ce n'était visiblement pas sans issue. Elle parcourut de longs couloirs et corridors interminables au pas de course. On la poursuivait, elle entendait parfaitement les bruits de pas et les hurlements de ceux qui la recherchaient. Elle ne prêta aucune attention au décor rempli de cartons et de caisses à l'odeur insoutenable d'explosifs, préférant se concentrer sur sa fuite. Elle devait trouver la sortie, puis son ami. A tout prix.
Elle grimpa à une échelle et se retrouva dans une gigantesque cour digne d'une usine désaffectée, ou d'un terrain vague. Elle avait visiblement réussi à prendre une petite avance, ce qui la rassura. Elle se précipita sur la petite porte qui jouxtait le gigantesque portail rouillé, mais ne put l'ouvrir à son grand désarroi. Verrouillée, sans doute. Entendant les cris désordonnés de ses poursuivants, elle préféra se cacher derrière une grande citerne recouverte de moisissure afin de les semer et reprendre calmement son souffle plutôt que de s'acharner stupidement sur une porte qui ne s'ouvrirait pas. Elle s'efforça de taire sa respiration haletante pour ne pas se faire repérer lorsqu'ils arrivèrent. Cela aurait été trop bête de se faire prendre ainsi.
« Bon sang, mais où est-elle ? »
Bostro s'égosillait en regardant de tous côtés, bêtement imité par ses sbires. Claire le savait, cette situation précaire ne durerait pas. Ils se sépareraient au bout d'un moment. Ils fouilleraient de fond en comble la cour. Ils la trouveraient ...
Elle frissonna, s'adossant à la paroi froide et sombre de sa cachette improvisée. Ce n'était finalement plus qu'une question de temps.
Elle n'osait pas les regarder, mais elle les sentit soudainement se tourner tous en même temps dans la même direction. Son sang se glaça.
« Elle est là ! Rattrapez-la, vite ! »
La scientifique ferma timidement les yeux, attendant tristement son sort inéluctable. Cependant, elle releva la tête, remarquant que les bruits de pas s'éloignaient vers le fond de la cour. Elle sortit un œil discret de sa cachette. Une jeune femme se faisait encercler à sa place. Mais ce n'était pas n'importe qui. Elle la connaissait parfaitement.
Elle s'appelait Claire Folley. Cette personne, c'était elle.
« Mais c'est impossible ... » songea-t-elle, abasourdie.
Etait-ce son alter-ego, comme pour son ami ? Elle n'était pourtant pas censée exister à cette époque ... Dans ce cas, de laquelle venait-elle ? De son futur, peut-être ? Pourquoi serait-elle retournée à cette époque ? Cela n'avait aucun sens ...
La mystérieuse jeune femme esquissa un rictus, puis bondit par-dessus la meute d'hommes en noir qui l'encerclait. Elle se réceptionna sans souci hors de leur cercle et se mit à courir vers le portail lointain, semblant prendre cette course-poursuite comme un jeu. D'abord stupéfaits par un tel saut – qui avait de plus paru tellement simple alors qu'il défiait en réalité les capacités du physique de la jeune lady – la troupe se remit à sa poursuite après quelques ordres désordonnés de Bostro. Claire se décida à espionner discrètement son double qui semblait s'être mise à jour dans le simple but de la tirer d'affaire ...
La jeune femme courait rapidement, et sans aucun effort apparent. Cependant, elle devait bien se rendre à l'évidence qu'elle se trouvait dans une cour fermée, et qu'elle n'avait donc aucune issue ...
Ou pas.
Une fois suffisamment proche du gigantesque portail à ciel ouvert, elle fit soudainement un second bond sur un haut container, puis sur un autre. Au final, elle escalada sans effort les quelque cinq pieds restants de l'immense porte blindée d'un simple bond. A cheval sur le haut d'un mur de métal de plusieurs dizaines de pieds, la mystérieuse lady toisa les gangsters avec un sourire satisfait et légèrement méprisant, puis dirigea discrètement son regard vers Claire, lui échangeant un clin d'œil enfantin. Puis elle sauta de l'autre côté, sortant du champ de vision de tous.
Bostro et ses sbires fixèrent longuement la muraille avec des yeux de merlan frit, complètement abasourdis. La fuyarde venait de passer en deux ou trois bonds souples et rapides un mur de cinquante pieds de haut bien comptés. Un homme en noir lâcha soudainement :
« Eh, Bostro ... Il nous avait pas dit qu'il voulait qu'on lui ramène une championne des Jeux Olympiques dans l'épreuve de saut, si ? »
Le chef de la bande ragea.
« Ouvrez les portes ! Elle doit pas être loin ! »
Ouvrez les portes. Claire comprit pourquoi son « alter-ego » avait décidé de procéder de cette manière, bien qu'elle fût tout aussi perplexe que ses poursuivants concernant cet exploit, si ce n'était plus. Elle savait bien mieux que quiconque que jamais elle n'aurait été capable de réaliser toutes ces acrobaties ... Un grondement la ramena à la réalité. La lourde porte s'ouvrit, le groupe d'hommes en noir s'éloigna vers l'extérieur. Les cris perdirent en intensité, puis se turent.
Claire poussa un soupir rassuré, puis sortit calmement de sa cachette et passa la porte titanesque, se retrouvant sur les bords d'un fleuve, qui semblait être la réplique de la Tamise pour le Londres sous-terrain. Elle regarda de tous côtés, mais ne vit à portée de vue que des usines désaffectées – en apparence. Du moins, sur sa rive, car il lui sembla légèrement reconnaître celle qui lui faisait face. Apparemment, Dimitri avait son laboratoire de l'autre côté de la « Tamise sous-terraine ». Mais comment pouvait-elle traverser, désormais ?
Elle tressaillit, sortant brusquement de ses pensées. Quelqu'un venait de lui saisir le bras, et l'entraîna à la fois doucement et fermement vers sa gauche, pénétrant dans ce qui ressemblait à un tunnel. Tunnel qui passait sous le fleuve ... Elle se retourna soudainement vers la personne qui l'y avait menée. C'était elle. Elle hésita à peine, posant enfin la question qui lui brûlait les lèvres avec une innocence mêlée à de l'incompréhension.
« Est-ce que ... est-ce que vous êtes moi ? »
Le destinataire de ces paroles haussa malicieusement les épaules, sans s'arrêter dans sa course à travers le tunnel pour autant. La scientifique suivit son sosie comme son ombre, ne prêtant aucune attention à l'eau froide qui mouillait le bas de son pantalon. Elle voulait savoir de qui il s'agissait réellement, si ce n'était pas son futur. Etait-ce réellement elle ? Cela pouvait tout-à-fait n'être qu'un déguisement ...
« Paul ? » tenta-t-elle, cependant loin d'être sûre d'elle.
Son interlocuteur se retourna et lui lança un regard muet, mais interrogateur ; pour un temps, car l'inconnu tourna les talons et s'éloigna du même pas rapide comme si de rien n'était. Non, cela ne devait pas être lui.
« Nous pouvons arrêter de courir, reprit-elle comme si elle voulait engager une conversation, je crois que nous les avons semés ... »
« L'alter-ego » de la jeune scientifique haussa à nouveau les épaules, mais ralentit tout de même le pas. N'y tenant plus, Claire se décida.
« Ne pourrais-je tout de même pas savoir à qui j'ai réellement affaire ? »
Celui qui imitait l'origine de ces paroles détourna le regard, ne s'arrêtant pas dans sa marche. Il semblait ne pas tenir à la regarder lorsqu'il parlait.
« Peut-être préféreriez-vous ne pas le savoir. »
Elle le dévisagea avec son regard interrogateur, mais ne réussit pas à lui arracher la moindre parole supplémentaire. Visiblement, il n'aimait pas parler ... Cette marche à deux risquait d'être longue, si elle n'était remplie que de silence et de questions sans réponse.
« Je vais vous laisser. »
Claire sursauta, mais n'eut pas le temps de contester quoi que ce fût que son sosie était déjà hors de vue. Elle le poursuivit jusqu'à la rue où elle l'avait vu partir, mais la trouva déserte. Elle soupira. Elle était à nouveau seule, et complètement perdue ... Elle retrouva après une rapide errance Flatstone street. Visiblement, la nuit était achevée depuis longtemps, donc le passé de son ami avait probablement terminé sa visite au casino. Où s'était-il rendu ensuite, déjà ? À Chinatown, un simple aller-retour car l'accès en était impossible sur le moment. Peu importait, elle devait s'y rendre. Le futur désirait se suivre, donc elle devait faire de même si elle voulait avoir une chance de le retrouver.
Elle marchait, lorsqu'elle se sentit suivie. Du moins, quelqu'un allait dans la même direction qu'elle. Elle ignorait pourquoi, mais elle avait un affreux pressentiment, aussi n'osa-t-elle pas détourner le regard de devant elle. Le bruit de pas s'arrêta soudainement, accompagné d'une faible interjection stupéfaite. Le sang de la scientifique se glaça, mais elle ne devait rien laisser transparaître. C'était bel et bien clair, désormais. C'était lui. Elle prit le premier croisement sur sa droite, espérant éviter une seconde course-poursuite. Elle s'adossa au mur, mais se mordit la lèvre. Le bruit de pas avait repris. Avec une cadence bien supérieure, et il allait dans sa direction ...
L'inconnu qui avait pris son apparence surgit soudainement de nulle part et lui saisit violemment le bras. Cependant, il ne bougea pas, se contentant de surveiller le croisement, comme s'il attendait de voir le professeur d'archéologie. Claire le dévisagea avec étonnement, et retint de justesse un cri de stupeur. Ses yeux brillaient mystérieusement d'une lueur écarlate, mais il ne semblait pas du tout s'en soucier, se contentant de maintenir fermement son bras en demeurant silencieux et immobile.
Le professeur Layton surgit dans le cadre du croisement, haletant. Il dirigea son regard à gauche et à droite nerveusement, puis soupira en fronçant les sourcils en reprenant lentement son souffle. Il se plongea dans ses pensées, dévorant du regard son reflet dans la vitrine à sa droite. La scientifique dut se rendre à l'évidence : pour une raison inconnue, il ne les voyait pas. Elle présenta un regard interrogateur à celui qui lui tenait ainsi le bras, mais celui-ci se contenta de lui répliquer :
« Ne dites rien. Il ne nous voit pas, mais il pourrait vous entendre. »
Il pourrait vous entendre. Qu'en était-il de lui, dans ce cas ? Visiblement, le gentleman du passé ne l'avait pas entendu prononcer ces paroles. Mais comment était-ce possible ? Il n'était pourtant ni sourd, ni aveugle ... Luke arriva sur le moment, rejoignant son mentor sans comprendre ce qu'il venait réellement de se produire. Il prit innocemment la parole, comme si de rien n'était.
« Vous avez vu Professeur ? On aurait dit la femme que nous avons croisée tout-à-l'heure ... - Oui ... C'est possible. »
L'adolescent remarqua enfin que l'attitude de l'adulte n'était pas tout-à-fait habituelle.
« Vous avez l'air distrait, Professeur. Est-ce que vous allez bien ? »
Le concerné sursauta.
« ... Tu disais ? Oh, ne t'en fais pas, Luke, je vais bien. - Si vous le dites. » répliqua-t-il en haussant légèrement les épaules, seulement à moitié convaincu.
Il détourna le regard, puis s'élança à travers Flatstone street.
« Oh, regardez ça ! Je suis sûr que ce sont les escaliers dont parlait Tournay. »
Encore en grande partie dans ses pensées, l'archéologue fit un pas dans la direction de son apprenti, murmurant pour lui-même.
« Elle ressemble tellement à Claire ... Mais c'est impossible ... »
Il suivit distraitement le jeune garçon enthousiaste, détournant ses yeux de la petite venelle. Claire se retourna vers son mystérieux compagnon. Ses pupilles cessèrent de luire.
« Comment avez-vous fait ça ? »
Sans répondre, le concerné se remit à courir, l'entraînant par le bras à travers ruelles et petites voies peu fréquentées.
« Où allons-nous ? » finit par demander innocemment la scientifique.
De nouveau, elle ne put obtenir aucune réponse. Elle soupira, se contentant de suivre son sosie. Au fil des rues, le profil d'un homme que la jeune lady connaissait très bien apparut. Elle se rassura : finalement, même si cela avait été plus long que prévu, elle l'avait enfin retrouvé.
Entendant des bruits de pas rapides venant dans sa direction, il se retourna tout naturellement vers leur origine. Il sursauta d'abord en voyant l'étrange duo qui venait d'arriver, mais il reprit rapidement son sérieux lorsque l'une des deux ladies ricana innocemment en lui adressant un sourire plaisantin. Il soupira avec une légère lassitude.
« Zorua, cesse tes gamineries. Ce n'est pas drôle. »
Le concerné poussa un soupir déçu en faisant la moue, tel un gamin que l'on prenait en faute et que l'on réprimandait, puis brilla d'une lumière rougeâtre. Claire écarquilla les yeux, s'agrippant à son ami. Son sosie était manifestement en réalité une sorte d'étrange petit renard gris, qui se remit à rire malicieusement. La scientifique présenta un regard à la fois abasourdi et effaré au gentleman, qui hésita avant de s'expliquer longuement.
Le pokémon utilisa à nouveau une autre de ses illusions, prenant l'apparence d'un petit perroquet vert émeraude.
Note de l'auteur : Le Destin perdu comportait malheureusement une "incohérence" (appelons-la ainsi) que je n'ai pas su traiter : la question du temps. L'enquête dure deux jours, enfin disons un jour et demi (puisqu'il commence vers les treize heures). Or, à la fin de l'histoire avec le casino, nous sommes la nuit. Peu après, lorsqu'on se rend à Chinatown, on est le jour. J'en conclus que cela se passe le lendemain. Cependant ... Comment caser la nuit ? Ils doivent tout de même dormir, non ? %) En plus, lors de la deuxième rencontre avec Claire, Luke dit bien (vous retrouverez dans ce chapitre) "la femme que nous avons croisée tout-à-l'heure" ... il aurait été plus logique de dire "que nous avons croisée hier". Par ailleurs, la question des repas se pose également. Pendant deux jours (un et demi, d'accord), ils ne mangent pas et ne dorment pas.
Bon, j'ai essayé de rendre ça plus crédible en casant des repas (bon, d'accord, je vire les repas, je n'en ai pas parlé non plus %D), et la nuit, à l'endroit qui me paraissait le plus crédible. Alors soyez indulgents sur ce petit point de vue ... 8D
Chapitre XXXIX – Révélations
Spoiler:
« Claire, pourrais-je te poser une question ? »
La concernée commença par sursauter, soudainement sortie de ses pensées, puis acquiesça avec un sourire qui montrait que sa réponse était bien sûr évidente.
« Je t'écoute. Qu'y a-t-il ? »
Le professeur d'archéologie parut hésiter un instant. Comme si cette question qu'il s'apprêtait à poser en cachait en réalité des nuées d'autres, bien plus profondes et complexes encore.
« Qu'as-tu prévu de dire à mon alter-ego, lorsque nous retournerons à la date de l'explosion ? »
La scientifique fronça les sourcils d'un air plaisantin, puis répliqua :
« Tu l'as déjà vécu. Tu devrais le savoir, non ? »
L'archéologue se tut un court moment, et dut avouer qu'elle avait raison. Cependant, son expression devint dure et sévère lorsqu'il reprit.
« C'est vrai, j'aurais dû poser ma question autrement. Ce que je voudrais savoir serait plutôt pourquoi tu as décidé de me dire cela, « il y a deux ans ».
Le sourire taquin de la jeune lady s'effaça soudainement, et elle demeura muette, baissant le regard, les yeux tristes et songeurs dans le vide. Ils n'en avaient pas parlé la veille lorsque le duo du passé était à Auckland lane, et pourtant elle avait malgré tout réfléchi à la question, et trouvé la réponse. Étant donné qu'elle savait ce qu'elle voulait dire, elle comprit pourquoi son ami lui en demandait la raison d'un ton aussi grave. Faire croire qu'elle mourrait inéluctablement alors qu'elle savait pertinemment que ce ne serait probablement pas le cas était un mensonge bien dramatique.
Elle reprit finalement au bout d'une longue pause tendue, relevant enfin sa tête et fixant son ami d'un air faussement plaisantin. Plaisantin en apparence, afin de lui cacher toute la triste anxiété qu'elle éprouvait en réalité.
« Tu sais, je n'allais quand même pas te raconter que, deux ans plus tard, tu essaierais de me sauver pour t'aider dans une autre affaire, avec de réels voyages temporels ... - Je te l'accorde. Mais quelque chose me dit que tu as une autre raison ... »
La scientifique baissa à nouveau le regard, se mordant discrètement la lèvre. Elle n'avait pas envie de le lui dire. Et pourtant, il le fallait bien malgré tout.
« C'est aussi que ... Je ne voulais pas te donner de faux espoirs ... »
Les deux derniers mots de la jeune femme tombèrent dans le silence, de même que son regard qui chuta littéralement sur le dur sol terreux de la rive de la « Tamise » du Londres souterrain. Ils s'y étaient rendus afin de ne pas avoir à faire de mauvaises rencontres, jusqu'au moment où Claire devrait jouer son rôle auprès des enquêteurs du passé, et en principe ils devaient être assez loin pour qu'ils fussent tranquilles pour un bon moment.
Quelques dizaines de minutes auparavant, Claire avait eu le malheur de croiser un inspecteur de police par hasard, et avait dû le laisser complètement abasourdi. L'archéologue l'avait vu venir et s'était réfugié dans un coin de rue, mais n'avait pas trouvé le temps de la prévenir, aussi le policier la rencontrât-il seule. Encore heureux, car visiblement il connaissait également le gentleman ... et avait enquêté pour l'affaire de l'explosion qui était survenue dix ans plus tôt. D'où le malaise engendré par la vue de l'une de ses prétendues victimes. Cette rencontre avait finalement été suffisante pour montrer aux deux amis qu'il leur valait mieux éviter tout autre accident. Et pour cela, il n'y avait rien de tel que de se retirer sur les rives de la « Tamise », peu fréquentées, ne serait-ce que sur le moment.
« Ne pas donner de faux espoirs ». L'homme au haut-de-forme prit un air encore plus grave et abattu. Il ne pouvait le nier : trouver un passage vers le futur totalement invisible en moins de dix secondes relevait de l'impossible. Il s'en rendait compte désormais, ils n'avaient finalement que peu de chances de s'en sortir vivants ... Il reprit soudainement son sérieux. Quelque chose clochait dans cette histoire, il le savait. Il avait malgré tout l'impression d'avoir une preuve qu'ils réussiraient, même si les apparences étaient contre eux. Il ne parvenait pas à trouver cette preuve, mais il la savait présente. Cela lui suffisait, du moins sur le moment.
« Nous réussirons, ne t'inquiète pas ... - Comment peux-tu en être sûr, Hershel ? » demanda-t-elle tristement, le regard grave et bas dénudé de toute lueur d'espoir.
Ecartant finalement toute tristesse de son visage, il lui répondit aussitôt, d'un air réconfortant et décidé.
« Nous ne sommes pas seuls, après tout. Je sais que nos amis ont bien plus d'un tour dans leur sac. »
Comme pour le soutenir, Zorua acquiesça d'un piaillement satisfait, ce qui redonna finalement un très léger sourire subtil et discret à la jeune femme.
« Au fait, Hershel ... Aurais-tu l'heure ? »
Le concerné sortit sa montre, mais avoua avec dépit qu'elle s'était arrêtée.
« Elle est ainsi depuis l'expérience, répliqua-t-il d'un ton songeur tout en la rangeant dans sa veste. Je l'ai remontée lorsque je m'en suis rendu compte, mais apparemment elle s'obstine à s'arrêter ... »
Il sursauta. Illumination.
« Elle ne fonctionne jamais plus de dix minutes, Claire. Qu'en est-il de la tienne ? - J'ai essayé de la remonter aussi. D'après elle, il est dans les deux heures trente, et ce depuis hier ... Dix minutes environ après que je l'aie remontée. »
Le gentleman esquissa un sourire.
« Cela doit être dû à l'expérience, si nos deux montres ont le même problème simultanément. - J'étais arrivée à la même conclusion hier. Cela devait être le champ magnétique de la machine, lorsqu'elle s'était mise en route ... »
La scientifique fit la moue. Ils n'étaient pas plus avancés pour autant.
« Cela nous fait une belle jambe, tout ça ... Surtout dans une enquête où le temps est au centre de l'histoire, ne pas avoir de repères temporels est ... embarrassant. - Il y a tout de même quelques horloges que nous pouvons voir de temps à autre ... La réplique de Big Ben est trop loin pour nous, mais il doit y en avoir d'autres dans les environs. »
Claire haussa les épaules, seulement à moitié convaincue.
« Si tu le dis ... »
Sandra sursauta, relevant soudainement sa tête du bureau et faisant face à l'écran de la machine à voyager dans le temps. Elle se retourna afin de voir qui était cette personne qui venait de poser doucement sa main sur son épaule, et aperçut Emmy.
« Oh, bonjour ... souffla l'adolescente du futur en rougissant légèrement. - Tu es restée là toute la nuit ? » répliqua l'assistante du professeur avec un ton stupéfait et un peu inquiet.
L'enfant acquiesça nerveusement, expliquant qu'il fallait toujours quelqu'un pour veiller sur la mécanique lorsqu'elle était en marche.
« Vous pouvez vous reposer, j'ai la situation en main vous savez ... »
Incrédule, l'adulte la força à la fois fermement et doucement de tourner la tête, lui permettant de la regarder en face. Elle fronça les sourcils.
« Tu es épuisée, cela se voit bien. Tu devrais dormir. - Non ! s'écria-t-elle nerveusement, du tac-au-tac. Non, ne vous inquiétez pas, je vais bien ! Vous pouvez me laisser ... - Sandra. Tu dormais sur le bureau. »
La jeune fille voulut nier, mais dut avouer en se massant la joue gauche que celle-ci avait dû rester plusieurs heures durant contre le dur bois du meuble. D'ailleurs, lorsque la londonienne avait posé sa main sur son épaule, elle avait cette même joue contre le bureau.
Il était impossible de le nier : elle s'était endormie malgré elle.
« Oh non ! Je... Bon, il n'y a eu aucun problème pendant que je dormais, tout va bien ... - Sandra, répéta sévèrement l'assistante du gentleman. Repose-toi, tu dois dormir. Tu le vois bien, tu tiens à peine debout. Tu espérais veiller toute la nuit ? »
La jeune lady acquiesça vivement.
« Je vous l'ai dit, quand la machine est en marche, il faut toujours que quelqu'un veille dessus ! - Sandra, tu devrais sérieusement te coucher. Si tu veux, je vais veiller pour toi. - Mais s'il y a un problème ? Vous ne savez pas comment la machine fonctionne ... »
Emmy abaissa légèrement son regard songeur. Elle ne pouvait tout de même pas la laisser passer nuits blanches sur nuits blanches jusqu'à ce que l'imprévu fût réglé ... Comme pour la soutenir, Gabrielle émit quelques petits ronronnements à l'adresse de sa dresseuse, lui montrant qu'elle avait en effet besoin de se reposer.
« Écoute, Sandra, reprit finalement l'adulte. Tu vas dormir, je surveille la machine, et si je remarque quoi que ce soit d'anormal, je viens te réveiller. Ça te va ? »
La jeune adolescente soupira, mais fut bien obligée d'accepter. De toute manière, il était prévisible qu'elle se rendormît tôt ou tard, qu'elle restât face à l'écran de la machine ou obéît et partît se coucher.
« D'accord. Mais pas longtemps, hein ! Il faut absolument que je sois là s'il y a un problème ! »
Le petit écureuil électrique sauta sur sa tête et lui ébouriffa gaiement les cheveux, lui encourageant à partir se reposer dans sa chambre. L'enfant poussa un léger soupir déçu, prit le pokémon dans ses bras et le caressa chaleureusement tout en montant maladroitement les escaliers. La petite créature poussa un doux ronronnement à peine audible tout en esquissant un léger sourire.
« Eh bien ... Je suppose que nous nous retrouverons en 1963. »
Le professeur d'archéologie acquiesça distraitement, plongé dans ses pensées. Il esquissa un sourire à la fois troublé, amusé et mystérieux.
« Tu me verras avant que nous y retournions, mais moi non. - Puisque c'est ton alter-ego, c'est logique », répliqua-t-elle en souriant avec un air légèrement plaisantin.
Zorua y mêla un ricanement taquin à peine audible. Les voyages temporels étaient sources de tant de situations à l'apparence absurde et incongrue que cela commençait pour lui à devenir légèrement comique. Claire lança un dernier regard affectueux à son ami.
« Tu me promets que tout se passera bien ? - En principe, il y aura plus de peur que de mal », répondit-il chaleureusement en ajustant son haut-de-forme.
La scientifique acquiesça, confiante. Elle s'apprêta à partir, mais le professeur Layton la retint quelques instants de plus, lui soufflant quelques simples mots.
« Bonne chance. Nous nous reverrons tout-à-l'heure. »
Il lui adressa un dernier sourire, puis s'éloigna dans une petite venelle, suivi de Zorua. La jeune lady regarda dans cette direction durant quelques minutes, puis se décida de se sortir de ses pensées, murmurant pour elle-même.
« Très bien. La prochaine destination est donc le laboratoire de ce matin ... »
Elle inspira longuement, se redonnant un peu de courage. Elle allait devoir faire face à celui qu'elle fuyait depuis la veille. Elle allait devoir se retrouver dans une situation similaire à celle de la matinée. Etant donné qu'elle avait déjà eu l'occasion d'explorer les lieux le matin-même, trouver une issue allait cette fois s'avérer plus simple. Il n'était pas étonnant qu'elle fût sûre d'elle au moment où elle conduirait vers la sortie le groupe du passé.
« Qu'allons-nous faire, maintenant ? »
Le professeur Layton sursauta légèrement, puis se tourna vers Zorua. Le pseudo-perroquet le fixait de ses profonds yeux noirs sans ciller, attendant apparemment la réponse à sa question avec impatience.
« Je ne sais pas encore. Nous les observerons peut-être de loin, depuis l'observatoire ... »
Le petit pokémon ne montra aucun signe de refus face à cette proposition, aussi le gentleman comprit-il que celle-ci était probablement celle à adopter.
« Très bien, reprit-il alors. L'observatoire devrait être par ici, si je ne me trompe pas ... »
L'homme au haut-de-forme, suivi d'un petit volatile émeraude, s'enfonça dans Midland road, puis prit une grande porte de bois sombre qui mena à un parc tranquille et vide, au milieu duquel un petit bâtiment ouvert avait une vue imprenable sur les environs de la réplique de Londres. Se posant tranquillement sur la rambarde, la petite créature admira le superbe paysage qui s'offrait à lui et au professeur d'archéologie. Mais tous deux savaient ce qu'il se produirait seulement quelques vingtaines de minutes plus tard ...
« Que personne ne bouge ! »
De l'autre côté de la porte rouille qui se trouvait juste face à elle, une pagaille monstre commença à s'installer. D'une part, Bostro se réjouissait à l'idée d'avoir enfin une occasion d'arrêter ceux qui troublaient les plans de Dimitri depuis la veille, d'autre part le groupe du passé se désolait et s'inquiétait à l'idée de s'être fait prendre si près du but. Claire le savait, il fallait intervenir. De toute manière, c'était lui qui lui avait dit qu'elle pouvait – qu'elle devait – le faire. Prenant son courage à deux mains, elle ouvrit d'un coup la porte orangée, tentant de se faire entendre au sein du brouhaha environnant.
« Par ici ! Vite ! »
Le premier à l'ouïr fut le professeur, qui eut paru avoir reconnu cette voix parmi toutes celles qui résonnaient dans le corridor. Comme si, même en dix ans de silence, il avait été incapable de l'oublier. Il voulut commencer quelques paroles perplexes, mais la scientifique reprit. Ce n'était pas le moment !
« Venez par ici ! » répéta-t-elle finalement d'une voix forte, faisant signe au groupe entier de lui obéir s'il voulait avoir une chance de s'enfuir.
Elle leur tint la porte, et se réjouit à l'idée que, finalement, elle avait réussi à se faire entendre. La petite troupe de londoniens la suivit en vitesse, s'enfonçant dans les sombres couloirs du laboratoire. Au bout d'une longue course, le pas ralentit, puis s'arrêta. Pour le moment, ils les avaient semés, aussi pouvaient-ils s'accorder une pause bien méritée. Luke soupira de soulagement, Flora l'imita, encore légèrement pâle à cause de l'effroi passé, et écarté sur le moment. Claire reprit tranquillement son souffle, mais devait s'attendre à ouïr l'inéluctable question qui brûlait les lèvres de tous ceux qui la connaissaient, elle et les circonstances de l'accident passé ...
« Vous ! Qui êtes-vous ? »
Don Paolo l'avait visiblement reconnue de même, et son expression demeurait entre la perplexité et l'émerveillement. Revoir une personne morte dix ans auparavant était en effet une expérience plutôt troublante. La scientifique se demandait intérieurement comment répondre. Elle ne devait pas leur dire, pas tout de suite ... Que devait-elle dire alors, déjà ? Cela lui était sorti de la tête. Tant de choses s'étaient produites dans la journée, elle avait largement le temps d'oublier !
Vite, il fallait trouver quelque chose à répondre ... N'importe quoi.
« Vous êtes le professeur Layton, non ? »
Elle ne se rendit compte qu'une fois la question posée que celle-ci était légèrement stupide, et écartait la discussion du sujet initial. Cependant, la fatidique question du gentleman reprit de plus belle.
« Claire ? C'est bien toi ? - Non ... répliqua-t-elle mécaniquement, comme par réflexe. Je suis sa petite sœur, Céleste. J'enquête sur les circonstances de sa mort. »
Ça y était, elle s'en était enfin souvenue. Le mensonge installé, il devait désormais être maintenu, et paraître le plus cohérent possible, du moins jusqu'au moment de s'expliquer. La gêne occasionnée était également due au fait qu'elle appelât « Professeur » et vouvoyât son petit-ami. Elle craignait de faire une erreur, les habitudes reprenant le dessus. Cependant, la crainte du silence était plus grande. Elle marqua une légère pause, puis reprit nerveusement la parole.
« Je sais que Claire ... tenait beaucoup à vous, Professeur. »
Pourquoi avait-elle ajouté cela ? Elle ne le savait pas, et n'eut pas le temps d'y réfléchir, car l'archéologue reprit machinalement.
« Vous êtes ... la petite sœur de Claire ? - Votre ressemblance est frappante », répliqua Don Paolo d'un air perplexe.
Les questions et les réponses s'enchaînaient, mais Claire était de plus en plus à l'aise dans son mensonge. De toute manière, elle savait que dire, puisqu'elle l'avait vu avec son ami. Cependant, un grondement se fit soudainement entendre contre une grande porte blindée non loin. Le Clan arrivait, il les avait enfin retrouvés. Tous frissonnèrent.
« Nous sommes trop nombreux pour nous déplacer discrètement, affirma la scientifique d'un ton sévère. Nous devons nous séparer. - Vous avez tout-à-fait raison, Céleste, ajouta du tac-au-tac l'ennemi du professeur. Je vais vous conduire à l'abri. Layton, tu te charges des morveux. »
L'homme au haut-de-forme voulut riposter, mais il n'y avait plus le choix, Bostro et ses hommes venaient de débarquer. Ils n'avaient plus qu'à agir comme l'avait dit la jeune femme. Celle-ci lui adressa alors, juste avant de s'éloigner avec Don Paolo, l'énigme que le professeur lui avait apprise.
« Professeur, cet endroit cache un secret qui dépasse l'entendement. Les réponses se trouvent dans les bras du Grand-père ! Nous nous retrouverons là-bas ! »
Elle partit en courant, encouragée par les angoisses de son ancien camarade d'université. Celui-ci la conduisit à travers couloirs et grandes salles blindées, aussi sombres que sales, puis s'arrêta au bout d'une longue course dans une autre cour, face à une machine mauve ressemblant légèrement à un hélicoptère. Claire fronça les sourcils d'incompréhension, mais Don Paolo l'incita à monter à l'intérieur en faisant de même, totalement confiant.
« Ne vous inquiétez pas, c'est juste une de mes petites créations. », précisa-t-il avec un large sourire alors qu'il s'installait à la place du pilote, invitant la jeune femme à s'assoir sur une place libre à sa gauche.
La scientifique s'exécuta, dévorant du regard la mécanique entière. Dix ans plus tôt, elle savait que son camarade d'université avait de nombreux talents dans les sciences mécaniques, mais elle avait encore du mal à croire qu'il était l'auteur de la merveille de technologie dans laquelle ils se trouvaient. En dix ans, le monde avait décidément bien changé ...
« Combien de temps vous a-t-il fallu pour construire cette machine ? demanda-t-elle par curiosité. - Je dois vous avouer que je n'en ai pas la moindre idée. Cela fait longtemps qu'elle est en ma possession, vous savez ... »
Il démarra aussitôt la machine volante, ne tardant pas plus longtemps de peur de se faire rattraper. L'engin violacé émit un long bourdonnement, puis se mit à décoller doucement, s'éloignant de plus en plus rapidement du laboratoire qui rapetissait à vue d'œil.
« Au fait, vous avez donné rendez-vous à Layton dans les « bras du Grand-père ». Qu'est-ce que vous insinuez ? - C'était une énigme, disons. Vous comprenez, il valait mieux éviter que le Clan ne comprenne également ... »
L'homme acquiesça, mais n'était pas plus avancé pour autant.
« Et cela signifie ... ? - Les bras du Grand-père sont une allusion aux bras de la Tamise. Il y a un restaurant juste sur la rive, pas très loin d'ici. Il s'appelle le « Thames arms ». »
Il hocha la tête, montrant qu'il avait compris.
« Bon, très bien. Direction le « Thames arms », dans ce cas ... »
Claire contempla l'ombre de la « Tamise » sous-terraine par le hublot. La silhouette d'un petit bâtiment qui la jouxtait commençait en effet à apparaître.
Bientôt, il allait être le moment des révélations dans le Londres de 1973, concernant cette affaire de pseudo-voyages temporels. Et elle avait intérêt à bien jouer son rôle.
Chapitre XL – Affaire classée [1/3]
Spoiler:
« Oh, je suis tellement soulagée que vous vous en soyez tous sortis indemnes. - Je ne pouvais pas les laisser m'attraper avant d'entendre ce secret que vous avez mentionné, répliqua le professeur Layton d'un ton grave. - J'ai l'impression que vous en avez déjà découvert une partie par vous-même, n'est-ce pas ? » rétorqua malicieusement la scientifique.
Une fois à terre, Don Paolo et Claire avaient patiemment attendu devant le restaurant que les autres londoniens arrivent à leur tour. Même si la jeune femme se souvenait qu'il y aurait « plus de peur que de mal » d'après l'alter-ego du gentleman, elle était tout de même rassurée de voir qu'il n'y avait eu en effet aucun problème notable. Lorsqu'elle précisa que son ami avait en effet appris de nombreuses choses concernant l'affaire et que le moment des révélations approchait à grands pas, Luke se tourna vers son mentor, visiblement surpris.
« Comment ? C'est vrai, Professeur ? »
L'inspecteur Chelmey arriva à son tour, prenant la parole.
« Layton, si vous savez quelque chose, c'est le moment de nous le dire ! - Toutes les personnes concernées semblent être présentes, déclara l'archéologue en regardant autour de lui, alors je vais essayer d'expliquer au mieux. »
Bien qu'il prononçât ces paroles avec un sourire, cela se voyait qu'il n'en perdait pas pour autant son sérieux et qu'il avait en effet en tête la gravité de la situation, qu'elle fût cachée sur le moment ou non. Il rassembla chacun de ceux qui se trouvaient sur les rives de la « Tamise » sous-terraine et qui étaient en effet concernées par l'affaire des pseudo-voyages temporels, et les conduisit vers le restaurant.
Sitôt entré, Don Paolo se précipita vers le comptoir et commanda au barman un verre, qui ne tarda pas. L'ennemi du gentleman sirota sa bière en silence, regardant l'homme qui lui faisait face en train d'essuyer un autre verre vide. Cependant, il garda un œil sur son rival dès que celui-ci reprit la parole, commençant enfin les révélations qu'il avait à faire sur cette enquête.
Cela devait bien faire deux jours qu'ils l'avaient commencée, au moins. Bon, un jour et demi, puisque cela avait en réalité commencé la veille, peu après midi. Mais cela commençait tout de même à faire long, une journée et demie, et enfin savoir ce qu'il se passait dans ce mystérieux Londres du futur n'était pas de refus. La seule personne qui connaissait sur le moment les réponses à tout ceci fit les cent pas dans la pièce, les yeux fermés, l'air soucieux, le rythme de marche bien trop lent pour ne pas montrer qu'il était dans une grande et profonde réflexion. D'un ton hésitant et posé, il parla. Lentement.
« Ce fut ardu ... Mais je crois avoir enfin réussi à faire toute la lumière sur cette affaire. »
Bien que cette jeune femme qui ressemblait tant à Claire semblait en savoir long sur l'affaire, le fait qu'elle eut dit que Layton était le seul à pouvoir faire la lumière dessus semblait montrer qu'apparemment elle n'en savait probablement pas plus que tout le monde, et que donc Layton était bien le seul à connaitre ce qu'il était sur le point de dire.
« Et d'ailleurs, qu'est-ce qu'il attend, ce Layton, pour nous le dire, s'il sait déjà tout, hein ? »
Ignorant cette pensée de l'adulte au manteau violet sombre, l'apprenti demanda innocemment :
« Vous avez tout compris ? - Presque tout, oui. » répondit aussitôt son mentor en lui faisant un imperceptible signe de tête, sourire confiant et légèrement réconfortant sur le visage.
Don Paolo tourna son regard vers lui, – sa tête suivit à peine –, marmonnant une faible interjection, comme s'il avait mal entendu. Il scrutait son ancien camarade d'université dans les moindres détails avec son regard méprisant et pourtant intéressé soudainement par cet ennemi, attendant avec avidité le moindre signe de parole de son rival. Il ne supportait pas ce silence pesant de ce « gentleman », et il n'était apparemment pas le seul. L'inspecteur de police – comment s'appelait-il, déjà ? Ah, oui, Chelmey, ou autre chose dans le genre, enfin, peu lui importait – finit par s'énerver, tapant du poing contre sa table.
« Eh bien, qu'attendez-vous ? »
Nullement surpris par ce geste brusque, ni même troublé, l'homme au haut-de-forme prit cependant un air grave et sérieux, tout d'un coup.
« Ah, Inspecteur ... Bien sûr, il y a beaucoup à dire à propos de cette ville ... et de tous ses secrets. »
« C'est ça, fais bien durer ton suspense, Layton ... »
Bien qu'il restât de dos, accoudé au comptoir face à sa bière, Don Paolo était décidé à ne pas rater une miette de la discussion qui se déroulait dans son dos, préférant ruminer en lui-même ses commentaires contre le professeur d'archéologie. Qu'il eût à lui seul réussi à élucider un mystère dont même la police ne se doutait pas, c'était une chose. Mais il pouvait quand même leur faire le plaisir à tous de tout leur expliquer vite fait, non mais !
Après une pause longue et quelques autres pas qui rythmaient le silence dans lequel le restaurant entier était plongé, l'archéologue se décida enfin à énoncer longuement ce qu'il avait déduit de ces deux journées d'investigation, dans un interminable monologue entrecoupé de temps à autres par quelques questions, remarques, incompréhensions en tous genres des autres londoniens.
« Pas trop tôt. » songea-t-il tout en buvant une gorgée silencieuse de sa chope.
L'homme jeta un rapide coup d'œil à la dénommée « Céleste ». Elle demeurait visiblement aussi muette que lui, et paraissait par-dessus le marché plutôt soucieuse, se contentant de fixer le gentleman avec un regard à la fois triste et inquiet. A quoi pouvait-elle bien réfléchir, elle ? Ce qui était certain, c'était que rien des révélations du professeur Layton ne la surprenait. Ou alors, elle cachait extrêmement bien sa surprise, ce qui n'avait pas lieu d'être.
Bien à l'écart, seule sur sa table sous les escaliers de bois, une tasse de thé en porcelaine blanche ridiculement petite pour seule collation, pourtant dépourvue de cuillère à café comme de sucre, et isolée devant elle, bien qu'elle n'y touchât aucunement. L'énigmatique demoiselle ressemblait à une statue, et c'était à peine si ses yeux se déplaçaient pour suivre du regard l'archéologue qui continuait de faire les cent pas sur le parquet humide tout en énonçant ses déductions interminables.
Elle demeurait silencieuse, obstinément muette et immobile. Mais pas calme. Non, elle n'était pas calme. Cela se voyait du premier coup d'œil que quelque chose ruminait en elle et faisait qu'elle n'était pas calme. Pourquoi n'était-elle pas calme ? Certes, personne ne l'était dans ce restaurant, mais elle, elle n'était pas calme du tout. Alors là, vraiment pas. Pas calme parce que c'était le moment des révélations de Layton, c'était une chose. Mais là, elle n'était pas calme à cause d'autre chose. Cela piquait au nez tellement c'était évident que ce n'étaient pas les histoires de Layton qui la mettaient dans un état pareil. Qu'est-ce qu'elle pouvait bien ruminer dans son coin, celle-là ? Céleste semblait en effet en avoir appris, des choses, si rien des révélations de Layton ne la surprenait vraiment ... Cela devenait presque suspect. Un peu. Beaucoup, même, à y réfléchir ... A quoi pouvait-elle bien réfléchir, d'ailleurs ? Il n'y avait pas besoin de réfléchir, puisque Layton se donnait enfin la peine de tout expliquer à tout le monde !
Elle en savait plus qu'elle n'en disait, c'était désormais certain. Elle en savait au moins autant que Layton, c'était incontestable. Peut-être même que ce serait elle que Layton dénoncerait de son index droit, lorsque le moment « fatidique » serait venu ?
Non, il avait oublié un détail ... Ah mais oui, après tout elle l'avait espionné durant son enquête. Elle avait appris des choses de son côté en épiant son investigation, tout simplement. Tout s'expliquait, bien sûr. Elle pouvait donc réfléchir à quoi bon lui semblait, puisque tout ce que disait Layton, elle le savait déjà. Quant à savoir à quoi elle pensait, chacun pense à ce qu'il veut, hein ! Peu lui importait. Il avait déjà perdu assez de temps avec des déductions infructueuses qui lui avaient fait perdre déjà quelques parties des tirades de son ancien camarade d'université. Pour rien, de plus. Quel gâchis. Don Paolo détourna ses yeux de la jeune lady, qui elle n'avait pas bougé.
« Je me mets à m'imaginer des choses, parfois ... »
Nouvelle gorgée, tout aussi discrète et appliquée que les précédentes.
« Voilà les éléments que j'ai pu découvrir, conclut finalement le professeur d'archéologie. Pourquoi ne pas compléter mon récit, Monsieur ? »
Tout en posant cette question, l'homme au haut-de-forme s'était tourné vers le barman qui, derrière son comptoir continuait jusqu'alors d'essuyer ses chopes en écoutant d'une oreille distraite ce qui s'était déroulé dans son restaurant. Les regards stupéfaits de tous suivirent celui du gentleman dans la même direction. Un silence bordé de va-et-vient des yeux abasourdis entre les deux hommes se plongea dans le bâtiment. Claire regarda distraitement le barman à travers l'espace entre les marches d'escalier de bois sombre et humide.
« C'est vrai, j'avais oublié que c'était Dimitri ... » songea-t-elle en se sortant pour un temps de ses pensées.
Bien cachée sous les escaliers du restaurant, la jeune scientifique pouvait réfléchir tranquille sur la suite de l'histoire, et peut-être même se faire oublier de ceux qui écoutaient avec une curiosité avide de savoir les révélations du passé de son ami. A quoi pouvait-elle bien réfléchir ? Il n'y avait plus à réfléchir, elle savait déjà en détail comment cela se terminerait.
Elle soupira silencieusement. Connaître l'enchaînement des événements futurs avant leur déroulement rendait son existence étrangement fade. Une vie avait du goût justement parce qu'elle avait une part d'inconnu. Certes, elle ne connaissait son avenir que jusqu'au moment où elle retournerait au moment de l'explosion qui aurait dû être le terme de sa vie. Mais jusqu'à ce moment, cette existence n'avait plus aucun sens. Elle existait à cette époque parce qu'elle avait quelque chose à y faire. Et elle serait obligée de repartir dès sa mission achevée, seulement pour en entamer une autre. Y en aurait-elle une suivante, encore après cette seconde affaire de voyages temporels, cette fois-ci bien réels par rapport à la première, celle dont elle commençait à vivre le dénouement ? Peut-être, peut-être pas. Il devait bien s'agir là de la seule part de mystère que conservait encore sa vie. A part cela, elle n'existait que pour suivre son destin. Un chemin tout tracé, dont elle ne devait surtout pas changer le dessin. Tiens, destin, dessin, deux mots qui se ressemblent et qui riment. Une seule lettre qui change.
« Vous m'avez donc percé à jour ... Toujours aussi perspicace, mon cher Hershel. »
La jeune londonienne eut un léger soubresaut, soudainement sortie de ses pensées. Elle avait du mal à y croire, mais cette réponse avait été immédiate, alors qu'elle avait eu le temps de penser à tant de choses entretemps ... Comme quoi la pensée pouvait aller bien vite, dans certains cas. Jusqu'à en perdre le véritable cours du temps.
Encore le temps.
Ce temps qui passait, inéluctable, qui était le sujet de tant d'années – une année, c'est du temps ! – de recherche sur les voyages dans le temps qui devaient se solder pour elle par la fin de sa vie, qui était également le sujet de l'affaire dont elle assistait sur le moment, d'une autre où cette fois-ci les voyages dans le temps étaient réels et où le futur de son ami avait voyagé dans le temps pour la sauver, sans pour autant modifier le cours du temps ...
Elle commençait à en avoir assez, du temps. Serait-elle capable, lorsque tout serait terminé, de reprendre la recherche sur les voyages dans le temps ? Probablement pas. Il valait mieux arrêter pour tout le monde d'essayer de voyager dans le temps. Braver les lois de la nature, comme on disait souvent, était mauvais pour tout le monde. Mais ça, personne n'y prenait garde. Même pas elle. Non, braver les lois de la nature pouvait nous faire beaucoup de bien ! Disait-on naïvement. Se disait-elle naïvement. Avant, oui. Elle ne pouvait plus y croire, au bien que pouvait fournir ce genre de machines. Rien que pour s'assurer qu'elle ne changerait plus d'avis, elle s'en donna les preuves elle-même. Cela pouvait être résumé sur une longue liste, et peut-être même, songeait-elle, allait-elle oublier certains détails. Mais elle en avait suffisamment pour se prouver qu'elle avait eu tort de vouloir voyager dans le temps, de créer une machine qui le permettrait du moins.
Nombres de gens avaient souffert, pour ces histoires de machines à voyager dans le temps ; Clive en avait souffert, comme les proches des neuf autres victimes – et ces mêmes victimes aussi, d'ailleurs – de l'accident qui s'était déroulé dix ans auparavant, à cause du premier essai de machine à voyager dans le temps. Nombres de victimes – et encore, sans compter les dégâts matériels avec les bâtiments détruits et l'énorme trou dans la terre, au beau milieu de Londres – allaient souffrir suite à la machine de Clive, construite à cause de cette envie de vengeance due à la haine des scientifiques qui avaient bâti cette fameuse machine qui avait tué ses parents dans l'explosion, oui, une machine à voyager dans le temps. Nombres de gens seraient terrorisés dans le monde entier, deux ans plus tard, à cause de créatures originaires du futur, qui seraient venus dans le passé grâce à une machine à voyager dans le temps.
Sans pour autant le montrer, Claire serra les dents et les poings, dissimulés par l'ombre de la table.
« Ah, voilà où ça mène, les voyages dans le temps ! »
A suivre ~
Vala ! Après, je n'ai pas fini d'écrire ! %)
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Lun 23 Juil - 13:30
Suite ! :P
Chapitre XLI – Affaire classée [2/3]
Spoiler:
« ... Et cette personne, c'est vous ! »
Clive se leva de sa chaise d'un seul bond, regardant avec des yeux perplexes ce doigt qui le pointait.
« Vous devez faire erreur, Professeur... » marmonna-t-il d'une voix pourtant loin d'être sûre d'elle.
Don Paolo sursauta à peine en voyant le dénoncé, mais il eut la confirmation que, en effet, Céleste n'y était visiblement pour rien. Elle avait juste espionné Layton de manière à en savoir autant que lui, c'était tout.
« Allez, Layton. Dis-nous ce qu'il a fait, ce type... »
Comme s'il l'avait entendu, le monologue du professeur d'archéologie reprit, détaillant chaque recoin du plan de celui qui s'était fait passer pour le futur de son apprenti, de plus en plus interrompu par les questions diverses de tous. Finalement, l'accusé fut pris d'un rire nerveux, qu'il s'efforça de réprimer au départ avec peine, mais qu'il laissa finalement résonner dans le restaurant entier, sous les sourcils froncés des gentlemen et l'inquiétude des adolescents.
« Et dire que les scientifiques sont censés être très lucides... »
Claire le regarda d'un air triste. Un air d'impuissance. Elle savait que, en quelques secondes, la situation se dégraderait, dans très peu de temps. Mais ce n'était pas encore le moment d'intervenir, elle ne devait pas.
Pas maintenant.
Le fait de savoir à l'avance que Clive avait l'intention de partir sur-le-champ aurait paru suspect. Elle ne devait rien faire de plus que ce qu'elle était censée faire. La scientifique baissa les yeux. C'était l'Histoire du temps.
« Bah, assez discuté. Je vais vous montrer ! »
Le jeune adulte se précipita sur Flora avec une telle célérité que, durant quelques courtes secondes, personne n'osa l'empêcher de l'emporter avec lui, bien trop surpris pour réagir. Luke fut le premier à se précipiter vers lui en courant, sourcils froncés, mais le responsable de la pagaille qui s'était installée dans le restaurant lui envoya d'un simple coup de pied bien placé un yucca presque aussi grand que lui qui fit s'écraser au sol sous le poids de la plante le petit apprenti. Celui-ci se massa rapidement le dos, puis se releva, suivant son mentor à la poursuite de celui qui s'était fait passer pour son futur. Enfin, en file indienne, les autres londoniens se décidèrent à les imiter, ayant à peine retrouvé leurs esprits.
Malheureusement, c'était trop tard. Clive avait embarqué Flora dans un bateau à moteur, qui s'éloignait désormais à grande vitesse sur la réplique souterraine de la Tamise. Soudainement, Don Paolo scruta le gigantesque phare vers lequel le coupable se dirigeait, et s'exclama :
« Layton, regarde ça ! »
Dans un grondement innommable, le phare sortit soudainement de l'eau, s'élevant sur une gigantesque machine sombre, armée de toutes sortes d'artilleries diverses, toutes plus inquiétantes que les autres. Le professeur fronça les sourcils.
« Mettez-vous à l'abri ! Vite ! »
Sitôt dit, sitôt fait. Comme s'il eut fallu attendre qu'il eût prononcé ces paroles pour que les londoniens ne le fissent, la file indienne se reforma et s'éloigna le plus rapidement possible avec un mouvement affolé des rives du fleuve. Le gentleman eut à peine terminé de parler que l'un des membres de la machine de guerre vint s'écraser sur le restaurant, le réduisant en ruines en une fraction de seconde. Une fois rendus en un lieu un peu plus sûr, Luke reprit :
« Professeur, qu'est-ce que c'est que cette machine ? - Il semblerait que Clive ait travaillé à la construction d'une sorte de... forteresse mobile. », répondit son mentor sans pour autant quitter des yeux la forteresse mobile en question.
Le jeune apprenti répliqua soudainement :
« Flora est coincée là-dedans. Nous devons la sauver ! »
« Alors c'est donc la machine que Clive était en train d'élaborer... »
Claire ne pouvait détacher son regard inquiet de ce monstre de métal qui commençait à détruire les environs. Cependant, elle pâlit en se rendant compte que ce murmure qui n'était destiné qu'à elle-même avait en réalité été entendu.
« Vous étiez au courant ? », répliqua le passé de son ami d'un ton étonné.
Intérieurement, la scientifique se mordit la lèvre. Il fallait trouver autre chose. Elle ne pouvait tout de même pas dire qu'elle l'avait appris du futur de celui qui lui avait posé cette question, qui, deux ans plus tard, voyagerait dans le temps pour la sauver, mais qu'il y avait eu un imprévu...
« Non, commença-t-elle du tac au tac, mais je me doutais que quelqu'un utilisait Dimitri afin de construire des armes. »
Elle marqua une pause tellement courte qu'elle demeura imperceptible, puis reprit aussitôt.
« Cependant, je n'aurais jamais cru que ces recherches permettraient de créer une machine si atroce ! - Je vois, reprit l'homme au haut-de-forme d'un ton grave. Cet endroit est devenu bien trop dangereux. Il faut que vous partiez au plus vite ! »
Bien qu'elle sût ce qu'il voulait dire, elle nota qu'il avait dit « vous », et non « nous ».
« Et vous ? répliqua-t-elle alors. - Je dois aller sauver Flora. »
Elle écarquilla les yeux. Même si le professeur Layton était censé neutraliser la machine de Clive, il devait y avoir un autre moyen, peut-être... S'il y avait eu plus de peur que de mal, c'est qu'ils avaient probablement trouvé un autre moyen. Se rendre auprès du mastodonte d'acier, c'était risquer sa vie. S'il s'y rendait, il ne s'en sortirait pas. Ou alors, il avait eu une chance inouïe.
« Vous êtes fou ? s'écria-t-elle, inquiète, espérant qu'il changerait d'avis, comme si elle avait oublié que c'était l'Histoire du temps. Regardez donc cette machine ! Vous pourriez vous faire tuer ! »
Ignorant son conseil, l'archéologue s'éloigna, suivi de son apprenti. C'était ainsi que cela devait se produire, elle s'en rendait compte désormais. Claire réalisa alors un fait qui la pétrifia. Son ami lui avait dit que, en compagnie du groupe du passé, elle neutraliserait cette machine qui était sur le point de détruire Londres. Cependant, il ne lui avait pas dit comment. Était-ce un oubli, ou avait-il délibérément négligé ce détail ? Peu importait, cela ne changeait pas la vérité effrayante qu'elle n'avait aucun moyen de le savoir.
Finalement, le professeur lui avait laissé une part de mystère dans cette affaire. Une part de surprise. La vie de la scientifique retrouva un peu de goût, bien qu'elle eût préféré savoir ce qu'elle devrait faire. Après tout, Londres courait un grave danger, et elle aurait pu savoir comment tout se déroulerait...
« Tout se passera bien. Il serait exagéré de dire « tout se passera pour le mieux », mais tu n'as rien à craindre. Il y aura plus de peur que de mal. »
Le gentleman lui avait répété plusieurs fois ces paroles réconfortantes. Après tout, puisqu'elle avait rencontré son futur, cela signifiait que cette affaire ne lui serait logiquement pas fatale. Il s'en sortirait, ne serait-ce que lui.
Elle se décida à le suivre, et le retrouva en pleine discussion avec Don Paolo, autour d'une voiture vermillon. Ayant compris que Luke et son mentor avaient l'intention de s'en servir pour rattraper le responsable de cette affaire, la jeune scientifique se baissa à la fenêtre de son ami, sourcils froncés, alors que celui-ci venait d'attacher sa ceinture de sécurité.
« Je viens avec vous ! - Non, Céleste. Nous nous occupons de tout. »
Claire voulut répondre qu'elle devait les accompagner, que c'était l'Histoire du... – non, cela elle ne l'aurait pas dit, mais elle le pensait très fortement –, mais quelque chose la retint. Peut-être était-ce Don Paolo, qui l'avait coupée avant même qu'elle ne sortît un seul son de sa bouche à demi ouverte.
« Vite ! Le temps presse ! N'hésite pas à mettre la gomme ! - C'est parti. », prononça gravement le destinataire de ces ordres, comme pour se donner du courage.
Il appuya sur la pédale d'embrayage en même temps que sur celle d'accélération, et c'est à toute allure que le véhicule rouge s'éloigna vers la mécanique blindée qui, au loin, détruisait tout sur son passage, et ailleurs encore. Au démarrage, l'inspecteur Chelmey en profita pour crier ce qu'il pensait raisonnable, mais inutile de dire.
« Hé, Layton ! Vous avez perdu la tête ? »
« Je vous en prie ! Il faut absolument que je les aide ! »
Décidément, lorsque cette jeune lady voulait quelque chose, elle s'y accrochait. Don Paolo tentait par tous les moyens de la maintenir à l'abri, après tout Layton pouvait bien se débrouiller tout seul, là-haut, à faire le sale boulot. S'il voulait encore, une fois de plus, faire la une des journaux, il pouvait bien le faire tout seul. En vain. Céleste était bien plus têtue encore que la plus têtue des mules. Son expression effarée, à la limite de l'hystérie, montrait que c'était vraiment une véritable obsession que de risquer sa vie ainsi.
Ce n'était pas explicable. Elle voulait y aller, tout simplement. C'était limite si quelque chose lui disait qu'elle devait y aller, sous peine de quelque chose, n'importe quoi qui expliquerait cet état. La londonienne se mit soudainement à le secouer comme un prunier, criant presque. Elle était complètement affolée. Don Paolo voulait tenter de rester debout malgré les secousses, mais préféra essayer de la raisonner. Dans un dernier souffle, la jeune femme s'égosilla une dernière fois.
« S'il te plaît, Paul ! Je... »
Elle s'interrompit soudainement, se mordant la lèvre, lâchant celui qu'elle malmenait jusqu'alors et la regardait désormais, abasourdi. Elle se raidit, et pâlit. On aurait pu la prendre pour une statue.
Elle avait craqué. Elle était allée trop loin.
« Comment connaissez-vous mon nom ? » balbutia bêtement l'homme avec des yeux de merlan frit.
Dimitri Allen s'approcha du duo, ajoutant de l'huile à l'engrenage enclenché.
« Comment ? Alors, tu ne leur as pas dit, Claire ? »
L'ennemi du professeur Layton, au comble de l'étonnement, ne put que répéter bêtement le nom qu'avait donné le scientifique en fixant le destinataire de ces paroles. La londonienne avait la tête baissée, désormais. Son regard grave qui ne regardait rien plongeait vers le centre de la terre.
« Eh, une minute ! reprit Don Paolo à l'intention de celui qui venait de s'ajouter à la discussion. Vous voulez dire que... »
Il dévisagea la jeune femme de la tête aux pieds, prenant cependant plus attention à son expression qu'à sa tenue. Apparemment, en effet, elle cachait quelque chose. Il se reprit intérieurement, promptement. Mais que racontait-il ? C'était impossible, la femme qu'il aimait sans retour était morte dix ans auparavant ! Il s'agissait de sa sœur, tout simplement, comme elle l'avait dit elle-même !
A moins que...
« Claire, tu comptais tout de même leur dire à un moment ou à un autre, n'est-ce pas ? » reprit Dimitri d'un ton grave.
Se rendant compte que Don Paolo ne comprenait toujours pas ce qui se produisait sous ses yeux, le scientifique se décida à tout détailler. Du moins, tout ce qu'il savait. Finalement, Claire reprit la parole, relevant soudainement la tête et son regard suppliant :
« Paul, s'il te plaît ! De toute manière, je vais retourner à mon époque. Laisse-moi au moins les aider, puisque vous ne pouvez rien faire pour moi ! »
L'ennemi du gentleman soupira, mais dut accepter.
« Tu t'y rends seule, et je vais piloter la machine d'en bas. Ça te convient ? - C'est parfait. », répliqua distraitement la jeune lady, plus inquiétée par le fait qu'elle devait s'y rendre plutôt que par le moyen de s'y rendre.
La scientifique monta le plus rapidement possible dans la machine volante en question, son ancien camarade d'université sortit une télécommande qu'il utilisa pour faire décoller la mécanique violacée. Elle s'approchait de plus en plus rapidement de la machine de Clive, et son inquiétude montait en même temps que la distance se réduisait. Que devrait-elle faire, une fois à l'intérieur ? Elle avait tout intérêt à trouver la réponse avant d'y être...
Ses pas résonnaient dans les corridors, mais elle n'y prenait pas garde. Le plus important était de retrouver le professeur Layton et son apprenti parmi le dédale de la titanesque forteresse d'acier. Rien d'autre ne devait l'importuner. Le temps pressait, il n'y avait pas de temps à perdre avec de telles balivernes ! Enfin elle entendit des voix familières non loin. Sans aucune hésitation, elle continua dans la direction qu'elle avait prise, et ouvrit la porte, rentrant le souffle coupé dans la salle principale, se retrouvant face à face avec l'archéologue et les deux adolescents.
« Céleste ! » appela l'adulte au haut-de-forme, plus par surprise que par véritable enthousiasme.
Que pouvait-elle bien faire là ? Comment était-elle arrivée ? Ne prêtant aucune attention à ces interrogations silencieuses, Claire fronça les sourcils et reprit aussitôt, d'un ton aussi sérieux que grave.
« Suivez-moi ! Je sais comment arrêter Clive ! »
A suivre ~
Andréa Heart
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Sujet: Re: Fan Fiction ? Mer 25 Juil - 19:13
Hey ! Alors, du nouveau ? Eh bien... Oui et non. %) Pas de nouveau chapitre, mais une "mini-réécriture" de certains passages dans certains chapitres, ainsi que l'ajout de citations en début de chaque chapitre ! x) Alors, bon vala les bestioles (début seulement, sinon le post sera encore trop long... 8D)
Spoiler:
« Cher Professeur Layton, Cela fait si longtemps que nous ne nous sommes plus vus ! Je me trouve actuellement dans un hôtel de Dublin avec ma famille. Dans quelques semaines, la fête du 17 mars sera prête, j'ai tellement hâte ! C'est pourquoi, avec l'accord de mes parents, je suis ravi de vous inviter prendre un séjour dans la capitale de l'Irlande, vous et Flora. J'ai également invité Emmy, votre assistante. Je tenais à ce que nous soyons tous réunis pour cette fête qui s'avère si prestigieuse ! Je compte sur vous.
Votre apprenti, Luke Triton »
Le professeur releva son haut-de-forme, regardant le soleil frais du matin. Frais, mais beau pour un début de mois de mars, les averses semblaient loin pour au moins plusieurs jours. Il sourit et appela gentiment une jeune fille, lui annonçant leur départ imminent pour l'Irlande.
« Un peu de repos ne vous fera pas de mal ! rit celle-ci, heureuse que son « père » adoptif pût enfin prendre congé de son travail épuisant. - Tu as raison, Flora... Cependant, j'ai comme un pressentiment... - Oh, Professeur ! Vous êtes toujours si angoissé... Je pense que cette invitation arrive exactement au bon moment ! »
Elle sembla réfléchir, avant d'ajouter :
« Je sais ! Je vais vous faire du thé ! »
Le professeur Layton s'apprêtait à répliquer, mais l'adolescente était déjà partie comme une flèche vers la cuisine.
« Toujours aussi enthousiaste... », murmura-t-il pour lui-même, esquissant un sourire.
Il rangea – pour une fois – ses livres, puis se dirigea vers le téléphone afin de prévenir de son absence l'université de Gressenheller où il enseignait. Ceci fait, il monta les escaliers vers sa chambre et boucla ses valises.
« Professeur... J'ai entendu dire que les irlandais parlaient étrangement*, est-ce vrai ? demanda Flora. - Eh bien, j'ai moi aussi entendu de telles histoires venant de touristes, mais il ne s'agit que d'un « accent », nous ne devrions pas avoir trop de problèmes à converser. - Je suis rassurée... »
Ce sont sur ces mots que deux silhouettes sortirent d'une maison de Londres, prenant un bus pour la gare, puis le port de Holyhead, le plus proche de leur destination.
Note : * : En effet, les Irlandais ont un accent très différent des Britanniques.
Chapitre I – Étranges trouble-fête
Spoiler:
« Ne blâme pas Dieu d'avoir créé le tigre, mais remercie-le de ne pas lui avoir donné d'ailes. » Proverbe indien
« Professeur, Professeur ! »
L'adulte accompagné de Flora portait deux valises, une dans chaque main. Le duo sortait à peine du couloir qui menait au port que le jeune adolescent l'avait déjà repéré, et commençait tout joyeux à courir à leur rencontre. Sans réfléchir, il se précipita vers son mentor, qui eut le plus grand mal à se maintenir en équilibre.
« Luke, enfin ! Hershel est à peine arrivé que tu lui sautes déjà au cou... »
Le jeune garçon inclina la tête face à ces paroles de son père et s'excusa du mieux qu'il put.
« Ce n'est rien, Luke. Fais juste attention la prochaine fois ! rit le gentleman, un sourire aux lèvres. - Eh bien, on dirait que vous êtes plus rapides que moi ! »
Prochaine fois qui ne tarda pas. Emmy venait d'apparaître, aussi joyeuse que les autres. L'adolescent l'appela de même et commença à courir à sa rencontre... avant de s'arrêter, se rendant compte de l'erreur qu'il était sur le point de recommencer. Tout le monde rit de bon cœur. Après tout, ils ne s'étaient pas vus depuis si longtemps, il était juste trop enthousiaste pour penser aux conséquences de ses actes. L'assistante du professeur s'approcha du jeune homme et lui ébouriffa les cheveux à travers sa casquette, un sourire taquin aux lèvres.
« Le second assistant du professeur est bien enthousiaste, on dirait ! » ironisa-t-elle.
Celui-ci fit la moue.
« Pour la dernière fois Emmy, je ne suis pas son assistant ! Je suis son apprenti ! »
Légère pause, l'enfant cherchant rapidement ce qu'il pouvait ajouter de plus.
« ... Et je dirais même que je suis son meilleur apprenti ! - C'est drôle, j'ai comme l'impression que ce n'est pas la première fois que tu le dis... »
Luke grogna intérieurement. La londonienne n'avait pas tort... Elle lui esquissa un second sourire plaisantin, puis se tourna finalement vers la seule personne du groupe qu'elle ne connaissait pas encore.
« Tu es Flora Reinhold, je me trompe ? »
L'intéressée sursauta légèrement, avant d'acquiescer timidement. La jeune adulte esquissa un sourire.
« Appelle-moi Emmy. Enchantée ! - Enchantée... »
Les deux filles se serrèrent la main avant de sourire. Flora rougit légèrement.
17 mars 1975
Un seul mot pouvait résumer le spectacle en entier : vert. Des centaines, voire des milliers de musiciens et autres artistes en tous genres défilaient dans les plus grandes avenues de Dublin. Finalement, Luke avait pu accueillir ses trois invités au port avec un sourire dont il n'avait encore jamais égalé la joie. Cela faisait peut-être... Deux ans, voire plus, qu'il n'avait plus vu le professeur et Flora. Au moins trois ans supplémentaires pour Emmy Altava, assistante du professeur Layton.
Celle-ci était ravie, ayant tout son temps pour prendre les plus belles photographies que lui permettait son appareil dont elle était si fière. Luke et Flora se gavaient de crèmes glacées, malgré les avertissements du professeur. En effet, par un mois si instable et frais qu'est le mois de mars, ils auraient tôt fait d'attraper un rhume...
Quoique le fond de l'air demeurait frais – ce qui était tout-à-fait normal pour la saison – l'ambiance ne pouvait pas être plus chaleureuse. Des cris, des chansons, des applaudissements, des bruits de pas en rythme venaient de partout. La joie régnait en maître sur toute la capitale, si ce n'est sur tout le pays. Après tout, n'était-ce pas la fête nationale de l'Irlande ?
« Professeur, regardez ! »
Luke s'était écrié si soudainement que Flora manqua de renverser sa crème glacée. Un chariot en bois, titanesque, recouvert de verdure et d'hommes habillés en vert venait d'apparaître. Il était sublime. Cependant, le gentleman remarqua qu'il n'y avait pas que de l'enthousiasme dans la phrase de son apprenti, mais également de la surprise.
En effet, jusqu'à maintenant tout avait été en mouvement, un interminable défilé qui parcourait lentement O'connell street en se dirigeant vers la Liffey, le fleuve dublinois. Mais ce chariot qui venait d'apparaître, lui, s'était arrêté, ne bougeant plus.
« Professeur, est-ce normal ? demanda Flora. - Je l'ignore, peut-être se passe-t-il quelque chose, répliqua le professeur, soudainement inquiet. Bien vu, Luke » ajouta-t-il en se tournant vers le garçon.
Celui-ci le remercia du compliment avec un sourire fugace bien vite remplacé par une expression un tantinet angoissée. Mais ce fut au tour d'Emmy d'ajouter une seconde remarque à la première :
« Professeur, n'entendez-vous rien ? »
Cette fois-ci, tout le monde tendit l'oreille. Des sons étranges, ressemblant à de la musique. On aurait pu dire qu'il s'agissait d'un orchestre si les accords créés n'étaient pas si dissonants, presque douloureux à écouter pour les oreilles. Cela durait, mais au fur et à mesure des secondes, les sons formèrent un parfait accord. Celui-ci continua de résonner ainsi quelques secondes, puis le silence reprit le dessus. Cependant, seul le quatuor semblait s'en inquiéter.
« Je crois comprendre. Ne vous inquiétez pas, ils ne faisaient que s'accorder. - Comment peux-tu en être sûr, Luke ? s'étonna l'assistante du professeur. - Je fais du violon depuis mon plus jeune âge, et j'ai déjà été dans quelques ensembles instrumentaux. Les instruments sont « désaccordés », – sûrement à cause du froid* – donc il faut les « accorder » avant de jouer. Sinon bonjour les fausses notes, comme nous avons pu en entendre ! - Ta perspicacité m'impressionne, Luke... sourit son mentor. - Mais c'est parce que c'est mon domaine, Professeur ! »
Luke avait raison, à l'intérieur du gigantesque chariot rempli de verdure une petite dizaine de musiciens était en train de s'accorder et sortait maintenant vers le centre de la place, devant une fontaine. Tous habillés de vert, ils se positionnèrent devant elle, d'une manière un peu particulière, très espacés les uns des autres, à l'exception des basses – violoncellistes et contrebassiste. Deux flûtistes se mirent sur les côtés, à l'opposé l'un de l'autre. Parmi les cinq violonistes, une seule se mit en tête du groupe, au centre, position qui attirait naturellement l'attention de tout le monde.
C'était une jeune fille d'environ quatorze ans, pas encore quinze. Ses yeux d'un noir profond étaient encadrés dans deux verres de lunettes à la monture métallique, et par moment légèrement voilés par quelques des cheveux bruns qui cachaient totalement son front, maintenus ainsi grâce à un serre-tête vert pomme. Avec un minuscule petit ruban de couleurs différentes et décoré de deux trèfles à trois feuilles, il s'agissait des seuls objets qui avaient l'audace de retenir sa chevelure, qui étaient en réalité totalement libres au gré du vent. Vêtue comme tous les autres musiciens d'un costume, pour elle d'une robe aux tons de verts tous mélangés qui descendait jusqu'à ses genoux. Un détail retint l'attention du gentleman cependant. Étonnamment, quelques cheveux de l'adolescente flottaient littéralement dans les airs.
« N'est-ce pas un peu tard dans la saison pour avoir les cheveux électriques ? » songea-t-il, intrigué. Mais il chassa vite cette idée saugrenue et continua de regarder les musiciens se mettre en place. Après tout, qu'avait donc d'étrange une chevelure électrique ? Cela pouvait arriver à tout le monde, n'importe quand.
Tous l'observaient, suivant les regards des instrumentistes qui la scrutaient comme ils pouvaient. Visiblement, ils attendaient quelque chose de sa part. Et ce « quelque chose » ne tarda pas à arriver.
L'adolescente fit un mouvement de tête avant de commencer une danse tout en jouant de son violon, et entraînant tout le groupe par la même occasion. Ils commencèrent une danse folklorique irlandaise, et la plupart des spectateurs – apparemment habitués à ce spectacle, habitant à Dublin – suivirent le pas, certains dansant, d'autres se contentant de taper du pied. La musique était joyeuse et entraînait en effet à valser gaiement, de par sa vitesse, ses contretemps, son rythme et la simple vue des musiciens si joyeux. Seuls les trois bassistes – contrebassiste et violoncellistes – restaient immobiles, se contentant de jouer. En effet, il était difficile pour eux de suivre le pas avec leurs instruments si volumineux... Soudainement, des hommes en vert se joignirent à la danse, redoublant les ovations et la joie des spectateurs.
« C'est magique... » murmura Flora.
A chaque reprise du refrain, les ovations et les danseurs redoublaient d'intensité. Cela semblait être fait pour ne jamais se terminer...
Mais non. Un bruit, dû à la chute d'un objet volumineux – créant une petite explosion et un gros nuage de poussière et de débris – se fit entendre au loin, à l'opposé des musiciens. Tout en continuant à jouer, la violoniste du devant scruta au loin, – ainsi que quelques autres personnes qui avaient eu la curiosité et le courage de se retourner – cherchant l'origine de cet « accident ». Elle aperçut tout de suite ce qu'elle cherchait, et cette fois s'arrêta de danser.
« Fuyez... » murmura-t-elle, cependant plus pour elle que pour son entourage.
Elle manquait de souffle, à la fois à cause du spectacle et de ce qu'elle avait vu. Sachant qu'elle n'avait pas été entendue, elle répéta en hurlant :
« Fuyez ! Vite ! »
Des cris s'ensuivirent, suivis d'une foule paniquée. D'étranges créatures, ne ressemblant à aucun animal sur Terre, avaient surgi et commençaient à s'attaquer aux bâtiments de l'avenue. Le professeur et ses compagnons couraient vers la mer, lorsqu'une main vint s'agripper au bras de Flora Reinhold. Elle cria suite à la surprise avant d'être entraînée vers une petite ruelle. Le groupe la suivit tant bien que mal à cause de la foule, non sans cris de stupéfaction.
« Mais enfin, qu'est-ce qui te prend ? Lâche-moi ! »
Sitôt dit, sitôt fait. La jeune fille qui l'avait empoignée de la sorte s'excusa poliment. Le professeur ainsi que ses assistants ne tardèrent pas.
« Hé, mais je te reconnais ! s'écria Luke. Tu es... »
La jeune inconnue le força à se taire par un murmure à la fois doux et angoissé.
« Essaie de parler moins fort, si tu ne tiens pas à ce que ces créatures nous trouvent... - Luke a raison, n'es-tu pas l'une des violonistes du spectacle ? » remarqua le gentleman.
En effet, la jeune fille était facile à reconnaître avec son costume et son violon à la main. Ses cheveux volaient, se collant au mur proche et lui donnaient un aspect fantomatique, presque inquiétant. Par une pareille situation, seul le fait qu'il s'agissait d'une enfant sans défense rassurait le groupe. Celle-ci tenta de réchauffer l'ambiance en ajoutant un sourire à son visage lorsqu'elle répondit.
« Appelez-moi Sandra, ce sera plus court. »
L'assistante du professeur s'étonna à l'écoute de ce nom et répliqua, intriguée.
« Sandra ? Ce n'est pas un nom de chez nous, je me trompe ? - Non, c'est exact, rit la musicienne. Je ne suis pas vraiment d'ici... Vous non plus, d'ailleurs. - En effet, s'étonna le professeur. Mais comment l'as-tu deviné ? - Votre accent, » se contenta de répondre celle-ci, en montrant une mine qui laissait paraître que cela lui était évident.
Emmy reprit rapidement la parole, d'une voix un peu angoissée. Cela surprit Luke, habitué à la voir toujours sûre d'elle. Elle proposa de rentrer à l'hôtel, où ils seraient probablement plus à l'abri que dehors... Le professeur approuva, mais à peine le groupe s'était-il tourné vers l'avenue d'où il venait qu'une déferlante de flammes la traversa, suivie de près par une des créatures ressemblant à un canidé noir et orange gigantesque. Deux cornes à la place d'oreilles, une sorte de collier de métal qui entourait son cou représentait une tête effrayante. Il s'arrêta à l'orée de la petite venelle et fixa de ses yeux rouges les londoniens. Puis il s'élança à nouveau à travers O'connell street d'un seul bond rapide et souple, ne leur prêtant plus attention. Ce moment aussi fugace qu'un éclair parut pourtant durer des siècles. Le professeur et ses amis étaient terrorisés.
« Ce... Est-ce que c'est lui qui a fait ça, Professeur ? s'inquiéta Flora. - Je le crains... Peut-être vaut-il mieux que nous continuions dans cette direction... » continua Sandra, pointant du doigt l'autre issue, devenue plus accueillante.
Le groupe se résigna à n'emprunter que des rues peu fréquentées, se sentant plus en sécurité. Luke se tourna soudainement vers la nouvelle venue.
« Au fait, où habites-tu ? Tu avais dit que tu n'étais pas d'ici, mais... Dans ce cas tu as un hôtel ? - J'avais serait plus approprié, soupira Sandra, soudainement soucieuse. Le bâtiment de tout-à-l'heure est justement mon hôtel... »
Le quatuor s'arrêta, à cause de la surprise. L'adolescente continua quelques pas avant de les imiter et de les regarder sans comprendre.
« Dans ce cas, où vas-tu ? - Puisque vous n'habitez pas ici non plus, je suppose que vous avez un hôtel. J'en recherche justement un, alors si je vous suis, je pourrai prendre une autre chambre... »
Emmy remarqua que l'adolescente avait dit « je », et pas « nous ». Cela signifiait-il qu'elle était seule ?
« Dis-moi, Sandra... où sont tes parents ? - Pas ici. »
Le groupe eut beau lui soumettre toutes sortes de questions, « Pas ici. » fut la seule réponse qu'ils purent obtenir. Après tout, ils n'étaient que des inconnus pour elle, c'était peut-être une question un peu indiscrète...
« Es-tu sûre que tu pourras payer ta chambre ? » tenta tout de même le professeur.
Il était tellement improbable qu'une jeune adolescente ne se promène avec des milliers de livres sur elle, surtout si elle venait d'un spectacle... La jeune fille s'arrêta soudainement, pensive et inquiète.
« Toutes mes affaires sont restées là-bas... » murmura-t-elle, le regard dans le vide, terrorisée. Elle n'avait rien sur elle, tout demeurait dans les décombres de l'hôtel.
« Si tu veux, je peux m'occuper de te payer le séjour, nous nous arrangerons avec tes parents, proposa le gentleman. - Vous feriez cela ? demanda l'enfant, sans y croire. - Tout gentleman se doit d'aider une jeune lady en détresse », répondit-il avec un sourire réconfortant.
Sandra se laissa convaincre et esquissa une mine réjouie. Cependant, Flora remarqua que son émotion du moment était toute autre et ressemblait plus à de l'inquiétude... Après tout, elle avait tout perdu et des créatures étranges envahissaient la ville. N'était-ce pas suffisant pour être inquiet ?
Note : * : Les instruments supportent en effet mal les trop grands écarts de température.
Chapitre II – Coincés
Spoiler:
« La liberté est le droit de faire tout ce que les lois permettent. » Montesquieu
« Luke ! Tu n'as rien ! Oh, j'ai eu si peur quand j'ai appris la nouvelle... »
Brenda Triton serra son fils dans ses bras tellement fort qu'il parut étouffer. Les parents de Luke n'étaient en vérité de séjour à Dublin que pour le travail, et ils n'étaient donc pas venus à la fête, à la déception de leur fils.
« La nouvelle est rapidement passée dans tous les postes de télévision, continua Clark. Hershel, n'aurais-tu pas une petite idée de la provenance de ces... choses ? - Malheureusement, non, admit le gentleman, inquiet et désolé. J'ignore tout d'elles, de leur origine à leur raison de s'attaquer à la ville... Nous manquons de trop d'éléments pour pouvoir résoudre ce mystère, du moins pour le moment. - Le journal télévisé a été clair, reprit Brenda. Nous devons, pour notre sécurité, rester enfermés ici pendant que la police se charge des créatures. Pour le moment, elle reste au poste à tenter de réfléchir au problème, mais elle finira par intervenir, en théorie dans quelques jours... »
Emmy sursauta. La simple idée de rester coincée dans un hôtel – quoiqu'il soit luxueux – vingt-quatre heures sur vingt-quatre alors qu'un mystère se déroulait dehors la dégoûtait. Jusqu'à maintenant, elle avait pu résoudre tous les mystères qu'elle avait croisés avec le professeur, mais elle ne pouvait en aucun cas laisser filer celui-là. Surtout si elle restait à l'hôtel à se tourner les pouces.
« Professeur, cela signifie que nous ne pourrons pas enquêter ! - Je le crains. Peut-être pourrais-je obtenir une faveur de la police pour que nous sortions les aider... - Nous sommes des civils, Professeur, rappela Sandra. Comment pourriez-vous convaincre la police de laisser sortir des civils par un danger pareil ? Le simple fait de vous déplacer vers le commissariat vous vaudrait d'être escorté pour le chemin du retour... »
L'adolescente assistait à la conversation, mais restait dans le cadre de la porte de la chambre, à laquelle se collaient ses cheveux bruns. Même s'ils avaient la gentillesse et la générosité de l'aider et qu'elle commençait à se rapprocher d'eux, elle préférait garder ses distances pour le moment. Hershel Layton sembla réfléchir en baissant légèrement la tête et en prenant son menton de sa main droite avant de soupirer.
« En effet, tu as raison. Cela ne servirait à rien. Si nous voulons enquêter, nous n'avons plus qu'à regarder par la fenêtre... »
Tout le monde se plongea dans une réflexion silencieuse, presque gênante. La jeune fille aux lunettes sortit soudainement, prétendant partir chercher de l'eau pour le thé. Ses cheveux flottaient toujours et la suivirent dans sa course. Course était bien le bon mot, car c'est en courant qu'elle partit. Mais ce n'est pas en galopant ainsi qu'on va quérir de l'eau.
« Prétendre » était également un mot bien choisi. C'est pour autre chose qu'elle s'en est allée. Le professeur se pencha à la grande fenêtre de sa chambre, bientôt suivi par ses assistants. Les parents de Luke restèrent assis dans leurs fauteuils et se contentèrent de les regarder d'un air inquiet et curieux. L'avenue était déserte, les créatures semblaient parties. De nombreuses lignes noires de pierre brûlée la zébraient de part en part. Probablement le résultat des nombreuses flammes lancées par ces créatures mystérieuses. Des débris de toutes sortes, de toutes matières, de toutes tailles recouvraient la plus grande partie de la voie pavée, rassemblés en monticules de tailles variées. Les débris des bâtiments touchés par les explosions.
Des bruits de pas résonnèrent dans l'avenue, muets et incertains. Le silence se fit dans la chambre, le groupe se pencha et plissa les yeux afin de mieux apercevoir ce qu'il se passait.
Le propriétaire des bruissements, une jeune silhouette sombre, se détacha de la façade et se mit à escalader les montagnes de pierre, tantôt rapidement et aisément, tantôt s'aidant de ses mains. Elle s'éloignait vers le lieu d'apparition des créatures, et quoiqu'elle fût lointaine, tout le monde finit par reconnaître celle qu'ils avaient rencontrée deux heures plus tôt. On distinguait de maigres cheveux transparents flotter autour de sa tête.
« Mais où va-t-elle, Professeur ? » demanda Luke, ne comprenant pas son acte.
Sandra avait volontairement enfreint la règle donnée par les autorités de la ville, dans un but inconnu. La silhouette se distinguait à peine des décombres, et la visibilité était réduite à cause de la nuit. Cependant, elle sembla se tourner vers la fenêtre. Le gentleman la regarda et crut croiser son regard. Un regard à la fois sombre et brillant, où se reflétait le cadre de sa fenêtre. Oui, ils s'étaient fait repérer, et l'ombre enfantine s'enfuit avant de passer derrière un bâtiment. Le professeur d'archéologie détacha ses yeux de l'avenue et ferma la fenêtre avant de se tourner vers ses amis.
« Je l'ignore, Luke. Mais elle reviendra... »
Le silence se mit à planer sur la salle. Plus personne n'osa faire quoi que ce soit, cette absence de bruit était trop intimidante pour que qui que ce soit ait le courage de la troubler. Flora, afin de calmer l'ambiance angoissante qui s'était installée, tenta timidement :
« Voulez-vous du thé ? Le dîner sera bientôt prêt... »
Vingt-deux heures
Sandra était rentrée dans sa chambre. Cependant, au lieu de dormir, elle écrivait sur un carnet minuscule, qui rentrait parfaitement dans son sac en bandoulière. Elle était sortie discrètement retourner chercher ses affaires dans les décombres de son ancien hôtel, même si elle savait qu'elle n'en avait pas le droit pour sa sécurité. Toutefois, discrètement était un mot plutôt mal approprié, puisqu'on l'avait repérée. Un bruit répété à quelques rares reprises la fit sursauter. Flora avait toqué puis ouvert timidement la porte. A cause de cette escapade, sûrement. Pour avoir des explications, très certainement.
« Que fais-tu ? » demanda la londonienne, curieuse.
Elle s'approcha du bureau et regarda, plissant légèrement les yeux à cause de la trop forte lumière de la lampe. La jeune fille aux lunettes crut bon de ne pas cacher ses notes. Cependant, elle garda le silence. Sa chevelure brune semblait valser au gré d'un vent inexistant. Comme toujours.
« Qu'est-ce que tu écris ? »
Cette fois-ci, l'interrogée répondit du mieux qu'elle put. D'un ton à la fois timide et sûr de lui.
« Cette histoire de créatures n'est pas nette, il se passe quelque chose. Je note tous les détails qui me feraient avancer dans mon enquête... - Eh bien, pourquoi ne nous ferais-tu pas partager ces notes ? coupa son amie, d'un ton joyeux et plein d'espoir. Le professeur est très bon en énigmes, il a résolu énormément d'affaires comme celle-ci ! Je suis sûre que ça nous ferait tous avancer bien plus facilement ! »
L'étrangère se tut. Flora n'avait pas tort.
« Puis-je lire ? - Oui, oui, bien sûr... »
Sandra était coincée. Une réponse négative aurait paru bien trop suspecte, mais elle préférait garder le secret sur tout ce qu'elle savait. Ils ne devaient pas savoir. Elle ne pouvait pas leur faire suffisamment confiance, même après leur geste généreux. De toute manière, elle n'avait pas le droit de leur dire. Peu importait qu'ils puissent l'aider ou non. Cependant, elle fut rassurée lorsque son amie regarda le cahier de près.
« ... Mais je n'y comprends rien du tout ! »
Sandra se souvint avec soulagement qu'elle n'avait pas écrit ses notes en anglais.
« Bah, ce n'est pas si grave. Nous en reparlerons demain, il se fait bien tard... »
Flora ne put étouffer un bâillement lorsqu'elle ouvrit la bouche pour parler. Elle se retira et laissa Sandra seule face à son calepin, qu'elle rangea dans sa sacoche avec son crayon. Elle soupira.
« Décidément, je parais bien trop suspecte, ils sont tellement mal à l'aise avec moi... Ça finira par m'attirer des ennuis si ça continue. »
Chapitre III – Réflexions et théories
Spoiler:
« Ne craignez pas d'être lent, craignez seulement d'être à l'arrêt. » Proverbe chinois
18 mars 1975, sept heures trente
« Très bien, maintenant que nous sommes tous réveillés, je suppose que nous pouvons commencer à réfléchir sur ce mystère... »
Le professeur Layton était habitué à se lever tôt, mais ce n'était pas le cas de tout le monde. Luke peinait à camoufler ses bâillements, Flora et Sandra étaient encore sur le point de se rendormir, et elles regrettèrent toutes deux de s'être couchées si tardivement. Seule Emmy demeurait entièrement en éveil et prête à écouter pleinement le gentleman.
« Commençons par résumer ce que nous savons, continua-t-il : 1°) Des créatures étranges sont apparues mystérieusement. Mystère à élucider Numéro un. 2°) Elles semblaient vouloir s'attaquer à la ville, pour une raison inconnue. Mystère à élucider Numéro deux. 3°) Ces créatures semblent posséder des "pouvoirs", d'une manière ou d'une autre. Mystère à élucider Numéro trois. 4°) Ce n'est peut-être qu'une coïncidence, mais elles sont apparues l'après-midi où l'on fêtait la Saint Patrick, jour très important en Irlande. - Ça promet, nous n'avons aucune piste. Trois mystères à élucider et une théorie sans preuve, c'est largement insuffisant... » soupira Emmy.
Flora regarda Sandra, qui rougit légèrement en se sachant observée. Il était évident que cette adolescente cachait quelque chose. Mais d'un autre côté, il semblait tellement improbable qu'elle fût celle qui était à l'origine du mystère qu'elle était certainement aussi innocente que n'importe qui dans la salle. Cependant, une question demeurait donc : pourquoi s'obstinait-elle à refuser de collaborer et de partager ses indices, si elle en avait ? Et elle semblait en savoir long sur ces créatures...
« Apparemment, personne ici n'a d'indices supplémentaires... » ironisa Flora avec un très léger sourire agacé, gardant un œil sur son amie.
Sandra feignit de ne rien entendre, prenant une gorgée de son thé avant de se lever, s'excuser poliment et retourner dans sa chambre. Une fois assurée que celle-ci fût hors de la chambre du professeur, Flora reprit la parole, presque en murmurant :
« Ne pensez-vous pas qu'elle nous cache quelque chose ? - Il est facile de le deviner, soupira le professeur. Cependant, tout bon gentleman se doit de ne pas brusquer une jeune lady... »
Flora souffla. Il n'avait pas tort, cela aurait été très impoli de brusquer Sandra en la forçant de donner des réponses. Et de toute manière, rien ne leur disait si elle cèderait à la brusquerie. Déjà, aucune information n'avait pu être obtenue sur la raison du fait que ses parents ne soient pas avec elle, alors à propos d'un problème de cette envergure... L'adolescente craignait qu'aucune explication ne puisse être tirée de cette jeune inconnue, et que ces créatures ne règnent en maîtres sur les rues de Dublin encore longtemps. Si leur but n'est pas de s'éloigner et d'envahir le reste du monde et d'amener la destruction partout. Jusqu'à Londres, peut-être. Cette dernière pensée la fit frissonner, mais son « père » continua sa phrase et la rassura légèrement.
« ... Cependant, si nous trouvons une preuve de sa culpabilité, elle nous devra des explications, c'est évident. Mais elle semble aussi innocente que nous, ce qui ne facilite pas les choses... - Professeur, ajouta Luke, Clive Dove aussi semblait innocent lorsqu'il nous avait lancés dans l'affaire du voyage dans le temps... - Peut-être, mais à la différence de Clive, Sandra est une enfant comme toi et Flora. Un adulte peut créer tout un mystère sans problèmes, comme nous avons pu le voir à de nombreuses reprises. C'est cependant bien plus compliqué pour un adolescent... - Vous avez raison, Professeur. Cependant, cette affaire semble si compliquée qu'on peut se demander si nous pouvons faire confiance à tout le monde... » termina Emmy d'un ton grave, avant de prendre sa tasse de thé et de boire une gorgée rapidement, prise comme les autres dans une profonde réflexion.
Réflexion qui s'avérait gênante, car complètement inutile et finalement sans résultats. Si seulement ils pouvaient sortir, leur enquête aurait pu leur amener des indices capitaux, qu'ils ne pouvaient certainement pas démasquer en restant à l'hôtel. La police n'ayant toujours pas agi, elle devait probablement rester coincée également à cette étape de la recherche... Cette situation en devenait ridicule. Rester enfermé alors que les indices étaient dehors relèverait du comique si l'affaire n'était pas si importante. Mais ils ne pouvaient pas faire autrement, et cela ne faisait qu'augmenter la rage du groupe.
De l'autre côté du mur, l'adolescente dont ses amis parlaient avait tout écouté avec désolation et soupira. Ses cheveux s'accrochaient au mur contre lequel elle s'appuyait, mais elle n'y prit pas garde. Quoi qu'elle fît, elle avait tout le temps une chevelure remplie d'électricité statique. Elle s'effondra sur son lit en maintenant une position assise mais voûtée, ses cheveux suivirent son geste avec la vivacité des feuilles d'automne. Quelques secondes passèrent ainsi. Un nouveau soupir sortit de sa bouche, et elle s'allongea entièrement.
« J'en étais sûre, ils commencent à se faire des idées... » songea-t-elle en regardant le plafond d'un air triste.
Cependant, elle se rassura à l'idée que l'on n'allait pas la brusquer avant d'avoir des preuves, chose qu'elle pensait impossible. Elle se releva lentement, se tourna vers l'unique paire de fenêtres de sa chambre et l'ouvrit. L'hôtel donnait, comme pour la pièce voisine qui appartenait au professeur d'archéologie, sur l'avenue qui avait été attaquée en premier.
La pauvre fontaine agonisante crachait encore avec peine un maigre filet d'eau qui s'écrasait misérablement dans une mare asséchée, en grande partie enterrée par les débris. L'enceinte du bassin était complètement détruite, et l'eau s'échappait lentement et silencieusement, formant un ridicule ruisseau grisâtre, déjà tari. Seules les fines lignes sombres qui étaient peintes maladroitement sur le sol plein d'aspérités trahissaient son existence à coup sûr passée et éphémère.
De longues lignes noires traversaient la rue de part en part, à peine recouvertes par de nombreux morceaux de pierre et de briques et cachaient le maigre tracé de l'ancien cours d'eau desséché d'une ombre écrasante. Signe laissé par les flammes, éteintes à la va-vite par un coup de vent. Cependant, plutôt fort, ce « coup de vent »...
Une sorte d'immense chauve-souris à quatre ailes apparut dans le cadre et fonça soudainement vers l'adolescente, qui ferma la fenêtre immédiatement, en montrant une figure perplexe et terrorisée. Heureusement, la vitre fut assez solide et résista au choc causé par la charge de la créature. Vexée, elle se retira. Mais pour revenir attaquer plus tard, et peut-être pas seule.
« Ça promet... » songea la jeune fille, embêtée.
De leur côté, le professeur et ses amis avaient vu passer une créature violette avant d'entendre un grand bruit venant de la chambre de Sandra. Inquiet, celui-ci toqua à la porte et l'adolescente ouvrit aussitôt, en dévoilant une mine encore tremblotante.
« Oh, c'est vous Professeur... - Qu'était-ce donc ? - Une des « créatures » m'a attaquée, j'ai juste eu le temps de fermer la fenêtre... Mais ne vous inquiétez pas, elle est loin, maintenant... » sourit la jeune fille.
Le gentleman devina vite que ces paroles rassurantes n'étaient que mensonges. Le sourire de l'enfant était trop peu naturel pour être réaliste. Non. Les créatures reviendraient, et pas avec de bonnes intentions.
Chapitre IV – Complications [1/2]
Spoiler:
« La musique, c'est du bruit qui pense. » Victor Hugo
Luke retourna tristement dans sa chambre, la même que ses parents, sans prévenir personne. Il était complètement plongé dans des pensées noires qui le tourmentaient. Lui qui espérait passer un bon moment avec ses amis pendant la fête nationale de l'Irlande, tout avait basculé avec l'apparition de ces étranges créatures. Il tenta de penser à autre chose et sortit son violon. Le jeune garçon l'accorda rapidement et commença à jouer. La musique était pour lui un moyen d'oublier tout ce qui le tracassait, et en particulier cette mystérieuse affaire. Luke ferma les yeux, laissant ses doigts danser sur la touche de son instrument.
Il souleva les paupières soudainement et montra un air étonné, remarquant que quelqu'un d'autre s'amusait à l'accompagner dans son morceau. Sandra, bien sûr, avait sorti son propre instrument et le suivait. Peut-être cherchait-elle également à oublier ses problèmes... Luke continua, comme si de rien n'était, prenant cette intrusion dans son morceau comme un jeu. L'autre violon ne s'arrêta pas non plus, et son air fit penser à des rires joyeux. L'adolescent n'avait pas refusé le duo, et semblait réjouir son compagnon.
Luke avait terminé son morceau, donc Sandra également. Celle-ci rangea son instrument très soigneusement avant de regarder par la fenêtre en fronçant les sourcils, inquiète. La créature violette n'allait probablement pas tarder, et elle ferait mieux de se dépêcher d'agir tout en restant discrète. Ses amis devaient rester hors de cette histoire, à tout prix. La jeune fille soupira.
« Tout ceci n'aurait jamais dû se produire... » songea-t-elle en regardant tristement le ciel légèrement grisâtre de la capitale irlandaise.
Elle prit sa sacoche et l'enfila. L'adolescente tremblait légèrement, ignorant encore comment elle agirait exactement. Mais elle ne devait pas tarder à le faire, malgré elle. Prête ou non.
Le professeur, Emmy et Flora continuaient de réfléchir sur l'affaire autour de la table qui contenait les notes du gentleman. Aucun indice ne semblait pouvoir se révéler, autrement dit : rien n'avançait. L'assistante du professeur grogna à nouveau, pensant que c'était principalement dû à leur interdiction de sortir de l'hôtel, qui compliquait grandement leur recherche d'indices. Malgré le fait que tous y mettaient toute leur profonde réflexion, aucune explication possible à tous ces mystères ne pointait le bout de son nez.
Tous entendirent soudainement un grand bruit venant de l'avenue. Le réflexe d'Emmy fut de se précipiter à la fenêtre. Elle vit la créature violette qui avait attaqué Sandra quelques dizaines de minutes précédemment en train de lutter contre une autre. Blanche, noire et jaune, capable de voler bien que ressemblant à un écureuil. Elles se faisaient face et n'allaient certainement pas tarder à se jeter l'une contre l'autre.
« Professeur, regardez ! »
Le gentleman et la jeune fille s'approchèrent en courant. Ils n'avaient pas osé au départ quitter la table où se trouvaient les notes et les maigres indices. Ils savaient de quoi il s'agissait. Cependant, ils obéirent à la demande de la jeune femme.
« Il semblerait contre toute attente que ces créatures soient rivales, constata le professeur. Peut-être qu'en fait elles n'en veulent pas à la ville, mais à elles-mêmes... - Mais, Professeur, si elles se battent ici, cela pourrait causer des dégâts ! »
Luke était retourné dans la chambre de son mentor, et n'avait pas tardé à comprendre la gravité de la situation. Sa phrase avait un air non pas terrorisé, mais tout de même très inquiet. Tous les souvenirs de la fête ressurgirent, ainsi que la puissance des attaques utilisées par ces créatures. Ils étaient sur le point d'en voir encore plus, et cela ne les ravissait pas.
« En effet, Luke... Mais que pouvons-nous faire face à cela ? Rien du tout, j'en ai bien peur. »
Le silence retomba, et l'immobilité s'installa dans la chambre d'hôtel. Seuls les yeux des observateurs osaient bouger afin de suivre les mouvements des opposants d'un air anxieux.
La créature blanche lança soudainement un torrent d'éclairs, qui fit clignoter tous les réverbères de l'avenue en même temps. Le groupe se retourna vers la lampe de la chambre d'hôtel à la suite d'un petit bruit de crissement de verre : la lampe avait grillé en moins d'un instant, si ce n'était pas « explosé ». Car des débris de verre trônaient en-dessous, et l'ampoule n'avait plus rien d'une ampoule. Seul le lustre qui la retenait au plafond faisait penser à ce que la lampe était autrefois. Le professeur serra les dents d'un air inquiet. Les éclairs pouvaient atteindre l'intérieur même des habitations, car les appareils électriques étaient tous reliés à l'extérieur. Et cela signifiait qu'ils n'étaient pas hors de danger.
Cependant, ce n'était visiblement pas la cible de la créature, car la « chauve-souris » eut à en éviter la plupart. Mais c'est ce qu'elle fit sans problèmes, au grand désarroi de l'« écureuil volant ». Le combat sembla continuer et s'éternisa, le sol et les bâtiments de l'avenue souffrant bien plus que les combattants eux-mêmes. Le gentleman crut remarquer que, si la créature violette en avait certainement après la ville, l'autre semblait se soucier des dégâts causés aux bâtiments. Il fit part de sa remarque à Emmy, qui approuva. Elle avait vu également que l'écureuil blanc avait l'air de vouloir protéger la capitale irlandaise. Mais pourquoi ? Et pourquoi, surtout, son adversaire cherchait-il plutôt à la détruire ? Encore des questions sans réponses.
« Chef, Chef ! »
L'inspecteur Chelmey leva les yeux, détachant lentement son regard de la pile de rapports divers qui trônait sur son bureau, avant de fixer l'homme qui l'avait dérangé dans son travail. Il lui en demanda la raison d'un ton las.
« Qu'y a-t-il, Barton ? - Ce sont les B.N.I., Chef ! Elles recommencent ! »
Le londonien regarda son interlocuteur d'un air interrogateur. Il y avait bien un mot qu'il n'avait pas compris dans la phrase du jeune commissaire.
« Pardon, Barton, mais que sont ces « B.N.I. » ? Les bestioles qui ont attaqué O'connell Street hier après-midi, peut-être ? - Oui, Chef ! Les Bestioles Non Identifiées ! C'est bien trouvé, comme nom ? »
L'inspecteur de police passa sa main sur sa figure. Il resta ainsi un moment, préférant ne pas hurler comme il en avait l'habitude. Il ne voulait pas donner de mauvaise image des forces de l'ordre londoniennes à Dublin, il se devait donc d'être indulgent pour une fois. Barton comprit son erreur, mais ne sut comment se rattraper auprès de son supérieur. Aussi garda-t-il le silence, préférant attendre la réponse du gentleman.
« Nous y allons, Barton, déclara-t-il soudainement. - Chef, oui chef ! cria le concerné en souriant dans sa moustache, levant sa main contre son couvre-chef. - Je ne pense pas que ce soit une bonne idée, Chelmey. Nous ne restons pour le moment qu'au stade d'observation, nous ne devrions pas foncer tête baissée avec ces bêtes-là. »
Les deux hommes se tournèrent vers un troisième, qui passait devant le bureau provisoire de l'inspecteur et se trouvait maintenant dans le cadre de la porte. Un des supérieurs dublinois du commissariat.
« Mais enfin, il faut agir ! Nous ne pouvons pas les laisser détruire toute la ville ! - Non, c'est vrai. Mais elles sont capables de tout, c'est trop dangereux de s'en occuper sans avoir plus d'informations sur elles. Il faut juste attendre... - Attendre, toujours attendre ! Et quand Dublin sera en ruines, vous changerez d'avis ? Je vais vous montrer comment on fait à Londres, moi ! Barton, suivez-moi. »
Le seul qui était resté silencieux ajouta un « Chef, oui chef » aussi réjoui que le précédent et accompagna son supérieur qui s'était levé et sortait maintenant du bureau. Le dublinois se tut et se contenta de les regarder s'éloigner. Une fois qu'ils furent partis, il murmura pour lui-même, d'un ton désolé :
« Ils sont fous, ces londoniens... »
La chauve-souris à quatre ailes changea soudainement de cible, se dirigeant vers la fenêtre ouverte de la chambre du professeur et préparant une étrange masse violet sombre devant sa tête, probablement dans l'idée de la lancer à travers l'ouverture et d'atteindre les observateurs, qui cherchèrent à se protéger en vain. Sa rivale fut cependant plus rapide et referma l'ouverture avant de repartir aussi rapidement. La sphère étrange vint s'écraser contre la vitre qui tint bon. Emmy fut la première à sortir du renfoncement de mur dans lequel elle s'était réfugiée. Comme tout le monde dans la salle, elle avait vu du coin de l'œil le geste de la créature.
« Professeur, croyez-vous qu'elle a fait cela pour nous protéger ? - Cela semble probable, Emmy. Ce n'est pas pour le plaisir qu'elle s'est exposée au danger dans le but de fermer une fenêtre... - C'est rassurant de voir qu'il y en a qui sont de notre côté ! » se réjouit Luke, montrant une mine un peu moins inquiète qu'auparavant.
La créature relança des éclairs, qui cette fois touchèrent sa cible. Celle-ci ne sembla visiblement pas apprécier, et se vexa, sachant qu'elle était plus de trois fois plus grosse que son ennemi. Elle mugit soudainement, et deux autres créatures arrivèrent bientôt, menaçantes. Le « chien » qui avait agi en premier et gâché la fête la veille, et une sorte d'énorme corbeau noir.
Dans l'ombre d'une ruelle, une petite silhouette laissa sortir malgré elle un juron d'une langue inconnue. Trois contre un, ce n'était pas juste. Elle laissa sortir un murmure à peine perceptible en se retournant, toujours dans le même langage. Les deux concernés par ces paroles sortirent de la ruelle et prirent part au combat. Il s'agissait de deux autres créatures : un dragon vert et une sorte de loutre bleue.
Du côté du professeur et de ses apprentis, l'apparition de quatre créatures supplémentaires fut mal prise. Deux – dont une dans leur camp, mais qu'importe – étaient largement suffisantes pour semer le chaos dans toute une capitale, alors six... Le combat risquait de causer encore plus de dégâts.
Chapitre V – Complications [2/2]
Spoiler:
« Le malheur est grand, mais l'homme est plus grand que le malheur. » Rabindranath Tagore (poète indien)
« Comment ça, je peux pas m'y rendre ?! J'ai le droit d'aller où je veux, quand même ! - Vraiment navrée, Monsieur. Dublin est en ce moment interdite d'accès, à cause des évènements qui s'y déroulent. - Mais je sais ! C'est justement pour ça que je veux y aller ! - Vous êtes un civil, Monsieur. Je ne peux pas vous y autoriser. Seules les forces de l'ordre ont le droit de se rendre à Dublin, pour le moment. »
Don Paolo pesta.
« Et bien sûr, c'est Layton qui va résoudre ce problème, car lui on lui a permis... ronchonna-t-il. - Pardon ? Vous parlez du professeur Layton ? Désolée de vous contredire, mais il n'est pas autorisé à sortir de son hôtel, comme la quasi-totalité des civils se trouvant dans la capitale. »
L'ennemi du professeur Layton esquissa un léger sourire. Le seul plaisir qu'il eut fut que son rival n'allait cette fois pas pouvoir mener son enquête aussi facilement.
Le combat ne tarda pas à reprendre, et comme prévu encore plus violent. Quatre des créatures menaient une mêlée aérienne, les deux dernières, incapables de voler, se battant au sol, sans pour autant lancer des attaques moins puissantes. Le professeur d'archéologie et ses amis ne pouvaient que regarder la scène, en espérant que cela ne se termine pas trop mal. Luke crut remarquer de l'agitation dans une petite rue qui débouchait dans l'avenue et plissa les yeux avant de les écarquiller, surpris.
« Professeur ! L'inspecteur Chelmey est en bas ! - Comment ? »
Le reste du groupe s'approcha de la vitre et distingua en effet – malgré le reflet du verre qui les gênait – la silhouette du policier londonien, ainsi que celle de son acolyte.
« Mais que font-ils ici ? » demanda le professeur d'archéologie en fronçant les sourcils, troublé.
Il ne s'attendait pas à obtenir une explication de la part de ses assistants, et en effet personne ne répondit. Seule Emmy ajouta un « C'est une excellente question, Professeur... » d'un ton inquiet. En effet, ils se trouvaient tout près d'un champ de bataille, à découvert. Trop près, même. Si les créatures élargissaient les frontières de leur terrain de combat, alors ils seraient inévitablement pris en plein milieu d'une bataille titanesque.
De leur côté, les policiers commençaient à comprendre les avertissements et la prudence des forces de l'ordre dublinoises. L'inspecteur ronchonna silencieusement entre ses dents. Il avait visiblement sous-estimé ces « B.N.I », et le problème risquait en effet d'être plus complexe qu'il ne l'avait prévu. Il se tourna vers son camarade de travail, s'apprêtant à murmurer un « Barton, on fait demi-tour », mais il remarqua soudainement que son acolyte était tout pâle et suait à grosses gouttes, en regardant et pointant timidement quelque chose qui se trouvait derrière lui. C'est alors que Chelmey sentit une haleine à la légère odeur de brûlé, et entendit le souffle d'une respiration. Il jeta un coup d'œil en arrière et aperçut un énorme canidé noir et orange. Le policier en uniforme bleu foncé avait remarqué ce regard, mais cela ne l'empêcha pas de souffler d'une voix tremblante :
« Chef, derrière vous... »
Il ne put cependant en dire davantage, car un énorme jet d'eau aspergea puissamment tout le monde : chien noir, inspecteur Chelmey et Barton. L'origine en était une étrange loutre bleue et bipède. Elle se saisit des deux coquillages qui trônaient sur chacune de ses jambes et s'en servit comme de sabres pour continuer à attaquer le canidé. Celui-ci lança des tornades de flammes, rapidement éteintes par quelques jaillissements d'eau de son adversaire. Les deux hommes tentèrent de profiter du combat pour s'enfuir et retourner discrètement au commissariat, mais des flammes sortirent de la mêlée et leur créa une barrière de feu. La malchance a fait qu'ils soient coincés entre deux dangers aussi grands l'un que l'autre.
« Chef, que faisons-nous ? - Taisez-vous, Barton ! » cria son supérieur d'un ton désespéré.
Ils n'avaient plus le choix : rester dans la parcelle de rue qui restait encore intacte – quoique pas mal arrosée – ou bien affronter au choix un mur de flammes ou deux « B.N.I. » en pleine lutte. La première option sembla la plus optimiste, et ils observèrent le combat à quelques pieds de distance, espérant que les deux opposants restent au point où ils en étaient.
La loutre bleue semblait prendre facilement l'avantage sur le canidé, qui n'appréciait visiblement pas l'eau que lui aspergeait son ennemi. Il profita cependant d'un instant de répit pour le mordre à la patte ; un cri de douleur sortit, sitôt réprimé par un geste brusque qui envoya le chien de feu contre un mur, à moitié sonné. La loutre bleue avait gagné pour le moment, et elle se tourna vers les agents de police, comme si elle avait subitement remarqué leur présence.
Contre toute attente, la cible de son attaque suivante fut la barrière de flammes, qu'elle éteignit en moins d'une minute. La créature se dirigea ensuite vers les humains et leur fit signe qu'ils pouvaient passer. Ils ne se firent pas prier et prirent leurs jambes à leur cou en moins de temps qu'il n'en fallut pour le dire. La « B.N.I. » esquissa un léger sourire affectif, sitôt réprimé par un petit gémissement. Elle regarda sa patte mordue qui lui faisait tant souffrir ; la morsure avait créé une hémorragie plutôt sérieuse. La loutre regarda une dernière fois l'avenue où les autres se battaient, mais elle préféra s'en éloigner un peu avant de s'adosser à un mur. Elle était bien trop faible pour pouvoir les aider, alors autant se mettre à l'abri.
Le corbeau se chargeait du dragon vert, et la chauve-souris de l'écureuil volant. Ce dernier avait beaucoup d'aisance et prit vite l'avantage sur son adversaire, qui évitait les éclairs comme il pouvait. Cependant, on ne pouvait pas dire la même chose de son ami le dragon. Le combat était très serré, et les deux combattants se blessaient beaucoup, sans réussir pour autant à gagner la bataille.
Le duel s'éternisait. Le professeur, ainsi que ses assistants et sa « fille » espéraient de tout cœur que cela ne se termine pas trop mal.
L'écureuil se mit soudain à émettre d'étranges gestes en regardant le dragon vert. Celui-ci fut apparemment le seul à comprendre et sourit légèrement.
« Que se passe-t-il ? demanda Luke, soudainement inquiet. - Il semblerait que quelque chose va se produire... » proposa son mentor qui partagea le sentiment de l'adolescent. Il fit un pas en arrière, avant d'ajouter : « Et j'ai un mauvais pressentiment... »
Une silhouette rejoignit la rue de la loutre bleue et s'en approcha. Elle se mordit la lèvre et se maudit de ne pas avoir sur elle de quoi soigner la blessure. Cependant, elle sourit en voyant l'écureuil blanc gesticuler de loin. Elle s'éloigna en courant après avoir fait un signe discret à la créature bleue. Elle sourit.
« Trois, deux, un... » sembla-t-elle dire, son sourire s'épaississant à chaque instant.
L'écureuil brilla. Cette fois, le gentleman se mit à reculer franchement, apeuré.
« Cachez-vous tous, vite ! » hurla-t-il en se blottissant dans le coin formé entre une armoire et un mur, aussitôt imité par ses amis, soudainement terrorisés.
La créature lança une vague d'éclairs qui toucha l'avenue entière. Seul le dragon sembla ne pas craindre cette déferlante d'électricité, et ne sentit quasiment rien. Ce ne fut cependant pas le cas des trois créatures ennemies, qui s'étaient évanouies pour de bon. Le professeur d'archéologie et ses assistants eurent raison de se protéger, car la fenêtre explosa en milliers de morceaux de verre lorsque l'onde d'électricité la frappa, et les débris tranchants vinrent voler sur plusieurs mètres, certains se plantant dans les murs ou sur les meubles. L'éclair, lui, laissa une énorme trace noire horizontale sur le sol, signe que le parquet avait été en partie carbonisé à cet endroit.
« Je n'avais jamais vu ça... marmonna l'assistante du professeur, effarée et toute pâle. Surtout venant d'une si petite créature... »
Cependant, les vainqueurs aussi semblaient blessés. La loutre bleue qui avait disparu avait une patte rouge de sang, le dragon portait de nombreuses traces de coups de becs et de serres venant du corbeau, dont certaines qui commençaient à rougir également. Quant à l'écureuil, il semblait épuisé à force de lancer tant d'éclairs – qui avaient également grillé toutes les ampoules du quartier, quelles que soient leurs tailles : cette électricité était assez puissante pour mettre en surtension toute une zone d'habitation.
« Professeur, devrions-nous les soigner ? demanda Luke timidement. Lui qui aimait les animaux, ces créatures – qui étaient de leur côté, de plus – ne faisaient pas exception, et les voir ainsi lui brisait le cœur. - Il est vrai que ce serait indigne d'un gentleman de les laisser ainsi, mais il ne faut pas oublier qu'elles peuvent être très dangereuses... De plus, en principe nous sommes censés rester dans la chambre d'hôtel jusqu'à ce qu'elles... Luke ? »
L'adolescent était déjà parti, ignorant la réponse de son mentor. Il descendit les escaliers, prenant garde à rester le plus silencieux possible. Il fut surpris au départ en voyant que la réception – ainsi que tout le rez-de-chaussée de l'hôtel d'ailleurs – était déserte. Mais en y réfléchissant, il aurait été inutile d'y rester en permanence, puisque personne n'entrait ni ne sortait. En principe, bien sûr. Ce fut donc sans difficultés que le jeune garçon sortit de la bâtisse et s'élança vers les trois créatures.
Son réflexe fut de chercher la loutre bleue, visiblement la plus blessée du groupe. Il la trouva sans mal dans la rue où il l'avait vue partir, à la poursuite du canidé noir. Elle n'avait pas bougé et demeurait allongée contre un mur, épuisée et souffrante. Le bruit l'éveilla – car elle semblait dormir – lorsque Luke s'approcha, peu confiant mais sans pour autant trembler. Le premier réflexe de la créature fut de se lever et de montrer les crocs, mais ses forces l'abandonnèrent vite et elle s'écroula sur le sol tout d'un coup.
« Calme-toi, tu n'as rien à craindre... » murmura Luke, pour rassurer la créature comme pour se rassurer lui-même. Son interlocuteur, incapable de se défendre, ne pouvait qu'espérer qu'il dise vrai. Il gémit, se penchant sur sa plaie.
« Eh bien, c'est une sacrée morsure... reprit le garçon en regardant la blessure. Si tu me fais confiance, nous pourrions vous soigner là-haut, toi et tes amis... »
La loutre bleue répéta son raisonnement. Sa plaie risquait de lui être fatale, et le seul moyen finalement de s'en sortir était d'écouter cet étranger. Elle geignit à nouveau, mais avec un léger sourire. Au point où elle en était, elle n'avait plus qu'à écouter l'enfant.
« Matt ? C'est ton nom ?... ça veut dire que tu es d'accord ? »
La créature acquiesça lentement et tenta de se relever. Encore un échec, mais Luke se précipita sur elle afin de l'aider. Il lui passa délicatement une patte avant – celle qui était valide – par-dessus son dos, permettant à la créature d'être debout et de marcher plus facilement.
« Très bien, Matt... sourit l'adolescent en la regardant. Je vais te ramener là-haut, puis je m'occuperai de tes amis, ça te va ? »
Les trois créatures avaient été amenées dans la chambre du professeur Layton avant d'être soignées. Chacun avait participé aux soins, et Sandra était sortie de sa chambre pour les aider. Luke avait appris, en continuant sa discussion avec les créatures – ce qui sidéra l'adolescente sur le moment par la même occasion – les noms des deux autres : l'écureuil se nommait Gabrielle, et le dragon vert Nina. La jeune fille ne s'était jamais doutée que l'adolescent soit capable de les comprendre.
« Peut-être que, si nos amis sont avec nous, ils pourraient nous dire d'où ils viennent ? » proposa Flora en souriant, pleine d'espoir. En effet, cette réponse tant attendue aurait pu faire grandement avancer l'enquête.
Gabrielle émit de petits cris aigus mais doux. Luke fronça les sourcils, surpris. Cependant, il traduisit ce qu'elle avait dit, suite aux demandes de ses amis.
« Professeur, elle dit que... qu'ils ne doivent pas le dire, s'étonna Luke. Mais pourquoi donc ? »
La question était bien sûr à l'intention des trois créatures. De nouveaux cris, de Nina cette fois, apportèrent une réponse, bien que ce ne soit pas celle qu'ils espéraient.
« Il semblerait que le fait de répondre à la question « Pourquoi ? » amène à dire d'où ils viennent. Et qu'ils ne doivent donc pas le dire non plus. »
Un soupir sortit de la bouche du groupe entier. Emmy crut remarquer que Sandra, elle, n'avait pas réagi et continuait de s'occuper de la morsure de Matt comme si de rien n'était. Elle avait forcément entendu, et elle aurait dû s'en soucier, puisqu'elle cherchait également à élucider le mystère... Cependant, l'assistante du gentleman préféra garder le silence sur le moment.
La suite plus tard ! je suis désolée, mais je suis comme convaincue que vous n'aurez perçu aucun changement... Mais ce n'est pas grave ! %)
Dernière édition par Andrea Heart le Lun 30 Juil - 6:06, édité 1 fois